Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
changements se sont surtout incarnés dans l'avènement de structures électorales autonomes
ou indépendantes : CENA ou CENI, observatoire national des élections, avec
un partage des attributions entre ces structures électorales et les ministères de l'intérieur
traditionnellement en charge de l'organisation des élections.
Et contrairement aux pratiques antérieures de bourrage des urnes donnant des résultats
qui ne correspondaient en aucune manière avec le rapport des forces, sur le plan
intérieur, les dysfonctionnements constatés n'avaient pas systématiquement d'incidence
sur la sincérité du vote. Ceci est d'autant plus important que l'Afrique avait longtemps
souffert de toutes les turpitudes qui ont transformé les élections en de simples formalités
administratives destinées le plus souvent à satisfaire les exigences minimales de ce
qu'on appelle la « communauté internationale ».
L'alternance par les urnes a été simulée par l'affirmation du phénomène partisan et
la mise en place de coalitions partisanes qui regroupaient des partis d'opposition et certaines
franges de l'ex-parti unique. Cela a été le cas pour le Sénégal en 2000 et le Kenya
en 2002. Ce mode normal de conquête du pouvoir reposait parfois sur des bases
fragiles. Il s’agissait d’alliances de circonstance davantage dictées par des considérations
purement personnelles que par des contingences de type programmatique. Cela était
néanmoins révélateur du changement de comportement des acteurs politiques.
À l'évidence, la nouvelle vitalité du pluralisme partisan que certains observateurs
tentent toujours de minimiser, a permis progressivement de transformer la vie politique
et de promouvoir une pédagogie citoyenne qui était un prélude à l'élargissement
de l'espace public. On a assisté, dans cette période de post-contestation, à une meilleure
structuration de l'espace partisan qui ne se réduisait plus à un face à face dominant
entre les nouveaux partis dits démocratiques et les anciens. Cette confrontation a progressivement
cédé le terrain à des antagonismes fondés non plus sur une opposition
idéologique, des choix de société ou même des projets politiques, mais plutôt sur des
critères de gouvernance et de gestion de l'État, notamment sur des problèmes de corruption
et d'honnêteté dans l'exercice du pouvoir.
Dans le même temps, les partis politiques naissants et anciens se sont efforcés d'asseoir
des modes d'organisation et de fonctionnement qui obéissaient à des principes plus
démocratiques notamment pour la désignation de leurs principaux responsables. Mais
cette nouvelle donne laissait entière la question de l'inégalité des moyens des partis politiques
avec pour corollaire, la question du financement public de la vie politique.
C'est cette grande fluidité de la vie politique, favorisant parfois les alternances,
qui a aussi permis l'irruption des opinions publiques forgées désormais par une presse
libérée, et par une société civile mieux organisée, plus attentive aux droits fondamentaux
et aux libertés publiques. Et dans pareil climat, les contre-pouvoirs classiques
notamment celui incarné par les pouvoirs judiciaires, paraissaient aller dans le sens du
changement. Mais au fil des ans, ce nouvel environnement politique, bien que bâti sur
un socle démocratique, s’est révélé très fragile. Il se heurte, notamment à la fin des