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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />

francophonie (OIF) – je pense que c’est suffisamment précis pour qu’il soit identifié -<br />

a dit, lors d’une réunion des partis politiques de l’opposition participant aux élections,<br />

et je cite : « De toute façon, en Afrique aujourd’hui il vaut mieux qu’un militaire gagne les<br />

élections pour assurer la sécurité dans nos pays ». Et d'ajouter que nous ne devions pas<br />

continuer à revendiquer la transparence des élections. Cela dit tout, et même leur communiqué<br />

sanctionnant le résultat des élections était signé avant leur proclamation <strong>du</strong><br />

résultat des élections. Cela pose, pour le moins, un problème quant au rôle des observateurs<br />

internationaux.<br />

Le quatrième problème c’est le rôle de la Cour constitutionnelle. En République<br />

centrafricaine, elle a été présidée, suite un décret présidentiel, par un magistrat que je<br />

considère comme l’un des protagonistes <strong>du</strong> « cinéma électoral ». En effet, ce magistrat,<br />

radié deux fois de la fonction publique, et deux fois repris cependant, avait réalisé une<br />

prouesse : sur les onze candidats qui se présentaient aux élections, il en a éliminé sept,<br />

sous divers prétextes. Votre humble serviteur était de ceux-là, parce que mon certificat<br />

médical disait que j’étais apparemment en bonne santé. Pour lui cela signifiait que<br />

j’étais certainement malade. J'ai donc été éliminé. Il a fallu qu’on se retrouve tous à Libreville,<br />

sous l’égide <strong>du</strong> président Bongo, pour que nous soyons « remis en course ».<br />

Cinquièmement, il y a un phénomène « curieux » que nous avons tous observé lors<br />

des dernières élections. Après les premiers tours des présidentielles et législatives, notre<br />

parti disposait de sept élus et une quarantaine de nos candidats étaient en ballottage favorable<br />

pour le second tour. Entre les deux tours, nous avons constaté que la coalition<br />

qui soutenait Bozizé (qui n’avait que deux députés élus au premier tour) et certains<br />

chefs d’État d’Afrique centrale se sont réunis et ont commencé à exercer des pressions<br />

diverses sur nos alliés politiques de l’Union des forces vives de la Nation. En dépit des<br />

accords électoraux, ces partis hier alliés se sont mis à me considérer, excusez-moi de<br />

parler de moi, comme le diable en personne. Et les radios, les journaux, tous les jours,<br />

expliquaient à longueur de journée que la victoire ne pouvait revenir qu’à Bozizé, alors<br />

que nous nous avions déjà 7 députés et qu'il n’en avait que deux. Concomitamment,<br />

on a envoyé des ministres <strong>du</strong> gouvernement comme ministres résidents dans toutes les<br />

préfectures ; on a relevé les préfets des régions où nous étions en avance et après le<br />

deuxième tour des élections nous n’avons eu que 5 députés supplémentaires, et Bozizé…<br />

quarante-neuf.<br />

Voilà les élections en Afrique. <strong>Les</strong> pressions politiques étaient quotidiennes et l’armée<br />

allait chercher les urnes sans qu'il y ait jamais de retentissement sur les médias internationaux.<br />

Tout ce que nous disions était comme les prêches de Moïse dans le désert.<br />

Devant cette situation, quand il y a eu la proclamation des résultats, nous avons saisi<br />

la Cour constitutionnelle. Elle a ren<strong>du</strong> un jugement que les juristes devraient pouvoir<br />

lire afin de faire constater et comprendre ce qu'est l’Afrique. Quand j’ai vu ça, je suis<br />

allé à la radio et j’ai reconnu les résultats des élections. Pourquoi ? Parce que je voulais<br />

protéger mon parti, protéger notre pays et donner <strong>du</strong> temps au temps, comme disait<br />

Mitterrand, afin qu’un jour on s’aperçoive de la supercherie.

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