Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
Discussion<br />
Lamine Sidibé (Gambie) : « Certains pensent en Europe que l’interdépendance entre<br />
leur continent et le tiers-monde, physiquement limitée par des barrières frontalières, n’aura<br />
pas de conséquence sur eux. D’autres estiment qu’elle a déjà des répercussions. L’Union européenne<br />
et son économie de marché exploitent l’Afrique, ses minerais, ses autres ressources<br />
et son commerce. <strong>Les</strong> problèmes (politiques, économiques, é<strong>du</strong>cationnels, écologiques) de<br />
l’Afrique viennent <strong>du</strong> système postcolonial, qui handicape son développement et sa gouvernance.<br />
Cette structure protectionniste et paternaliste désavantage <strong>du</strong>rablement l’Afrique.<br />
<strong>Les</strong> clients africains payent de plus en plus pour de moins en moins de pro<strong>du</strong>its, hier d’Occident,<br />
aujourd’hui de Chine ou de Taïwan. Ils n’achètent rien qui provienne de leur continent,<br />
c’est <strong>du</strong> lavage de cerveau. Cela favorise le syndrome de dépendance. Comment leur<br />
rendre un peu de dignité ? Nous devons tout d’abord nous adapter aux nouveaux paradigmes<br />
européens. Il nous faut nous doter de meilleurs dirigeants, plus engagés et plus efficaces, pour<br />
améliorer la situation. Il ne s’agit pas de bien parler anglais, français ou portugais dans des<br />
rencontres comme celle-ci ou en campagne électorale, mais de mener une campagne sérieuse<br />
d’information et de réflexion qui donne lieu à des dialogues et des actions en Afrique. Trop<br />
souvent nos conférences ne débouchent sur rien. Est-ce psychologique, est-ce inhérent aux<br />
Africains ? En tout cas, cela doit changer, ou on continuera à se bousculer pour utiliser notre<br />
continent comme terrain d’expérimentation ou d’écoulement de marchandises. Malheureusement,<br />
l’oppression imposée par les gouvernements coloniaux, parfois avec l’appui de certains<br />
d’entre nous, nous marginalise encore. Nos frontières, artificielles, créent plus de conflits que<br />
d’harmonie. Concentrons-nous donc sur les intégrations régionales et sous-régionales ; cela<br />
nous rendra plus forts pour discuter avec l’Europe ou la Chine. »<br />
Jean-Claude Mairal (France) : « <strong>Les</strong> défis auxquels se trouve confrontée l’Afrique ont<br />
des répercussions en Europe, nos débats le montrent bien. C’est pourquoi les relations entre<br />
leurs peuples respectifs doivent s’intensifier. <strong>Les</strong> questions des instances supranationales, de<br />
l’Union africaine, des rapports des instances nationales avec les premières, ont été posées.<br />
N’oublions pas un acteur important de la construction de ces nouvelles relations : les territoires<br />
locaux. Il n’y aura pas de réalité <strong>du</strong>rable de ces relations sans prise en compte des territoires<br />
locaux, des autorités locales, et donc des citoyens. L’avenir passe par l’articulation<br />
entre les trois niveaux de gouvernance que sont les instances supranationales, les instances nationales,<br />
et les territoires. »<br />
Samuel Mack-Kit (Cameroun) : « Je crois toujours à l’Afrique, c’est pourquoi je voudrais<br />
revenir sur la question de son unité. Aucun pays africain ne résoudra ses problèmes seul.<br />
Le projet d’Union africaine est déjà vieux de plusieurs siècles, comme le rappelait un professeur<br />
ici même. S’il n’a pas encore abouti, c’est certainement parce qu’il a des adversaires. <strong>Les</strong><br />
peuples doivent se mobiliser en ce sens, sinon nous n’y arriverons jamais. Il est de notre responsabilité<br />
à tous ici présents, ONG, partis politiques, de faire en sorte que le peuple se saisisse<br />
de cette question. Nous avons également besoin de nos amis étrangers pour cela. Ils ne<br />
s’opposent pas tous à l’unité africaine, et la mobilisation de leur opinion publique est aussi<br />
nécessaire. »