Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Session 2 149<br />
« <strong>Les</strong> enjeux ruraux et agraires en Afrique » : présentation <strong>du</strong> séminaire<br />
Jean-Claude Mairal<br />
Vice-président <strong>du</strong> Conseil régional d'Auvergne,<br />
secrétaire de la <strong>Fondation</strong> <strong>Gabriel</strong> <strong>Péri</strong>, animateur <strong>du</strong> séminaire<br />
Jeune militant <strong>du</strong> PCF dans les années soixante-dix, j’ai pu constater combien les<br />
questions rurales et agraires occupaient une place importante dans l’action de ce parti<br />
avec une section agraire et un journal à forte diffusion dans les campagnes La Terre.<br />
Au plan international, il en était de même où ces questions étaient au centre des<br />
problématiques de développement dans de nombreux pays et au sein des organisations<br />
de coopération multilatérale. <strong>Les</strong> réformes agraires étaient partie prenante des luttes de<br />
libération nationale.<br />
Et puis, au fil des ans, cette question, notamment en Europe, a été reléguée au second<br />
plan, même si lors des grandes manifestations agricoles en France contre la Politique<br />
agricole commune (PAC) celle-ci revenait sur le devant de la scène. Peu à peu, les<br />
problématiques rurales cédaient la place aux problématiques urbaines. <strong>Les</strong> pays européens<br />
s’urbanisaient. La place de la paysannerie reculait fortement dans la démographie<br />
européenne, même si en France son poids économique, par une augmentation très forte<br />
de la pro<strong>du</strong>ctivité, restait très important, notamment au plan de la balance commerciale.<br />
Mais il faut savoir qu’en trente ans, la France a per<strong>du</strong> plus de 1,5 million d’emplois<br />
agricoles et para-agricoles. De 7 millions en 1945, la France est passée à 400 000 paysans<br />
aujourd’hui.<br />
Au plan mondial, les Nations unies et la FAO elles-mêmes, ont peu à peu abandonné<br />
toute idée de réforme agraire, même si aujourd’hui ils en reparlent timidement.<br />
S’appuyant sur le modèle occidental (États-Unis/Europe) d’une agriculture intensive<br />
à très forte pro<strong>du</strong>ctivité, et fortement exportatrice, la Banque mondiale aux ordres<br />
des pays occidentaux, a dans le cadre des politiques d’ajustements structurels, éten<strong>du</strong><br />
la libéralisation des marchés aux pro<strong>du</strong>its agricoles, contraignant ainsi les pays africains<br />
et les pays en développement à supprimer leurs barrières douanières, à démanteler l’administration<br />
<strong>du</strong> secteur agricole, à ouvrir toute grande leurs portes aux exportations<br />
des surplus agricoles <strong>du</strong> Nord. Ceci a entraîné la ruine de très nombreux paysans <strong>du</strong><br />
Sud. Impossible en effet pour eux de résister à une agriculture au Nord pro<strong>du</strong>ctiviste à<br />
outrance dont le prix de revient des pro<strong>du</strong>its exportés était deux à trois fois inférieurs<br />
aux prix de revient de leurs propres pro<strong>du</strong>ctions.<br />
À cela se sont ajoutées les stratégies de certains gouvernements africains, toujours<br />
sur recommandation de la Banque mondiale, de développer des monocultures (coton,<br />
arachide, etc.) fragilisant encore plus l’agriculture paysanne familiale et donc le monde<br />
rural, ainsi que l’environnement.<br />
Par-delà, les enjeux stratégiques de l’agriculture, comme arme alimentaire pour<br />
celui qui a la main mise sur ce secteur (tel est le rêve des États-Unis et de certaines multinationales),<br />
sont au cœur des négociations de l’OMC et des APE. Selon la pensée dominante<br />
au plan occidental, aux États-Unis et en France, notamment, le modèle<br />
défendant la concentration des exploitations, et donc la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> nombre d’agri-