Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
Des élections transparentes et crédibles au Mali ?
D r Oumar Mariko
Président de Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance
Le Mali offre le tableau d'un paisible pays loin des violentes turbulences politiques
connues ailleurs. Ce climat est imputé au consensus politique et à la démocratie multipartiste
du Mali jugée exemplaire. Il est tantôt attribué au rôle rassembleur du président
Amadou Toumani Touré, tantôt à la sagesse de la classe politique. Ce tableau a été
un cachet pour les dirigeants actuels leur permettant d'engranger des milliards de FCFA
auprès des institutions financières internationales, des multinationales et des Etats du
Nord, mais aussi de prendre des mesures politiques et économiques qui bradent toute
l'économie du pays. Les privatisations ont continué dans tous les secteurs, si bien qu'il
n'existe plus ni société, ni d’entreprise publique qui ne soit pas passée à la trappe. Le
foncier fait l'objet de grandes spéculations et les contrats d'exploitations minières, de
prestations de services publics sont largement en faveur des sociétés étrangères ou de
leurs représentants. Ces acquéreurs nationaux et internationaux violent constamment
les cahiers des charges et s'éloignent très souvent des motifs qui leur ont permis de rentrer
en possession de ces structures.
Les budgets d'investissement sont la plupart du temps en dessous des budgets de
fonctionnement. Et les investissements promus sont très peu productifs et parviennent
mal à créer des emplois. Le secteur privé présenté, au détriment du public, comme moteur
du développement, n'a pas réussi jusqu'ici à répondre aux préoccupations nationales
d'occuper le marché intérieur, d'accroître les richesses et de créer des emplois. Il
reste fortement tributaire du marché de l'État dont l'acquisition se fait généralement par
la corruption et le trafic d'influence.
Le Mali dispose d'un potentiel agricole impressionnant. En effet, les terres disponibles
particulièrement propres à l'agriculture et à l'élevage occupent près de 46 millions
d'hectares. 3,5 millions seulement sont mis en valeur sur un total de 12 millions
d'ha cultivables. Le potentiel irrigable est estimé à 2 millions d'ha dont plus de la moitié
par gravitation. La pêche est le troisième pilier de l'économie et assure une production
annuelle autour de 100 000 tonnes, plaçant le Mali en 3 e rang des pays africains
producteurs de poissons d'eau douce.
Malgré cette situation, 46 ans d'indépendance n’ont pas sauvé le monde rural. 90 %
des pauvres vivent en milieu rural et semi-urbain, ce qui constitue 75 % de la population
totale du pays. L'agriculture malienne n'arrive pas à nourrir les citoyens. Les coûts
des denrées alimentaires élémentaires sont prohibitifs. Les intrants agricoles, le matériel
agricole et l'eau sont difficilement accessibles aux paysans, et les dépossessions voilées
de terre fabriquent des paysans sans terre qui viennent grossir le rang des ouvriers
et autres travailleurs au chômage.
Les ruraux demeurent les plus pauvres et sont confrontés à la faim, la disette, l'analphabétisme
chronique, la maladie, le manque d'infrastructure routière, d'électricité et
de communication.