Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
Ces ré<strong>du</strong>ctions budgétaires ont eu des impacts négatifs. Dans les zones rurales et<br />
semi-rurales, ils ont été plus forts à cause des difficultés pour les pauvres d’engager des<br />
dépenses privées pour compenser les lacunes des services publics. À Nkayi, par exemple,<br />
les ménages pauvres ont tendance à détourner l’enfant de l’école trop éloignée et à<br />
l’orienter vers le travail des champs, alors que dans les zones urbaines, les pauvres ont<br />
quand même dans une certaine mesure cherché à inscrire leur enfant dans une école privée<br />
dispensant l’enseignement à des coûts ré<strong>du</strong>its. Ils ont pu bénéficier de la prolifération<br />
et de la concurrence des écoles privées dans les villes, <strong>du</strong> fait de la politique de<br />
libéralisation de l’é<strong>du</strong>cation instaurée en 1989 (Boungou Bazika et al., 2005).<br />
Ainsi, en dépit des déclarations et de l’adoption des plans sociaux d’urgence, les<br />
secteurs de la santé et de l’é<strong>du</strong>cation n’ont pas connu d’amélioration. La situation a<br />
continué à se dégrader.<br />
Par ailleurs, la forte centralisation de l’État dans la capitale politique Brazzaville a<br />
comme incidence d’accentuer les disparités entre les zones urbaines et les zones rurales<br />
et semi-rurales. Ainsi, on peut constater que 73,4 % des ménages ont accès à l’eau potable<br />
dans les villes contre 10 % seulement dans les zones rurales et semi-rurales (ministère<br />
<strong>du</strong> Plan, 2006). La centralisation de l’État engendre également la centralisation<br />
des services publics dans les zones urbaines, au détriment des zones rurales et semi-rurales<br />
dont certaines font face à la disparition de l’État. Ce phénomène a contraint les<br />
communautés de base de prendre en charge elles-mêmes, dans des conditions précaires,<br />
l’é<strong>du</strong>cation de leurs enfants, leurs soins médicaux, les ressources en eau, etc. Ainsi, dans<br />
beaucoup de villages congolais, les parents se sont regroupés pour construire des écoles<br />
primaires et recruter des enseignants. Enfin, les différences régionales tendent à accentuer<br />
les déséquilibres, non seulement entre zones urbaines et zones rurales, mais aussi<br />
entre zones <strong>du</strong> nord et zones <strong>du</strong> sud. Ce qui est plus préoccupant, c’est que n’apparaît<br />
pas clairement une politique publique spécifique visant à combattre ces disparités.<br />
c) La contrainte de préparation de la stratégie<br />
La stratégie de ré<strong>du</strong>ction est un exercice long et demande une somme importante<br />
d’énergie.<br />
Le processus a commencé en 2000 avec le programme intérimaire post-conflit. De<br />
cette période jusqu’en 2008, aucune conclusion d’un programme de ré<strong>du</strong>ction de la<br />
pauvreté n’a été réalisée. Cela fait donc 8 années que les pauvres attendent l’exécution<br />
de cette stratégie.<br />
Lorsque la stratégie avait été préparée au début des années 2000, le FMI et la<br />
Banque mondiale ont rejeté le projet pour vice de forme. En effet, le gouvernement<br />
n’avait pas associé les autres acteurs de la société (ONG, syndicats, confessions religieuses,<br />
etc.). Quand ce fut fait, la stratégie ne pouvait pas être validée parce qu’elle ne<br />
s’appuyait pas sur une enquête au niveau national permettant de connaître les dépenses<br />
de consommation des ménages et donc de déterminer le profil de pauvreté. L’enquête<br />
a été menée en 2005, ses résultats diffusés en 2006 et intégrés dans la stratégie de ré<strong>du</strong>ction<br />
de la pauvreté.