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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />

sissent pas toujours à transformer ces soutiens populaires avérés lors des réunions<br />

pré-électorales en victoire le jour <strong>du</strong> scrutin.<br />

L'autre explication tient évidemment à la précarité matérielle des partis, hormis<br />

ceux au pouvoir qui usent et abusent des moyens de l'État pour fidéliser les électeurs,<br />

les transporter sur les lieux de vote et immobiliser des moyens de transport qui seraient<br />

susceptibles de transporter les électeurs des autres partis politiques. Ce fut le cas en<br />

Mauritanie. La misère matérielle des partis n'est pas étrangère aux entreprises de débauchage<br />

auxquelles se livrent les partis au pouvoir, ainsi qu'aux pratiques de vagabondage<br />

politique, contre lesquelles le législateur africain a commencé à réagir.<br />

Quant aux processus électoraux, après avoir contribué à débrider la vie politique,<br />

ils sont en passe désormais de provoquer un climat de suspicion qui pèse de plus en plus<br />

sur la sérénité <strong>du</strong> débat politique. Le paradoxe est que plus l'Afrique s'accoutume aux<br />

échéances électorales, plus la quête de régularité et de transparence des scrutins omniprésente<br />

au début des années quatre-vingt-dix paraît se banaliser, voire s'estomper faute<br />

de consensus entre le pouvoir en place et les différents protagonistes politiques. <strong>Les</strong><br />

structures électorales, dont la perte de crédibilité est désormais l'une des causes principales<br />

des contestations et des violences postélectorales, leur composition et l'évolution<br />

de leur fonctionnement ont clairement démontré que leur seule existence, quelle que<br />

soit leur appellation, n'est plus une garantie de transparence et de régularité. Cette<br />

léthargie électorale intervient à un moment où le mécanisme de la fraude se professionnalise<br />

et dans ce domaine on semble être entré dans l'ingénierie. L'ordinateur est<br />

aujourd'hui en lieu et place des anciennes administrations territoriales, adeptes des<br />

procédés grossiers de fraude utilisés depuis longtemps, sous la forme de votes multiples,<br />

de fichiers électoraux peu fiables et d'achat de voix par le biais de grands électeurs.<br />

Cette nouvelle donne électorale intervient à un moment où les partenaires<br />

extérieurs évoquent les élections non plus en termes de régularité mais en termes de<br />

crédibilité, ce qui dénote une appréciation à la baisse et à géométrie variable selon les<br />

pays, de la transparence des élections. <strong>Les</strong> apparences, c'est-à-dire l'existence de listes<br />

électorales, de matériel électoral, ainsi que de longues files d'attente devant les bureaux<br />

de vote, prennent le pas sur la matérialité <strong>du</strong> vote. Ainsi, la régulation des antagonismes<br />

politiques susceptibles de générer la violence, par le jeu des consultations électorales<br />

voit sa portée ré<strong>du</strong>ite. Et le recours au suffrage universel considéré comme un mode de<br />

sortie de crise, perd de plus en plus sa signification politique.<br />

Le constat ainsi posé signifie-t-il que l'Afrique est vouée à la fatalité de l'autoritarisme<br />

politique et des déviances démocratiques ? Nullement, je crois que le mouvement<br />

est en marche et ne se ré<strong>du</strong>it plus, aux seuls changements institutionnels. <strong>Les</strong><br />

sociétés africaines, y compris dans leurs rapports entre l'Etat et le pouvoir, sont en train<br />

de s'approprier tous les ressorts de la démocratie. Qu'on ne se méprenne pas, il est tout<br />

autant inacceptable d'ignorer les dérives qui entachent nombre d'expériences politiques,<br />

que de balayer d'un revers de la main les avancées enregistrées qui tranchent avec les anciens<br />

modes d'exercice <strong>du</strong> pouvoir. Le pluralisme, fût-il imparfait et même dévoyé au-

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