12.07.2013 Views

Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

122<br />

Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />

Après le mépris et le paternalisme des colonisateurs, la dynamique endogène de développement<br />

scientifique risque de se rompre si nos États continuent à traiter ce secteur<br />

hors des règles universelles de rationalité, de compétence, de vision et de résultat.<br />

La science se fait en apprenant à la faire, c’est-à-dire avec des erreurs, des approximations<br />

et un peu de mimétisme. Ce n’est pas parce qu’il existe un logiciel performant sur<br />

le marché qu’il ne faudra pas essayer d’en concevoir un. Ce n’est pas parce qu’il y a une<br />

équipe ou une entreprise mondialement reconnue sur telle ou telle question scientifique<br />

qu’il faille, par souci de perfection ou sous l’injonction des bailleurs, lui confier<br />

les projets scientifiques au détriment des Africains inexpérimentés, car c’est ce qui les<br />

empêche de se faire la main et d’acquérir le savoir-faire indispensable à la maîtrise de<br />

questions cruciales pour notre destin.<br />

Le développement de la science et de la technologie rencontre d’énormes difficultés<br />

dans les pays africains. L’Afrique au sud <strong>du</strong> Sahara représente à peine 1 % de la<br />

pro<strong>du</strong>ction scientifique mondiale, et l’Afrique <strong>du</strong> Sud compte pour les deux tiers de<br />

cette pro<strong>du</strong>ction. La qualité intrinsèque de nos ressources humaines dans le secteur de<br />

la recherche n’est pas en cause. Malgré la faiblesse de leur nombre, l’insuffisance des ressources<br />

mises à leur disposition et la déficience de l’environnement de travail, les chercheurs<br />

restés au pays obtiennent des résultats de niveau international et sont publiés<br />

dans des revues de renom. Certains parmi eux reçoivent des prix et des nominations<br />

dans des sociétés savantes réputées. L’Afrique doit se défaire de tout complexe pour<br />

s’abreuver à la source vivifiante de la science et de la technologie, entre pangols et djinns,<br />

pour domestiquer la créativité dont elles sont porteuses.<br />

Dès lors que les modèles de développement autarciques ont échoué, que c’est dans<br />

l’interdépendance que réside notre salut, ne pas accorder à la science et à la technologie<br />

la même place que dans les pays <strong>du</strong> Nord revient à handicaper toute évolution de<br />

nos pays et à accepter la marginalisation définitive de l’Afrique. Aussi l’Afrique doit-elle<br />

réussir le défi de l’é<strong>du</strong>cation, de la formation et de la jeunesse en ce XXI e siècle. Il est essentiel<br />

pour nos pays de trouver les voies et moyens afin de bâtir une école adaptée, pour<br />

tous et tout au long de la vie. L’école doit devenir le catalyseur de toutes les énergies pour<br />

les orienter vers la construction d’une Afrique ambitieuse, conquérante, par-dessus tout<br />

généreuse et fière de participer à la compétition entre les peuples et les nations. Dans<br />

une telle perspective, l’enseignement des mathématiques, des sciences et des techniques<br />

occupe une place centrale. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’aux États-Unis la parution<br />

en septembre 2000 <strong>du</strong> rapport <strong>du</strong> célèbre astronaute John Glenn sur les mathématiques<br />

et les sciences dans l’enseignement, intitulé « Before it’s too late » (« Avant qu’il<br />

ne soit trop tard ») a suscité un débat national sur lequel chacun des candidats à la présidence<br />

de la République avait dû se prononcer. En revanche, la chute vertigineuse en<br />

Afrique des filières scientifiques et techniques dans l’enseignement secondaire laisse<br />

presque indifférents les décideurs publics et privés, les politiques et la société civile.<br />

<strong>Les</strong> images des enfants-soldats <strong>du</strong> Liberia, de la Sierra-Leone, <strong>du</strong> Ruanda et <strong>du</strong><br />

Zaïre, les reportages montrant des milliers d’enfants mourant de faim en Éthiopie et au<br />

Soudan, ces enfants de plus en plus nombreux à s’agglutiner dans les carrefours des<br />

villes à la recherche de la charité, ces mères si nombreuses à mourir en couches, ces<br />

jeunes qui assiègent les frontières des pays développés et en particulier ceux de l’Union

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!