Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
S’agissant de l’amélioration des services de santé et d’éducation, les contraintes financières
sont un handicap important. Le lourd endettement public ne permet pas à
l’État de dégager les ressources suffisantes et indispensables pour améliorer le système
sanitaire et éducatif bien malade. Or, le système de santé et d’éducation joue un rôle essentiel
dans le développement du capital humain, facteur déterminant dans le développement
durable. C’est pourquoi l’objectif poursuivi par le DSRP est d’atteindre le
point d’achèvement et d’obtenir l’annulation de la dette extérieure. Or, celle-ci exige que
le Congo s’accorde sur un programme économique avec le FMI pour être inscrit dans
la liste des PPTE et bénéficier de l’annulation de sa dette extérieure.
À ce niveau, les perspectives ne sont pas nettes. La dernière revue du mois de
mars 2004 faite par le FMI a abouti à un échec. Par la suite, des réformes ont été appliquées
et le Congo a pu accéder au point de décision. L’obtention du point d’achèvement
nécessite des efforts supplémentaires dans la gestion budgétaire par les pouvoirs
publics et la mise en place d’un Plan de lutte contre la corruption. Le débat sur la décentralisation
semble au point mort. Il existe de puissants lobbies au niveau de l’État
central qui n’acceptent pas de déléguer une partie de leurs prérogatives financières aux
collectivités locales.
La pauvreté est un phénomène de grande ampleur au Congo. 50,7 % des individus
vivent en dessous du seuil de pauvreté. La stratégie de réduction de la pauvreté est
axée sur la croissance avec équité, la bonne gouvernance, l’amélioration des services de
base, la protection des groupes vulnérables, etc. Cependant, la contrainte de la dette extérieure
doit être levée afin de libérer des ressources nécessaires pour promouvoir le capital
humain et développer les infrastructures. En outre, la décentralisation doit
conduire à l’autonomie financière des départements et collectivités locales afin que ces
entités contribuent à asseoir de véritables zones économiques régionales, fondement
d’un développement durable. La stratégie de réduction de la pauvreté est un grand défi
qui risque de conduire à l’échec si les conditions n’en sont pas remplies : amélioration
de la gouvernance, mobilisation des pauvres eux-mêmes à travers leurs organisations
pour revendiquer leurs droits, participation effective des représentants des populations
dans la gestion des dépenses pro-pauvres. Or ces conditions ne sont pas faciles à remplir.
Peut-on alors affirmer que la lutte contre la pauvreté doit s’inscrire dans le processus
de développement économique et social ? Peut-on dire que les priorités affichées,
si elles sont isolées d’une véritable stratégie de développement de l’industrie, de l’agriculture,
du commerce et du secteur financier dans un contexte de protection des producteurs
locaux courent le risque de l’échec ? L’avenir nous apportera sûrement une
réponse à cette interrogation.