Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Session 3 231<br />
<strong>Les</strong> choix des électeurs ont été largement influencés par la quantité d'argent déversé<br />
et par l'implication de l'appareil d'État. Le lien à établir entre l'implication indivi<strong>du</strong>elle<br />
des uns et des autres dans le vote, et les conséquences économiques et sociales<br />
ne paraît pas évident pour les populations. <strong>Les</strong> espoirs déçus par les gouvernements<br />
successifs et par les partis politiques, les fausses promesses pendant la liesse populaire<br />
de mars 1991 ont joué sur le taux de participation qui chute progressivement.<br />
<strong>Les</strong> élections présidentielles (avril 2007) et législatives (juillet 2007) n'ont nullement<br />
échappé à la règle. Elles sont apparues au temps fort <strong>du</strong> consensus politique. Celui-ci<br />
a plutôt servi les intérêts de la bourgeoisie nationale alliée à l'impérialisme.<br />
Ces élections ont été marquées officiellement par un taux de participation de<br />
36,40 % à l'élection présidentielle, et de 33,38 % et 29,90 % pour les 1er et 2e tours<br />
des élections législatives. Des fraudes massives ont émaillé le scrutin marqué par des disparitions<br />
de carte d'électeurs, des omissions inconsidérées sur les listes électorales, l'utilisation<br />
abusive de l'article 88 qui ne détermine pas le nombre de témoignage, a<br />
débouché sur des « simulacres ».<br />
L'administration s'est impliquée de manière partisane selon les zones. Elle a cautionné<br />
les irrégularités, se cachant derrière les insuffisances de la loi électorale. Des candidats<br />
ou des mandats ont été vus en flagrant délit de distribution d'argent devant les<br />
bureaux de vote. Aucune réaction officielle n'y a mis fin. La cour constitutionnelle<br />
chargée de sanctionner les illégalités et irrégularités, et de valider le scrutin, a plutôt<br />
choisi de valider les irrégularités, les manquements à la loi électorale qu'elle a elle-même<br />
dénoncée.<br />
C'est ce qui fait dire que les élections au Mali n'ont été ni sincères, ni régulières, ni<br />
transparentes et encore moins crédibles. La légitimité populaire n'a pas réussi à s'exprimer<br />
au moyen de la légalité. <strong>Les</strong> perspectives électorales sont peu reluisantes, et le diagnostic<br />
n'est pas en rapport avec la thérapeutique proposée.<br />
Le constat <strong>du</strong> faible taux de participation, des irrégularités des ambiguïtés de la loi<br />
électorale, des fraudes massives et de l'achat de conscience a été fait. Ces manquements<br />
continuent car en cette période de révision de la liste électorale, des circonscriptions ont<br />
arrêté les inscriptions fin octobre alors qu'elles devaient s'effectuer jusqu'au 31 décembre.<br />
<strong>Les</strong> électeurs sont soumis aux va-et-vient intempestifs qui les découragent. Des<br />
carnets de recensement sont ven<strong>du</strong>s aux partis politiques nantis, alors qu’au même moment,<br />
les autorités prônent le recrutement indivi<strong>du</strong>el. La CENI réclamée et obtenue par<br />
l'opposition au Président Alpha O. Konaré s'est laissée caporalisée par le pouvoir dès<br />
sa création. Elle a salué les élections avant même la proclamation de la cour. Cette dernière<br />
a jeté aux orties tous les propos <strong>du</strong> président de la CENI parlant de la sincérité et<br />
la crédibilité <strong>du</strong> scrutin. Pour faire effet et tromper l'opinion, il faut noter qu'à l'entrée<br />
de la CENI, son président avait dénoncé toutes les manipulations <strong>du</strong> fichier électoral<br />
et de la loi en cours. C'était en attendant d'avoir son budget. Dès que cela fut obtenu,<br />
il se retira dans son coin.<br />
Toutes les structures de gestion des élections ont soufflé dans la même direction. La<br />
cour constitutionnelle après une virulente attaque contre les fraudes et les irrégularités,<br />
a fini par conclure comme les autres que l’on y pouvait rien et qu'il fallait accepter le<br />
verdict des urnes.