12.07.2013 Views

Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

124<br />

Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />

Réflexions sur l’idée d’un gouvernement continental<br />

Hamidou Dia<br />

Philosophe et écrivain<br />

L’Afrique est une mosaïque de pays confrontée depuis des siècles à divers traumatismes<br />

(esclavage, colonisation, indépendances truquées pour certains) et apparemment<br />

vouée à toutes les calamités (naturelles, économiques, politiques etc.). Mais l’Afrique<br />

reste debout comme « un cœur de réserve » là où d’autres peuples ont disparu en même<br />

temps que le tarissement de leur sueur. Je pense notamment aux Amérindiens. C’est<br />

qu’elle a en elle-même des ressources inépuisables encore insuffisamment exploitées.<br />

L’Afrique est riche de la qualité de ses enfants, de ses ressources minières, agricoles etc.<br />

et sa population dans sa diversité ethnique, culturelle et religieuse et en dépit de tensions<br />

irrédentistes somme toute marginales, est entrain de s’édifier comme Peuple et de<br />

se construire comme Nation. Et un jour, comme l’écrivait Lumumba, elle se réconciliera<br />

avec sa propre histoire, ses propres résistances et « elle sera <strong>du</strong> nord au sud <strong>du</strong> Sahara<br />

une histoire de gloire et de dignité ». Cela relève désormais de l’urgence et l’urgence<br />

est un concept <strong>du</strong> temps, surtout à un moment où des signes avant-coureurs d’une remise<br />

en cause de ses équilibres fondateurs – <strong>du</strong> fait d’un contexte mondialisé – se font<br />

jour de ci, de là ; il faut, plus que jamais, rester « vigiles et alertes ». Elle peut représenter<br />

l’espérance <strong>du</strong> monde, son nouveau souffle si les Africains le veulent bien, renoncent<br />

aux discussions byzantines, aux querelles stériles et refusent la fatalité sous ses<br />

diverses formes et les oripeaux et euphémismes dont la recouvre les afro-pessimistes,<br />

« en se ceignant les reins comme un vaillant homme ».<br />

« L’Afrique n’est pas démunie ; elle est désunie » ; l’Afrique n’est pas pauvre ; elle est<br />

appauvrie. C’est pourquoi le débat sur son unité, en plus de son impérieuse nécessité,<br />

n’est pas vain et doit mobiliser toutes nos énergies, ressources, imagination et une réflexion<br />

critique, prospective, rigoureuse, décomplexée et innovante dans l’esprit <strong>du</strong><br />

texte fondateur de ce mouvement d’idées qui a pour nom panafricanisme. Un panafricanisme<br />

revitalisé, revisité à l’aune de l’actuelle configuration <strong>du</strong> monde. La pensée<br />

doit précéder l’action. Une action doit nécessairement être éclairée. Pour en prévenir les<br />

errements et, au besoin, en rectifier les dérives. Une pensée qui tourne sur elle-même<br />

est vide ; une action non éclairée est aveugle.<br />

Si tout le monde est d’accord avec l’unité, les voies pour y accéder divergent et deux<br />

points de vue s’affrontent : les tenants d’une unité par étapes, par intégrations progressives,<br />

reprenant par là même la thèse senghorienne des cercles concentriques ; les tenants<br />

de l’unité immédiate par la création d’un état fédéral.<br />

<strong>Les</strong> arguments des tenants de la première thèse ne sont pas ridicules qui excipent<br />

souvent d’ailleurs de l’expérience européenne. Seulement depuis 1963, date de la création<br />

de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), les cercles concentriques sont dangereusement<br />

immobiles et le bilan est bien maigre.<br />

Nous avons trop atten<strong>du</strong>, tergiversé. Il faut maintenant accoucher l’État fédéral –<br />

promis depuis 1963 sur une proposition de Nkrumah – aux forceps de l’orage. Certes,<br />

ce ne sera pas facile, mais une fois la barrière placentaire rompue, les vagissements passés,<br />

le nouveau-né, lavé et parfumé, sera beau et grandira dru – si nous laissons de côté

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!