Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Session 3 225<br />
de notoriété publique que le président Déby pratique un système à deux vitesses : visà-vis<br />
de l’extérieur et des bailleurs de fonds, le gouvernement fait tout ce qu’il peut<br />
pour répondre aux normes exigées par les partenaires, alors qu’à l’intérieur aucun principe<br />
établi ne guide les actions gouvernementales. L’exemple le plus patent et le plus récent<br />
est la loi de finances dont la dernière a été adoptée en Conseil des ministres le<br />
17 janvier pour être soumise à l’Assemblée nationale où elle entrera en discussion vers<br />
la mi-février. Au Tchad, le budget n’est qu’une fiction agitée à destination de l’extérieur.<br />
Le dysfonctionnement de l’appareil étatique se constate aussi dans les recrutements<br />
et les nominations aux postes de responsabilité, décidés sans critères définis et en<br />
dépit <strong>du</strong> bon sens. Idriss Déby a achevé de désintégrer l’armée avec la nomination de<br />
centaines de généraux dont la majorité sont des combattants illettrés.<br />
Cette politique relève en fait <strong>du</strong> tribalisme : Idriss Déby Itno ne fait plus confiance<br />
qu’à sa famille, depuis la désaffection de certains de ses proches entrés en dissidence<br />
contre lui en 2005. Ainsi, la gestion des régies financières est-elle confiée, quasi exclusivement,<br />
à la tribu <strong>du</strong> chef de l’État, notamment les douanes. <strong>Les</strong> normes les plus élémentaires<br />
de la gestion étatique n’étant pas respectées, les prédateurs ne sont pas<br />
poursuivis et ont fait de l’État un patrimoine privé. L’impunité, évidemment, est de<br />
règle.<br />
L’année 2007 marque le retour à la confiscation des droits et des libertés. Confronté<br />
à une situation militaire de plus en plus inextricable, obligé de monter lui-même au<br />
front pour galvaniser des militaires de moins en moins engagés, le président Déby sait<br />
qu’il mène une guerre impopulaire. Le système se <strong>du</strong>rcit, et le pouvoir de plus en plus<br />
frileux ne supporte plus les critiques. <strong>Les</strong> arrestations des journalistes, des défenseurs des<br />
droits de l’homme et des chefs de parti politique le disputent à la censure et à l’interdiction<br />
de radios privées. Quand un régime prend cette orientation, il faut s’attendre au pire.<br />
La preuve de son isolement est visible dans les manifestations de soutien à la politique<br />
d’Idriss Déby Itno, organisées ces dernières semaines non pas par le MPS, mais par<br />
le gouvernement, qui y dépense des sommes colossales pour attirer beaucoup de monde.<br />
Au total, le régime ne tient que grâce au soutien de la France. Présente au Tchad depuis<br />
l’indépendance, l’armée française y soutient résolument tous ses despotes.<br />
QUELLES PERSPECTIVES ?<br />
Manifestement, le pouvoir d’Idriss Déby Itno, à bout de souffle, attend beaucoup<br />
de l’internationalisation <strong>du</strong> conflit. La présence des troupes étrangères au Darfour et à<br />
l’est <strong>du</strong> Tchad va certes stabiliser la situation, mais ne constitue pas une solution viable<br />
et <strong>du</strong>rable.<br />
La sortie de crise ne peut véritablement se pro<strong>du</strong>ire que si les partenaires <strong>du</strong> Tchad<br />
exercent des pressions sur le gouvernement pour l’amener de nouveau à la table des négociations.<br />
<strong>Les</strong> accords conclus l’année dernière avec l’opposition démocratique, d’une<br />
part, et les mouvements politico-militaires, de l’autre, constituent une bonne base pour<br />
relancer les discussions. Ce qui achoppe avec l’opposition armée, c’est la garantie de sécurité<br />
après un accord sur leur cantonnement ainsi que sur l’application effective des<br />
accords. Depuis qu’il est au pouvoir, le président Déby a signé une cinquantaine d’accords,<br />
dont la plupart n’ont pas été respectés.<br />
Comme le réclame l’ensemble de l’opposition, seul un accord inclusif pourrait sor-