Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
L’imbroglio tchadien : un horizon indépassable ?<br />
Saleh Kebzabo<br />
Député, président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau.<br />
APERÇU HISTORIQUE<br />
Le Tchad couvre un territoire de 1 284 000 km2 entouré de la Libye au nord,<br />
<strong>du</strong> Soudan à l’est, de la République centrafricaine au sud, <strong>du</strong> Cameroun, <strong>du</strong> Nigeria<br />
et <strong>du</strong> Niger à l’ouest. La colonisation française a <strong>du</strong>ré de 1901 à 1960, année<br />
de l’indépendance <strong>du</strong> pays. Premier président de la République en 1960, François<br />
Ngarta Tombalbaye instaure le parti unique en 1963, le Parti progressiste tchadien<br />
(PPT), section locale <strong>du</strong> Rassemblement démocratique africain (RDA), jusqu’au coup<br />
d’État d’avril 1975 où il perd la vie. Le Conseil supérieur militaire (CSM) qui prend le<br />
pouvoir est dirigé par le général Félix Malloum. Menacé par la rébellion, il conclut un<br />
accord avec les Forces armées <strong>du</strong> Nord (FAN) d’Hissène Habré qui devient ainsi Premier<br />
ministre en août 1978. <strong>Les</strong> tensions entre le CSM et les FAN débouchent sur la<br />
guerre civile de février 1979, laquelle ouvre les portes de N’Djamena à diverses factions<br />
armées, dont la principale, les Forces armées populaires (FAP) de Goukouni<br />
Oueddei, s’installent au pouvoir après d’âpres négociations au Nigeria (conférences de<br />
Kano et de Lagos). En août 1979, Goukouni, au terme de ces pourparlers, prend la tête<br />
d’un Gouvernement d’union nationale de transition (GUNT) comprenant une douzaine<br />
de factions, dont les principales sont les FAP, les FAN et les FAT (Forces armées<br />
tchadiennes <strong>du</strong> colonel Kamougué).<br />
En mars 1980, une nouvelle guerre éclate à N’Djamena, entre les FAN et les autres<br />
tendances qui réussirent à en chasser Hissène Habré en décembre. <strong>Les</strong> FAN, parties<br />
en rébellion dans l’Est et soutenues par le Soudan et par la France, reconquièrent<br />
le pouvoir en juin 1982 pour en être de nouveau chassées en décembre 1990 par une<br />
dissidence interne soutenue, une fois encore, par le Soudan et par la France. Le colonel<br />
Idriss Déby Itno, devenu ensuite général d’armée, est au pouvoir depuis cette date<br />
avec son parti, le Mouvement patriotique <strong>du</strong> salut (MPS).<br />
LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE<br />
L’économie tchadienne était essentiellement rurale avant l’exploitation <strong>du</strong> pétrole<br />
qui a commencé en 2004. Pour diverses raisons, la pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> coton, qui constituait<br />
l’essentiel des recettes d’exportation, décline, et l’élevage est confiné dans l’exportation<br />
<strong>du</strong> bétail sur pied vers le Nigeria, le Cameroun et la Libye.<br />
Après plusieurs années de recherche, un consortium comprenant Exxon, Chevron et<br />
Petronas a commencé à extraire et à exporter le pétrole tchadien dont la pro<strong>du</strong>ction initiale<br />
de 220 000 barils par jour est tombée depuis près de deux ans autour de 150 000 barils<br />
par jour pour des raisons techniques. Un accord conclu avec la Banque mondiale avant<br />
le début de l’exploitation faisait obligation au gouvernement de consacrer 70 % des revenus<br />
aux secteurs prioritaires, 15 % au fonctionnement de l’État, 10 % aux générations futures<br />
et 5 % à la région pro<strong>du</strong>ctrice. Confronté à des difficultés financières, le<br />
gouvernement est revenu sur cet accord en 2005, en supprimant les fonds réservés aux générations<br />
futures, pour une nouvelle répartition respectivement de 65 %, 30 % et 5 %.