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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Session 1 - Troisième partie 127<br />

l’organisation de la cité et les relations intra-africaines dans la résolution de nos problèmes,<br />

conflits et stratégies de développement.<br />

S’il existe, au sein de ceux qui nous gouvernent, une réelle vision prospective, une<br />

démarche généreuse, une volonté optimiste et un sens aigu des responsabilités historiques,<br />

la Charte <strong>du</strong> Kurukugan Fuga pourrait être ruminée, revisitée victorieusement, sans préjudice<br />

de l’apport extérieur, pour le plus grand bénéfice de nos sociétés offusquées et traumatisées<br />

par un long séjour sous « des jours étrangers » et des « ères proconsulaires ».<br />

Le Sénégal, la Guinée ou le Mali ont la légitimité politique et historique pour proposer<br />

au Conseil <strong>du</strong> futur de l’Union africaine, et de conserve avec les États actuels de<br />

l’ancien empire <strong>du</strong> Mali, de méditer la Charte <strong>du</strong> Kurukugan Fuga pour l’élaboration<br />

d’un nouveau pacte de solidarité et de fraternité de nos peuples réconciliés, comme un<br />

des fondements possibles de l’Union africaine. Ces pays auraient mérité de l’Afrique,<br />

de l’histoire et, sans abusive hyperbole, de l’humanité en construction, s’il venait à faire<br />

de ce projet un axe majeur de sa diplomatie africaine.<br />

Certes, il faut faire le bilan de toutes ces expériences ; en tirer tous les enseignements.<br />

Ce que nos prédécesseurs ont fait, nous devons et pouvons le faire. Il faut créer l’état fédéral<br />

même à quinze ou vingt pays, de préférence dans la même zone géographique si<br />

d’autres États sont réticents, selon un double axe : vertical, pour une volonté et une résolution<br />

politiques sans vacillement ; horizontal, par la conscientisation de nos peuples<br />

pour qu’ils adhèrent sans réserve à cette unité car ont eux seuls peuvent la pérenniser. Et<br />

puis l’Europe a commencé à six et le Benelux fait partie de l’Union européenne. La question<br />

de l’État fédéral – dont le principe est acquis à Accra, quitte maintenant à l’organiser<br />

minutieusement – n’est pas une question rhétorique, mais une nécessité. Nous<br />

n’avons rien à perdre en le faisant ; nous prolongerons l’apnée de l’Afrique en ne le faisant<br />

pas. L’essentiel est le droit à l’initiative et nous ouvrirons une page nouvelle de notre<br />

histoire. Comme le dit Chinua Achebe : « tant que les lions n’auront pas leur propre historien,<br />

les récits de chasse continueront de chanter la gloire des chasseurs ».<br />

<strong>Les</strong> choses ont changé : le monde est devenu unipolaire ; nous sommes dans un<br />

contexte mondialisé qui fait courir des risques aux identités faibles et aux citoyennetés<br />

rétives, qui voit ressurgir paradoxalement les nationalismes, les irrédentismes et ce que<br />

A. Maalouf a appelé les identités meurtrières. Il faut en prendre toute la mesure.<br />

Méditons le propos que voilà de M me Catherine Lalumière : « Nous vivons une période<br />

de mondialisation, qui tend à uniformiser les idées et les modes de vie, cette uniformisation<br />

se faisant surtout sous l'influence <strong>du</strong> modèle américain. Tous ceux qui sont attachés à leur<br />

histoire, à leurs traditions, à leur langue, à leur philosophie ou à leur religion éprouvent angoisse<br />

et colère devant la menace qui pèse sur ce à quoi ils sont attachés au plus profond<br />

d'eux-mêmes.<br />

Il y a dans cette crainte une force terrible, que les responsables politiques doivent prendre<br />

en compte, car elle peut susciter des manifestations de révolte violente. La mondialisation<br />

est aujourd'hui accusée de tout ce qui inquiète et menace la vie des gens. C'est sans<br />

doute irrationnel et excessif. Par contre, il est vrai que les humains ne peuvent accepter sans<br />

réaction la destruction de leur culture, car ceci constituerait non seulement un appauvrissement,<br />

mais la perte de leur identité et finalement de leur raison d'être. Nous ne sommes<br />

qu'au début de ce phénomène, dont la plupart des peuples de la planète n'ont pas encore pris

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