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tome 3 - Index of - Université Rennes 2

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L API PEE<br />

<strong>Université</strong> <strong>Rennes</strong> 2 - SCD - 2009


Cette é d i t i on avait é t é entreprise sous la<br />

direction de J e a n Frappier. Il en avait<br />

suivi l' élaboration avec l'attention et la<br />

g énérosité q u i l u i é t a i e n t coutumières. Et<br />

s o n nom mérite de figu r e r e n tête de ce<br />

travai l qui lui doit bea uc o up .<br />

Un premier état de cette édit i on f u t publié<br />

à 800 exemplaires au Centre de Télé­<br />

En seignement de l ' <strong>Université</strong> de Haute Bretaane­<br />

<strong>Rennes</strong> II et servit de b ase à une s érie de<br />

cours radiodiffusés produits e n collaboration<br />

a v e c Jean-Charles Payen .<br />

P l u s i e u r s collègues me f irent p a r v e n i r de j u d i ­<br />

cieuses observations , et 'e doi s r emercier<br />

tout particulièrement Jean-Cl a u d e Aubailly,<br />

Jonathan Beck (Emory Univ e r s i t y ) , Charles Foulon<br />

et Jean-Charl es Payen .<br />

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l 1 T R 0 DUC T ION<br />

<strong>Université</strong> <strong>Rennes</strong> 2 - SCD - 2009


Nous avons au tot al peu de textes de farces que l'on<br />

puisse attribuer d e f açon s Ur e au XVe siècle. L'un des<br />

plus anciens est Maître Pierre Pathe l i n , e t il est re­<br />

marquable de constat er que cette pièce, q u i paraît<br />

ouvrir la production du genre , e n constitue un exemple<br />

des plus achevés et des plus o rigi naux , un de ceux aussi<br />

qui prend le plus de l i b e r t é a vec les r ègles q u ' on peut<br />

y d éceler .<br />

La P i pée , q u i est s a n s d o ute d 'une vingtaine d ' a nnées<br />

p l us r é c e n t e, présente les mêmes c a r a c tér i s t i q ue s d 'indé­<br />

pendance et de fantaisie pa r rapport aux usages du genre .<br />

Les spé c i a l i s t e s sont même en peine de savoir où cla s ser<br />

cette oeuvre d 'une délicate poésie et d 'une force comi que<br />

a s surée . Un manuscrit rassemble c es deux oeuvres dans le<br />

même r e c ue i l - l e bon goût du hasa rd n 'est peut-être p a s<br />

seul responsable de ce rapprochement- mais , quoi qu'il en<br />

s o i t , on apprécie de voir inaugurer une pé r i od e r i c he d 'une<br />

v i e théâtr ale s a ns égale , ni auparava nt ni e ns uite , par<br />

deux pièces qui sont , avec des tonali tés diff érentes, des<br />

chefs-d 'oeuvre . Dans ce manuscr it , Ma î t re Pierre Pathelin<br />

est présenté comme une "comédie". Ce titre conviendrait<br />

a uss i à la Pipée q u i n 'en a point, et lui siérait peut-être<br />

mieux q ue celui de farce, a u sens du moins que nous donnons<br />

aujourd'hui à c e terme.<br />

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PREMIERE PARTIE<br />

UN RECUEIL DE THEATRE<br />

Le manuscrit français n O 25467 de la Bibliothèque nationalE<br />

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ver s ;<br />

La farce de la Pipée est conservée dans un recueil<br />

manuscrit d e la Bibliothèque nationale (fr . 25 4 67). Ce<br />

manuscrit figurait précédemment dans la bibliothèque du duc<br />

de la Vallière (n O 15 6) . Il comprend 204 feuillets de papier .<br />

Il est relié en veau fauve et orné d 'une coquille . So n<br />

format est celui d ' un in-8° (195 x 120 mm) (1) .<br />

On y lit s uccessivement copiées d 'une même main<br />

les quatre p i èces s u i van t es :<br />

2<br />

- " oralité à cincq personnages" ( ) , le Grand,<br />

le Petit , Justice , Conseil et Paris . Feuillets 1- 47 ; 1640<br />

inédite (3 ) .<br />

- "Cy commance la farce de Maistre Pie r res Pate lin<br />

a V perso nna i g es, Maistre Perres , sa femme , le drapier , le<br />

berg i er , le juge" . Feuillets 48-91 ; e nvir o n 1600 vers; le<br />

texte c o nt e nu dans ce manuscrit dif f ère souvent des éd i t i o ns<br />

que nou s en connaissons ; mais Richard T . Ho lbrook dans<br />

son édition critique ne donne q ue quelques unes des variantes<br />

qu'il prése n t e. Il a été édité par J ean-Claude Aubailly ,<br />

La farce de Ma i str e Pathelin et ses continuations. Le nouveau<br />

Pathelin et Le t e s t ame n t Pathelin , Paris, 1979 (Bibliothèque<br />

du Moyen Age) .<br />

- "Mo r a l i t é à VI personnages : Aulcun , Cog nois-<br />

sance, Malice , Puissance , Auctor ité et Maleureté " feuillets<br />

92-157 V ; environ 2500 vers ; i nédite.<br />

- La Pipée , farce à six personna ge s Verd i er,<br />

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Rouge-Gorge, Jaune-Bec, Bruit d'amour, Cuider, Plaisante<br />

folie. Elle commence sans aucun titre ; f e u i l l e t s 159-204<br />

937 vers.<br />

La composition de ce recueil est remarquable. Il<br />

ne contient que des oeuvres de théâtre. Deux pièces sont<br />

désignées comme des moralités ; Pathelin est intitulé farce,<br />

et la Pipée, qui commence ex abrupto, est appelée "farce"<br />

dans la Sottie des c opi e urs et des l a rdeu r s (Re c u e i l Trep­<br />

perel, Sot t i es, p. 165 , v . 18 4) . Cette a l t ernance d'une<br />

moralité et d 'une farce nous amène à nous demander s i nous<br />

ne sommes pas en présence du répertoire d 'une t r oupe d e<br />

théâtre. Ce groupement correspond e n effet à l ' o rdo nnance<br />

des spect a c l es d 'alors qui présentaient en pr emier lie u<br />

une moral i t é et se terminaient pa r une f arce . Nous aurions<br />

peut-être, consignée là , la matière de deux spectacles<br />

success i fs, d 'une longueur à p e u p r ès identique . La mo r alité<br />

Le Gr and et le Petit, et la farce de Pathelin comptent au<br />

t o t a l 32 40 vers et emploient toutes deux cinq acteurs ; la<br />

mo r a l i t é Aucun, Co nna i ssa nc e et l a Pipé e comptent environ<br />

3450 vers et emploie n t toutes d e ux six acteurs. Ce recueil<br />

aurait donc pu être l e livre de référence d'une troupe,<br />

celui qui gardait le texte complet des spectacles dont<br />

chaque acteur possédait une copie .particulière ne comprenant<br />

que son rôle, avec le début ou la fin du vers des répliques<br />

voisines.<br />

8<br />

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Comme les deux moralités sont inédites et que<br />

l 'analyse faite par Petit de Julleville dans son Répertoire<br />

du théâtre comique est très succincte , il n'est pas sans<br />

intérêt de les présenter ici de façon un peu plus détaillée.<br />

9'<br />

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LE GRAND ET LE PETIT<br />

l - Deux bergers , le Petit et le Grand , évoquent le temp s<br />

heureux des anciens pasteurs et r egre t t e nt " IP â ge doré "<br />

quelle époque heureuse que celle q ue raco n t ait s i bien l e<br />

vieux berger Ysembert , gui d 'ailleurs savai t aus s i prédire<br />

l ' avenir.<br />

II - Longue tirade de Justice qui voudrait " un seul troupeau ,<br />

un seul pasteur" :<br />

"Mes l'esperance y est petite<br />

Car grant division y habite .<br />

De tous mes pastoreaulx de France<br />

Chacun jour me sordent querelles .<br />

.................................<br />

Le Petit s e plaint des grans charges<br />

Dont on le sert oultre appetit<br />

Puis le Grant se plaint du p e t i t<br />

Qui ne luy porte foy ni hommage " . (fol. 5 r ")<br />

III - Justice f a i t a u Petit et au Gr a nd un long discours<br />

sur l a Providence divine . Le Grand désigne alors comme<br />

cause de leurs maux "ung paillard esglanter" "Planté tout<br />

au plus bel de France". Cet "englanter" serait beaucoup<br />

mieux en Angleterre, "à cause de son nom" :<br />

10<br />

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"Vo i r e me n t au devant fleurt et oingt ,<br />

Maiz en d e r r i e r e il picque et point" .<br />

Pour raconter tout le fait , le Petit va chercher un vieux<br />

b e rger : Co n s e i l.<br />

I V - Conseil se plaint d 'être délaissé par tous . On lui<br />

demande comment cet églantier vint en France . C 'est une<br />

"ma l l e pastorelle", "Folle Alliance" , qui soixante ans<br />

p l u s tôt l 'a i nt r o d u i t dans les pâtis de France , aidée par<br />

une " f a u l c e et ma l l e bergière " : Division . Il y avait aussi<br />

une source où l es berger s menaient leurs troupeaux : la<br />

Fontaine de Justice > l 'égl a n t i e r l 'a détruite .<br />

Le Gr and et le Pet it s 'accusent mutuellement<br />

d 'avoir favoris é le dévelop peme n t de l ' églantier. Justice<br />

situe les responsab i l i t és d e chacun et les invite à raser<br />

l 'arbre . Conse i l arme le Grand e t l e Petit ; ils attaquent<br />

l 'églantier , l e coupent, extirpent ses racines . On voit<br />

a l ors j ail l i r à nouveau la Fontaine de Justice .<br />

V - Il fau t prépose r quelqu 'un à la garde de cette f onta ine<br />

Justice propose diver s noms de la Bi b l e e t de l 'hi stoi r e .<br />

Pâris, fils de Priam, est accepté s'il est mort, u ne "vill e<br />

renommée" porte son nom, e t c' est à c e Paris que Justic e<br />

commet la garde de sa f ont a i ne pour tous l es pastoureaulx d e<br />

France.<br />

Il<br />

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Da ns cette moralité , l 'églantier r eprésent e donc l ' Angleter re ,<br />

à c a use de la res semblance des noms; l ' allég o r ie s'y déve­<br />

l oppe sans s urprise, et l 'ens e mbl e reste q ue l que peu insipide<br />

ce ne s o n t guère q ue d i s c o u r s ; hormis l'attaque de l'églan­<br />

tier, il n'y a aucune action. L'organisation scénique manque<br />

d'original i t é: e x c e pté quelques répliques e n t r e le Grand<br />

et le Petit, les dialogues ne sont mus par aucune tension<br />

entre les interlocuteur s . La progression dramatique est<br />

n ul l e, l 'auteur s e contente s e u l ement d ' ajoute r u n personnage<br />

à intervalles réguliers : le Grand et le Petit sont d'abord<br />

s e u l s en scène , puis survient Justice , puis l 'on va cher cher<br />

Conseil , puis l ' on fait appel à Paris . Aucun mouveme nt dans<br />

tout cela , mais au contraire un statisme a c c ab lant pour le<br />

s pectateur .<br />

Il est probable cependant que le suj e t lui-même,<br />

pa r sa brülante actualité , suffisait à pa s s i o nner l'audit oire<br />

les malheurs d Os à l a présence des Anglais en France , les<br />

divisions qui r égnaient entre Français , ne dev a i e n t pas<br />

manquer d 'écho . D'autant plus q ue l'auteur situe le débat<br />

à un niveau d 'analyse qui donne à l a question ses véritables<br />

dimensions: la division qui a permis que prospère l'églan­<br />

tier est surtout celle qui a opposé le Grand et le Petit.<br />

Ce symbolisme, que d'aucuns jugeraient primaire, révèle une<br />

lucidité qui ne pouvait naître que d'une expérience vécue.<br />

L 'histoire de la France d'alors ne saurait être ramenée aux<br />

12<br />

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"11 a des ans cinquante six<br />

