Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Session 1 - Troisième partie 123<br />
européenne, concourent à considérer la jeunesse de la population africaine et son taux<br />
de croissance élevé de sa population comme un handicap majeur. <strong>Les</strong> pays africains<br />
sont sous pression, sommés de toutes parts de maîtriser et d’inverser la courbe de leur<br />
population. Cependant, lorsqu’on y regarde de plus près, la jeunesse de la population<br />
africaine est un atout indéniable pour le développement <strong>du</strong> continent. La jeunesse africaine,<br />
instruite, technicienne, assumera son destin en Afrique afin que le continent<br />
conquière respect, dignité, fierté et développement.<br />
C’est dans sa langue maternelle que l’on apprend le mieux les matières scientifiques.<br />
Il importe donc de développer l’enseignement des différentes disciplines dans nos<br />
langues nationales. Cependant, un écueil de taille reste à franchir : les transpositions de<br />
raisonnement dans les langues vernaculaires risquent d’être préjudiciables au développement<br />
de la science. Si la science est universelle, chaque peuple l’assimile avec son<br />
génie propre. La numération dans les langues nationales en est un exemple éloquent.<br />
Notre monde est régi par la compétition. Malheureusement, nous ne sommes pas<br />
encore suffisamment forts pour participer à la détermination de ses règles. Il est cependant<br />
réconfortant de constater que ce monde est également ouvert. Bien des pays ont<br />
atteint un niveau de développement remarquable en quelques décennies malgré leur état<br />
de pauvreté initial grâce à leur effort propre, au travail ar<strong>du</strong> de leurs citoyens et à la<br />
contribution de la communauté internationale.<br />
Le problème de l’Afrique, c’est d’abord que la société africaine est peu encline à<br />
mettre en avant la concurrence entre les indivi<strong>du</strong>s, les groupes, les structures économiques,<br />
etc., et se comporte comme si le monde fonctionnait selon les règles la régissant.<br />
Notre masla et notre mun deviennent, face à l’âpreté de la compétition<br />
internationale, de véritables freins à l’insertion de l’Afrique dans une dynamique où la<br />
rapidité de décision, l’efficacité et les résultats sont seuls juges.<br />
<strong>Les</strong> futurs titulaires de diplômes en science et en technologie n’auront que l’embarras<br />
<strong>du</strong> choix en Afrique et à l’étranger. La pression sur cette ressource humaine ira en<br />
s’exacerbant, d’autant plus que le vieillissement des populations et la stagnation, voire<br />
le recul démographique dans le Nord, créeront un vide qui va aspirer les jeunes scientifiques<br />
de nos pays pour accélérer le progrès dans des sociétés entrées l’ère de l’économie<br />
<strong>du</strong> savoir. Comme l’anophèle a besoin de sang pour se perpétuer, le Nord aura<br />
besoin de cerveaux venus <strong>du</strong> Sud, formés en science, en technologie et en mathématiques<br />
pour que sa dénatalité ne soit pas la source de son implosion économique, sociale<br />
et culturelle. Il nous appartiendra de tirer profit de cette nouvelle opportunité.<br />
Il est difficile de construire quelque chose de grand sans ambition. L’Afrique et<br />
les Africains semblent tétanisés à l’idée d’énoncer des projets, de définir des visions ; ils<br />
sont même effrayés lorsque quelqu’un s’aventure à projeter des utopies. Pourtant, si derrière<br />
ces sortes de chimères s’abritent toutes sortes de tromperies, il est certain que c’est la<br />
seule voie pour galvaniser un peuple et le mobiliser pour réussir le défi de son développement.<br />
Qu’est-ce qui a poussé J.-F. Kennedy à lancer le programme Apollo ? Il fallait bien<br />
que la fière Amérique relève le défi <strong>du</strong> succès des Spoutnik soviétiques ! La pauvreté n’est<br />
point une excuse pour manquer d’ambition, elle devrait être, au contraire, l’aiguillon<br />
d’une volonté débordante pour lever les obstacles au développement et conquérir des espaces<br />
de bien-être pour les populations.