Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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202<br />
Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
communistes burkinabé), il s’ouvrait à des organisations plus libérales (CNPP-Convention<br />
nationale des patriotes progressistes, MDP-Mouvement pour la démocratie et le<br />
progrès). En mars 1990, environ deux mois avant le discours de La Baule de François<br />
Mitterand, le président <strong>du</strong> Front Populaire signait un décret mettant en place une commission<br />
constitutionnelle. Celle-ci se réunit en avril, avec la mission d’élaborer un avantprojet<br />
de Constitution.<br />
La Commission constitutionnelle était constituée de 104 personnes. La majorité<br />
était formée de représentants d’organisations <strong>du</strong> Front populaire (CDR, Associations<br />
de femmes, de jeunes, de paysans et d’anciens) et d’organisations politiques participant<br />
au Front populaire (ULC, UCB, GCB, CNPP, MDP,…). Mais elle comportait aussi des<br />
représentants de structures professionnelles (faculté de droit, magistrats, avocats), d’organisations<br />
de droits humains (MBDHP et LBDH), de l’Union des étudiants (UGEB),<br />
des syndicats, des chefs coutumiers, des communautés religieuses, aux côtés desquels le<br />
PAI était la seule organisation politique indépendante. Le président de la Commission,<br />
le médecin commandant Bognessan Arsène Ye, président des Comités révolutionnaires,<br />
avait été imposé dans le décret de mise en place de la Commission. Mais le vrai superviseur<br />
de la Commission était le président Blaise Compaoré, auquel se référait explicitement<br />
le président de la Commission, chaque fois que les débats ne permettaient pas<br />
de départager les points de vue.<br />
Dès le départ, le débat s’est focalisé sur le type de Constitution : Constitution démocratique<br />
ou Constitution consacrant la primauté <strong>du</strong> Front populaire dans la gestion<br />
politique <strong>du</strong> pays ? La première thèse a fini par l’emporter, le PAI réussissant à<br />
rallier à cette position les organisations les moins inféodées au Front populaire (CNPP,<br />
mouvements des droits humains, UGEB, syndicats, religieux, coutumiers, avocats, juristes<br />
universitaires). Finalement l’avant-projet de Constitution fut achevé. Il faisait <strong>du</strong><br />
Burkina Faso un pays démocratique et laïque où le pouvoir était démocratique et populaire.<br />
Il consacrait la reconnaissance des libertés fondamentales et des droits humains<br />
ainsi que la séparation des pouvoirs, établissait les règles de désignation des élus (président<br />
<strong>du</strong> Faso avec au plus deux mandats de sept ans chacun, députés et conseillers municipaux).<br />
Il organisait enfin le Burkina Faso en collectivités territoriales et désignait le<br />
président <strong>du</strong> Faso pour con<strong>du</strong>ire la période de transition.<br />
L’ADOPTION DE LA CONSTITUTION<br />
L’avant-projet de Constitution fut soumis à l’examen des Assises constitutionnelles<br />
composées d’environ 3 000 membres des Comités révolutionnaires qui intro<strong>du</strong>isirent<br />
les modifications que le pouvoir n’avait pu obtenir de la Commission constitutionnelle<br />
(2 e Chambre). Le texte qui en sortit fut soumis le 2 juin 1991 à un référen<strong>du</strong>m auquel<br />
toutes les formations politiques et sociales appelèrent unanimement à voter « oui»,<br />
malgré certaines réserves portant sur la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> mandat présidentiel, la désignation <strong>du</strong><br />
président <strong>du</strong> Front populaire pour assurer la période transitoire, et l’existence d’une<br />
2 e Chambre.