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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />

sanneries africaines <strong>du</strong> libre-échange sur le marché mondial. Car développer des cultures<br />

qui entreront en compétition avec celles de concurrents asiatiques ou d’Amérique latine<br />

n’est pas la solution. La rémunération tirée <strong>du</strong> café, des bananes, <strong>du</strong> cacao, finit par<br />

s’aligner sur celle issue des cultures vivrières. Cultiver pour exporter ne nourrit pas.<br />

Mais les obstacles à l’intensification agricole sur les petites exploitations sont nombreux.<br />

Agro-écologiques, mais relevant surtout des conditions déplorables pour les agriculteurs<br />

d’accès à la terre, au crédit, aux intrants et matériels, aux marchés locaux, ils<br />

peuvent être surmontés par de nouvelles politiques et pratiques soutenues par une vision<br />

plus claire, sans ambiguïté, <strong>du</strong> rôle de l’agriculture dans le développement.<br />

<strong>Les</strong> freins sociopolitiques doivent être dépassés. <strong>Les</strong> ruraux ont toujours été considérés<br />

comme des citoyens de seconde zone. <strong>Les</strong> décideurs politiques transfèrent les<br />

terres à leur clientèle alimentant la corruption qui se fait autour <strong>du</strong> foncier. La mise en<br />

valeur des territoires agricoles et pastoraux crée des inégalités régionales, des différenciations<br />

sociales et est des enjeux de pouvoir comme au Tchad. <strong>Les</strong> élites économiques<br />

vivent très souvent de l’importation de pro<strong>du</strong>its alimentaires, formant un lobby puissant<br />

réfractaire au développement des cultures vivrières. Par ailleurs, la population urbaine<br />

appauvrie, dont les gouvernants craignent la révolte, souhaite des prix bas.<br />

L’utilisation de la protection des agricultures vivrières par des droits de douane<br />

conséquents pour favoriser les marchés communs régionaux est indispensable et exige<br />

d’autres normes à l’OMC. Elle doit être accompagnée de la création d’emplois non<br />

agricoles issus de la transformation des matières premières agricoles. Des soutiens internes<br />

sont nécessaires pour structurer ces activités, reconnaître la multifonctionnalité<br />

de l’agriculture et respecter l’environnement.<br />

Une gestion efficace de la ressource en eau diminuée par le réchauffement climatique,<br />

et au cœur de tensions et de conflits d’usage, exige de développer cette agriculture<br />

paysanne agro-écologique adaptée au milieu.<br />

L’agriculture en tant qu’arme alimentaire est un enjeu stratégique au cœur des négociations<br />

mondiales à l’OMC, mises en échec à Doha, et entre l’Union européenne et<br />

l’Afrique. L’UE entrave toute perspective de développement de la petite agriculture africaine<br />

en continuant l’exportation de ces pro<strong>du</strong>its subventionnés, que les APE auraient<br />

facilitée. Au contraire, l’UE doit réformer sa Politique agricole commune, pour réorienter<br />

son agriculture vers la satisfaction des besoins de son marché intérieur. La politique<br />

commerciale que les APE défendent priverait en outre les gouvernements africains d’importantes<br />

recettes budgétaires. Ces accords ne doivent surtout pas être signés, d’autant<br />

qu’ils incluent (alors qu’ils ne sont pas discutés à l’OMC) les thèmes de Singapour, touchant<br />

à la libéralisation des investissements, des services, la passation des marchés publics.<br />

L’UE doit au contraire repenser un système de traitement spécial et différencié<br />

adapté à chaque espace régional africain qui soutient les pro<strong>du</strong>ctions locales, et œuvrer<br />

pour l’intégration régionale sur une base interafricaine plutôt que de rechercher l’accès<br />

pour les entreprises européennes aux marchés étrangers.

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