Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
L’Afrique dans la nouvelle géopolitique mondiale<br />
Stratégies et perspectives pour l’Afrique<br />
Synthèse<br />
Au cours de cette session, le professeur Anver Saloojee, conseiller spécial à la présidence<br />
de l’Afrique <strong>du</strong> Sud, insiste sur la nécessité d’une politique de transformation<br />
sociale globale afin de « résoudre pacifiquement les conflits, de mettre un terme à toutes les<br />
formes de discrimination et d’oppression, de faire respecter les libertés fondamentales et les<br />
droits de l’homme et d’en finir avec la pauvreté, les inégalités et le chômage » sur le continent.<br />
La Commission pour l’Afrique a établi un lien de causalité entre la mondialisation<br />
et la pauvreté des pays en voie de développement. <strong>Les</strong> institutions issues de Bretton<br />
Woods y sont pour beaucoup, en ayant imposé à ces États d’ouvrir leurs marchés intérieurs<br />
à la concurrence mondiale sans réciprocité réelle avec le Nord. Pour M. Saloojee,<br />
il importe de réformer ces organismes afin qu’ils autorisent le renforcement <strong>du</strong> rôle<br />
des États et la participation de la population aux prises de décision politique.<br />
Jean-Christophe Boungou Bazika, économiste, fait ainsi valoir que la population<br />
congolaise se trouve à 50,7 % au-dessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté alors que 70 % des recettes<br />
publiques nationales sont consacrées au remboursement de la dette. Le programme<br />
de lutte contre la pauvreté élaboré sous la férule de ces mêmes institutions et<br />
de l’Union européenne ne dispose d’une part que de peu de moyens, et d’autre part,<br />
exige des coupes sombres dans les budgets de l’é<strong>du</strong>cation et de la santé. Ajouté à la décentralisation<br />
partielle, uniquement administrative et pas économique, et à la corruption<br />
généralisée des élites, il n’enregistre aucun résultat notable. Il faudrait pour cela une<br />
véritable stratégie globale de développement <strong>du</strong> pays.<br />
Mais le développement est justement indissociable de l’é<strong>du</strong>cation, pour le professeur<br />
Mary Teuw Niane : « c’est de la science devenue culture ! » Il reste donc un saut qualitatif<br />
gigantesque à accomplir pour l’Afrique, qui doit d’après lui investir d’urgence<br />
dans la science et la technologie, à l’image des dragons d’Asie <strong>du</strong> sud-est dans les années<br />
soixante. Ils ont depuis longtemps dépassé le Sénégal, alors que leur PIB était inférieur<br />
au sien avant qu’ils n’amorcent ce virage. L’extrême jeunesse de la population<br />
africaine n’est donc pas un handicap, mais un atout à condition de la former. C’est<br />
peut-être à cette condition qu’elle dépassera sa réticence à accepter la concurrence, elle<br />
qui se comporte toujours comme si le monde était régi par ses propres règles.<br />
Le philosophe et écrivain Hamidou Dia le rejoint sur le constat : « l’Afrique n’est<br />
pas pauvre, mais appauvrie » ; elle n’est pas non plus démunie, mais désunie. C’est pourquoi<br />
il importe à ses yeux de renouer avec le panafricanisme qui prévalait jusque dans<br />
les années soixante. La vision de Nkrumah était alors la bonne : il faut au plus vite décréter<br />
un État fédéral africain, compte tenu <strong>du</strong> quasi-immobilisme de la stratégie d’intégration<br />
progressive. L’erreur est de copier la construction européenne ; il semble plus<br />
pertinent de se référer à la propre histoire de l’Afrique, soit à la Charte <strong>du</strong> Mandé <strong>du</strong>