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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Session 3 185<br />

<strong>du</strong> Congo Kinshasa était, il y a encore quelques jours, un théâtre de désolation, de<br />

mort, de viols de femmes, d’embrigadements d’enfants soldats. Une conférence régionale<br />

vient d’aboutir, nous dit-on, à un accord de paix, un pacte qui donne une impression<br />

d’inachevé. Parmi les signataires de cet accord, vous le savez on trouve des criminels<br />

de guerre qui, <strong>du</strong> seul fait de leur signature, sont comme, si je puis dire, blanchis des<br />

pires crimes et violations des droits de l’homme qu’ils ont commis.<br />

Autre sujet d’actualité en rapport avec le processus de démocratisation de l’Afrique<br />

et ses chausse-trappes, ses chaos, les événements au Niger où l’on observe depuis février<br />

2007, la résurgence, dans le nord de ce pays qui compte parmi les plus pauvres au<br />

monde, de la guérilla touareg sur toile de fond d’enjeux autour de gisements d’uranium<br />

et d’un pouvoir centralisé ignorant, peut-être, les attentes de telle ou telle région<br />

ou de telle ou telle fraction de la communauté nationale.<br />

En Côté d’Ivoire, le pays sort progressivement de la crise politique militaire de septembre<br />

2002, avec l’attente fébrile des élections promises d’ici la fin 2008. Il n’a échappé<br />

à aucun observateur que si ce sont les Ivoiriens qui ont payé le prix fort <strong>du</strong> drame qui<br />

a secoué leur pays, l’origine de cette crise ne se limite pas aux seules frontières de la<br />

Côte-d’Ivoire et aux seuls acteurs politiques de ce pays.<br />

Au Tchad prévaut toujours le dialogue de sourds entre le pouvoir d’Idriss Déby<br />

Itno et les forces politiques d’opposition traditionnelles, pacifiques, mais aussi avec les<br />

mouvements armés que l’on connaît. Là encore la donne internationale que représente<br />

la présence militaire française, il faut le souligner, et bientôt celle de la force EUFOR,<br />

chargée de la protection des déplacés, nous dit-on, des nationaux et des réfugiés darfouris<br />

dans l’est <strong>du</strong> pays, est à prendre en compte.<br />

On peut appliquer le même constat à la République centrafricaine, où une partie<br />

de cette force EUFOR doit être déployée.<br />

<strong>Les</strong> facteurs internes de ces crises sont parfois mis de côté hélas par la communauté<br />

internationale, et par certains pays. Ladite communauté internationale impose des solutions<br />

diplomatiques, voire militaires, de manière parfois clientéliste et de courte vue<br />

hélas. Des solutions qui permettent à certains régimes contestés, de se maintenir au<br />

pouvoir plutôt que d’amener ces régimes à concevoir la politique autrement, c’est-à-dire<br />

de manière démocratique. <strong>Les</strong> élections truquées, les amendements de constitution<br />

pour faire sauter les verrous de la limitation <strong>du</strong> nombre de mandats successifs à la tête<br />

de nos États, sont devenues monnaie courante. Et forcément, ces dérives provoquent<br />

des tensions qui sont autant d’embûches sur cette piste plutôt chaotique des processus<br />

de démocratisation.<br />

Dans certains pays, les promesses de l’alternance <strong>du</strong> pouvoir sont parfois décevantes<br />

et frustrantes. On voit des leaders politiques qui passent dans le pouvoir après trente ans<br />

dans l’opposition qui, au lieu de répondre aux attentes de changement de leurs compatriotes,<br />

s’est mise à se <strong>du</strong>pliquer, voire accentuer les mêmes travers et défauts que les<br />

ex-tenants des partis uniques, leurs prédécesseurs, en se drapant, bien sûr, <strong>du</strong> suffrage<br />

universel. Je me rappelle <strong>du</strong> constat d’un chercheur belge qui me disait « au fond Mobutu<br />

n’incarne rien d’autre que le clone de Léopold II », qui était le seul maître de ce vaste<br />

Congo, quatre-vingt fois grand comme l’empire belge de l’époque.

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