Voyre sans f a u l t e bien soixante<br />

Que Hersan grant mere a ma t ente<br />

Disoit avoir veu mainteffoiz<br />

Que en les pastis des François<br />

Ce n 'estoit d'englenter nouvelle<br />

Quant une malle pastorelle<br />

Qui se nommoit Folle Alliance<br />

L'y planta ••• "<br />

Or les Anglais débarquèrent en France en 14 15. Ces cinquante<br />

s ix o u ces s o i xa n t e ans (dont la p r écision n' est probablement<br />

d ue q u' à la r i me ) renvoient donc aux années antérieures<br />

à 1 4 15 . La Folle Alliance représente peut-être le traité de<br />

Tr o y e s s i g né en 1420 qui prévo yait d e donner à l 'héritier<br />

anglais l a couronne de France . D'après ce passage on serait<br />

do nc tenté de situer la composition d e cette moralité vers<br />

les anné es 14 75 . En ce c a s l ' exaltation de Paris ne renverrait<br />

pas à la libération de cette ville en 1436 , mais aurait une<br />

valeur plus générale , ce serait la proclamation de l a<br />

s ouve rai n e t é française sur l 'ensemble du territo i re . Car<br />

l a l u t t e c on t r e les Anglais s'est prolongée l o ngt emp s . La<br />

dernière bataille eut" lieu à Castillon en 14 53, et un<br />

nouveau débarquement a nglais e n 1475 fut arrêté par une tran­<br />

saction qui a me na le roi d ' Ang leter re à r enoncer, à pri x<br />

d'or,à la c o ur o nne de Fra n c e , lors de l' entrevue de Picquigny.<br />

14<br />

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Une a utre allusion peut appuyer cette date :<br />

lorsque les ber ger s arrachent l'églantier, i l est une<br />

racine dont ils ne v ienne n t pas à bout, e l le est située<br />

"Envers le souleil qui cousche" (fol. 26 rO), et ce vers<br />

revient avec insistance en refrain ; le Petit voudrait<br />

qu'en un dernier e ffort elle soit extirpée, le Grand se<br />

dérobe "Une aultre f o y s nous reviendrons". Cette racine<br />

située à l 'ouest désigne v r aisembl ablemen t le duché de<br />

Bretagne. Or cette allusion ne pe u t s'appliq uer q u 'à la<br />

politiq ue du duc François II : s es p r édécesseurs, François<br />

I er, Arthur III , de 1442 à 1458 , avaient par ticipé a ux<br />

côt és de la France à la lutte contre les Angla i s . Fr ançois I I ,<br />

lui , se r a p p r o c h a des Anglais et conclut même en 14 68 une<br />

a l l i a n c e avec le duc de Bourgogne , Charles le Témér aire ,<br />

et le roi d 'Angleterre , Edouard IV. Alliance de courte<br />

durée il est vrai , car sous la menace il s e r éconcilia<br />

avec Louis XI . Mais il nouait aussitôt des relation s avec<br />

l 'adversaire et Louis XI voyait dans la Bourgogne et l a<br />

Bretagne " l e s deux cornes roides " qui mettaient la France<br />

en péril (5) .<br />

La date de 1475 (a p p r ox i ma t i v eme n t ) apparaît<br />

donc plausible. A cette époque la pièce était d'actualité<br />

les préoccupations qu'elle révèle et les indications que<br />

l'on peut y reconnaître sont concordantes (6).<br />

15<br />

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Le rôl e confié à Paris et l 'exaltation finale<br />

de cette ville incitent à penser que c 'est pour un p ub l i c<br />

parisien que fut é c r i t e cette moralité .<br />

AUCUN , CONNAISSANCE et MALICE -<br />

l - Aucun r écapi t u l a n t les g r a n d s f a i t s d e la mythologie<br />

et de l'hist oire veut a pprendre . Connaissance lui promet<br />

de le conduire "a u vray port de tranquillité " où il pourra<br />

"contempl er la Trinité , Dieu éter ne l e t immobile" et lui<br />

fait cadeau d 'un miroir .<br />

II - Malice survient et tente d ' atti rer Aucun qui donne<br />

congé à Co nna i s s a n c e . Elle l 'en t r a î n e dans une salle obscure ,<br />

" s a n s clarté ne lurni na y r e " , où elle dispense ses leçons .<br />

Description de " l'abbaye de Malice " fondée par Or gu e i l<br />

et dont la trésorière est Avarice ; les soeurs d u couvent<br />

sont Inob é d i e n c e, Jactance , Hérésie , Infi dé l i té . Malice<br />

e nseigne à s o n élève l ' art de "crocheter", c'est-à-dire de<br />

voler et d e frauder ; elle promet de lui procurer "Puissance<br />

avec Auctori t é".<br />

16<br />

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III - Maleurt é, (le ma lheur), après de longues lamentations<br />

sur son état , e ntreprend d e guetter Aucun que Malice conduit<br />

auprès de da me Puissance e t d'Autorité. Avec s on aide, il<br />

obtiendra d 'elles d 'être grand seigneur; il e xige même<br />

d'être monté "au plus hault de vostre ma i s o n " . Puissance<br />

et Auctorité l'habillent selon son nouvel état, cependant<br />

que Maleurté f a i t e n aparté des r éflexions ironiques • .<br />

Devant les désirs sans cesse croissants d'Aucun, Puissance<br />

décide de lui b ander les yeux .<br />

IV - Maleurté tend ses pièges et ses filets pour l'attraper.<br />

Longues lamentations de Connaissance . Après s 'être pavan é<br />

Aucun est pris dans le filet de Maleurté qui le dépouille<br />

de s es habits somptueux . Aucun se désespère . Connais sance<br />

int erv i e n t alors et l 'amène à conclure que l a perte<br />

d' Au t ori t é et de Puissance , qui c a use son ma l h e u r , ne<br />

mérite pas tant de lamentations : "J e n 'ay rien pe r d u<br />

Puisque bien parfait ne s 'y treuve " . Malgré l 'opposition<br />

de Maleurté , Connaissance Ote le b a ndea u des yeux d'Aucun.<br />

Datation<br />

Le contenu même de cette moralité ne fournit<br />

guère d'indications sur la date à laquelle elle fut composée .<br />

Deux passages permettent cependant d 'avancer une hypothèse<br />

sur ce po i n t .<br />

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Le p r emi e r est une a l lusion à maître Mouche, au<br />

f euillet 144 r a. Maleurté a tendu ses pièges pour prendre<br />

Aucun dont l e s y e ux sont bandés, mais elle n'y a pas<br />

encore r éussi :<br />

"J'arrage d e peur qu'il m'eschappe<br />

Comment, i l ne scet o u il va<br />

Et jamais en mes l a s n e tous che<br />

Il tient de l 'art de maistre Mo uche<br />

Ou c 'est le deable qui le maine " .<br />

D'après l ' a rticle de Gustave Cohen s ur "Les g r a nd s farceurs<br />

du XVe s i è c l e", maître Mouche est mentionné p our l a<br />

premi è r e fois en 1435 à Bruxelles où il joua devant le<br />

duc de Bourgogne (7 ) .<br />

C'était un " j o ue u r d 'apertise" , c 'est-à-dire qu'il fais a i t<br />

des tours d ' adres se . Ma i s , par la suite, il devint légen­<br />

daire e t les a l l us i ons à c e personnage sont nombreuses<br />

à la fin du XVe e t a u déb u t du XVIe siècle. En tout état<br />

de cause , notre moralité serait donc postérieure à 1435 .<br />

Un e réplique de Puissance nous amène à descendre<br />

un peu plus le terminus a quo : à Aucun qui demande s' i l<br />

sait bien "faire du terrible" , Puissance renchérit sur une<br />

18<br />

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archives de Rouen en 1460 , l a ville f a i re l ' a umô ne à un<br />

chevalier de Picardie "qui naguères estoit r etourné , comme<br />

il est apparu par certiffication, des marches de Turquie<br />

où il a esté longuement pour combattre les ennemis de la<br />

foy, es mains desquels ennemis il a esté longtemps prison­<br />

nier , où il dit qu'il l u i esconvient paier grant chevanche,,(8).<br />

Les papes appellent en vain les rois à partir en guerre<br />

contre les Tur c s pendant toute la seconde moitié du XVe<br />

siècle et au début du XVIe .<br />

Concluons : cette moralité fut é c r i te e n t r e 1455 et 1480.<br />

Est-il possible de déterminer l 'époque de la r e­<br />

prése ntat i o n pour laquelle fut composée cette pièce ?<br />

Un e r é f l e x i on de Maleurté nous donne un i nd i c e : "Avant<br />

qu'il s oit le mois d 'octobre / Je l ' a roy par Dieu en ce las"<br />

(fol. 133 va) . Ne nous y méprenon s pas , c e n' est peut-être<br />

qu ' une cheville pour la rime , et au s urplus , l e temps de<br />

l a p i è c e ne se confond pas avec le temps réel . Pour t a n t ,<br />

c omme il s 'agit là d 'un aparté destiné au public , il est<br />

vraisemb labl e que le système de r éférences temporelles soit<br />

cel ui d u spectat e ur. Ceci signifierait donc que la pièce<br />

fut représentée au cours de l 'été , ce qui paraît logique ,<br />

puisqu 'une telle représentation s e déroulait probablement<br />

en p l e i n air .<br />

20<br />

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critiques , destinées au public . Les répliques de Maleurté<br />

et de Cuider s 'insèrent de façon analogue dans la t rame<br />

du dialogue et le ton comme le contenu en s o nt fort pro c hes.<br />

4. Recours à des locutions i den t iques dans des<br />

situations a nal ogues. Nous ne r elèverons i c i que deux pas-<br />

sages où l a coïncidence des text e s est c omp l è t e : "Par Di e u,<br />

vous y l a rrez les plumes" (Moralité , fol . 137 r a ) est le<br />

ver s 619 de a Pipée ; il est placé dans les deux cas en<br />

a par t é dans la bouche du guetteur qui a t t e nd sa victime .<br />

"Et fust il quatre fois plus roge/ Si l 'aroy je" (Moralité ,<br />

fol . 139 va) présente le même énoncé et le même tour s y n t a-<br />

xique que les v . 687-688 de l a Pipée "Et fussez vous cent<br />

fois plus roge qu'estes/ja plumes n 'en rapporterez " .<br />

Ces analogies , tellement frappantes à l ' a nalyse ,<br />

passent à peu près inaperçues lors d 'une lecture , e t perso nne,<br />

semble-t-il , ne les avait relevées le genre , le t hème ,<br />

les personnages sont différents , les ressemblances s e s i t ue n t<br />

à un niveau que seule l 'analyse permet d ' aborder . On hésite<br />

dans c e s conditions à parler d 'imita tion : i l e s t peu pro-<br />

b able en effet qu 'un imitateur ait employé tant de détours<br />

pour opérer sa t r ans position . No us pr8férons avancer l'hy-<br />

pothèse d'un auteur unique pour ces deux oeuvres, qui a<br />

reproduit de l'une à l'autre, sans peut-être en avoir vraiment<br />

conscience, un schéma dramatique qui l'habitait (9).<br />

22<br />

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ossi rement tracés, avec une fleur de lys entre les cornes.<br />

Ce filigrane se trou e du feuillet 1 au feuillet 109 . Il<br />

correspond au nO 15131 de l 'inventaire de C.• Briquet (12) ,<br />

dans le <strong>tome</strong> l , attesté en 1466 et 1467 . Le reste du manus­<br />

crit est écrit sur un papier dont le filigrane représente<br />

ne ain bénissant, à manchette festonnée , comportant cinq<br />

languettes ; il est souvent déformé et peu lisible. Il cor­<br />

respond au nO 11479 de C .M. Briquet (dans le <strong>tome</strong> III) attesté<br />

de 1 60 à 1470 . Tenons pour négligeable le filigrane du<br />

feuillet 31 -tête de boeuf surmontée d 'un trait étoilé- qui<br />

se rapproche du nO 25068 de C.M. Briquet , (dans le <strong>tome</strong> IV),<br />

attesté en 1462. En appliquant les calculs de C .M. Briquet,<br />

sur l'utilisation des formes , on arrive à la conclusion ,<br />

fondée sur examen de deux papiers différents, que ce manus­<br />

crit aurait pu être copié entre 1450 et 1485 . Les dates<br />

que nous avons proposées pour les moralités ne s 'y opposent<br />

pas , et amèneraient à ramener à 1465 au plus tôt le<br />

terminus a quo. Ce recueil aurait donc été copié entre 1465<br />

et 1485 .<br />

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DEUXIEME PARTIE<br />

LA FARCE DE LA PIPEE LE TEXTE<br />

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132-176 Apparaît alors Bruit d 'amour (bonne renommée d 'amour)<br />

