12.07.2013 Views

Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Session 2 155<br />

(Rwanda, Burundi, etc.). Mais une chose est sûre cependant : une grande gamme de<br />

techniques appropriées aux conditions agro-écologiques et socio-économiques des paysanneries<br />

africaines et ne supposant pas le recours à l’importation d’engrais chimiques<br />

et de pro<strong>du</strong>its phytosanitaires existe d’ores et déjà dans la plupart des régions d’Afrique.<br />

<strong>Les</strong> paysanneries africaines ont en effet déjà maintes fois fait preuve de leur capacité<br />

à innover et à modifier leurs systèmes de culture et d’élevage en tenant compte des<br />

évolutions de leur environnement agro-écologique et socio-économique. Ainsi en a-til<br />

été récemment, par exemple, dans le sud <strong>du</strong> Mali, où suite aux interventions multiformes<br />

de la Compagnie malienne des textiles (CMDT), de nombreux agriculteurs ont<br />

eu accès à des crédits gagés sur la pro<strong>du</strong>ction cotonnière et ont pu ainsi acquérir des animaux<br />

et divers équipements attelés. En moins de trois décennies, ces paysans sont parvenus<br />

à remplacer leurs anciens systèmes d’agriculture sur abattis-brûlis par un système<br />

dans lequel les champs cultivés le sont désormais tous les ans, sans période de retour à<br />

la friche (jachère). Ces parcelles sont situées sur un ager plus ou moins abondamment<br />

fertilisé par des apports de matières organiques en provenance des aires réservées à la pâture<br />

des animaux (saltus).<br />

De même convient-il d’apprécier à sa juste valeur la façon avec laquelle de nombreuses<br />

paysanneries ont su intégrer différentes espèces d’arborées dans leurs systèmes<br />

de culture vivriers ; les arbres à enracinement puissant dont la croissance a été systématiquement<br />

favorisée au sein même des champs cultivés contribuent à fixer <strong>du</strong> carbone<br />

par photosynthèse <strong>du</strong>rant la saison sèche, à puiser des éléments minéraux dans les<br />

couches les plus profondes des sols, puis à les bloquer provisoirement dans leur biomasse<br />

aérienne, avec pour effet de fertiliser ensuite les horizons superficiels des terrains lors<br />

de la chute de leurs feuilles. <strong>Les</strong> arbres de la famille des légumineuses favorisent par ailleurs<br />

la fertilisation azotée de ces mêmes terrains grâce à des processus de fixation biologique<br />

de l’azote de l’air. Mais ces pratiques paysannes ont trop souvent été<br />

sous-estimées par les autorités politiques et les fonctionnaires de l’État, et il est devenu<br />

urgent pour ces derniers de repenser totalement leurs politiques de recherche et développement<br />

technologiques au service des paysanneries.<br />

Le fait est que les projets de recherche et développement trop directement inspirés<br />

des agricultures européennes ou nord-américaines n’ont pas vraiment obtenu les résultats<br />

escomptés. À l’opposé de la démarche qui consiste à vouloir ne sélectionner qu’un<br />

nombre limité de variétés « standards » en station expérimentale pour tenter ensuite de<br />

les transférer aux paysans indépendamment de leurs différentes conditions écologiques,<br />

quitte à artificialiser et uniformiser de façon draconienne les environnements dans lesquels<br />

on envisage leur mise en culture, il conviendrait d’opter désormais pour des approches<br />

beaucoup plus agro-écologiques consistant à adapter les systèmes de pro<strong>du</strong>ction<br />

aux conditions écologiques prévalentes dans les diverses régions africaines, à la diversité<br />

des sols, des microclimats, des « mauvaises » herbes, et des prédateurs et agents pathogènes<br />

qui prédominent dans chacune des régions. <strong>Les</strong> agriculteurs pourraient ainsi tirer<br />

au mieux profit des cycles <strong>du</strong> carbone, de l’azote et des éléments minéraux, en sélectionnant<br />

à chaque fois dans leurs écosystèmes les espèces, races et variétés, les plus à même<br />

de pro<strong>du</strong>ire les calories alimentaires, protéines, vitamines, minéraux, fibres textiles, molécules<br />

médicinales, etc., dont les populations ont le plus besoin. Seraient ainsi privilé-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!