Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
monnaie en gros pour la revendre aux banques commerciales en faisant un bénéfice ensuite
reversé au Trésor public français dans le fameux “compte d’opération”. À quel moment voulez-vous
que ces États mènent une politique digne qui prenne en compte les intérêts de leurs
populations ? Tant qu’on n’aura pas brisé ce cercle vicieux d’une politique monétaire calquée
sur celle que le IIIe Reich avait imposée à la France, nous perdrons notre temps. C’est
la division internationale du travail, comme la nommait le juge algérien Bedjaoui. Dans
le monde, certains doivent produire les richesses, et d’autres, les utiliser. N’avons-nous pas
honte que le Congo-Zaïre soit ce qu’il est alors que son uranium a servi à fabriquer les deux
bombes atomiques ? Que le Gabon soit si pauvre malgré toutes ses richesses ? Que le Congo
soit aussi grand que l’Europe occidentale, 2,4 millions de km 2 , mais qu’il figure parmi les
quatre pays les plus pauvres de la planète ? ».
Lamine Tirera (Sénégal) : « Je voudrais revenir sur la notion d’État fort à orientation
démocratique développée par M. Agbobli. Nous assistons en ce moment, en Occident, à une
crise de l’État-providence, de l’État stratège. Il faut adopter une position à la fois défensive
et offensive, comme celle qui a donné naissance aux pôles de compétitivité et au patriotisme
économique. C’est d’ailleurs la même qui a engendré la Silicon Valley et qui prévaut en Israël.
Il est indispensable de développer les partenariats public-privé, car l’État-stratège s’appuie
certes sur de la prospective, mais il a aussi besoin de prévisions.
Les stratégies africaines, à l’inverse, sont inquiétantes. Elles ne font pas assez intervenir
de prospective et doivent davantage mettre l’accent sur l’anticipation. »