Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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198 Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ? francophonie (OIF) – je pense que c’est suffisamment précis pour qu’il soit identifié - a dit, lors d’une réunion des partis politiques de l’opposition participant aux élections, et je cite : « De toute façon, en Afrique aujourd’hui il vaut mieux qu’un militaire gagne les élections pour assurer la sécurité dans nos pays ». Et d'ajouter que nous ne devions pas continuer à revendiquer la transparence des élections. Cela dit tout, et même leur communiqué sanctionnant le résultat des élections était signé avant leur proclamation du résultat des élections. Cela pose, pour le moins, un problème quant au rôle des observateurs internationaux. Le quatrième problème c’est le rôle de la Cour constitutionnelle. En République centrafricaine, elle a été présidée, suite un décret présidentiel, par un magistrat que je considère comme l’un des protagonistes du « cinéma électoral ». En effet, ce magistrat, radié deux fois de la fonction publique, et deux fois repris cependant, avait réalisé une prouesse : sur les onze candidats qui se présentaient aux élections, il en a éliminé sept, sous divers prétextes. Votre humble serviteur était de ceux-là, parce que mon certificat médical disait que j’étais apparemment en bonne santé. Pour lui cela signifiait que j’étais certainement malade. J'ai donc été éliminé. Il a fallu qu’on se retrouve tous à Libreville, sous l’égide du président Bongo, pour que nous soyons « remis en course ». Cinquièmement, il y a un phénomène « curieux » que nous avons tous observé lors des dernières élections. Après les premiers tours des présidentielles et législatives, notre parti disposait de sept élus et une quarantaine de nos candidats étaient en ballottage favorable pour le second tour. Entre les deux tours, nous avons constaté que la coalition qui soutenait Bozizé (qui n’avait que deux députés élus au premier tour) et certains chefs d’État d’Afrique centrale se sont réunis et ont commencé à exercer des pressions diverses sur nos alliés politiques de l’Union des forces vives de la Nation. En dépit des accords électoraux, ces partis hier alliés se sont mis à me considérer, excusez-moi de parler de moi, comme le diable en personne. Et les radios, les journaux, tous les jours, expliquaient à longueur de journée que la victoire ne pouvait revenir qu’à Bozizé, alors que nous nous avions déjà 7 députés et qu'il n’en avait que deux. Concomitamment, on a envoyé des ministres du gouvernement comme ministres résidents dans toutes les préfectures ; on a relevé les préfets des régions où nous étions en avance et après le deuxième tour des élections nous n’avons eu que 5 députés supplémentaires, et Bozizé… quarante-neuf. Voilà les élections en Afrique. Les pressions politiques étaient quotidiennes et l’armée allait chercher les urnes sans qu'il y ait jamais de retentissement sur les médias internationaux. Tout ce que nous disions était comme les prêches de Moïse dans le désert. Devant cette situation, quand il y a eu la proclamation des résultats, nous avons saisi la Cour constitutionnelle. Elle a rendu un jugement que les juristes devraient pouvoir lire afin de faire constater et comprendre ce qu'est l’Afrique. Quand j’ai vu ça, je suis allé à la radio et j’ai reconnu les résultats des élections. Pourquoi ? Parce que je voulais protéger mon parti, protéger notre pays et donner du temps au temps, comme disait Mitterrand, afin qu’un jour on s’aperçoive de la supercherie.
Session 3 199 Je crois qu’il faut que les partis politiques d’opposition en Afrique constituent effectivement un réseau de solidarité. Les problèmes ne seront résolus que par les Africains et en Afrique. Il faut que nos expériences respectives soient connues de nos camarades des autres pays ; il faut que, deux ans avant les élections, nous nous soutenions mutuellement ; que nous portions nos revendications pour faire en sorte que les élections soient réellement l’expression du suffrage populaire. Si nous continuons dans la farce actuelle, nous nous ferons les complices de la disparition de l’Afrique en tant qu'entité politique. Participer à des élections en sachant que nous sommes dans une voie sans issue, c’est être complice, tout simplement, de la mort de la liberté et de la mort même de l’Afrique.
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Afrique et Europe : néocolonialism
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À la mémoire d’Ibni Oumar Maham
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