Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Session 3 209<br />
l’État, Blaise Compaoré, pour demander leur soutien dans la campagne. Ils leur remettent<br />
quelques cadeaux (boissons, tee-shirts, affiches, etc.) et leur proposent de l’argent<br />
pour battre campagne, un engin pour faciliter leurs déplacements, auxquels peuvent<br />
s’ajouter des promesses complémentaires. Dans la plupart des cas, la méthode est efficace,<br />
puisque la personne ressource ne veut pas se mettre à dos le préfet, le haut commissaire<br />
ou le gouverneur, chefs de l’administration, mais qui quasiment tous, se<br />
con<strong>du</strong>isent en activistes <strong>du</strong> régime en place.<br />
Il faut ajouter que beaucoup des partis reconnus (ils sont au nombre de 130) ont<br />
été constitués par des quasi-inconnus dans le but soit de capter la subvention d’État (divisée<br />
entre financement de fonctionnement et financement de campagne électorale),<br />
soit de s’agiter pour se faire ensuite acheter par le parti au pouvoir. Ainsi des chefs de<br />
partis qui se présentaient comme des opposants déterminés (PAREN et MPS/PF), n’hésitant<br />
pas à traiter de « complices » les autres partis, ont dû avouer en juillet 2005 qu’ils<br />
avaient reçu quelques dizaines de millions de francs de Blaise Compaoré pour le financement<br />
de leur campagne à l’élection présidentielle.<br />
L’utilisation des cadres de l’administration et de l’armée ainsi que des moyens<br />
de l’état<br />
<strong>Les</strong> responsables <strong>du</strong> parti au pouvoir (CDP) contactent explicitement tous les responsables<br />
de l’administration, les officiers et sous-officiers qui sont originaires de la<br />
province en leur faisant comprendre que leur promotion future est fonction de leur activité<br />
<strong>du</strong>rant la campagne. Durant la campagne de l’élection présidentielle en 2005,<br />
un responsable politique CDP a même explicitement déclaré qu’aucun des chefs des circonscriptions<br />
administratives ou des directeurs de service n’avait passé un concours<br />
pour obtenir son poste. Par conséquent, pour mériter le maintien à sa position, chacun<br />
devait s’engager en faveur de Blaise Compaoré, dans la campagne présidentielle ou se<br />
démettre.<br />
Pour aller d’un village à l’autre ou d’un meeting à l’autre, tous ces cadres sont invités<br />
à former un convoi avec leurs véhicules personnels ou leurs véhicules de fonction<br />
ou de service dont les plaques d’immatriculation ne sont même pas toujours masquées.<br />
Bien enten<strong>du</strong>, ces cadres disposent largement de carburant grâce aux bons d’essence<br />
fournis par l’État pour le fonctionnement de leurs services. Cela permet au CDP d’impressionner<br />
les populations qu’il invite d’ailleurs à constater que le parti a des moyens<br />
et est tout puissant ! En face, les autres partis ne peuvent au plus mobiliser que des cyclomoteurs<br />
et au plus une seule voiture !<br />
Ces démonstrations de puissance donnent aux promesses démagogiques et aux menaces<br />
<strong>du</strong> CDP une crédibilité qui porte auprès de villageois cré<strong>du</strong>les et facilement impressionnables.<br />
Cet effet est encore renforcé par le fait que les préfets des départements,<br />
les Hauts commissaires des provinces accueillent et hébergent dans leurs maisons de