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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Session 2 181<br />

Mohamed Ould Maouloud (Mauritanie) : « Pour reprendre les comparaisons faites<br />

par Lamine Diallo dans son propos, je dirais que notre continent est comme un lion famélique<br />

en cage qui n’a pas son destin en main. Comment peut-on parler de partenariat alors<br />

que les relations existantes sont inégales et mal fondées. Dans la réinvention <strong>du</strong> dialogue<br />

euro-africain, l’Afrique peut faire valoir ses atouts, et possède de nouvelles cordes à son arc<br />

dans les négociations. Si l’Inde, la Chine et l’Amérique latine sont en mesure d’aider le continent<br />

à remettre en cause l’ordre mondial, l’Europe serait bien inspirée de prendre les devants<br />

de ce renouvellement lié aux enjeux géopolitiques internationaux.<br />

Sur l’aspect commercial et agricole notamment, l’Europe pourrait aider l’Afrique à améliorer<br />

la qualité des pro<strong>du</strong>its qu’elle fabrique et qu’elle peut exporter. D’autant que nous savons<br />

désormais pertinemment que les migrations de la jeunesse sont liées à la crise agricole,<br />

provoquée d’une certaine manière par les importations de marchandises <strong>du</strong> Nord et l’aide<br />

alimentaire.<br />

En Mauritanie, la population s’alimentait dans le passé de pro<strong>du</strong>its qu’elle cultivait<br />

comme le sorgho. Puis après les années de sécheresse et le recours forcé à l’aide alimentaire internationale,<br />

les habitudes alimentaires se sont modifiées, si bien qu’aujourd’hui les populations<br />

se nourrissent de blé et ne pro<strong>du</strong>isent plus.<br />

<strong>Les</strong> fondements de ce nouveau partenariat peuvent également émerger de <strong>colloque</strong> comme<br />

celui-ci, car il nous donne une opportunité exceptionnelle de débattre et de nous éclairer sur<br />

les problèmes <strong>du</strong> monde. Je regrette cependant que nous n’ayons que très succinctement évoqué<br />

les problèmes de positionnement de l’Europe sur la scène internationale. »<br />

Amadou Boureima (Niger) : « L’Afrique aiguise l’appétit des nouvelles puissances en<br />

quête de ressources pétrolières et minérales. Mais le grand enjeu <strong>du</strong> développement <strong>du</strong> continent<br />

demeure l’agriculture. Que font ces puissances en termes d’investissements agricoles ?<br />

Nous n’avons pas abordé cette question au sujet de la Chine en Afrique, alors qu’elle est un<br />

grand exportateur de riz, surtout en Afrique occidentale. Pourtant, ce secteur a terriblement<br />

besoin d’investissements car l’Afrique ne peut pas se développer sans son agriculture. Rappelons<br />

qu’au Niger 80 à 87 % de la population est rurale et que 90 % des habitants sont<br />

analphabètes. <strong>Les</strong> élites intellectuelles africaines doivent par conséquent mettre leurs connaissances<br />

et leur savoir-faire au service <strong>du</strong> monde rural.<br />

Par ailleurs, il faut noter que les organisations paysannes n’ont pas encore toute leur<br />

place dans les négociations, notamment sur les APE. Le Réseau des organisations paysannes<br />

et de pro<strong>du</strong>ction de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) a certes apporté sa contribution dans le<br />

processus, mais ses propositions n’ont pas été retenues. Si les décisions continuent de se prendre<br />

exclusivement au plus haut niveau, les organisations de la société civile descendront dans<br />

la rue pour s’y opposer.<br />

Enfin, il y a un sujet d’importance qui n’a pas été abordé : les OGM. Ceux-ci pénètrent<br />

actuellement les marchés africains, menaçant les semences issues de la biodiversité <strong>du</strong> continent.<br />

Aucun mécanisme n’a été mis à notre disposition pour que nous puissions être éclairés<br />

sur les OGM et les risques de leur utilisation. Une coopération bénéfique avec l’Europe pourrait<br />

notamment proposer un dialogue entre les élites scientifiques des deux continents pour<br />

guider les agriculteurs sur cette question.<br />

Plus largement, l’Afrique doit mettre au point ses propres mécanismes de développement<br />

<strong>du</strong>rable car elle possède les ressources naturelles et humaines pour le faire. »

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