Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
Où va le processus démocratique en Afrique ?
Assane Fall-Diop
Journaliste à Radio France International
Le thème choisi pour cette dernière table ronde est sans doute celui qui est le plus
en prise directe avec l’actualité africaine, qui se fait l’écho au quotidien de l’évolution
du processus de démocratisation de notre continent, avec ses succès mais hélas, surtout,
avec ses soubresauts et ses ratées. Échanger autour des expériences sur le processus
démocratique en Afrique revient à parler d’espoirs déçus, de crise armée, de
contestation électorale, mais aussi d’avancées, d’espoirs, de leçons et d’expériences pouvant
aider au choix d’une meilleure voie pour conduire et réussir cette longue marche
vers ce que j’appellerai la raison, la raison politique.
En me référant à l’actualité africaine du moment, je ne peux qu’être effaré de constater
qu’au terme de deux mandats successifs comme Secrétaire général de l’ONU, Kofi
Annan, le diplomate ghanéen soit appelé aujourd’hui à la rescousse pour aider à régler
la crise politique kényane née, comme vous le savez, de la contestation de la réélection
de Mwai Kibaki par les partisans de son principal rival Raila Odinga. Une crise qui
s’est soldée par un désastre humanitaire terrifiant, qui a déjà coûté la vie semble-t-il à
800 personnes, provoqué des dizaines de milliers de déplacés, et pour la première fois
de l’histoire du Kenya, poussé des dizaines de milliers d’autres Kenyans à l’exil, notamment
en Ouganda.
Je rappelle également que l’Afrique était à la tête de l’ONU, au Secrétariat général,
lorsque survint en 1994 le génocide du Rwanda. L’Égyptien Boutros Boutros-Ghali en
était alors le patron. Il ne s’agit pas de contester ici ni les qualités, ni les compétences,
ni les valeurs de ces diplomates africains de haut rang, mais force est de constater les
limites de leur influence face aux forces centrifuges qui dictent la marche du monde,
ce qu’on appelle la géopolitique. Je veux parler notamment du rôle des grandes puissances,
des véritables maîtres du jeu, de l’agenda de l’ONU et des priorités de l’organisation
en matière notamment de gestion des conflits à travers leurs positions
hégémoniques, leur intérêt, notamment au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
Vous savez que la Grande-Bretagne, pour ne prendre que cet exemple, est en charge
du dossier du Soudan à l’ONU parce qu’elle était l’ancienne puissance coloniale du
Soudan. Donc en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, c’est
la Grande-Bretagne qui suit et qui prépare les résolutions sur le Soudan, tout comme
il revient à la France d’avoir préparé nombre de résolutions sur la crise ivoirienne. Par
conséquent, le processus de démocratisation en Afrique relève bien sûr d’enjeux internes,
mais aussi d’influences extérieures qui sont souvent bien loin d’être favorables
à cette marche de notre continent vers ce que j’appellerai un monde meilleur.
Pourquoi le retour sur la scène politique du Congo Kinshasa dont Laurent Désiré
Kabila, après des décennies d’un pouvoir sans partage de Mobutu, a-t-il provoqué l’un
des bains de sang les plus terrifiants du continent ? Le nord Kivu, plus largement l’est