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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />

dimi, <strong>du</strong> Rassemblement des forces démocratiques (RFD). Des affrontements toujours<br />

plus meurtriers se déroulent fréquemment dans cette région voisine <strong>du</strong> Darfour soudanais.<br />

Malgré de nombreux accords signés, la rébellion sévit toujours à l’est, où elle est<br />

soutenue par le Soudan qui, de toute évidence, a décidé d’en découdre coûte que coûte<br />

avec Idriss Déby Itno.<br />

Naguère allié au Soudan, le chef de l’État est devenu un pestiféré auprès de ses anciens<br />

amis qui voient en lui le véritable responsable de la rébellion au Darfour. De fait,<br />

ils n’ont pas entièrement tort…<br />

La crise tchadienne a pris des dimensions internationales, depuis ses origines. La<br />

Libye a occupé et annexé la bande d’Aouzou en 1972, ce qui l’a entraînée dans une<br />

guerre ruineuse avec Hissène Habré. Celui-ci a gagné son procès contre elle à la Cour<br />

internationale de justice sur le conflit frontalier. La Libye a ensuite aidé militairement,<br />

jusqu’à une date récente, plusieurs factions tchadiennes à tour de rôle. Le Soudan joue<br />

aussi sa propre partition dans la déstabilisation quasi permanente <strong>du</strong> Tchad, au moins<br />

depuis la création <strong>du</strong> Front de libération nationale <strong>du</strong> Tchad (Frolinat) en 1966.<br />

En définitive, le mal tchadien reste pour l’essentiel la rébellion qui sévit à l’état endémique<br />

depuis une quarantaine d’années, et rien, pour l’instant, n’indique qu’elle<br />

pourrait prendre fin à court terme. Comme on le sait, aucun des nombreux accords signés<br />

avec la rébellion n’a été véritablement appliqué, excepté évidemment ceux qui ont<br />

amené des mouvements à déposer les armes et à rallier purement et simplement le régime.<br />

Le cas le plus ambigu reste celui <strong>du</strong> Front pour l’unité et le changement (FUC)<br />

de Mahamat Nour Abdelkérim dont les troupes sont entrées dans N’Djamena en<br />

avril 2006, avant de s’en retirer. Lâché par son mentor soudanais, le FUC fut contraint<br />

de signer un accord en novembre 2006, et son chef fut nommé ministre de la Défense.<br />

Mais de sérieuses divergences opposèrent Mahamat Nour à Idriss Déby, obligeant le ministre<br />

de la Défense à se réfugier à l’ambassade de Libye au Tchad depuis novembre<br />

2007, tandis qu’une importante partie de ses troupes a rallié la rébellion de<br />

Mahamat Nouri.<br />

Le second problème, conséquence <strong>du</strong> premier, est le refus de la démocratie. Il n’est<br />

un secret pour personne que le président Déby se maintient au pouvoir par les armes<br />

et grâce à des élections truquées depuis 1996. Toutes les élections organisées, le référen<strong>du</strong>m<br />

constitutionnel de 1996, les présidentielles de 1996, 2001 et 2007, les législatives<br />

de 1997 et 2002, ont été vivement contestées. D’où le boycott des législatives de 2002<br />

par quelques partis, et celui de la présidentielle de 2007 par toute l’opposition. Sans entrer<br />

dans les détails des fraudes – vote des nomades, des mineurs et des militaires, votes<br />

multiples, procès-verbaux falsifiés –, on peut constater, par exemple, que chacun des<br />

présidents successifs de la Commission électorale nationale indépendante a été nommé<br />

au gouvernement immédiatement après les élections, tandis que les autres membres<br />

sont placés à des postes importants.<br />

Sous la pression extérieure et des événements intérieurs, le président Déby a accepté<br />

de discuter et de signer avec l’opposition démocratique en août 2007 un accord<br />

pour des élections transparentes. Encore faudrait-il qu’il soit effectivement appliqué à<br />

l’occasion des élections législatives qui ont été repoussées à fin 2009 au plus tard.<br />

Au titre des problèmes tchadiens figure incontestablement la mauvaise gouvernance,<br />

dans tous les domaines, avec l’option inavouée de bâtir un État informel. Il est

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