Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Agricultures africaines et APE<br />
Marc Dufumier<br />
Professeur à AgroParisTech<br />
Session 2 153<br />
D’après les statistiques récentes de la FAO 1 , les prix internationaux des pro<strong>du</strong>its<br />
agroalimentaires auraient bondi de près de 36 % en 2007, après une hausse de déjà<br />
6 % en 2006. Ce renchérissement considérable des pro<strong>du</strong>its vivriers sur le marché mondial<br />
fait peser de graves menaces sur l’alimentation des populations les plus pauvres de<br />
l’Afrique subsaharienne. Viandes et céréales sont d’ores et déjà devenues inabordables<br />
pour les couches sociales les plus modestes et les manifestations observées récemment<br />
à Dakar témoignent des difficultés accrues que celles-ci rencontrent pour se nourrir. <strong>Les</strong><br />
pays qui, soumis aux conditionnalités imposées dans le cadre des plans d’ajustement<br />
structurels, n’ont pas protégé leur agriculture vivrière par des droits de douane d’un<br />
montant suffisant, risquent de souffrir de graves pénuries dans un avenir proche. <strong>Les</strong><br />
pro<strong>du</strong>ctions destinées à l’exportation ne permettent plus en effet aux pays africains de<br />
se procurer les devises nécessaires pour acheter les pro<strong>du</strong>its dont ont besoin leurs populations<br />
rurales et urbaines sans cesse croissantes. Et il sera désormais illusoire de<br />
compter sur une éventuelle « aide alimentaire » internationale pour pallier leur déficit<br />
en denrées vivrières. Car force est de reconnaître que les dons en nourriture ne manquent<br />
pas de se tarir lorsque les grandes puissances céréalières parviennent aisément à<br />
écouler leurs surplus à des prix élevés auprès des pays les plus fortunés (cf. graphique<br />
ci-dessous). Des famines ne sont donc pas à exclure, au cas où interviendraient des accidents<br />
climatiques ou phytosanitaires semblables à ceux observés dans les années<br />
soixante-dix.<br />
À l’origine de l’envolée actuelle des prix sur les marchés internationaux, on découvre<br />
des causes fort diverses, dont certaines sont strictement conjoncturelles (la baisse des<br />
stocks mondiaux résultant de la mise volontaire de terres en jachères en Europe et aux<br />
États-Unis, des accidents climatiques simultanés en Ukraine et en Australie, les anticipations<br />
des spéculateurs sur les marchés à termes, etc.) ; mais d’autres apparaissent bien<br />
1 Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.