qui se plaint de la défaveur où il est tombé ; il<br />

exalte, en des strophes l yriques , les amo urs c é l èbre s<br />

de l 'antiquité grecque et l atine . La fin d e son mono­<br />

logue est coupée à plusieurs r epri s es pa r le cri<br />

d 'un petit mercier qui vient d 'ar river : "Argent<br />

m'y faut!" .<br />

176-242 Contraint de s'interrompre , Bruit d 'amour l ' a pos ­<br />

trophe . Le mercier s'excuse et expose qu'il vient<br />

vendre ses "cuideries" (duperies) à la cour , ou à<br />

défaut aux femmes; il déclare s 'appeler Cuider<br />

(présomption). "Cuider trompe tout le monde , réplique<br />

Bruit d 'amour, et tu t 'es trompé toi-même , car il<br />

n 'est personne qui ne soit désormais pourvu en abon­<br />

dance de ta marchandise . Il te faut choisir un autre<br />

métier" .<br />

243-280 "J 'en sais plus de douze paires " , proclame Cuider .<br />

Il est entre autres particulièrement habile à f a i re<br />

une "pipée" . Bruit d 'amour s e n omme e t lui demande<br />

de l ' aider : il a vai t j adi s grand r enom auprès des<br />

jeunes gens . Ma i s aujourd'hui chacun le f ui t et se<br />

contente d ' amo ur s médiocres; tout cela par la<br />

f a u t e de Verdier e t Rouge-Gorge s es voisins qui<br />

tienne n t le haut du pavé et se gaussent des jeunes<br />

f i lle s .<br />

27<br />

<strong>Université</strong> <strong>Rennes</strong> 2 - SCD - 2009


les me t au déf i de s 'en tirer à meilleur compte<br />

Verdier décide de tenter l 'aventure .<br />

691-774 Verdier, mieux appris , salue comme il convient la<br />

demoiselle e t lui fait un compliment galamment<br />

tourné . Pour endormir sa méfiance et l 'entraîner<br />

plus facilement, Plaisante Folie lui chante une<br />

pastourel l e ; elle en pr<strong>of</strong>ite pour lui arracher<br />

ses p l umes avec l ' a ide de Cuider qui lui colle<br />

d e s g luaux. Verdie r s e r écrie , mais, pris par le<br />

charme du chant , ne se décide pas à q uitte r l a<br />

belle. Il faudra que Cuider pousse un grand cri<br />

po ur le faire détaler . Br uit d'Amour est un peu<br />

contrarié de le voir s 'échapper , mai s Cuider lui<br />

fait remarquer que le malhe ur e ux a perdu beaucoup<br />

de plumes et qu'il ne s e vant era pas de sa mésavent ure .<br />

775-811 Verdier essaie po u r t ant de f a i re croire à Jaune-Bec<br />

qu'il a remporté un beau succès; mais les gluaux<br />

qu'il port e encor e t émoignent de la vérité et Rouge­<br />

Gorge , après l'avoir rabroué, relève le gant à s o n<br />

tour .<br />

812-900 Rouge-Gorge aborde Plaisante Folie avec des<br />

raffinements de politesse . Il s e montr e peu hardi<br />

30<br />

<strong>Université</strong> <strong>Rennes</strong> 2 - SCD - 2009


par crainte d 'être plumé. ·Ma i s P l a isante Folie le<br />

rass ure e n l u i remontrant qu'il est trop habile<br />

po ur ê t r e tra i té comme les autres . Cuider le prend<br />

à s es gluaux pendant ce temps . Rouge-Gorge est<br />

pris. Bruit d'amour lui fait la leçon : "Les plus<br />

r o uges (le s plus adroits) f i n i s s e n t pas être pris" .<br />

900-9 32 Puis il unit Cuide r e t Plaisante Folie en mariage<br />

i l leur donne Rouge-Gorge c omme serviteur , et l e s<br />

engage à accroître leurs biens e n continuant d e<br />

prendre toutes sortes d 'oiseaux à la pipée .<br />

933-935 Salut au public .<br />

DATATION<br />

Le premier é léme n t que nous a yon s est la date même<br />

de la copie par laquelle nous connaiss ons l a Pipée : l a<br />

f a r ce ne p e u t donc qu 'être antérieure à 1485 au plus tard .<br />

13<br />

La Sot tie des copieurs et des lardeurs ( ) apporte<br />

un témoignage supplémentaire . Dans cette p i è ce, q u 'Eugénie<br />

Droz indique comme antérieure à 1488, un certain nombre de<br />

vers renvoient à la Pipée. Sotin et Teste Creuse ont en<br />

effet décidé de jouer une farce ; ils s 'enquièrent d 'un<br />

31<br />

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texte à leur c onvenance auprès de Malostru le copiste, ils<br />

veulent "chose q u i monte " c'est-à-dire un succès à la mode.<br />

Les farces de Pa t e l i n , Po i t r a s s e et le Pouvre Jouhan, sont<br />

rejetées parce t r op vieilles. Teste Creuse réclame alors<br />

une "farce de bande" et des "jeux plus nouveaux". Le libraire<br />

proposela "Farce des oiseaux" qui n'est autre, on va le<br />

voir, que notre texte. La structure de la scène n'est<br />

d'ailleurs pas sans rappeler celle de la Pipée; il s'agit<br />

d 'un j eu de mots s ur les termes qui désignent l'action de<br />

brocard e r quelqu 'un : coppier et l a r der . Ma l ostr u fera<br />

d o n c métier de copieur de livres et Ni velet de l a r de u r et<br />

de rôtisse ur ; et de même que Plais a nte Folie , jolie fille,<br />

p l ume (a r rache l 'argent/arrache l es p lumes ) J a une- Be c et<br />

c o mpag n i e, galants portant queue e mp l umée , tandis que<br />

Cuider leur applique des gluaux , e n se raillant des pauvres<br />

n i ais , de même Malostru "c o p i e" (c'est-à-dire moque et<br />

r e c opi e sur son livre) et Nyvelet "larde" (d e brocards e t<br />

de lardons) les deux sots .<br />

Le résumé donné par l 'éditr i c e , p. 148, met bien en relief<br />

la double face d e ce texte :<br />

"<br />

Enfin, le libraire lui suggère le Farce des<br />

oiseaux c'est-à-dire la Pipée , farce aristo­<br />

phanesque qui est conservée (v. 184) . Teste<br />

creuse accepte. Malostru lui démontre qu'il<br />

pourrait tenir le rôle de la femme (nous savions<br />

32<br />

<strong>Université</strong> <strong>Rennes</strong> 2 - SCD - 2009


déj à que c eux-ci é t a i e n t en général joués par<br />

d es hommes), que soniphys Lque , sa taille , son<br />

visage, sa voix conviennent à merveille il le<br />

couvre de compliments qui , parce qu'ils sont<br />

déplacés, faisaient rire le public. En un mot ,<br />

i l le "coppie ", tandis que Nyvelet le "larde",<br />

mais l e pauvre n i a i s ne s 'aperçoit de rien et<br />

prend tout po u r bon argent. Ce n'est pas seu­<br />

lement moralement qu'il e st lardé, car , quand<br />

son camarade Sotin r e v i e nt, i l décla re qu'ils<br />

l ' "o n t au vif lardé " (v. 266 ) , " d e g r o s l a r d o n s ,<br />

gros et espais" et aussi cop pié.... ".<br />

Sans qu'il soit nécessaire de parler ici d 'imitatio n (ce<br />

serait déplacé) , il est clair que nou s sommes dans u n<br />

univers analogue i nous avons affaire à un s y stème d e<br />

fiction théâtrale dont l 'affabulation , ramenée à son sch éma<br />

de fonctionnement , témoigne d 'une identi té de goûts , et ,<br />

disons , d 'une mode littéraire qui ne peuvent que renvoyer<br />

à l a même époque . Ainsi que le laisse entendre le texte<br />

(v . 183), l a Pipée a dû précéder de peu les COEpieurs<br />

et les Lardeurs.<br />

. . . l t ' (14)<br />

Ma1S V01C 1 e passage en ques 10n<br />

33<br />

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TESTE CREUSE<br />

Pour tous metz ,<br />

Nous de ma n d on s farce de bande.<br />

MALOSTRU<br />

Vostre cause tres bien s 'amende ,<br />

La Fillerie est bonne farce.<br />

SOTIN<br />

176<br />

No u s n ' en vo u l I o n s point de si grasse. 180<br />

HALOST RU<br />

J 'ay la Farce des troy s coquins.<br />

TESTE CREUSE<br />

Ce sont ouvrages trop b adi n s<br />

Nous demandons jeux plus nouve aux.<br />

MALOSTRU<br />

Ha , j 'ay la Farce des oy sea u l x ,<br />

TESTE CREUSE<br />

Esse chose de bien ?<br />

MALOSTRU<br />

C'est bauLme ? ,<br />

Vous en jourez t res bien la femme ,<br />

Vous a vez le corps tant faictifz ,<br />

Les yeclxrians , le nez traitifz ,<br />

Il semble que vous soyés fardé .<br />

NYVELET<br />

Qu'il soit coppié .<br />

0 _ Texte banlme<br />

184<br />

188<br />

34<br />

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MALO STRU<br />

Ma i s lardé o o !<br />

SOTI N<br />

Et moy, quoy ?<br />

NI VELET<br />

Te n e z vous illec,<br />

Vou s jour i e z b i e n le Jaune bec,<br />

Ou, a u b e soing , la damoiselle,<br />

Aussi doulcet qu'une pucelle.<br />

MALOSTRU<br />

Voire , ou comme ung meurtr i e r de boys<br />

TESTE CREUSE<br />

J 'ay ung petit trop gross e voix.<br />

MALOSTRU<br />

Ne la scauriez vous ung peu faindre ?<br />

On ne scauroit au monde paindre<br />

Plus beau visage de valleton .<br />

NYVELET<br />

La belle fous s ette au menton,<br />

Les y e ulx v e rds .<br />

MALOSTRU<br />

Petite bouchette<br />

Et la maniere tant doulcette.<br />

Les joes vermeilles.<br />

o o o<br />

00 _ texte: fardée<br />

192<br />

196<br />

200<br />

000_ Avant ce vers le texte porte à nouveau en<br />

vedette : Malostru<br />

35<br />

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NYVELET<br />

Le nez tortu .<br />

MALOSTRU<br />

Larde , Nyvelet !<br />

NYVELET<br />

Cop p i e , Malostru 204<br />

On reconnaît s a ns peine , dans ce dialogue , les<br />

personnages de Jaune Bec et de Plaisante Folie ; l 'un est<br />

cité , l 'autre est décrite en des terme s q u i sont ceux de<br />

la Pipée (voir v . 376-378) . Le c ontraste entre les sots<br />

au physique disgracieux et l a délic ate figure é vo q ué e est<br />

d 'un effet cocasse sûr , c 'est p r obablement pourquoi ce<br />

rôle est successivement proposé à chacun d 'eux .<br />

Mais avant de conclure t rop fer me men t , il importe<br />

d 'examiner attentivement les éléme n t s de datatio n fourni s .<br />

Si les Copieurs et les Lardeur s sont datés d ' a v a n t 1488,<br />

c ' est q u 'il y e st f ait une claire a l lusion dans la sottie<br />

d e s So t s gui corrigent le Magnificat (v. 29-40) (15) . Or<br />

Petit de Julleville a r e l evé e n 1488 à Metz la représen-<br />

t ation d u Jeu de corrigi e r le Magnificat avec la Vie de<br />

s aint Laurent et Griselidis (16) . D'Où l 'indication que<br />

l a sot tie Les Copieurs e t l es Lardeurs est antérieure à<br />

148 8 .<br />

36<br />

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(347) , les "q ue ue s" aux robes (v . 70 4 ) , a ppartiennent au XVe<br />

siècle et il n 'est guère possible de préciser davan t age ,<br />

mais les "soullers bien chaussés estroit " du v . 346 four-<br />

nissent un point de repère appréciable . Nous citons en note<br />

à c e vers la phrase d 'un frère pr êcheur qui en 1464 s' en<br />

prend à cette mode , et nous savons par a i l l e urs, g r â ce en<br />

particulier à l'iconographie , que les s o u l i e r s étroits o n t<br />

cédé la place vers 1480 à des souliers arrondis du bout et<br />

20<br />

très larges ( ) .<br />

Ainsi se forme p e u à peu un faisceau d'indications<br />

convergen t es qui sit ue la PiEée de façon à peu près certaine<br />

avant 1480 . Comme la s o t t i e des COEieurs et des Lardeurs<br />

pré c ise q u e la " f a r c e des Oiseaux " est considérée comme<br />

la d erni ère nouveauté à une é poq ue où Pathelin est encore<br />

à l a mod e mais déjà un p e u viei l l i , nous pouvons penser avec<br />

vrai s e mbl a nc e que la Pipée est de peu d 'années plus r écente<br />

21<br />

que Pathe l i n ( ) .<br />

LE MANUSCRIT<br />

La Pipé e a donc é té écrite entre 1470 et 1480 .<br />

L 'ensemble du recueil a été c o pié par l a même main<br />

d 'une écriture cursive qu'il e st par fois diff i cile de déchif-<br />

frer mais le texte de Patheli n e t l e texte de la Pipé e sont<br />

très altérés . Le copiste ne r enonce pas aux non-sens, et l a<br />

38<br />

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- Francisque Michel (éd i t e ur ) , La farce de la Pipée - Paris,<br />

Crapelet, 1832, (Poés ies des XVe et XVI siècles publiées<br />

d 'après des é d i t i on s gothiques et des manuscrits , nO 15) .<br />

Cette édition livrée à un nombre restreint d 'exem­<br />

plaires était une copie du texte sans aucune note . La tran s ­<br />

cription même d u ma nus c r i t est souvent fautive . Elle était<br />

due a Monmerqué. Le titre est de Francisque Michel .<br />

- Edouard Fournier, Le t héâtre français avant la Renaissance<br />

(14 50 - 15 50 ) , Mystères , mo r a l i t é s e t farces , Paris , Laplace ,<br />

