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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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182<br />

Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />

Échanges d’expériences<br />

sur le processus démocratique en Afrique<br />

Synthèse<br />

La transition démocratique des années 1990 montre désormais ses limites. <strong>Les</strong><br />

conférences nationales, les débats institutionnels autour <strong>du</strong> statut <strong>du</strong> président, <strong>du</strong> suffrage<br />

universel et les volontés de mettre en œuvre les principes de séparation et d’égalité<br />

de pouvoir (en particulier par le pouvoir judiciaire), avaient permis de structurer le<br />

processus électoral (commissions électorales nationales autonomes), l’espace public et<br />

partisan, de transformer la vie politique et de promouvoir une pédagogie citoyenne.<br />

Mais le doute s’est installé sur la viabilité de la démocratie et sur le mode de dévolution<br />

constitutionnelle <strong>du</strong> pouvoir par les urnes. Si bien que dans la plupart des pays sinon<br />

tous, la démocratie en tant que système de gestion de l’Etat ne semble pas acceptée.<br />

Des alliances politiques de circonstance dictées par des considérations personnelles<br />

plus que par des projets politiques (Sénégal 2000, Kenya 2002), ou la manipulation des<br />

constitutions (extension des prérogatives <strong>du</strong> chef de l’Etat, ré<strong>du</strong>ction de la fonction de<br />

premier ministre) ont fait des élections et finalement de la démocratie de simples formalités<br />

destinées à satisfaire les exigences minimales d’une « communauté internationale<br />

» et de bailleurs de fonds qui cautionnent souvent le maintien au pouvoir de<br />

régimes contestés, au lieu de les amener à concevoir la politique autrement. Aux enjeux<br />

internes s’ajoutent des influences extérieures loin d’être favorables.<br />

La dérive présidentialiste s’observe par une longévité au pouvoir exceptionnelle<br />

(plus de 40 ans au Gabon et au Togo, plus de 20 au Burkina Faso, près de 30 au Cameroun).<br />

<strong>Les</strong> garde-fous ont pratiquement tous disparu laissant place à un « césarisme<br />

démocratique », caractérisé par la faiblesse de la représentation nationale, un multipartisme<br />

dévoyé et la fragilité d’institutions judiciaires, qui ne parviennent pas à se défaire<br />

de l’emprise <strong>du</strong> pouvoir politique.<br />

La perte de crédibilité <strong>du</strong> processus électoral par la professionnalisation de la fraude a<br />

con<strong>du</strong>it à une désaffection à l’égard <strong>du</strong> politique que tra<strong>du</strong>it le faible taux de participation.<br />

<strong>Les</strong> partis politiques souffrent en outre d’un manque de cohésion et d’une misère matérielle,<br />

pour l’opposition, qui facilite le débauchage et encourage le vagabondage politique.<br />

Plutôt que de mettre en doute la perception que les sociétés africaines ont de la démocratie,<br />

il s’agit d’établir la part de responsabilité des acteurs <strong>du</strong> jeu démocratique à l’épreuve<br />

<strong>du</strong> pouvoir. <strong>Les</strong> analyses se dispensent souvent de pointer les pratiques clientélistes, d’entrisme<br />

gouvernemental, d’achat de conscience, de débauchage pour privilégier le caractère<br />

ethnico-régional comme facteur d’explication. L’existence des listes électorales, les longues<br />

files d’attente devant les bureaux de vote prennent le pas sur la matérialité <strong>du</strong> vote. Le recours<br />

au suffrage universel comme mode de sortie de crise perd de sa signification politique.<br />

Pire, il provoque des violences postélectorales et des boycotts (Kenya, Tchad, Sénégal).<br />

Dans beaucoup de pays (Bénin, République centrafricaine, Mali, Sénégal, Tchad, Madagascar,<br />

Guinée, Togo) et bien que chaque État garde ses spécificités, les mêmes techniques<br />

se retrouvent. La loi électorale est promulguée avec retard. La composition et les missions<br />

des Commissions électorales nationales autonomes ou indépendantes (CENA/CENI) n’ap-

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