Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
La Grande-Bretagne a tenté de mettre en œuvre de nouveaux contrats énergétiques<br />
fondés sur la transparence. L'UE doit poursuivre dans ce sens.<br />
Enfin, l'enjeu <strong>du</strong> développement et l'enjeu énergétique sont fondamentalement<br />
liés à l'environnement. Depuis Kyoto, les travaux <strong>du</strong> Groupe international sur le climat<br />
(GIEC) et la conférence de Bali, nous savons tous que l'avenir environnemental de<br />
l'Afrique aura des conséquences sur la planète entière, et qu’il est donc aussi de la responsabilité<br />
de l’UE et de l’Afrique de développer de nouvelles formes de solidarités<br />
économiques et écologiques pour mieux gérer les richesses et les conséquences environnementales<br />
des activités humaines. Face aux risques qui pèsent sur le continent, les<br />
moyens de l’Afrique sont faibles. L’UE peut contribuer à renforcer et élargir les pouvoirs<br />
des organisations régionales et sous-régionales environnementales africaines, telles que<br />
celle <strong>du</strong> Bassin <strong>du</strong> Congo, bloc forestier constituant le second poumon de la planète et<br />
qui regroupe aujourd’hui 15 pays. L’Afrique et l’Europe peuvent ensemble impulser la<br />
mise en place d’un « gouvernement écologique mondial », une ONU environnementale<br />
qui serait pourvoyeuse d’investissements pro<strong>du</strong>ctifs et d’emplois utiles et <strong>du</strong>rables<br />
pour les populations dans l’agriculture et la gestion de l’eau – les grands fleuves s’assèchent,<br />
alors que l’Afrique n’utilise qu’à peine 5 % de son potentiel hydraulique –, dans<br />
l’in<strong>du</strong>strie, les services, le tourisme…<br />
<strong>Les</strong> perspectives stratégiques communes de l’Afrique et de l’Europe sont donc nombreuses,<br />
et peuvent contribuer à une sensible amélioration des conditions de vie des<br />
populations. Mais la réalité des rapports de force est complexe. L’objectif de profit rapide,<br />
la captation des richesses sont des logiques tenaces qui révèlent le poids <strong>du</strong> pouvoir<br />
de l’argent dans le monde actuel, tandis que les bonnes intentions, les codes<br />
éthiques, les visions humanistes servent trop souvent de couverture. Dans ces conditions,<br />
l’ampleur des enjeux mondiaux, l’imminence des risques humains, naturels, économiques<br />
et de conflit, nous oblige à en revenir aux responsabilités et à mener le combat<br />
des idées quand nos adversaires – traditionalistes, conservateurs ou faussement modernistes<br />
– n’ont jamais été aussi puissants.<br />
Dire les choses ainsi ce n’est pas faire le constat accablé des difficultés, et renoncer<br />
par avance à les surmonter. C’est en appeler, au contraire, à la mobilisation des volontés,<br />
des intelligences. Puisse notre <strong>colloque</strong> être utile au service de cette ambition !<br />
Une dernière chose, et non la moindre : l’instauration d’un nouveau type de partenariat<br />
exige de mettre fin à l’hypocrisie qui caractérise encore nos relations. <strong>Les</strong> observateurs<br />
européens et internationaux des élections en Afrique ne peuvent continuer<br />
de vanter des avancées soi-disant démocratiques et garder le silence sur de multiples<br />
fraudes, quand la commission européenne et la direction générale <strong>du</strong> développement<br />
posent comme condition première à toute aide financière la bonne gouvernance, la<br />
lutte contre la corruption et la promotion de la démocratie. L’UE pratique également<br />
le « deux poids, deux mesures », lorsqu’elle refuse au Président <strong>du</strong> Zimbabwe de participer<br />
au sommet de Lisbonne, tandis qu’elle accueille sans sourciller les présidents togolais,<br />
gabonais, camerounais.<br />
Elle ne peut également imposer de telles conditions à l’Afrique lorsqu’elle accueille<br />
dans ses banques et sur son territoire les capitaux des fortunes détournées d’Afrique.