Sanchez et Cie, s v d , (18 72 ) .<br />

La Pipée se trouve aux pages 130 - 14 7 . Le texte n 'a<br />

pa s été r e v u sur le manuscrit ; la note 9 de l a page 140<br />

le prouve clairement. Elle concer ne le vers : "Que dit le<br />

roman de l a Rose " : "Le texte - et l 'on jugera par là des<br />

diffi cultés que nous avons e ue s à le rét a b l i r - dit ici 'le<br />

romain de la jouste ' ! c 'est guidé par la rime et un peu par<br />

une vieille réminiscence que nou s avons deviné qu'il s 'agis­<br />

sait du Roman de l a Rose" . La correction de Fournier est tout<br />

à son honneur, mais l a d i f f i c u l t é n 'était pas dans le manus ­<br />

crit, elle était dans la transcription de Michel ; car l ' o r i ­<br />

ginal porte "Que dit le Romam de l a Rouse". La solution l a<br />

plus aisée pour rétablir le texte était donc de r e lire l e<br />

manus crit.. .<br />

Il serait ridicule de s'attarder à souligner l e s<br />

41<br />

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nous a f ait r especter l e plus possible le texte tel qu'il<br />

nous a été transmis et c 'est à le justifier que nous<br />

nous sommes d 'abord emp l o y é . Mais les bévues que comporte<br />

cette copie sont si manifestes que nous avons conclu qu 'à<br />

trop respecter les non-sens du manuscrit , nous faisio n s<br />

insulte à l 'auteur de la farce . Nous avons donc p r o po sé<br />

des corrections : elles sont presque toujours appuyées<br />

sur des exemples qui, relevant du même domaine d 'emploi ,<br />

en g a r a n t i s s ent sinon l ' e xa c t i t ude , du moins l 'authenticité .<br />

Et là où nous n'avons pas compris le texte , nous n 'avons<br />

pas hésité à l 'avouer . Ce s ont autant de jalons pour une<br />

approch e meilleure que d 'autres pourront mener à bien .<br />

Ce s o u c i de fidélité à l ' o r i gin a l comporte bien sûr<br />

des limites. Nous avons d û nous plier aux habitudes d 'un<br />

lect eur mod e r ne ; nous avon s parfois coupé les mots autre­<br />

ment q u ' i l s ne sont dans le manus c r i t , nous avons séparé<br />

par un e apo s t r o ph e l 'article élidé du nom avec lequel il<br />

faisait corps ; nou s avo n s remis en évidence le s c h éma des<br />

rimes qui n' était pas toujours res pecté d ans le découpage<br />

des lignes ; nous avons enfin introduit une p onct uat ion.<br />

Mais nous n'avons pas voulu unifie r l a graphie<br />

dont les incohérences sont tout à f ait caract éristiques d ' un e<br />

é p oq ue o ù l 'orthographe n 'ét a i t pas codifiée (voir "Po ur<br />

l a lecture"). Il est quelques points c ependan t où il f ut<br />

43<br />

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à Paris . Cette hypothèse n 'est pas invraisemb l able. I l<br />

s 'agit en effet de poisson , or "Rouen et Dieppe envo y a i e nt<br />

1...1 quelque 90 % du poiss o n de mer consommé à Paris" (30 ) .<br />

La mention de Pontoise (repri s aux Anglais e n 1441) définit<br />

un des grands axes d 'approvisio nn eme n t de la capitale et<br />

nous mène vers Dieppe . C 'est l a raison qui nous f a i t pré­<br />

férer l 'un des deux Briquedalle s situés dans cette direction.<br />

Si nous ajoutons que le pois son est, au Mo y e n Age, un<br />

élément essentiel de l 'alimentation , nous comprenons mieux<br />

qu 'un petit village normand ait pu avoir son h eur e de<br />

célébrité à Paris , pour le poisson qui en provenait aussi<br />

bien que pour la rusticité de ses habitants .<br />

Un autre passage conduit également à s i t uer<br />

l'action à Paris . Cuider présente sa marchandise :<br />

"A, se n'est point chose<br />

Qui soit digne de grant memoyre<br />

Ce sont dupetes et cuydoires<br />

Que j'aporte vendre a l a court.<br />

BRUYT<br />

Et c omme n t ? Es tu bien si lourt<br />

Que d ' a porter c uideriez vendre<br />

A gens de c o urt ? Tu dois entendre<br />

Qu ' el en est plaine, a reles. (v. 194-200)<br />

49<br />

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Et Cuider , en déses po i r de cause, formule le souhait<br />

q u' o n dise deux mots du malheur des pauvres mercerots "au<br />

s e i gneur", il y porterai t r emède (v. 217-218). Outre la<br />

cour royale , qui réside r arement à Paris et s'attarde<br />

le p l us souvent en Toura ine , il est d'autres cours: celles<br />

des princes , dont certaines , comme celle du duc de Bourgogne<br />

la dépassent en faste et en é léga n c e . Mais si l'on relie<br />

les indications données par Boucledalles, Pontoise et la<br />

cour , nous sommes obligés de s onger à Paris, et par consé­<br />

quent , qu 'elle y réside ou non , à l a cour royale et au roi.<br />

Cette attaque de la cour et de son univers d'hypo­<br />

crisie exclut, selon toute vraisembla nce , que la pièce<br />

lui ait été destinée. Or il est un milieu qui se plaît<br />

à lancer des piques à la cour : les étudia n t s des collèges<br />

parisiens .<br />

Dans la sottie du Prince et les deux sots (Recueil<br />

Cohen,n o I) , le Prince annonce q u ' il revient<br />

"De veoir l a dance,<br />

L' estat et le t r a i n de la court" (v. 72-73, p. 4)<br />

et déclare l o r s q u ' on l u i ôte sa longue robe:<br />

C'est la coutume de la Court.<br />

Mais qu'ung homme soit bien vestu,<br />

Ung c h a c un si sera esmeu<br />

De le vouloir entretenir.<br />

50<br />

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TROISIEME PARTIE<br />

G E NES E D U TEX T E<br />

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l - La Pi pée et le Roman d e la Rose<br />

l ' oeuvre<br />

54<br />

les intentions de<br />

Au centre de notre farce, juste avant la pause<br />

marquée par une c hanson, l'auteur a introduit une citation<br />

"Que d i t le Romam de la Rouse ?<br />

Fo ule est q u i son amy ne plume<br />

Juscques a l a d e r r i ere p lume". (v. 549-551)<br />

"Qu i se veult marier , i l n e f a ult<br />

Que veoir le Rommant de la Rose" (v. 213-214, p. 55 ) .<br />

En c o r e n'est-ce qu' une allusion. Tandis que dans la Pipée<br />

des vers sont cit és, et très correctement, ce qui prou­<br />

verait que l'auteur avait le texte sous les yeux (32). Il<br />

l'avait à tout le moins bien en mémoire, car l'esprit de<br />

cette oeuvre domine notre farce. Lisons seulement le<br />

passage d'où est tirée la citation, et ·no u s reconnaîtrons<br />

l'essentiel de la leçon de Cuider dans ces vers du discours<br />

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de la Vieille à Bel Accueil<br />

"Lors le doit estroit acoler<br />

et baisier por mieuz affoler .<br />

Me s s'el veult mon conseil avoir ,<br />

n e tande a riens fors qu 'a l 'avoir.<br />

Fole est qui son ami ne plume<br />

J usqu'a la darreniere plume;<br />

car q u i mie u z plumer le savra ,<br />

ë ' i ert cele qui meilleur l 'avra<br />

et qui p l us i ert chiere tenue•.• Il (v. 13663-13671) (33).<br />

Ou t r e les vers cités d a n s la Pipée, n'est-ce-pas<br />

le même conse i l que donne Cu ider :<br />

li A p l a i n po i n en pourrez tirer<br />

Tant qu'il en pourra soupirer<br />

Il ne vous en aymera que mieulx" (v . 532-534).<br />

Et l'acharnement sauvage avec lequel , selon s es<br />

voeux, sera d épouillé l 'amoureux crédule fait é cho à mai nts<br />

endroits du Roman de la Rose . Voici comment l a Vieille<br />

continue s a harangue<br />

li Me s au p l ume r convient maniere.<br />

55<br />

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ses valIez et sa chambe r iere<br />

et sa s e r e ur et sa norrice<br />

et sa mere , s e mout n'est nice,<br />

po r qu ' il consentent a la besoigne,<br />

f a c e n t tuit tant que cil leur doigne<br />

seur c o t ou cote ou ganz ou m<strong>of</strong>les,<br />

et r avi s s ent comme uns esc<strong>of</strong>les<br />

quant q u' i l a n porront agraper,<br />

si que cil ne puist eschaper<br />

de leur mains en nule maniere<br />

tant qu'il ait fait sa dar reniere " (3 4 ) . (v.13 679­<br />

Au reste , elle-même , si e lle pouva i t recouvrer<br />

s a jeunesse, se vengerait bien de ceux q ui aujourd'hui s e<br />

moquent d ' e lle :<br />

li Ta n t l e s plumasse et tant p r eisse<br />

du leur , de t or t et de travers ,<br />

que mangier les fe i s s e a vers<br />

et gesir touz n u z e s fumiers.<br />

...............................<br />

Ne l eur l e s a s se demorer<br />

vaillant un aill, se je peUsse,<br />

56<br />

1 368 9 )<br />

Que tout en ma borse n'eUsse". (v. 12880-12883 et<br />

12888-12891)<br />

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évidemment. Ainsi la farce des Droits de la Porte Bodès<br />

(nO XX) illustre l e proverbe "Qui est batu l'amendera,<br />

c'est le droit de la Porte Baudais" (40); la farce du<br />

Pasté (nO XIX) a une seconde partie fondée sur la locution<br />

"chauffer la cire" qui signifie attendre, etc...<br />

La Pipée répond à un procédé analogue. La belle<br />

plume l'amoureux trop crédule, propose le Roman de la Rose,<br />

et l ' a uteur de l a farce de se saisir de cette suggestion;<br />

i l prolo n ge la méta phore , dessine l'amant comme un oiseau,<br />

et s'au t o r i s e pour dessiner s c éniquement son intrigue d'un<br />

sys t ème d 'images qui eut une g r a nd e vogue dans la littérature<br />

médiévale : l 'amour y était déc r i t dans les termes réservés<br />

à la chasse aux oiseaux. Nous devons au XVIIe siècle les<br />

feux et les flammes ; ces a rdeur s n'étaient pas encore le<br />

fait du XVe siècle , il ne b r ûla i t pas: l'amoureux y était<br />

p r i s au filet ou à la glu comme les oiseaux à la pipée. Notre<br />

farce va mettre en oeuvre cet e n semble de métaphores et<br />

fonder sur leur inter prét a t i o n littérale l'action qui doit<br />

l'animer (41) .<br />

59<br />

Ce thème de la pipée amoureuse avait déjà été<br />

utilisé par Jean de Meung à la fin de son poème où il décrit<br />

la façon dont les beaux parleurs usent de leur séduction :<br />

"... ainsainc con fet li oiselierres<br />

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La premi ère se trouve da n s l e Jardin de Plaisance ;<br />

c 'est u n l ong po ème qui a po ur t i t re : Comment l e dieu d'amours<br />

p o u r res jouyr amans e t a ma ntes qui sont au jardin de plaisance<br />

ordonne f a i re une chasse appe l é e la pipée du dieu d 'amours.<br />

( f e u i l l e t CLXXXV verso) . Ré s umons l 'essentiel de ce qui in­<br />

t éresse notre sujet : le dieu d'Amours vient saisir le poète<br />

pendant s o n sommeil et le condu i t "dans un vert pré , aménagé<br />

par Jeunesse , où il se propos a i t de tendre ses 'gluons' et<br />

s es f ilets pour attra per les humains " (4 6) . Après un long<br />

éloge de la p u i s s a n c e de l 'amour , le dieu pour récréer<br />

les " j o y e u l x esperis " de s es sujets , i ma gine de<br />

"Faire une chasse en f o r me de pipée<br />

Il l 'organise ainsi<br />

La ou sera mainte beste pipé e".<br />

"En ce b e-l arbre d e Deduit g r acieux ,<br />

Mes fors gluons et f i l i e z ferai ten dr e<br />

Pour decevoir pa r art malicieux<br />

Tous oisillons mignons delicieux<br />

Et q u i veullen t a cest arbre contendre .<br />

Dame Beaulté , veuil lez doncques entendre<br />

A ces filiez pui s q u e je vous en charge ;<br />

Aut re que vous n'en doit avoi r l a c h arge " .<br />

Dame Oi seus e sera chargée d ' ''espandre de l ' amou­<br />

r e use graine" e t Repos ira " l e s gluons r e d r e s ser" :<br />

62<br />

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et de fable , des référen ces identiques à des amours célèbres<br />

