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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Session 1 - Troisième partie 121<br />

En ce XXI e siècle de l’économie et de la société <strong>du</strong> savoir, la jeunesse de notre population<br />

est un atout majeur face à la dénatalité et au vieillissement des populations <strong>du</strong><br />

Nord. Comme Abdoulaye Wade l’affirme dans son livre, Un Destin pour l’Afrique,<br />

« nous devons, par l’é<strong>du</strong>cation et la formation, préparer les jeunes pour recevoir et faire<br />

avancer la science, qui, au terme de sa migration historique, atterrira en Afrique, le dernier<br />

continent qui reste à développer ». L’endogénéisation de la science et de la technologie modernes<br />

constitue le socle incontournable d’une Afrique ambitieuse et maîtresse de son<br />

destin. Si elle a su imposer sa reconnaissance internationale par les arts et par l’archéologie,<br />

c’est par la science et la technologie qu’elle obtiendra une place digne, forte et méritée,<br />

dans le concert des nations.<br />

Formons, grâce à la science, une nation pensante, humaine et ambitieuse. C’est<br />

aussi la condition de l’affirmation, dans un monde inégalitaire où racisme et xénophobie<br />

per<strong>du</strong>rent, de notre part dans l’un des phares de la connaissance humaine.<br />

L’Afrique manque cruellement de la connaissance scientifique et de la pratique technologique<br />

comme éléments moteurs dans le fonctionnement et dans l’évolution de ses<br />

sociétés. Au moment de la proclamation des indépendances, le personnel politique, administratif,<br />

et même l’essentiel des enseignants n’étaient pas des scientifiques. Il était<br />

donc difficile de compter sur une administration constituée exclusivement de nonscientifiques<br />

pour développer une stratégie systématique en faveur des sciences et de la<br />

technologie. Différents penseurs africains qui se sont exprimés sur le rôle de la science<br />

en Afrique et dans le monde en restent à une démarche purement scolaire et moralisatrice,<br />

prenant à leur compte la pensée de Rabelais : « Science sans conscience n’est que<br />

ruine de l’âme. » C’est le cas <strong>du</strong> célèbre historien Joseph Kizerbo dans son ouvrage<br />

À quand l’Afrique ? Quelqu’un comme Cheikh Hamidou Kane se résout, dans L’Aventure<br />

ambiguë, à enseigner qu’« il faut apprendre à vaincre sans avoir raison ». Même s’il<br />

reconnaît que « lorsque la main est faible, l’esprit court de grands risques, car c’est elle qui<br />

le défend », il n’en soutient pas moins que « qui veut vivre, qui veut demeurer soi-même<br />

doit se compromettre ». La science et la technologie sont ainsi considérées comme exogènes<br />

et ne pouvant que dénaturer et déstructurer nos sociétés. Aujourd’hui, nombre<br />

de pays et d’entreprises <strong>du</strong> Nord sont prêts à nous livrer empaquetés et prêts à porter<br />

certains de leurs pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> savoir. Il ne saurait être question ici de chercher à réinventer<br />

la roue ; il est cependant certain qu’accepter telles quelles ces « boîtes noires » de la<br />

pensée reviendrait à inhiber et à stériliser notre propre intelligence créatrice. La prise en<br />

compte de la question de la science et de la technologie dans sa totalité est l’une des clefs<br />

de l’émancipation de l’Afrique et surtout de son émergence géopolitique.<br />

Le développement d’une communauté scientifique significative allant des maîtres<br />

d’école élémentaire, en passant par les professeurs de lycée, les techniciens, les ingénieurs,<br />

les médecins, jusqu’aux enseignants chercheurs des universités est<br />

incontournable pour créer au sein de nos sociétés un état d’esprit favorable à la diffusion<br />

des idées scientifiques, à l’utilisation des technologies, à l’ouverture et à la confiance<br />

envers les hommes de sciences en Afrique. C’est aussi la condition nécessaire pour<br />

constituer cette masse critique de techniciens et d’ingénieurs sans lesquels il n’y aura pas<br />

de développement, seule voie pour assurer l’intégration harmonieuse et active de nos<br />

pays et de nos peuples dans l’évolution <strong>du</strong> monde moderne.

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