Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
L'un des obstacles majeurs à la réalisation des programmes de développement est<br />
le manque de financement. Ce manque de financement n'est pas seulement la conséquence<br />
d'une pénurie, il est aussi lié aux détournements des deniers publics, à la mauvaise<br />
gestion, conséquence de l'impunité, et aux conditionnements de l'endettement<br />
<strong>Les</strong> Maliens qui sont contraints d'émigrer, contribuent chaque année à l'économie<br />
par un apport massif d'argent, permettant la construction et l'aménagement d'infrastructures<br />
sociales (écoles, maternités, infirmeries, pharmacies, téléphone, électricité,<br />
etc.). Dans leur exil, ils sont confrontés à des problèmes sociaux et juridiques de toutes<br />
sortes, ainsi que dans l'exercice de leur droit. En France, ils n'ont d'autres recours que<br />
les associations françaises qui se sont créées pour lutter contre les atteintes aux droits<br />
humains.<br />
La paupérisation est visible au Mali malgré les efforts titanesques de l'Etat à vouloir<br />
la masquer par de grands coups médiatiques et le satisfecit de la « Communauté internationale<br />
». Le dernier rapport <strong>du</strong> PNUD (qui classe le pays 175 e sur 177), contesté<br />
par les autorités, confirme cette déchéance visible.<br />
L'état désastreux actuel de l'école malienne et les difficultés de se soigner pour le<br />
plus grand nombre de citoyens sont l'expression clinique de l'état lamentable de l'économie<br />
<strong>du</strong> pays, de l'injustice et de la discrimination <strong>du</strong> système actuel.<br />
Écrasé par le quotidien, le citoyen malien a <strong>du</strong> mal à se retrouver dans les institutions<br />
susceptibles de constituer pour lui un quelconque recours : Assemblée nationale,<br />
Justice, parti politique et société civile, présidence de la République, primature.<br />
La logique de captage de fonds sur le plan international effectué par le Président de la République<br />
tirant un large profit de ce « calme », se fait au profit d'un clan d'affairistes politiciens<br />
ou opérateurs économiques, de grands commis de l'État et d'une certaine hiérarchie militaire,<br />
policière, ainsi que de la gendarmerie. Cette logique est loin de répondre aux préoccupations des<br />
Maliens.<br />
C'est dans cette atmosphère que se sont déroulées les élections de 2007 au Mali. Notons<br />
que le multipartisme est réapparu suite à l'insurrection populaire de mars 1991, déclenchée par<br />
le mouvement étudiant soutenu par des associations politiques.<br />
Ces associations politiques n'étaient rien d'autre que l'expression ouverte de formations politiques<br />
clandestines généralement marxistes. La lutte de ce mouvement populaire a été rejointe<br />
par des officiers supérieurs dans le sérail <strong>du</strong> pouvoir et qui lui donneront le coup de grâce.<br />
<strong>Les</strong> élections ont eu lieu dans les conditions où le contexte politique mondial est dominé<br />
par le tout puissant capital international, les multinationales et le recul des valeurs et idéologies<br />
de gauche.<br />
La pensée dominatrice <strong>du</strong> capital s'accompagne d’une généralisation de la misère<br />
pour les nations aux faibles moyens de pro<strong>du</strong>ction, et d’une paupérisation croissante des<br />
travailleurs dans les pays où l’économie est plus performante.<br />
<strong>Les</strong> notions de nationalisme, de révolution de progrès, de socialisme, de communismes<br />
sont taxées de désuet ou simplement de « langue de bois ». La notion d'État-nation<br />
est détruite au profit de la « mondialisation », de la « globalisation » utilisée pour<br />
farder les activités prédatrices de l'impérialisme. Au Mali, les élections se sont déroulées<br />
sans visibilité réelle des programmes des partis politiques, de leur orientation philosophique<br />
et idéologique.