Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
De 1966 à 1991, le parti unique a régné. Le président <strong>du</strong> parti désignait les députés<br />
à l’assemblée nationale. Il détenait l’ensemble des pouvoirs.<br />
La vérité historique nous fait obligation de signaler que pendant longtemps, le président<br />
<strong>du</strong> Cameroun a été un proconsul qui tenait son pouvoir <strong>du</strong> gouvernement français.<br />
L’UPC, parti politique créé le 10 avril 1948, bien que contrainte à la clandestinité,<br />
est alors devenue l’âme de la résistance à l’arbitraire <strong>du</strong> président Ahidjo d’abord et <strong>du</strong><br />
Président Biya ensuite.<br />
En 1971, le dernier chef historique de l’UPC, Ernest Ouandie est fusillé à Bafoussam<br />
après un simulacre de procès. Le 8 août 1974, l’UPC lance le Manidem (Manifeste<br />
national pour l’instauration de la démocratie) dont le premier objectif est de créer les<br />
conditions d’une réelle participation des larges masses populaires à la gestion des affaires<br />
<strong>du</strong> pays. Cette organisation relance le combat pour la reprise <strong>du</strong> processus démocratique.<br />
L’UPC apporte ainsi son soutien à de nombreuses luttes. Lors de la répression des<br />
manifestations de juillet 1976 qui s’est tra<strong>du</strong>ite par l’emprisonnement et la pratique de<br />
la torture, elle suscite depuis l’étranger la constitution d’un comité d’aide aux prisonniers<br />
dont une des missions est de dénoncer l’arbitraire <strong>du</strong> pouvoir.<br />
En 1984-1985, de nouvelles vagues d’arrestations frappent essentiellement des intellectuels<br />
qui se battent pour la démocratie.<br />
Le 19 février 1990, le gouvernement de Paul Biya procède à l’arrestation de Maître<br />
Yondo Mandengue Black, avocat, qui avait initié une réflexion pour la création d’un<br />
nouveau parti politique. Une immense indignation et de vives réactions de la diaspora<br />
et des associations de défense des droits de l’homme aboutissent à sa libération.<br />
Le journal Le Messager fut également la cible <strong>du</strong> pouvoir sous le règne <strong>du</strong> parti<br />
unique.<br />
<strong>Les</strong> luttes ainsi menées ont contraint le président Biya à faire adopter en décembre<br />
1990, par l’assemblée nationale, une loi autorisant le multipartisme.<br />
Le peuple a alors ardemment souhaité l’organisation d’une conférence nationale<br />
souveraine, projet auquel le président s’est opposé, malgré les affrontements meurtriers.<br />
En 1992, le RDPC, parti présidentiel, n’obtint pas la majorité aux élections législatives<br />
; pourtant, par corruption et les manœuvres politiciennes, Paul Biya parvient à<br />
constituer une majorité à l’assemblée.<br />
L’élection présidentielle qui suit se déroule dans un climat de violence latent. Certains<br />
candidats furent interdits de mener campagne. Monsieur Fru Ndi <strong>du</strong> Social Democratic<br />
Front, candidat de l’union de l’opposition pour le changement, déclara que<br />
P. Biya lui avait volé la victoire, ce qui propulsa le pays au bord de la guerre civile.<br />
Depuis 1992, le Cameroun continue d’être gouverné par une minorité. Toutes les<br />
élections ont été remportées par le RDPC. La fraude électorale est un élément majeur<br />
de perturbation <strong>du</strong> processus démocratique qui le rend impossible. C’est l’une des<br />
conséquences de l’échec de l’indépendance. En 1948, lorsque l’UPC pose le principe<br />
de l’indépendance <strong>du</strong> Cameroun, les colons français s’opposent avec force, engageant<br />
une lutte féroce qui sera meurtrière. Des dirigeants de l’UPC sont assassinés. Certains<br />
historiens accusent l’armée française et son engagement au Cameroun. Cela est dû au<br />
fait que la gestion des affaires <strong>du</strong> pays après l’indépendance a été confiée aux défenseurs