Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Session 3 229
La production agricole ne garantit pas d'excédents pour assurer la sécurité alimentaire
et impulser l'industrie et l'agro-industrie.
Les paysans, les éleveurs, les pêcheurs et autres simples citoyens dans les milieux
ruraux vivent de façon flagrante le mépris, les brimades, le déni de justice au quotidien.
Les recours sont compliqués, onéreux donc difficilement accessibles. Les agents
de l'État manquent de civisme et sévissent impunément dans ces milieux.
Le problème de logement décent reste crucial pour les travailleurs salariés de la
fonction publique, dans les villes, mais aussi pour les non salariés, les ruraux et les citoyens
des zones semi-urbaines. La politique des logements sociaux entrepris actuellement
par le gouvernement est loin de répondre aux besoins exprimés. Les distributions
de maisons se font dans des conditions défiant toute transparence.
L'environnement se dégrade au Mali. Des phénomènes liés à la désertification, aux
produits d'exploitations minières, à l'utilisation des plastiques, à l'occupation anarchique
des espaces, aux pesticides utilisés par les cultures industrielles, aux fumées des
engins, aux feux de brousse inopportuns, aux cimetières de voitures, aux déchets humains
mal tenus, sont légion.
Le Mali regorge d'or. Des sites sont périodiquement découverts par les orpailleurs
traditionnels, rapidement captés par les services d'exploration étrangers ou mixtes. Le
pays gagne peu dans cette exploitation (20 % sur la production présentée). Elle se fait
dans des conditions de désastre écologique avec destruction de la flore, de la faune et
l'exposition des populations aux maladies dues à la pollution des nappes d'eau par le
cyanure, l'arsenic etc. Les conditions de travail des ouvriers y sont exécrables.
Le pillage de l'or du Mali se fait avec la complicité des dirigeants. Les sociétés minières
étrangères l’organisent en concertation avec nos autorités. Les différentes grèves
ouvrières, matées par les services de répression et la justice, intervenues ces dernières années,
l’attestent avec éloquence. Aucune volonté politique n'apparaît pour arrêter cette
anarchie.
Les orpailleurs traditionnels ne bénéficient d'aucun soutien de l'État et sont très
souvent exposés à la vindicte des multinationales avec l'appui des services de répression
de l'État. Les veines du pays sont largement ouvertes en la matière.
Le Mali s'est engagé dans les privatisations de ses sociétés et de ses entreprises d'Etat
en 1980. Les arguments avancés consistaient à dire qu'elles constituaient un fardeau
pour l'Etat, et qu'elles n’étaient que des tonneaux de Danaïdes. L'État devrait être réduit
à ses fonctions de régulation, d'organisation du marché, et le privé locomoteur de
l'économie ferait le développement du pays. Ce privé doit se constituer sur les décombres
des structures publiques, et bénéficier d'un environnement juridique favorable.
Pour ce faire, des lois de privatisations des structures ont été élaborées et un cadre juridique
touchant la douane, les impôts et taxes dits incitatifs a été mis en vigueur.
Toutes les sociétés ainsi que les services publics ont été cédés aux capitaux privés.
Vingt ans après, le constat est amer. Aucune de ces sociétés privatisées ne s'est constitué
une part de marché national, indépendamment de l'intervention de l'État.
L'affairisme qui se développe actuellement tue les activités des opérateurs économiques
professionnels concurrencés par les agents de l'État qui ne payent pas les impôts
et taxes liés à l'exercice de la profession.