"J e fiz Dido b r us l e r et mectre en cendre<br />

Pour la perte de son amy Enee ,<br />

En haulte mer j e fiz noyer Léandre<br />

Et fiz Philis deda n s ung arbre pendre<br />

Pour Démophon qu i l'eut habandonnée<br />

Ysifille , femme ma l fortunée ,<br />

Voyant Jason lui f aill i r de promesse ,<br />

Voult mieulx mourir que l a n gu i r en destresse " (48).<br />

On pourrait aussi rapprocher la description de<br />

Plaisante Folie de celle de Jouyssan c e<br />

"Un cler visage , reluisant , angélique<br />

Un corps faictiz aussi d ur que une picque... " (4 9) .<br />

Ces points communs sont r emarquables , mais il nous<br />

parait vain de vouloir préciser s 'il existe ou non un<br />

rapport de parenté directe entre les deux oeuvres . On ne<br />

connaît pas la date exacte de l a Pipée du dieu d 'Amour s (5 0) ,<br />

et, l a connaît rait-on, qu 'en dehors d e s ressemblances de<br />

dessin , rien ne permet de déceler une imitation en un sens<br />

ou l 'autre . On sait que , dans l ' h i s t o i r e des sciences, des<br />

découvertes i mportantes ont pu être f aites presque s imul­<br />

tanément de façon indépendante . Il pourrait bien en être de<br />

6 4<br />

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même en histoire littéraire . Le t hème é t a i t e n vogue a la<br />

fin du XVe siècle , c 'est l a conclusion qu'il nous importe<br />

de tirer . L 'emploi de l 'ex pres s i o n plumer a suggéré la<br />

pipée , et sur ce système de méta pho r e s à la mod e , notre<br />

auteur a bâti la fable de sa farce ; ces données étaient<br />

suffisamment communes à l 'épo q u e pour qu'elles soient<br />

admises par le public .<br />

La seconde oeuvre qui mér i t e une particulière<br />

attention est un dessin , accompagné de qua t r e vers, qui<br />

figure dans un recueil de la Bibliothèque nationale (Manus ­<br />

crit français n " 24461) (51) . Un de ces de s sins à l a plume,<br />

feuillet 95 r O , représente un howme caché s o us des feuillages<br />

au pied d'un arbre, épiant des oiseaux qui viennent se<br />

5 2<br />

prendre aux gluaux placés dans les branches ( ). En car-<br />

touche , la devise énonce :<br />

"Nully de ma pipée n 'aproche<br />

S'il n 'est en amours bien apris,<br />

Qu 'en la fin n 'en cheut en reproche,<br />

Car les plus rouges y sont pris".<br />

Ce recueil de dessins est du XVIe siècle. Il y a<br />

donc d e fortes chances pour qu'il s'inspire de la farce.<br />

La conjonction d u t h ème de la pipée avec le dicton "Les<br />

plus rouges y sont pris" , qui est le v. 889 de la farce,<br />

65<br />

<strong>Université</strong> <strong>Rennes</strong> 2 - SCD - 2009


est à cet éga r d un indice très f o r t , bien que le dessin<br />

ne vise aucunement à reprodu i re une situation de la pièce<br />

de théatre . Or , c ' est un c arto n destiné à servir de modèle<br />

aux artisans f a b r i q ua n t des vitraux, des tapisseries , des<br />

sculptures le recueil f ut d'ailleurs reproduit , un autre<br />

exemplaire f igur e à la bibliot hèq ue de l'Arsenal (manus­<br />

crit nO 506 6 ) , e t un autre (tn c omp l e t ) au Musée de Chantilly.<br />

Nous avons donc là une preuve supplémentaire du succès<br />

renco ntré s i n o n p a r l a pièce , t o ut au moins par l 'affabu­<br />

l ation à laquelle celle- c i a eu r ecours (53).<br />

III - Le système des personnages<br />

Les personnages néces s a i r e s a u déve loppement de<br />

l 'action de la Pipée se réparti s s e n t e n deux groupes :<br />

les uns se rattachent à l 'éno ncé métap h o r i q ue pris au pied<br />

de la lettre , c 'est le groupe des o i sea ux : Verdier , Rouge-<br />

Gorge , Jaune-Bec ; les autres dépassent cet é n o ncé premier<br />

et s e situent au coeur même de l'intention de l'énoncé,<br />

c 'est le groupe Bruit d 'Amo ur , Plaisante-Folie , Cuider .<br />

Le trio des g a l a n t s est une constante d u genre<br />

dramatique, de l a sottie plus que de l a f arce . Enumérer<br />

quelques titres no u s dispensera d 'une plus l ongue démo n s -<br />

. (54 )<br />

trat10n :<br />

66<br />

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Farce joyeuse a cinq personnages , c 'est a scavoir<br />

troys galans , le Monde q u 'on f a i c t paistre et Ordre , (E. Pi c ot,<br />

Sotties , t . l , p . 15) .<br />

Farce nouvelle moralisee des gens nouveaulx qui<br />

mengent le monde et le logen t de mal en pire , à quatre pe r s o n -<br />

nages , c 'est assavoir : le premier Nouveau , le second Nouveau ,<br />

le tiers Nouveau et le Monde , -(I b i d em, p . 119) .<br />

Farce nouvelle tres bonne deFolle Bobance , à suatre<br />

personnaiges , c'est assavoir : Folle Bobance , le premier Fol,<br />

gentilhomme , le second Fol , marcha n t , et l e tiers Fol ,<br />

laboureux , (Ibidem, p . 241) .<br />

Farce nouvelle a cinq personnages , c 'est asçavoir<br />

troys Brus et deulx hermites , (E . Pico t , Sotties , t .III, p.8 6 )<br />

Farce joyeuse à quatre personnages, c 'est à savoir ,<br />

III Galants et Philipot , (Ibidem , p . 17 5) .<br />

Farce nouvelle a guatre pe r s o nn a ge s, c 'est asç av o i r<br />

tro y s Galan s et un Badin , (Ibidem , p . 325) .<br />

Farce nouvelle de t r o i s amoureux de l a Croix à quatre<br />

.<br />

personnages , c'est à savoir : Ma r t i n , Gaul tier, Guillaume e t<br />

l'Amoureuse, (Re c ue i l Cohen , nO VIII ) .<br />

,<br />

Farce nouvelle a quatre personnages, c'est a sçavoir<br />

troys Commeres et un Vende u r de l i vre s , (Recueil Emi le Habille ,<br />

t.II ) .<br />

6 7<br />

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A cet égard la Pi pée adopte un schéma proche de<br />

celui de la sottie . Mais ce serait conclure trop vite : dans<br />

la sottie le trio est le p lus souvent indistinct , ce sont<br />

trois Fols ou trois Galans , au lieu que dans la Pipée ils<br />

ont chacun un nom et une personnalité propres ; ch acun<br />

d 'entre eux de plus inter v i e nt de façon autonome dans l e<br />

dénouement de l 'action , ce qui n'est généralement pa s l e c a s<br />

dans les le sotties , mais rel ève plutôt du schéma des<br />

farces où l'on se contente en général de dédoubler les<br />

personnages et ainsi de répéter deux fois un ou plusieurs<br />

des éléments de l'action .<br />

La distinction introduite dans le trio des<br />

oiseaux n 'est donc pas inhérente à l a structure dramatique<br />

utilisée . Elle nous paraît avoir é té suggérée par le pro­<br />

verbe cité v . 889 , lorsque l 'act i o n se clôt : "Les plus<br />

rouges y sont pris" . Nous l 'avon s déjà vu lié au thème de<br />

la pipée dans le dessin du recue i l manuscrit fr . 24461 de<br />

la Bibliothèque nationale , et c'est un proverbe très courant,<br />

a ussi b ien au XVe qu 'au XVI e siècle (on en trouvera p l u­<br />

s i e urs exemples dans le Dictionnaire de la langue fran-<br />

çaise du XVIe siècle d'Edmond Huguet , s. v. Rouge ). Rouge<br />

yale sens d'habile , r usé . Il n 'est peut-être pas i mpos­<br />

sible que ce proverbe qui se joint a isément à la mé taphore<br />

de la pipée par l 'intermédiaire de son ver be "... y sont<br />

pris " , ait pu amener à distin guer les personnages oiseaux<br />

68<br />

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de l a Pipée par la référence à une couleur. Rouge appelle<br />

Rouge-Gorge , et le s e ns f i g uré de rouge détermine le<br />

caractère rusé que la f arc e lui prête . Une variation sur<br />

l 'axe paradigmatique aurai t amené à créer , à partir du<br />

vert, Verdier , et , à parti r du jaune , Jaune-Bec . D'autant<br />

que ces couleurs et ces ois e a ux sont l 'objet de c o nno tat i o n s<br />

tout à fait opportunes .<br />

Nous avons déjà s i gnal é la valeur de rouge . Mais<br />

il est notable que l'on trouve l e j a un e , le vert et le<br />

rouge associés dans la robe de Gonel l a l e bouffon de la<br />

55<br />

cour d 'Este ( ) . Dans la société joyeuse qui portait le<br />

nom de Mere Folle , à Dijon , le candida t a dmis dans la com-<br />

pagnie recevait un chaperon rouge , vert et j a un e , Ilc e s<br />

couleurs de la f oli e étaient naturellemen t l e s couleurs<br />

de la compagnie" (56 ) . Le vert est t out spécialement lié<br />

à la folie . C'est une couleur r e lativement rare dans l 'ha-<br />

billement au XVe siècle . Sa p r é s enc e est do n c significative.<br />

On voit ainsi Triboulet , fou de la cour d 'Anjou au temps<br />

du roi René , recevoir pour l'hiver un caban de c o u l eur<br />

verte . A la f in d u r ègne de c e r oi, Faillon , un des f o u s<br />

qui s u c c é d a à Tr i b o ule t avait des cha u s ses "de vert c ler,, (57).<br />

"Michon la folle" qui fait p arti e d e la s uite de Jeanne<br />

de Laval entre 1456 e t 14 59 avait deux robes de couleur<br />

ve r te, e t Françoi se Piponni e r indique que "la couleur<br />

verte s embl e être un insigne pr<strong>of</strong>essionnel". Car le costume<br />

69<br />

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L 'intention d ' u t i l i ser ce registre symbolique des<br />

couleurs est évidente chez l ' a uteur de la farce. Il pousse<br />

même le soin jusqu'à dégager nettement, lorsque le person­<br />

nage est nommé pour la première fois, l'élément porteur<br />

de cette signification seconde. Ainsi Rouge-Gorge apos­<br />

trophe-t-il Verdier , en c es termes:<br />

"E dea ,maistre Verdi e r , vrayment<br />

Reverdi comme vert monta n t ..• " (v . 39-40)<br />

A quoi Verdier réplique<br />

"c'est bien dit! Mais toy , Rouge Gorge<br />

Qui est plus roge qu 'un coq... " (v . 42-43)<br />

Et lorsque Jaune-Bec survien t , Ve r d i e r répond<br />

ainsi à son salut :<br />

"Et dont nous vient s e j a un e bec<br />

Ou bec jaune , ce m'est tout ung . . . " (v.86-87)<br />

Bien obtus qui ne saisirait pas l'allusion lorsque Jaune­<br />

Bec se mue en bêjaune.<br />

Mais nous en sommes restés ici au domaine du<br />

texte seul. A la représentation l 'effet devait être plus net<br />

71<br />

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èst très rapidement des s i né , quant à 5es po s s i b i l i tés<br />

d ' action , par un proverbe que Bruit d'Amour énonce:<br />

"L' o n dit bien que Cu ider abuse " , (v. 23 3). Ce proverbe,<br />

placé là comme un signal , comme urt i ndic a t i f , est le fon­<br />

dement même de la fonction du personnage ; dans cette<br />

pipée , il sera celui qui organi ser a le piège et se tiendra<br />

au pos t e clé : s o us l a loge . Son r ôle est ainsi défini<br />

dès le départ , et l 'auteur en appelle à ce dicton -justi­<br />

fication du personnage- , s i t ôt son nom é no nc é (a u vers<br />

précédent) . Le procédé est donc identi que à celui qui<br />

avait été appliqué à Rouge-Gorge , Verdier ou Jaune-Bec.<br />

Cependant le développemen t des autres personnages<br />

ne s 'effectue pas de la même façon . A p a r t ir de Rouge­<br />

Gorge , Verdier et Jaune-Bec étaient n é s par commutation<br />

sur l 'axe paradigmatique . Cuider , Bruit d ' Amo ur et Plaisante<br />

Folie se situent , eux , sur l 'axe syntagma tique dans l' énoncé<br />

des intentions de cette farce , et l eurs r a p po r t s sont de<br />

contiguité . Le texte même s ouligne c e fait : lorsque<br />

Bruit d 'Amour s 'inquiète de l ' amo r c e qui servira d'appât<br />

d a n s l a pipé e , Cuide r r épond : "Il ne fault que nostre<br />

voysine " (v .356) .<br />

Soul i gnons que la fonction de Plaisante Folie<br />

renvo i e ,de plus, à la structure typique de la sottie:<br />

en face des t rois sots ou des trois fols, le genre place<br />

73<br />

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souvent la Folie . C'est ainsi que dans la Folie des<br />

