Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Session 2 169
buées, les rentes étatiques sont réservées aux proches et alliée de la famille Déby. La détention
du pouvoir permet par contre d’autoriser la tribu à se servir sur le pays.
En mars 1996, une nouvelle constitution est adoptée limitant le mandat présidentiel
à deux fois cinq ans. Des élections présidentielles furent organisées en juin-juillet
1996, 2001 et 2006. Avec le soutien de M. Xavier Darcos qui était en ce temps
ministre de la Coopération, Idriss Déby a pu changer la constitution et rompre de fait
le consensus national, créant ainsi une situation très conflictuelle. L’union des partis politiques
d’opposition s’est battue en vain contre cette modification.
Zones agro-écologiques, systèmes de production et contraintes
Les potentialités agricoles du pays sont considérables : 39 millions d’ha cultivables
(soit 30 % du territoire), dont 19 millions d’ha de terres arables, se répartissant entre
13, 3 millions d’ha défrichés propres à l’agriculture et 5,6 millions d’ha potentiellement
irrigables, dont 335000 ha facilement irrigables. Les plaines d'inondation, particulièrement
étendues dans la moitié sud du pays, contribuent notamment aux
potentialités agricoles.
Selon les statistiques du ministère de l'Agriculture, 2,4 millions d’ha étaient cultivés
en 2004-2005, soit 1,85 % du territoire, la majeure partie des activités agricoles se
situant en zone soudanienne (55 % de la superficie). À noter aussi un total de 20000 ha
actuellement irrigués.
On peut distinguer trois grandes zones agro-écologiques :
- la zone saharienne désertique représentant la moitié du territoire. Elle est caractérisée
par une faible pluviométrie limitée au sud par l’isohyète 200 mm. On y
pratique l’agriculture irriguée (dattes, arbres fruitiers, blé, mil, légumes) et le petit
élevage camelin transhumant ;
- la zone sahélienne, au centre, isohyète 200-700 mm, constitue une zone pastorale
et agropastorale. La production se réalise autour des points d’eau : systèmes
oasiens, ouadis. On cultive des céréales, des arachides, de l’ail et des oignons sur
des sols sableux et pauvres. La densité de la population y est de 17 habitants au
km 2 . Sur ce territoire représentant 43 % de la superficie totale du pays, les parcelles
sont en moyenne de 0,25 à 1 hectare ;
- la zone soudanienne, au sud, où l’on compte 25,3 habitants au km 2 . À vocation
agricole, la région produit du coton en culture pluviale, du riz et des cultures
maraîchères en culture mixte. Sur 200 000 hectares répartis en près de 350 000
exploitations agricoles, on obtient 150 à 200 000 tonnes de coton.
Les systèmes de production se heurtent depuis longtemps à de grandes difficultés
: une mauvaise gouvernance, une faible productivité, une insuffisance du matériel
agricole, les aléas climatiques, le manque de semences améliorés adaptées à chaque
zone. La société cotonnière a toujours constitué une manne financière pour tous les
gouvernements. Les paysans de la zone soudanienne ont été énormément ponctionnés
et devaient également faire face au coût élevé des intrants agricoles, aux difficul-