Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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196 Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ? conflits. Telles qu’elles se déroulent actuellement les élections constituent une grave menace pour la démocratie. Il est impératif de sortir de cette voie dangereuse. Le modèle alternatif ne se trouve pas nécessairement en Europe ou aux États-Unis qui nous cachent souvent le monde. Il y a un pays du Sud qui fait une expérience tout à fait exemplaire dans ce domaine qui mérite d’être mieux connue. Il s’agit du Venezuela où le déroulement du référendum de décembre 2007 a surpris le monde entier.
Les élections en République centrafricaine Session 3 197 Martin Ziguélé Ancien premier ministre, président du Mouvement pour la libération du peuple centrafricain Si la République centrafricaine est enclavée au cœur de l’Afrique, elle est en plus un pays particulier, à tous points de vue, comme vous le constaterez dans l’anecdote qui suit : lors des dernières élections présidentielles et législatives de mars et mai 2005 en Centrafrique, j’ai modestement représenté le MLPC, aux élections présidentielles. Je suis arrivé au deuxième tour, face au Général Bozizé mais, fait historique peut-être unique en Afrique, je n’ai pas pu voter parce que mon nom ne figurait pas sur les listes électorales. On ne m'a donc pas permis de voter et, cependant, j'ai été présent au premier puis au second tour, où j'ai été battu. Un tel épisode pose le problème même de la crédibilité du processus électoral en Centrafrique et, par extension, dans beaucoup de pays africains. Je retiens un mot de Monsieur Bourgi : il y a véritablement en Afrique, aujourd’hui, une « ingénierie de la fraude », et il ne faut pas se méprendre quant à l’étendue et à la profondeur du phénomène. De façon rituelle, quand des événements – comme au Kenya – nous interpellent, l’attention de la communauté internationale et des pays africains se focalise sur le phénomène, puis cette attention se dissipe, et aux élections suivantes, également tumultueuses, le problème revient au premier plan parce qu'il réside d’abord dans les listes électorales. Vous remarquerez que les gouvernements africains n’appellent jamais les populations à aller s’inscrire chaque année sur les listes électorales, et on ne les remet jamais à jour comme le préconisent tous les codes électoraux des pays africains d'inspiration juridique francophone. Pourquoi cela ? Parce qu'il n'est pas dans l’intérêt du pouvoir de maintenir à jour les listes électorales. Et je pense que le travail des partis politiques, puisqu’on nous demande de faire des propositions, est de veiller à ce que, chaque année, les militants de chaque parti politique aillent s’inscrire sur les listes électorales, et les partis politiques doivent veiller à la révision annuelle de ces listes électorales. Le deuxième problème que nous avons constaté pendant les élections en Centrafrique c’est que le dépouillement des bulletins de vote constitue le deuxième chaînon de la fraude. Pourquoi ? Parce que les représentants des partis politiques de l’opposition sont généralement soudoyés par le parti au pouvoir. Les représentants des partis de l’opposition signent, contre rémunération, des procès-verbaux de dépouillement vierges, et donc les représentants du parti au pouvoir n’ont plus qu’à y inscrire les chiffres qu’ils veulent. Troisièmement, il y a le rôle des observateurs dits « internationaux ». Je ne veux calomnier personne mais lors des élections de 2005 en Centrafrique, un ancien chef d’État d’un pays des Grands Lacs, qui était envoyé par l’Organisation internationale de la
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À la mémoire d’Ibni Oumar Maham
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