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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />

forme pour améliorer sa pro<strong>du</strong>ctivité. Il faut donc trouver d’autres sources d’énergie,<br />

compatibles avec la préservation des ressources naturelles et le changement climatique.<br />

La croissance des pays émergents change aussi la donne. La Chine, l’Inde, etc.,<br />

consomment de plus en plus car leur pouvoir d’achat augmente et leurs modèles alimentaires<br />

se modifient. Dans les années soixante, un Chinois consommait à peu près<br />

4 kg de viande par an. En 2008, selon les prévisions, un Chinois consommera entre 40<br />

et 50 kg de viande. Cela se tra<strong>du</strong>it par une augmentation des prix des aliments sur le<br />

marché mondial.<br />

Je ne partage pas l’optimisme de certains spécialistes qui pensent que d’ici quelques<br />

années l’offre va se réajuster et répondre à la demande. Même si c’était le cas, cet ajustement<br />

se ferait à un niveau tellement élevé que la majorité de nos populations rurales<br />

et urbaines, dont le pouvoir d’achat n’augmente pas ou très peu, ne pourrait plus faire<br />

face à ces augmentations de prix.<br />

De graves problèmes se profilent donc à l’horizon. Nous ne pourrons plus acheter<br />

ces pro<strong>du</strong>its sur le marché international. Historiquement, on a fait le choix de pro<strong>du</strong>ire<br />

des matières premières à exporter et d’importer les pro<strong>du</strong>its de première nécessité. Dans<br />

le cas <strong>du</strong> Sénégal, c’est la France, puissance coloniale, qui, au début <strong>du</strong> XIX e siècle, a fait<br />

le choix de nous faire pro<strong>du</strong>ire de l’arachide et de nous faire consommer des brisures<br />

de riz. Nos gouvernements n’ont pas remis en cause ces orientations. Jusqu’alors, lorsque<br />

la CEDEAO prend des directives sur les pro<strong>du</strong>its agricoles, concernant les tarifs extérieurs<br />

communs, qui sont par ailleurs en cours de négociation, on fait le choix de nous<br />

déprotéger totalement favorisant ainsi les importations pour nourrir les populations<br />

urbaines à bas prix, mais aussi et de plus en plus, pour nourrir les populations rurales.<br />

La remise en cause de ce choix sera extrêmement difficile. Cela va donc se tra<strong>du</strong>ire par<br />

des augmentations de prix agricoles et alimentaires sur le marché. Nos populations défavorisées<br />

et pauvres en milieu urbain et en milieu rural, n’auront plus accès à une nourriture<br />

satisfaisante à des prix correspondant à leur pouvoir d’achat.<br />

Enfin, il faut relever le défi numéro 1 de l’Afrique, celui de l’emploi des jeunes. Au<br />

Sénégal, près de 200 000 jeunes qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi.<br />

Or, seuls 20 000 emplois sont créés par les secteurs public et privé. <strong>Les</strong> 180 000 jeunes<br />

qui restent n’ont d’autre solution que d’aller vendre quelques cartes téléphoniques ou<br />

des mouchoirs dans la rue. La majorité d’entre eux n’ont pas été à l’école, n’ont pas le<br />

profil pour exercer un métier ou des emplois créés en milieu urbain. À l’horizon 2030,<br />

300 000 jeunes vont arriver sur le marché <strong>du</strong> travail au Sénégal et la grande majorité<br />

n’aura pas de formation…<br />

La question de la révolution verte est éminemment politique. Un fossé immense existe<br />

entre les populations rurales et les populations urbaines en termes d’accès aux infrastructures<br />

et aux services publics. Ce hiatus ne pourra pas continuer éternellement. <strong>Les</strong> ruraux<br />

sont clairement des citoyens de seconde zone. Et ces jeunes partent parce qu’ils sont<br />

considérés comme tel. <strong>Les</strong> départs massifs continueront temps que manqueront dans les<br />

campagnes les infrastructures et les services publics. Donc il faudra ré<strong>du</strong>ire ce fossé.<br />

Quelles sont les conditions techniques d’une révolution agricole et rurale ? Cellesci<br />

sont bien connues ; elles sont listées dans le rapport annuel de la Banque mondiale,

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