Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
L'engagement à mener une politique progressiste implique que l'État promeuve
l'égalité des chances pour tous, et offre à la population la possibilité d'agir par et pour
elle-même en supprimant les barrières qui l'empêchent de participer au marché du travail
et aux décisions qui affectent son existence.
La géopolitique africaine de ce siècle doit à la fois englober intégralement la mondialisation
et énoncer une alternative viable et crédible. Dans son livre A Better Globalisation,
Kermal Dervis avance une opinion similaire en suggérant qu'il n'y a rien
d'automatique dans l'inclusion dans l'économie mondiale de « pays qui ont été marginalisés
par l'histoire, la géographie, la guerre civile, les erreurs de gouvernance et/ou les luttes
des puissances étrangères sur leur sol. Pour ces pays, la mondialisation ne fonctionne pas. »
Dans la nouvelle économie mondiale, le pouvoir des multinationales a augmenté
alors que celui des gouvernements nationaux semble décliner, et c'est là que résident les
défis essentiels posés à la politique progressiste de ce siècle : définir et mettre en place
un autre paradigme économique qui reformule les questions concernant les rapports
entre la mondialisation dirigée par le marché et les problèmes du bien commun, de la
démocratie, et de la possibilité de préserver l'environnement mondial. Il doit fournir
une alternative claire à la mondialisation dominée par les marchés.
En les encourageant à ouvrir leurs marchés au commerce international, les programmes
actuels de développement des institutions issues des accords de Bretton Woods
n'ont fait aucun bien aux pays émergents. Au contraire, l'ouverture de leurs marchés
expose ces économies aux forces corruptrices et impitoyables du système économique
mondial. Dans une perspective progressiste, cette ouverture doit se faire sur la base
d'une réciprocité économique. C'est-à-dire que les pays progressistes doivent proposer
un programme économique commun qui prévoit l'ouverture simultanée des marchés
du Nord et du Sud, surveille les pratiques de dumping et les méthodes de fixation des
prix, et soit vigilant sur les subventions directes et indirectes accordées par les pays développés.
Des pratiques commerciales loyales et équitables doivent être le fer de lance
d'une politique économique progressiste.
Notre approche du développement économique doit permettre aux États de participer
à la réalisation des objectifs de développement économique et de justice sociale.
Ce qui signifie que l'État doit jouer un rôle plus central dans l'investissement social, le
renforcement de l'infrastructure sociale de la société, y compris en matière de santé et
d'éducation. L'État doit s'impliquer activement dans les secteurs de la réforme agraire
et de la transformation socio-économique.
Les États ne doivent pas hésiter à utiliser les fonds publics pour financer l'investissement
et les autres ressources nécessaires à l'économie pour atteindre les niveaux de développement
requis. Les modèles de développement économique ne doivent pas
considérer une croissance économique rapide comme une fin en soi, mais plutôt se
fixer comme objectif l'éradication de la pauvreté et le développement humain et social.
L'Afrique doit adopter une vision unifiée de la réforme des institutions de gouvernance
mondiales multilatérales car toutes ces institutions ont grand besoin de se démocratiser.
Il est du plus grand intérêt pour les pays d'Afrique et les régions du Sud de
travailler à démocratiser, renforcer et transformer ces institutions multilatérales. Elles nous
sont nécessaires pour atteindre l'objectif plus large de créer un monde de justice sociale.