Gorriers ,les "go r r i e r s" sont peu à peu entrafnés à leur<br />

perte par le personnage de Folie qui se nomme lui-même<br />

en ces termes :<br />

"Je suis Folie natur e lle ,<br />

Plaisant Folie luna t i q ue ,<br />

Folie en folie a u tentique" • .<br />

74<br />

(E . Picot, So t ties , l ,p. 172 , v . 54 7- 54 9)<br />

Folie assume encore un rôle analogue dans la Sottie jouée<br />

à Genève en la place du Molard , le dimande des Bordes ,<br />

l 'an 1523 , dite Sottie des Béguins (So t t i e s , t . II , p . 265) .<br />

En ce point encore , nous reconnaisso n s les exigences tech­<br />

niques d'un genre , mais dépassées et transformées pa r<br />

l 'action créatrice de l 'auteur.<br />

Les rapports fonctionnel s des personnages à l 'in­<br />

térieur de chaque trio reflèten t l e s modalités de leur<br />

production . Rouge-Gorge , Jaune-Bec , et Verdie r ont chacun<br />

une fonction identique ; ils ont s a ns doute de s particu­<br />

larités qui l e s d i s t i n g u e n t net t eme n t , mais structurel­<br />

lement ils s e confondent. Chacun d'eux est le support<br />

d 'une action qui , po ur vari e r dans sa tonalité, n'en est<br />

p a s moins fondamentalement la mê me . La démonstration ne<br />

vaut pas pour Bruit d 'Amo ur , Cu i d e r et Plaisante Folie;<br />

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'ls sont complémentaires et non pas interc a geables . Br it<br />

d 'Amour est le personnage de l 'énonciatio , C ider le<br />

personnage de l 'action , comme pou a i t l e l ais s e r a t t e dre<br />

le cheminement créateur que no savo ns i s en r e l ief .<br />

A Bruit d 'Amour les longs .onolog e s lyriq es e t l e s gran e s<br />

tirades : dans l 'énoncé même de s o n nom se r e f l ète<br />

s t a t u t immuable : "Se s uys je qui s uys d i t Bruyt d ' 0 rs",<br />

(v. 132) . Cuider, au contraire se présente e n action<br />

"Cuider est le nom de quoy j'use" , (v. 232) .<br />

Il a un métier, ou plutôt il e n a p l us de douze ,<br />

et c 'est lui qui va entreprendre d 'organi s e r l a pipée<br />

qui doit permettre d'atteindre le but énoncé par Bruit<br />

d 'Amour. Il va chercher Plaisante Foli e , i l se met s ous<br />

la loge , il colle les gluaux ; et c' est l u i q u i se charge<br />

d 'attraper les oiseaux. Pendant c e t emps , Bruit d 'Amour<br />

disparaît de la scène , et n 'intervient que l o r s q ue la<br />

besogne est achevée .<br />

A c e t éga rd Pla i s ant e Folie est c omme le prol on­<br />

gement de Cuider . Elle apparaît un p e u c omme son oeuvre<br />

a v a nt qu ' elle n ' arrive s ur s c è ne, il en a dé jà créé l e<br />

personnage dans l'esprit des spectateurs par la descrip­<br />

tion q u' i l en a fai te à Bruit d'Amour (v . 328-350) . Et<br />

c'est d'ailleurs lui qui va la chercher et la présente .<br />

Plaisante Foli e e x i s t e p a r le fait de Cuider. Dans l'action<br />

5<br />

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mercerot , actif et ingénieux , l 'autre (Bruit d 'Amour) est<br />

de bon lignage , c 'est un maître resoecté et aussi un poète<br />

q ui s 'exprime avec lyri sme et émotion. Fait notable , le<br />

t roisième pe r s o n na ge est une femme , la seule de la pièc e .<br />

L 'action<br />

En se reportant a u découpage de notre analyse , on<br />

vérifiera aisément le caractèr e ternaire du développement<br />

de l 'action. Le schéma est simple: un premier mouvement<br />

met en place le groupe des oiseaux (v. 1-131) ; un second<br />

mouvement introduit le groupe Brui t d'Amour , Cuider , Plai-<br />

sante Folie (v. 131-559) un t roi s ième mouvement met en<br />

présence les deux groupes . Le déta i l de chacun de ces mou­<br />

vements se plie également à un rythme ternaire .<br />

Du premier au second mo uveme n t un effet de s ymé t r i e<br />

dans la fonction (mise en place des groupes antagonistes)<br />

se trouve renforcé par un effet d e symétrie dans l 'organi­<br />

s a t i o n interne .<br />

1 . Un personnage parle s e u l (Verdi er/Br u i t d' Amour )<br />

sans tenir compte des propos d'un second per­<br />

sonnage (Rouge-Gorg e / Cu i de r ) .<br />

2 . Une discussion s' engage entre les deux person-<br />

nages.<br />

77<br />

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3 . Un troisième personnage est introduit (Jaune-<br />

Bec/Plaisan t e Folie) .<br />

Une s c è n e du second mouvement présente le reflet<br />

inverse du mouvement f ina l : lorsque Cuider ramène Plaisante<br />

Folie à Bruit d 'Amour , l e s trois compères-oiseaux l a regar-<br />

dent passer et s e trouve n t unis dans une même admiration<br />

et un même désir de c onquérir cette jolie fille. Ils en res-<br />

tent d 'ailleurs à des velléit é s d'action . Dans le troisième<br />

mouvement , la situation ser a r enversée, Plaisante Folie ,<br />

Cuider, Bruit d'Amour se liguent po ur s'emparer de chacun<br />

des sots , et cette fois leur proj e t sera couronné de succès.<br />

L style présente aus si un effet de symétrie qui<br />

se résoud dans un chiasme entre les personnages au cours de<br />

la pièce :<br />

(Premier mouvement<br />

-----------------<br />

(<br />

(<br />

(<br />

(<br />

(<br />

(<br />

(<br />

(De uxième mouvement a) :<br />

A ------ - - - - - - - - - ---<br />

(<br />

(<br />

(<br />

(<br />

(<br />

(<br />

parler direct.<br />

78<br />

Rouge- Go r ge , Verdier (et ensuite<br />

Jaune-Bec)<br />

références à une c ulture littéraire<br />

style rhétor i q u e .<br />

ton du dialogue , ex-<br />

pressions populaires , proverbe s,<br />

Bruit d 'Amour monologue : lyr i sme ,<br />

accentué par la forme strophique ;<br />

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(Deuxième .mouvement b) : (------------------ Bruit d 'Amo ur et Cuide r , (p u i s<br />

(<br />

(<br />

Pla i s a n t e Folie) : t o n du dialogue,<br />

(<br />

(<br />

exp res s i on s populaires, proverbes,<br />

(<br />

(<br />

.(Troisième mouvement (------------------parler<br />

direct.<br />

Jaune-Bec, puis Verdier, puis Rouge-<br />

(<br />

(<br />

Gorge , affrontent Plaisante Folie :<br />

B(<br />

(<br />

chacun en son genre adopte un style<br />

(<br />

(<br />

bien éloigné du naturel i ton am-<br />

(<br />

(<br />

po u l é, préciosité, .- pastourelle ou<br />

(<br />

(<br />

madrigal ga l a n t . Style 'artificie l<br />

(<br />

(<br />

et affecté q ue dénon c e immédiatemen t<br />

(<br />

(<br />

ce que l 'on sait de s intentions<br />

( réelles de chacun .<br />

ous n 'avons examiné ici que quelques aspects de la construc-<br />

tion de l 'ouvrage . ous aurions pu c ontinuer nos investigations<br />

au niveau de l 'expression , étudier par exemple comment l'auteur<br />

joue avec subtilité des expressions figurées du l a n g a ge qui<br />

font a ppel au monde des oiseaux : il y a de l'humour involon-<br />

t aire dans les propos acer b e s de Jaune-Bec qui lance à Verdier<br />

et Rouge -Gorge "Vo us estes deux oeuefz de cigne" (v. 96) ou<br />

qui les traite de "grans ponnars" (v. 98). De même retrouver<br />

l'expression "il cuyde ja voIler sans elles" (v. 102) dans<br />

son domaine propre ne manque pas de sel. Même sourire encore<br />

lorsque Bruit d'Amour félicite Cuider de son ingéniosité en<br />

lui disant :<br />

79<br />

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"Se n 'est pas engin de b u s a r s<br />

Qu 'avoir tel art et s t ile e n t e s t e " . (v . 2 96- 29 7)<br />

80<br />

On po urra i t aussi relever l'utilisation métapho­<br />

r i q u e de l 'adjectif "rouge " q u i exploite la gamme des con­<br />

notations de ce mot . Le domaine à explorer de ce point de<br />

vue est v a ste ; l ' aute ur de la Pipée sait mettre en place<br />

des s truc t ur e s complex e s dont les effets s'interpénètrent.<br />

Il écrit avec rigueur et l a production de son texte répond<br />

à une intention qui a mûri et pesé les moyens qu'elle met<br />

en oeuvre . On s 'imagine trop s o uvent que l'écriture des<br />

farces est d'une simplicité qui f r ôle l a naïveté sinon la<br />

pauvreté d 'esprit. On leur prête , au mie ux , de la sponta­<br />

néité , de la liberté , de la fanta i s i e . Notre but était ici<br />

d 'induire à penser que les meilleur e s pièces du théâtre<br />

pr<strong>of</strong>ane de la. fin du Moyen Age s ont le fruit d'une élabo­<br />

ration méticuleuse . Des contra i nte s secrètes en contrôlent<br />

l 'organisation et coordonnent à l ' i ntér i e u r de l'oeuvre<br />

des exigences dUes , soit à l 'es p r i t de l'époque, soit aux<br />

conventions d 'un gen r e , soit au projet même de l'auteur.<br />

No u s avons e s s a y é de mo nt r e r quelques articulations de ce<br />

travail artistique raffiné, et de situer par cette étude<br />

quelques uns des divers niveaux où l'oeuvre peut être<br />

appréhendée, espérant ainsi contribuer à une meilleure<br />

compréhension de la richesse du théâtre des farces .<br />

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v - Conclusion<br />

ous sommes précisément amenés à commenter ici ce<br />

termedefarce. ous en avons usé constamment à propos de la<br />

Pipée, nous référant à la Sottie des Coppieurs e t des Lardeurs<br />

qui l'intitule farce des Oiseaux . Mais nous avons a ussi à<br />

plusieurs reprises noté des points de ressemblance entre la<br />

Pipée et le genre de la sottie. Jèan-Claude Aubailly la<br />

classe dans cette catégorie, et, même s 'il note l'originalité<br />

du costume des sots, il conclut : "La Pippée, qui met en<br />

scène Plaisant Folie, est une sottie au même titre que Folle<br />

Bobance ou la Folie des Gorriers" (63) . Il me semble cependant<br />

que, partant d'une convention propre à ce genre , l 'auteur a,<br />

par son travail original, dépassé la référence à laquelle il<br />

semblait se soumettre. Nous avons donc utilisé le terme de<br />

farce qui englobe aussi bien la sottie que la moralité ou<br />

la farce telle qu'aujourd 'hui nous voulons l 'entendre . Pour<br />

être plus précis nous aurions peut-être p u utili ser l ' a ppel-<br />

lation de "farce morale" ou "far ce moralisée " que l' o n<br />

rencontre également (64) mais au vrai la morale de la Pipée<br />

est assez déconcertante : elle nous <strong>of</strong>fre le spectacle de<br />

Bruit d'Amour se lamentant de ce que les amours pures n 'aient<br />

plus cours et en appelant à un mauvais garçon (Cuider) et,<br />

osons le mot, à une f ill e de joie (Plaisante Folie) pour<br />

81<br />

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emettre de l 'ordre dans s es a ffaires. Au total le titre<br />

qui conviendrait le mieux à la Pipée serait peut-être celui<br />

que décernent à Pathelin , dans ce même manuscrit , six vers<br />

qui s e trouvent à la fin d e la pièce (65)<br />

"Si me trouve j e l uy pardonne<br />

Il convient t i r e r ma guestre<br />

J 'ay trompé d e s t r omp e u r s le maistre ,<br />

Quar tromperie e st de tel estre<br />

Que qui trompe trompé doibt estre .<br />

Prenez en gré la cornrnedye ,<br />

Adieu toute la compaignie " .<br />

(fol . 91 du ms. fr . 25467)<br />

La Pipée mériterait à coup sûr c e titre ; pour ne p a s heurter<br />

les dénominations conventionnel les que l 'histoire littéraire<br />

a imposées , et pour nous conformer à l 'usage le p l us général<br />

de l 'époque , nous préférons lui l a i s s e r le nom de farce , aussi<br />

digne q u e tout autre à nos yeux.<br />

La P i pée s'adresse à un public capable de saisir l'oeuvre<br />

à des niveaux différents les costumes, les mots, les gestes,<br />

l'action, sont porteurs de significations multiples dont<br />

l'explication entière revient au spectateur. En cela, elle<br />

82<br />

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costumes aux couleurs et aux emblêmes propres i aux c ape-<br />

