Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Session 1 - Troisième partie 107
Ce combat entre le statu quo et la mise en place de quelque chose de totalement
nouveau n'exige pas seulement la participation pleine et entière des gouvernements
progressistes, mais également la mobilisation des peuples du monde dans le cadre de
leurs mouvements sociaux, pour la mise en œuvre d'un programme mondial arrêté
d'un commun accord et constituant l'agent mondial du changement.
On ne peut exporter la démocratie du monde industrialisé vers le Sud. Les démocraties
occidentales ont, elles aussi, besoin de se démocratiser. L'existence d'un « déficit
démocratique » au sein de nombreuses démocraties établies est désormais largement
reconnue. Les citoyens sont de plus en plus déçus par les politiciens et les institutions
politiques. Pour y remédier, l'État doit faire participer la population à la prise des décisions
; entreprendre des consultations réellement prises en compte et impliquer ses
membres les plus marginalisés et les plus vulnérables, non comme objets de recherches
et d'études, mais comme acteurs de leur propre destin.
L'Afrique du Sud, elle aussi, adopte une approche très consciente de la paix, de la
stabilité et de la sécurité sur notre continent et au-delà. La sécurité de l'État ne peut pas
être envisagée uniquement comme une fin en soi sans reconstruction socio-économique
ni programme de développement après les conflits. L'objectif à long terme qu'est l'établissement
d'une paix générale implique de placer le pays concerné sur la voie du développement
socio-économique durable. Toutefois, l'objectif immédiat de tout plan
de reconstruction après-guerre est d'accélérer la reprise socio-économique à court terme,
qui crée les conditions propices à la reconstruction et permettra de récolter les fruits de
la paix.
Aucun développement socio-économique ne peut avoir lieu sans la paix et la stabilité.
Inversement, le développement socio-économique est nécessaire si l'on veut éliminer
à la racine les causes de conflits et d'instabilité.
Nous reconnaissons l'erreur de l'approche traditionnelle adoptée pendant la Guerre
froide, qui imposait la paix et les cessez-le-feu par la force militaire et préférait la sécurité
de l'État à celle de la personne humaine.
L'échec de cette conception a clairement démontré la nécessité, pour régler les
conflits, d'une méthode holistique tenant compte à la fois des droits de l'homme, de
la mise en place des institutions, de l'instauration de la société civile et du développement
socio-économique, propres à instaurer une paix et un développement durables et
satisfaisants. Nous nous sommes consacrés à l'édification de la paix dans le contexte du
Multidimensional and Integrated Peace Operations Process (Processus de paix multidimensionnel
intégré), qui implique la coopération entre l'État et la société civile, afin de
permettre aux collectivités des peuples concernés de mettre en œuvre des opérations durables
de soutien à la paix.
La vision d'ensemble que nous élaborons exige, par conséquent, une coopération
des Africains pour assurer :
- une alternative progressiste au Consensus de Washington et au paradigme néolibéral
;
- l'éradication de la pauvreté et du chômage, avec l'objectif immédiat d'atteindre
les cibles fixées par les OMD ;