Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
L’approche sud-africaine d’une politique
de transformation sociale globale
Pr Anver Saloojee
Conseiller spécial à la Présidence (Afrique du Sud)
Je me dois de remercier M. le ministre Pahad d'être aussi occupé, puisque cela m'a
permis de prendre sa place et d'être présent parmi vous dans cette magnifique ville de
Dakar, où se déroulèrent il y a plus de vingt ans des réunions d'une grande richesse
entre notre mouvement, le Congrès national africain, et des représentants de ce qui
était alors le régime de l'apartheid. Notre approche de la politique de transformation
globale est très semblable à ce qu'elle était alors. Elle se caractérise par la volonté affirmée
de résoudre pacifiquement des conflits, de mettre un terme à toutes les formes de
discrimination et d'oppression, de faire respecter les libertés fondamentales et les droits
de l'homme et d'en finir avec la pauvreté, les inégalités et le chômage, le développement
inéquitable et le sous-développement.
Dans la conjoncture actuelle où tensions et défis socio-économiques sont omniprésents,
il est primordial de tracer une voie fondée sur l'égalité, le commerce équitable,
le respect mutuel, le dialogue et la convergence des intérêts. Le continent africain
et sa mosaïque de pays ne sont plus des cousins pauvres que l'on peut facilement ignorer
et dont on peut tranquillement piller les ressources, sans se sentir responsable ni
tenu de réinvestir dans la croissance socio-économique et le développement du continent
dans son ensemble.
La mise en œuvre d'une feuille de route progressiste, tant pour l'Afrique qu'au niveau
mondial, doit impérativement englober les domaines socio-économiques et politiques.
Un tel calendrier doit traiter de manière exhaustive les défis posés tant aux
sociétés du Sud qu'à celles du Nord. Il doit se fonder sur les cinq axiomes suivants. Premièrement,
la conclusion d'un contrat entre l'État et les citoyens ; deuxièmement, le
réengagement à long terme de l'État dans des programmes sociaux et des réformes foncières
ayant un impact socio-économique positif et favorisant le bien-être de la population
; troisièmement, une réciprocité économique fondée sur le commerce équitable
et des accords commerciaux entre les nations du Sud et du Nord qui compensent le
lourd passif de sous-développement des nations du Sud.
Quatrièmement, les partis politiques et les gouvernements des nations du Sud et du
Nord doivent œuvrer activement en faveur de la paix et de la réconciliation dans les pays
et les régions déchirés par la guerre. Ils doivent résolument s'opposer aux guerres et aux
conflits injustes, combattre avec la plus extrême vigueur l'implication des enfants dans
les hostilités et se consacrer à l'éradication des affrontements où qu'ils se trouvent dans
le monde. Cinquièmement, en ce qui concerne le Sud, les partis politiques et les gouvernements
doivent soutenir concrètement les initiatives continentales et parvenir à un
consensus sur les problèmes liés à la mutation socio-économique et politique.
Pour résoudre la question complexe de la création d'une politique globale plus progressiste
et socialement plus juste, il faut impérativement comprendre la conjoncture
mondiale actuelle et la manière dont elle s'imbrique et interagit avec les objectifs de dé-