. rons mi-partis de noir et de rouge des princes d parti<br />

d'Orléans, s'opposent les chaperons blancs des Bourg ignons,<br />

signes de ralliement pour les adeptes de l' n ou l'autre<br />

parti. A Paris en mai 1413 "print la ville chapperons blancs<br />

et firent bien faire de 3 à 4000 1...1 et avant que la fin<br />

du moys fust, tant en avoit à Paris que 1...1 vous ne vis siez<br />

guère autres chaperons, et en prindrent hommes d'église et<br />

femmes d'onneur et marchands" (68 ) . De nos jours , où les<br />

vêtements sont uniformisés et indiquent rarement autre chose<br />

que l'aisance ou l 'él é ga n c e de ceux qui les portent, nous<br />

avons peine à imaginer ce faisceau de significations que<br />

pouvait mettre en év i de nc e un costume du XVe siècle.<br />

Nous sommes d'autant plus étonnés que notre prin­<br />

cipale source d'information est encore le texte écrit (même<br />

l'image ou la photographie s'accompagnent d 'un commentaire<br />

qui les explicitent) et nous nous ennuyons à ces allégories<br />

dont l'abstraction nous gêne . ais il en a l lai t a u treme n t<br />

pour un homme du XVe siècle i l 'écrit n 'es t qu ' un aide­<br />

mémoire , surtout lorsqu'il s 'ag i t de théâ t re , et l ' e s s e nti el<br />

se perç oit par l e regard, un regard habitué à décrypter des<br />

me s s a g e s c omplexes. Le s mo r ali t é s de l'époque nous présentent<br />

des abstractions: Le Gouvert d' humanité de Jean d'Abondance<br />

me t en oeuvre Humanité , Péché Mortel, Te n t a t i o n , Luxure,<br />

etc•.. i mais sur l' échafaud de la représentation Péché<br />

85<br />

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tient une taverne où Luxure , fille de joie, e t tenter<br />

Humanité (69) . Comment lirions -nous , s i no s l e pos sédions ,<br />

le s pe c t a c l e monté à Troyes en 14 4 , o Ies pe r sonnage s<br />

pri n c i pa ux, tirés du Roman de l a Rose, Faux Semblant,<br />

Feintise et Hypocrisie représentaient l 'évêq e et d eux<br />

chanoines qui avaient voulu s upprimer l a Fête des Fous (70) :<br />

86<br />

otre pensée, logique et de p l us e n plus prison-<br />

nière de la lecture littérale, doit f air e effort pour<br />

éviter de défigurer la portée réelle d 'un texte c omme l a<br />

Pipée . Ce qui commande notre lecture , la r épé t i t i o n e n<br />

vedette devant chaque réplique d 'enti tés abstraites c omme<br />

Cuider ou Plaisante Folie, mélangées à de s noms d 'oi s e aux<br />

en apparence sans lien , est une s ervit ude du texte é c r i t ;<br />

à la représentation, Cuider est merce rot , Plaisante Folie<br />

est jolie fille qui fait sans doute mét ier d e galanterie,<br />

et les oiseaux sont des jeunes gens en quê te de bonnes for -<br />

tunes . Le spectacle efface l 'abs t r a c t i on . Le cheminement<br />

réel est i nverse de celui que spontanément nous serions<br />

tentés de concevoir : lor s q ue dans le déroulement du jeu,<br />

le nom d' un de ces personnages apparaît, il en résulte pour<br />

celui qui le porte un surcroît de signification, un enri-<br />

chissement de résonances; ce n 'est pas une abstraction<br />

qui s'incarne dans un acteur, c'est un personnage dont la<br />

personnalité s'ét<strong>of</strong>fe par le dévoilement d 'une charge sym-<br />

bolique supplémentaire, c'est pour le lecteur une invitation<br />

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à saisir derrière la matér i ali t é du spectacle, et comme<br />

en contrepoint , une autre l i g n e mé l o d i q ue qui en laisse<br />

entendre le sens moral . Ce sens moral n'est pas ici donné<br />

dès l ' abord comme à l a lec t ur e , l e spectateur est convié<br />

p e u à peu à un dépa s s ement de la signification immédiate<br />

un chemin est ouvert à sa réflexion, à lui d'en découvrir<br />

le t r acé exact , à lui d ' en dessiner s'il lui plaît le pr<strong>of</strong>il<br />

détaillé .<br />

8<br />

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QUATRIE œ PARTIE<br />

.LE TEXTE ET LA REPRESENTATIO<br />

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par le fond d 'une salle , ou par la façade d 'une maison ,<br />

s e l o n le lieu où s e déroul a i t la représentation , f ais ait<br />

face au public qui se tena i t g énér a l eme n t debout e t<br />

pouvai t entourer l 'aire de jeu sur les t r o i s côt és. Les<br />

acteurs pouvaient pénétre r sur scène par une ou plus i e ur s<br />

entrées , qui étaient en g énéral de simple s ouvertures<br />

du rideau de fond . Ce r idea u , couliss ant , délimi t ait ,<br />

derrière l 'aire de jeu, un espace clo s o ù les acteurs<br />

pouvaient se retirer : la coul i s s e .<br />

Recension des lieux, dans leur s uccession chronologique<br />

1 ) Un l i e u neutre , sans spécifications , où s e<br />

rencontrent Verdier , Rouge-Gorge , puis Jaune-Be c.<br />

2) Un lieu neutre , sans spécifications , où s e ren­<br />

90<br />

contrent Bruit d 'Amo u r et Cuider. Le dialogue<br />

définit ce lieu comme proche de la c our roy a l e.<br />

3) Un lieu neutre , san s spécifications , o ù Cuider<br />

va chercher Plai s a n t e Folie .<br />

4 ) Un lieu n e utre d 'où les oiseaux regardent passer<br />

Plais ante Folie .<br />

5) Le lieu nO 2 où Cuider ramène Plaisante Folie.<br />

6) Un lieu marqué par la présence d'un certain nombre<br />

d 'élément s de décor pour la pipée . Le dialogue<br />

semble sit uer ce lieu à Paris.<br />

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Pour représenter la scène ou Jaune-Bec, Verdier et<br />

Rouge-Gorge se feront prend r e à la pipée par Plaisante Folie,<br />

Cuider et Bruit d 'Amour , certains éléments de décor sont<br />

néces s aires au jeu.<br />

Mais a v ant d e parler du décor, documentons-nous sur<br />

la f açon dont on cha s s a i t à la pipée. Le livre du Roy Modus<br />

et de la Royne Ratio d 'Henr i de Ferrières y consacre un<br />

chapitre (72) . "Ci devise l a maniere de prendre oysiaus<br />

a pipper au bosc" . Il décrit les g l ua ux et la façon de les<br />

disposer sur les branches : "Et les gluos a piper doivent<br />

avoir un pié a pié main de lonc , et doivent estre fichiés<br />

sur la branche que l 'un pende d 'un costé et l'autre de<br />

l 'autre , si que les bous des gluo s ataignent cheulz qui<br />

sont devant , affin que l 'oisel ne se puisse asseer entre deuz<br />

qu'i ne praigne " (f o l . 95 r O). Il y indique comment on<br />

attire les oiseaux en imitant l eurs cris à l'aide d'une<br />

feuille de hêtre et comment on prépare la glu. Dans un autre<br />

c hapi tre: "Ci dev i se comment l'en prent les oysiaus a<br />

b r e u l i e r " , il conseil le de faire "la loge" avec des branches<br />

de "fou" (hêtre), et les chasseurs "doivent avoir un huhen<br />

ou une chuette sus une longue verge qui vient dedans la loge<br />

et le doit-on aucune foiz faire remuer" (fol. 93 VO). On<br />

aura une idée de ces façons de prendre les oiseaux en se<br />

reportant aux planches II et IV qui reproduisent des miniatures<br />

91<br />

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La farce de la Pipée re re ces é s e e<br />

texte nous permet de connaître le écor ti i sé . a s e<br />

chouette ni de chat cornu : l' oree s e r a l aisa e l·e.<br />

ais l'arbre et la l oge y so t, et la la c e II o s<br />

donne sans doute un excellent exemple e la fa 0 0 t i s<br />

pouvaient être réalisés . Ces élé e t s s on t ep i s le é t<br />

de la pièce sur scène ( 7 3 ) r à ce q e lais se ente r e<br />

la réponse de Cuider à Bruit d 'Amour q i pe s e q ' i l a<br />

falloir faire une "loge" :<br />

"La veez cy faicte d 'aventage<br />

Pour l 'abreger d roi ct apoinctée" (v . 310-31 1).<br />

L'arbre est un "arbresseau" si l'on en croit le v . 51 . Sous<br />

cet arbrisseau, près de la "loge", Plaisante Folie sera<br />

assise (v. 514 : "Vous vous sarrez sous ce arbresseau"), une<br />

petite barrière délimitera ce qui par la grâce du langage<br />

(e t peut-être du décorateur) devient un jardinet :<br />

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Une des conventions fondamentales du théâtre de<br />

la farce est que le même espace peut s e prêter à devenir<br />

successivement plusieurs lieux différents . Un lieu se définit<br />

essentiellement par la présence des personnages et par l e s<br />

références que peuvent fournir les propos qu ' ils échangent .<br />

Dans notre recension des l ieux , il nous est apparu<br />

qu'un seul lieu était marqué pa r des éléments matér i els<br />

le lieu de la pipée. Le reste du plateau e st donc u n<br />

espace neutre dont l'attribution peut v arier au cours d e l a<br />

pièce . Car il n'est pas nécessaire que l 'aire de j e u soit<br />

immense (74 ) . Un bout du plateau est occupé p a r le d i spositif<br />

de la pipée et le reste constitue l 'endroit où s e j ouent<br />

successivement les différentes scènes , c 'est-à-dire que<br />

l'on y verra d'abord les échanges de propos a i gres-d oux d e<br />

Verdier , Rouge-Gorge et Jaune-Bec , et ensuite l a r encontre<br />

de Bruit d'Amour et Cuider . Le texte même nou s i ncite à<br />

concevoir cet agencement, puisqu 'aux vers 128-130 , les<br />

oiseaux annoncent qu'ils quittent la place ; elle sera donc<br />

libre pour l'entrée de Bruit d 'Amour .<br />

Il est des moments cependant où plusieurs dialogues<br />

s e déroulen t simultanément en des lieux différents ; comment<br />

concilier cette exigence avec ce que nous venons d'avancer?<br />

Pour répondre à cette question, il faut avoir présent à<br />

l'esprit que sur une scène de farce, il suffit que deux<br />

94<br />

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@GJC4'Î7'<br />

S.S. .<br />

(0B.d' A.<br />

COULISSE<br />

@c<br />

®Pf<br />

Oc c up a t i o n de l 'aire de j eu lorsque Cuider va chercher Plaisante Folie<br />

\D<br />

Ut<br />

0­ ....<br />

!Il<br />

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.folie : elle r épond sans doute à cette description mais<br />

n 'y correspond bl'<br />

97<br />

pas 0 19a t o i r eme n t en tous points . D'autant<br />

que l 'auteur a peut-êtr e à dessein mis le terme de "brunete"<br />

dans la bouche de Rou ge- Go r ge , car il pourrait bien y<br />

avoir ici un de ces j e ux auxquels se complaît. si s o uv e n t<br />

l 'auteur de la f arce , puisque le brunet est le nom d 'une<br />

e spèce de merle (voi r Littré, s .v.)<br />

Cuider - Son costume nous est donné par l e métie r qu'il<br />

exerce lorsqu'il entre en scène : il est "me rce r o t "et i l<br />

porte sans doute devant lui, accroché à son cou , le panier<br />

plat où il étale les menus objets qu'il propose aux badauds<br />

en criant "Argent m'y fault " . Vo i r planche V.<br />

Bruit d 'Amour - Le texte ne nou s f o u r n i t aucune indication<br />

sur son habillement ; ce silence e s t d'autant plus signi-<br />

ficatif que , nous l 'avons v u précédemment , c 'est un person-<br />

nage qui ne participe pas à l ' a c t i o n .<br />

Les oiseaux - Le nom de chacun d 'entre eux implique la<br />

couleur de s o n cost ume , nous l 'avons déjà noté . Mais il<br />

imp orte r a que ces galants répondent par quelque ma r que à<br />

l a désignation ornithologique dont ils sont le support.<br />

Le texte fournit cependant de s i ndications intéressantes<br />

"J a une-Be c - Quant je regarde ma j a c q ue t e<br />

I l n ' y a p lume ni p Lume t.e " (v . 670 -671) .<br />

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"J a u ne-Be c - Qu 'es se qui tient a a cotete ?"<br />

