Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Session 2 177
une certaine mesure, joue déjà un rôle important dans la prévention des conflits et
le maintien de la paix. Dans la lutte contre la pauvreté et le développement durable,
elle pourrait aboutir à une capacité renforcée des gouvernements à protéger les
intérêts de leurs citoyens au lieu de conduire à une perte de souveraineté. Elle doit
être gérée intelligemment, parce que l’intégration régionale peut aussi engendrer
des risques tels qu’une perte de transparence et de responsabilité démocratique dans
la prise de décisions, une augmentation des crimes à travers la suppression des
contrôles aux frontières, ou une démocratisation sociale finalement impossible avec
une libéralisation hâtive et une concurrence entre les salariés exacerbée.
Au cours des négociations actuelles sur les APE, nous devons nous assurer que les
contrats de partenariat européens sont en harmonie avec les initiatives d’intégration
régionale des ACP, et contribuent à les consolider au lieu de les fragiliser.
Tous les accords adoptés par certaines régions doivent être ouverts aux autres
membres de leurs organisations régionales respectives afin de ne pas gêner mais
plutôt de renforcer le commerce sud/sud.
3. Les efforts accrus à l’égard de la cohésion et de la prudence en matière de libéralisation
: le processus d’intégration économique européen n’a pas été seulement
fondé sur la libéralisation mais a été complété par une politique de régulation afin
de soutenir et protéger certains secteurs. La combinaison de nouvelles approches
de politique libérale et d’une privatisation inconditionnelle est un énorme danger,
même au sein de l’Union européenne. Un dumping social, ce qui signifie une
pression sur les bas salaires, des temps de travail plus longs, une diminution de
la protection des salariés et une sécurité relâchée, sont les résultats d’une concurrence
de moins en moins régulée. Les travailleurs au sein de l’Union européenne
sont montés les uns contre les autres et cela devient de plus en plus vrai à un niveau
global. Par exemple, j’ai étudié le cas du chemin de fer Dakar-Bamako qui
était la fierté du Sénégal et du Mali avant que la pression du FMI aboutisse à sa
privatisation et sa vente à une société de chemin de fer franco-canadienne, Transrail.
Ainsi, le résultat est similaire à ce que nous pouvons constater en Europe
après une libéralisation partielle des services publics : le licenciement des employés,
un manque de transport de passagers, la fermeture de gares, un sérieux
manquement d’investissements nécessaires, des prix croissants, des syndicats euxmêmes
impuissants, une économie locale autour des gares qui disparaît, des gens
qui n’ont pas accès aux cabinets de leur docteur et aux services, et l’écroulement
des infrastructures. Seules les entreprises demeurent rentables pour les propriétaires
car elles utilisent le chemin de fer pour le transport de marchandises.
4. Un réel partenariat sur le développement : l’Union européenne pourrait soutenir
ces mécanismes grâce à l’expertise et le financement sans définir au préalable
le modèle et la forme de tels instruments politiques qui doivent être adaptés aux
intérêts et circonstances particulières à chaque région. Au lieu de se concentrer
sur une libéralisation du commerce et sur un accès aux marchés pour les compagnies
des pays développés, l’Union européenne devrait mettre davantage l’accent
sur le soutien à apporter au développement institutionnel régional, au dévelop-