Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
Mais ce terrorisme, qui puise ses racines dans la dérive extrémiste d’une partie de l’islam<br />
politique, a également des causes externes. Même si l’équation est loin d’être automatique,<br />
contrairement à la façon dont on la présente parfois, plus de terrorisme égale<br />
plus de guerre préventive égale plus de terrorisme. La guerre actuelle menée par les États-<br />
Unis en Irak illustre cet engrenage. Enfin, les enjeux stratégiques et la puissance <strong>du</strong> complexe<br />
militaro-in<strong>du</strong>striel américain commandent de survaloriser le terrorisme, dans la<br />
mesure où l’existence de cet ennemi justifie la logique de conquête et le surarmement.<br />
Cet unilatéralisme est devenu le propre de la puissance hégémonique unique. Que<br />
ce soit en matière économique, commerciale, politique ou stratégique, les États-Unis<br />
décident seuls, en fonction de ce que leur administration actuelle juge être les intérêts<br />
<strong>du</strong> moment. La prochaine administration évoluera-t-elle dans ce domaine ? Probablement,<br />
mais à la marge, et elle ne modifiera pas la stratégie de conquête et de présence<br />
physique de plus en plus lourde dans leurs zones stratégiques : Afghanistan, Irak.<br />
Mais l’émergence de nouvelles puissances menace cette unipolarité : la Chine avant<br />
tout, aujourd’hui deuxième puissance mondiale, mais aussi l’Inde et, dans une moindre<br />
mesure, le Brésil.<br />
<strong>Les</strong> analyses de cette mutation sont souvent embryonnaires. Il s’agit en fait d’un retour<br />
au libéralisme d’avant les années cinquante couplé à un nouvel épisode de la mondialisation<br />
qui s’effectue en partie grâce à la révolution technologique de la<br />
communication. Libéralisme et mondialisation ne recouvrent pas les mêmes réalités<br />
mais se renforcent l’un l’autre.<br />
Il ne s’agit pas de revenir sur cette mutation. Elle est inscrite dans l’histoire, et l’Occident<br />
en a fait un des principaux outils de sa domination planétaire. Ses conquêtes coloniales<br />
signent des phases fondamentales de la mondialisation. Le problème est de savoir<br />
comment donner un autre contenu au moment contemporain de cette mondialisation.<br />
C’est un enjeu géopolitique mondial, mais également une question de société, et<br />
même de civilisation. Cette émergence s’effectue dans le contexte d’une croissance démographique<br />
telle que n’en a jamais connu l’humanité au cours de son histoire : la population<br />
mondiale a plus que triplé au xx e siècle. Se pose désormais la question de<br />
l’adéquation de la population aux ressources disponibles et à la capacité de renouvellement<br />
des écosystèmes.<br />
Cette question doit être abordée sous deux angles, celui des migrations internes et<br />
<strong>du</strong> processus d’urbanisation, et celui des migrations internationales. Le premier demande<br />
la mise au point de stratégies à long terme capables d’accompagner l’émergence<br />
d’une humanité urbaine. <strong>Les</strong> migrations internationales, elles, doivent faire l’objet de<br />
réflexions sortant des clichés actuels.<br />
Jeux d’intérêt, conflits, rapports de force, continuent de suivre des logiques géopolitiques<br />
et économiques traditionnelles au lieu de s’adapter aux nouveaux défis.<br />
<strong>Les</strong> rapports Nord-Sud n’ont pas fondamentalement changé de nature. Or l’émergence<br />
des uns et la marginalisation des autres redessinent une nouvelle carte des Suds.<br />
Il n’est pas sûr que l’émergence des nouvelles puissances modifie les logiques de domination<br />
et d’exploitation des plus pauvres. La politique chinoise en Afrique en est un cas<br />
d’école.<br />
En ce qui concerne les pays occidentaux, la logique de coopération n’a pas remplacé<br />
la logique de l’aide toujours géopolitiquement et/ou économiquement intéressée.