Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Session 3 211<br />
qu’ils devaient voter. Certains disposaient même <strong>du</strong> bulletin de vote « pré-voté » en faveur<br />
<strong>du</strong> CDP, et même déjà « paraphés », qu’ils remettaient par avance aux électeurs<br />
pour éviter toute erreur et toute surprise.<br />
La cécité organisée des observateurs nationaux ou internationaux<br />
Depuis 1991, les observateurs internationaux, mais aussi nationaux, sont invités à<br />
observer « la régularité des élections ». Mais que peuvent voir des observateurs qui n’ont<br />
rien suivi, de toute la fraude préparée lors de l’établissement des listes et par la distribution<br />
de cartes d’électeurs peu fiables ?<br />
Arrivés souvent la veille <strong>du</strong> scrutin, généreusement invités ou pris en main par des<br />
«amis»qui sont tout simplement des hommes <strong>du</strong> régime, prisonniers pour certains des<br />
règles protocolaires ou diplomatiques, ne visitant au mieux que 0,5 % des 13 000 bureaux<br />
de votes, en passant moins d’une heure dans chacun d’eux, les observateurs internationaux<br />
sont la caution facile pour le « certificat de régularité » complaisamment<br />
accordé aux responsables de la fraude électorale. Quant aux observateurs nationaux,<br />
beaucoup dépendent pour le financement de leur mission, <strong>du</strong> bon vouloir de l’Etat ou<br />
de partenaires étrangers.<br />
Ainsi, en dépit de la bonne volonté et de l’honnêteté de certains observateurs nationaux<br />
et internationaux, le pouvoir arrive toujours à tripatouiller les suffrages parce<br />
que ses hommes de main s’y sont savamment préparés depuis de nombreux mois.<br />
LES PARTIS D’OPPOSITION ET LES ELECTIONS AU BURKINA FASO<br />
Sévèrement humiliée par le parti majoritaire, victime impuissante de ses fraudes et<br />
de sa mainmise totale sur l’administration, et sur l’organisation des élections, l’opposition<br />
répartie entre 1991 et 1997 dans une quinzaine de partis, va connaître son premier<br />
sursaut véritable après les élections législatives de mai 1997. Tous les partis, sauf celui<br />
<strong>du</strong> CDP, qui avaient espéré avoir des résultats honorables, en étaient revenus avec des<br />
scores minables : au total la dizaine des partis d’opposition qui avait participé au scrutin<br />
n’avait obtenu que quatorze (14) élus dont 4 pour le RDA, 6 pour le PDP (Parti<br />
pour la démocratie et le progrès) et 4 pour l’ADF (Alliance pour la démocratie et la fédération).<br />
À l’issue de discussions étalées sur six mois, les partis d’opposition, d’obédiences<br />
idéologiques et politiques diverses, s’entendirent pour créer un regroupement pour<br />
poursuivre les objectifs suivants : 1- l’instauration d’une véritable démocratie par la<br />
lutte pour des réformes institutionnelles (institution d’une CENI véritablement indépendante,<br />
réforme <strong>du</strong> Code électoral, indépendance de la justice, etc.) en vue d’obtenir<br />
des élections transparentes ; 2- la restauration des règles, méthodes et principes<br />
républicains dans la gestion de l’État ; 3- la fin de l’impunité qui favorise la mauvaise<br />
gestion, les détournements et les agissements criminels ; 4- le respect intégral des droits<br />
humains par tous ceux qui détiennent une parcelle <strong>du</strong> pouvoir.