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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Session 2 163<br />

<strong>Les</strong> migrations ne sont donc plus un projet indivi<strong>du</strong>el, mais un projet familial, qui<br />

a un coût terrible. La plupart s’entassent dans les bidonvilles, les autres se perdent en<br />

mer ou dans le Sahara, quand ils ne sont pas envoyés en prison. Hamidou Dia, député<br />

sénégalais, m’a confié cela : « L’année dernière, j’ai visité les prisons de Dakar, mais c’est<br />

fou. 80 % des détenus sont des jeunes ruraux. » Personne n’en parle.<br />

La révolution verte ne peut avoir lieu sans le développement corollaire d’activités<br />

économiques pour ceux qui doivent sortir de l’agriculture. S’ils restent à travailler la<br />

terre, ils continueront à détruire les ressources naturelles et n’auront pas le choix. Ces<br />

activités non agricoles se développeront à partir de la transformation des matières premières<br />

agricoles, à partir de services aux agriculteurs et de façon artisanale, sous la forme<br />

de PME, PMI et commerces, en milieu rural, dans les bourgs et en ville.<br />

Il faut éviter de tomber dans le piège où la révolution agricole ne servirait qu’à<br />

nourrir les populations. Elle doit s’accompagner d’un développement des activités non<br />

agricoles pour que les millions de jeunes africains qui sont condamnés à sortir de l’agriculture,<br />

partiellement ou entièrement, aient une activité économique qui leur permettre<br />

de vivre.<br />

<strong>Les</strong> défis de la citoyenneté et la décentralisation sont au premier plan car ce sont les<br />

institutions locales qui vont pour l’essentiel mener cette révolution. Un pouvoir effectif<br />

et les ressources correspondantes doivent leur être attribués.<br />

Une fois ces conditions définies, on peut esquisser dans ses grandes lignes, une vision<br />

<strong>du</strong> développement agricole et rural pour l’Afrique, qui se résumerait en trois grands<br />

points :<br />

- Nourrir les populations africaines : contrairement à ce que nous proposent les<br />

grandes organisations internationales (Banque mondiale, FMI, etc.), exporter ne<br />

sert à rien ! Ce ne sont pas avec les exportations que nous allons nous développer.<br />

L’immense marché qui s’ouvre à l’Afrique est celui de sa propre population,<br />

et de son alimentation. L’urgence est de pro<strong>du</strong>ire pour que les Africains vivent.<br />

- Développer des activités et des emplois non agricoles autour de l’agriculture pour<br />

les jeunes qui arrivent sur le marché <strong>du</strong> travail.<br />

- Créer une citoyenneté rurale aussi riche, acceptable et attirante pour les jeunes<br />

que la citoyenneté urbaine.<br />

Cette vision s’appuie nécessairement sur les agricultures familiales, qui doivent être<br />

au cœur des politiques agricoles. Il faut les accompagner et les aider à se transformer,<br />

quitte à ce qu’elles deviennent des entreprises agricoles. Mais, l’agrobusiness ne nous<br />

mènera nulle part.<br />

<strong>Les</strong> institutions locales publiques et privées doivent impérativement être renforcées<br />

pour atteindre les objectifs de préservation des ressources naturelles, d’adaptations au<br />

changement climatique et de modernisation agricoles. Mais, cela in<strong>du</strong>it de rompre avec<br />

le système politique clientéliste et l’économie de rente. Si l’on fait de cette condition,<br />

un préalable, aucune avancée ne sera possible ; néanmoins, au fur et à mesure des changements,<br />

nous devrons remettre en cause et défaire ce système au profit d’un fonction-

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