Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
nent. D’après les auteurs fonctionnalistes anglo-saxons, la Société des Nations avait dû
son échec à un manque de projets concrets. L’UA doit éviter ce sombre avenir.
Une nouvelle fois, deux conceptions de l’intégration africaine s’affrontèrent lors du
passage de l’OUA à l’UA. Les maximalistes autour de la Libye appelèrent de leurs vœux
la création des États unis d’Afrique. Cette position entendait tirer les leçons de l’échec
du modèle unitaire de type européen imposé en Afrique. L’État s’est en effet trouvé
dans l’impossibilité d’administrer l’ensemble des territoires placés sous son contrôle. Il
s’est révélé incapable d’y apporter la sécurité, ce qui a conduit les populations à chercher
protection dans le clan ou l’ethnie. Dans cette vision fédéraliste, les réalistes estiment
nécessaire de procéder par étapes. Pretoria ne juge-t-elle pas prioritaire le
renforcement des groupements sous-régionaux, seuls en mesure de porter les idéaux de
l’Union africaine ? Le Nigeria n’est-il pas dans une logique similaire pour souhaiter atteindre
les idéaux panafricains à travers la communauté ouest-africaine (CEDEAO) ?
L’Algérie, quant à elle, semble vouloir ressusciter l’Union du Maghreb arabe.
Les approches constitutives de l’UA et de l’UE représentent donc deux faces d’un
même dessein : bâtir une union sans cesse plus étroite qui puisse faire sens et puissance
dans le système international.
LA CONVERGENCE DES MÉCANISMES INSTITUTIONNELS
ET DES ENJEUX QUI LES SOUS-TENDENT
L’UA et l’UE sont des associations volontaires d’États régies par un accord international,
dotées d’organes permanents, propres et indépendants chargés de gérer des intérêts
collectifs et dotés de la capacité d’exprimer une volonté juridiquement distincte
de celle des membres 8 . Aussi, pour rendre compte de la convergence institutionnelle
entre l’UA et l’UE, la distinction classique opérée par le droit international entre les organes
interétatiques et les organes intégrés 9 s’applique aisément. À la lumière de cette
classification, il apparaît à l’observateur que le cadre institutionnel de l’UA s’est inspiré
de celui de l’UE. Par ailleurs, l’UA comme l’UE semblent habitées par la hantise de leur
finalité, établir un système apte à faire émerger et vivre une citoyenneté continentale ;
la perspective étant de tendre vers une gouvernance démocratique de ces deux grands
ensembles régionaux.
LA TRANSPOSITION ORIGINALE DU CADRE ORGANIQUE DE L’UE
AU SEIN DE L’UA
L’UA et son modèle l’UE sont constitués d’organes interétatiques ou intergouvernementaux.
Ces cadres institutionnels rassemblent eux-mêmes des représentants des
États et assurent des fonctions politiques et délibératives, ou sont chargés de tâches
techniques et consultatives. Il arrive que certaines matrices institutionnelles soient dotées
des deux fonctions précitées. Au titre de ces organes, on trouve la Conférence, son
8 Velasco Vallejo Manuel Diez de, Les Organisations internationales, Economica, 2002, p. 10 ; cf. par
ailleurs sir Gerald Fitzmaurice, in A/CN. 4/101, art. 3,Ann. CDI. 1956-11, p. l06.
9 e Cf., par exemple, Combacau J., Sur S., Droit international public, 2004, 6 éd., p. 727 sq.
10 Cf. le règlement intérieur de la conférence adoptée les 9-10 juillet 2002 à Durban, en Afrique du Sud,
par la première session de la Conférence de l’UA.