Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
En outre, nous ne devrions pas oublier les subventions agricoles et autres soutiens
que les pays membres de l’Union européenne offrent à leurs agriculteurs. Les pays en
voie de développement ne sont pas en mesure d’assurer les mêmes soutiens. J’ai compris
que c’était une demande aujourd’hui et c’est légitime ; mais ceci prendra du temps.
Je ne suis pas contre un soutien raisonnable du secteur agricole en Europe, mais,
dans un premier temps, je ne veux pas soutenir un commerce qui dénaturerait le support
national, et des subventions à l’exportation au profit du commerce agricole. Dans
un second temps, la situation des finances publiques dans les pays partenaires est un
autre point à considérer lors des négociations sur les accords commerciaux.
Je soutiens également fortement l’accès libre sans tarifs ou quotas pour les exportations
des PMA vers l’Union européenne. Mais nous constatons maintenant que parfois
les PMA ne produisent uniquement que des marchandises spécifiques vouées aux
exportations.
Ce sont ces raisons, ainsi que d’autres, qui ont amené les pays ACP à refuser de signer
les APE initiaux et maintenant les accords provisoires. Quelques-uns les ont signés
pour ne pas tomber dans le régime « tout sauf les armes » appliqués aux PMA pour leur
assurer un accès libre, sans droits de douane, au marché européen. Ces pays craignent
de perdre des parts importantes de leurs recettes, certes minimes mais existantes. Mais
ces accords provisoires ne diffèrent pas tellement des projets d’APE dans leur objectif.
Ils pourraient être désormais simplement conclus en tant qu’accords sur les marchandises,
excluant, par exemple, les produits finis agricoles sensibles. Mais ils imposent des
négociations sur des accords étendus et je crains que ces accords provisoires ne diffèrent
que légèrement les projets d’APE initiaux.
À ce propos, ce fut déjà problématique que les négociations APE aient eu lieu au
sein de l’Union européenne et de groupes régionaux, qui ne correspondent pas aux
groupements régionaux existants. Tout particulièrement, sur le continent africain, où
il existe des espaces de coopération régionale et de commerce sud/sud.
Voici quelques éléments de conclusion :
1. Il est nécessaire de prendre en considération les énormes différences dans le développement
et les besoins. Cela relève certes d’une bonne intention que de vouloir
promouvoir l’emploi, la protection du consommateur et de l’environnement,
des prix inférieurs de l’alimentation et des produits alimentaires et l’énergie des
citoyens européens ; mais ceci ne doit pas aller à l’encontre des besoins des personnes
vivant dans le reste du monde.
Bien au contraire, pour un nombre malheureusement élevé de pays, les conditions
préalables élémentaires pour la vie quotidienne de l’être humain doivent être
garanties, telles que la paix, la souveraineté alimentaire et l’accès aux services publics.
Elles doivent être assurées avant même de songer à la libéralisation et à la
privatisation. Ainsi, des demandes de traitements spéciaux et différentiels devraient
être maintenues comme conditions préalables pour les pays ACP et acceptées
par l’Union européenne.
2. La coopération régionale et l’intégration : la mise en commun de la souveraineté
dans le cadre de l’intégration régionale, politique et économique peut jouer et, dans