( v . 63 i .<br />

L 'action rend indispensable l a prés ence de p l es<br />

qui concrétiseront la méta phore "plume r" , et d e I t iple s<br />

allusions montrent qu'il est i ndispensab le q e l e r cost e<br />

comporte des plumes qui puis s ent s'arrac er. ais l e s v e r s<br />

que nous citions semhlent pro uver que l e cost e ne v i s e<br />

pas à l 'illusion complète , c omme cel i que l 'on a pu fo r nir<br />

aux personnages des Oiseaux d 'Ari stophane dans certai nes<br />

mises en scène du XXe siècle ; s ous les p l es, l e cost e<br />

humain reste visible. L'élément le plus typique du cost e<br />

des oiseaux est peut-être la queue a i nsi q ue le s ug g è re<br />

la réplique de Jaune-Bec , froissé de s e voir t r ait e r avec<br />

mépris, et qui propose :<br />

"Soit bien la queue examinée<br />

D'ung chacun de nous , qui vouldr a<br />

Je m'en fays fort qu'i m'en f a u ldr a<br />

Cincq ou six plumes pour tout compte" . (v . 12 4- 127) .<br />

Mais il est s urtout intéressant de relever que<br />

les trois personnages oiseaux se distinguent non seulement<br />

par la couleur mais aussi par la qualité de leur plumage .<br />

Jaune-Bec n'a que quelques plumes : "Il e st emplumé comme<br />

raye!" (v.l00) , cependant que Verdier e st accueilli en<br />

ces termes par Plaisante Folie :<br />

98<br />

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Qui soit digne de grant memoyre<br />

Ce sont dupetes et cuydoires<br />

Que j 'aporte vendre a la court.<br />

BRUYT<br />

Et comment ? Es tu bien si lourt<br />

Que d 'aporter cuideriez vendre<br />

A gens de court ? Tu dois entendre<br />

Qu 'el en est pla i n e , a reles.<br />

(v • 1 9 3 - 200) •<br />

101<br />

De même, une réplique de deux vers se fera toujours<br />

sur deux rimes différentes , et la réplique de trois vers<br />

est pratiquement exclue . Ains i se révèle pour le dialogue<br />

un rythme de base qui joue des combinaisons possibles<br />

entre des répliques de deux o u de quatre rimes différen­<br />

ciées au maximum. Cette v a r iété est encore accrue du f ait<br />

que les répliques répartissent souvent un même vers entre<br />

deux interlocuteurs .<br />

Les répliques comportant six rimes se r e ncontre n t<br />

é g a l eme n t , q uoique moins fréquemment . En g é néral, l ' a u t eur<br />

les fait aller par deux : voi r v. 36-4 7 , 68-79, 114-127 (où<br />

les deux répliques s' é qu i l ibrent autour d'une réplique de<br />

deux vers) etc. La rareté de l eur emploi dans l'ensemble de<br />

la pièce fait ressortir , par contraste, la rencontre de<br />

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tois plus . Le monologue de Br uit d 'Amour et la chanson<br />

105<br />

après le vers 559 la divise en parties correspondant grosso<br />

modo à cette unité de temp s d'attention qu'était l 'exécution<br />

d 'une farce .<br />

Une série de particularités de vers ificati on accom­<br />

pagne , dans la dernière partie du s pectacle , les points c u l ­<br />

minants de l 'action :<br />

o Un rondeau est employé lors que J aune- Be c est<br />

pris au piège que lui tend Plais an t e Folie , v . 644-652 . Schéma<br />

des rimes : A B A a cc a AB,<br />

o Une fois Verdier appâté, Plaisante Folie pour<br />

éviter de répondre à ses question s , et pour mieux le charmer,<br />

récite une pastourelle . Nous a vo n s supposé qu 'elle pouvait<br />

être chantée , comme le thème et l a situation s embl e n t le<br />

suggérer. En dehors de la s trophe l (v . 715-718) et de la<br />

strophe VI (v. 736-740) qui sont probablement altérées , les<br />

cinq autres strophes comportent trois vers et présentent le<br />

même schéma : les deux premiers vers riment e n s emble e t l e<br />

dernier r ime avec l a réplique mono syllabiq u e de Ve r d i e r .<br />

Cette réplique est d 'ailleurs identique après les s trophes I I I ,<br />

I V et V, ce qui entraîne une identi té de rime pour le dernier<br />

vers de chacune de c e s s trophes. Le travail original de l'au­<br />

teur de la Pipée se r emarque à cette utilisation appropriée<br />

d 'un poème ou d'un e c hanson: si cette pastourelle préexistait<br />

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106<br />

à la farce , ce q ui est possible, l'auteur l'a en tout cas<br />

remaniée pour qu'elle vienne s'insérer sans fausse note<br />

dans l 'action. Le même raffinement se remarque aussi dans<br />

la façon dont il fait varier, à chaque répétition, le<br />

juron qui intervient dan s la réplique de Verdier :<br />

723 Je regne bien, vous me plumés !<br />

727 Par la mort bien, vous me pleumés<br />

731 Par mon s e rment, vous me pleumés !<br />

Lorsqu'enfin Verdier réus s i t bien piteusement à<br />

s 'échapper, la scène se déroule sur deux rimes avec reprise<br />

d'un même vers, v. 751-762 : a A a a b b a b A b b.<br />

o Le dernier épisode de la série est souligné<br />

dès le départ ; quatre vers e n rimes croisées énoncent la<br />

décision de Rouge-Gorge de tenter l'aventure, en même temps<br />

que la raillerie de Jaune-Bec , v. 806-810. De même, un schéma<br />

de rime inusuel , donne un c ontr e po i n t ironique , comme un clin<br />

d 'oeil au public , aux belles paroles de Plaisante Folie ,<br />

v . 865-870 a b be c b, appuyé par la reprise immédi a t e<br />

d e l a rime b par Cuider au v. 871.<br />

o Une forme dialoguée à refrain marque l'instant<br />

capital où Bruit d'Amour donne Pla i s ante Folie pour f emme<br />

à Cuider , v. 908-917 : a A b b a A c e a A.<br />

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107<br />

o Enfin , la pr oclamation de Cuider, qui clôt la<br />

pièce , p r é s e n t e un schéma de rimes particulier , v . 924-932 :<br />

a a abc c b b b . De plus, les vers correspondant aux rimes<br />

en b que nous avons s o u l i gn é es ne comptent que cinq s y l l a b e s<br />

(v . 927-930).<br />

En ce domaine e ncore, l'auteur de l a Pieée f ait<br />

preuve d'une originalité que nous avons eu plusieur s f o i s<br />

l 'occasion de relever . S ' ins p i r ant d'usages courants dans<br />

des représentations théâtr ales et se référant à des formes<br />

poétiques bien admises , il constr ui t une oeuvre qui lui<br />

est propre et qui s'intègre parfa i t eme n t dans la structure<br />

complexe qu'il a prévue , et , en même temps , contribue à<br />

l 'affermir.<br />

Au théâtre , l 'oeuvre vit de tensions ; chaque s c è n e<br />

révèle un antagonisme , une lutte dont les formes peuvent<br />

être multiples , sous pe i n e de sombrer dans le bavardage et<br />

l 'ennui . L 'auteur d e l a Pieée a p l e i nement r éussi à créer<br />

à c haque moment du dév e l o ppeme n t de l 'action l a t ension qui<br />

la fait vivre, et il a eu l 'ha bile té de l a diversifier à<br />

l 'extrême tout en l a matéri a l i s a n t scéniquement de façon<br />

très claire.<br />

Nous savons qu'il avait l'art de calculer ses effets.<br />

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Enoncer dès le -départ le t hème de l'action principale en<br />

urait désamorcé l 'intérêt ; il préfère en retarder le<br />

plus possible l 'apparition , se contentant de semer çà et<br />

là des repères . Nous ne saur on s l'enjeu véritable de l a<br />

pièce qu 'à partir des vers 275-285 lorsque Bruit d 'Amour<br />

108<br />

annonce qu'il veut s e venge r de la sotte arrogance de Ve rdier<br />

et Rouge-Gorge . On compr e n d alors que l'action essentielle<br />

va reposer sur l'affronteme n t des deux groupes que nous<br />

avons vus se constituer.<br />

Mais avant d 'en arriver l à des tensions secondaires<br />

avaient animé chaque scène. Réca pitu l o n s brièvement :<br />

- Verdier s 'oppose à Rouge-Gorge<br />

- Verdier et Rouge-Go r ge s 'opposent à Jaune-Bec<br />

- Monologue de Bruit d'Amour: énoncé d 'une oppo-<br />

sition entre un pa s sé florissant et un présent<br />

difficile .<br />

- Intervention de Cuid e r : opposition entre le<br />

discours poétiq ue e t mélancolique de Bruit<br />

d 'Amour et le cri banal, quotidien et commercial<br />

du mercerot qui appelle les clients . I mpatience<br />

de Bruit d ' Amo u r .<br />

Cependant chacune de c e s t ens i ons est déjà liée à<br />

la tension fondamentale qui s e conc rét i s e r a dans la pipée.<br />

Les querelles de Verdier , Ro uge-Gorge et Jaune-Bec sont ali ­<br />

mentées par des propos ironiq u e s sur la piteuse rencontre<br />

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110<br />

sur scène , sous l 'égide de Bruit d'Amour qui unit Plaisante<br />

Folie à Cuider et leur do nne Rouge-Gorge pour serviteur. Alors<br />

se trouve mis en pleine lumière un thème dont les éléments<br />

étaient dispersés au long de la pièce; l'ambiguïté de la<br />

valeur de l 'adjectif rou ge (rusé) est ici exploitée à fond,<br />

"Le Rouge-Gorge" , homme abille/Par tout le monde renommé"<br />

(v. 828-829) , "l 'omme t a n t fin (=rusé) ", est assemblé avec<br />

Plaisante Folie ("C 'es t la plus fine du paIsl', v. 358) et<br />

Cuider, maître en tromper i e s , ( "Cu i de r abuse"), en un trio<br />

que soude l'aptitude à dupe r autrui. La conclusion de l'his­<br />

toire n'est peut-être pas t rès morale, mais elle est scéni­<br />

quement très réussie .<br />

Au terme de ce p ériple à travers la mise en oeuvre<br />

de la pièce une constatation s' impose: l'homme qui a conçu<br />

aussi soigneusement et auss i savamment cette farce avait<br />

une connaissance précise des procédés propres au théâtre.<br />

D'une oeuvre dont l 'élaboration r envoie à des calculs et à<br />

des contraintes abstraites , il a fait un spectacle où l'em­<br />

po r t e la réalité du théâ t r e .<br />

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CON C L U·S ION<br />

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113<br />

, elle s'inscrit d'embl é e dans une esthétique de la différence.<br />

L'auteur part du monde quotidien qu'il transforme<br />

et remodèle : l'oeuvre secrète son propre univers. De celui­<br />

ci à la réalité un jeu de contrepoints subtils et complexes<br />

laisse au spectateur la joie d'exercer sa sagacité .<br />

Nous trouvons là l 'heureuse conjoncture d 'une tech­<br />

nique t héâtrale nouvelle et d'une oeuvre rare qui allie la<br />

finesse de l ' obs e rvation psychologique à l 'heureuse fantaisie<br />

d' une i ma gi nat i o n poétique et souriante.<br />

Le sens même de l 'oeuvre r évèle la même liberté .<br />

En s' a p puy a n t sur le système mis e n place par le théâtre de<br />

l 'époque , les sotties en part i culier, il serait tentant<br />

de donner à la Pipée une significati o n morale proche de<br />

la ph i l o s o ph i e désabusée de la p l upart des sotties : la<br />

f o l i e mène le monde et les hommes sont des sots qui ne<br />

cessent de c ourir à leur perte. Ainsi Jean-Claude Aubailly<br />

d i s t i ng u e-t- il t r ois nivea ux de signification dans cette<br />

pièce :<br />

"Au premier abord, Rouge-Gorge , Verdier , Jaune­<br />

Bec sont des oiseaux qui se font prendre au piège tendu<br />

par un oise1eur et constitué d'un appât entouré de glu./ . . . /<br />

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Mais, seconde signif ication, nos lIoiseaux ll sont aussi des<br />

"amoureux ll qui se font prendre au piège de l 'Amour , car<br />

114<br />

l ' a p p â t qui l es attire est en fait une incarnation terrestre<br />

de Vénus. 1...1 En fin, dernier niveau de signification, nos<br />

lIamoureuxll sont des IIgalantsll dont la réunion symbolise<br />

l'humanité entière, et qui succombent sans pouvoir · résister,<br />

à l'emprise de l a toute puissante Folie qui règne sur le<br />

monde. S'il perçoit ce niveau de signification, le spectateur<br />

ne peut que s e s e n t ir concerné, et le sourire qui lui échap­<br />

pera sera un s o urire d ' auta n t plus grinçant qu'il sera<br />

d i r igé contre lui-même ll (76) . A coup sûr la Pieée dit aussi<br />

cela. Ma i s nous avons a f faire à du théâtre, non à un texte<br />

a l l é gori q ue, et le sens complet de l'oeuvre sera la résultante<br />

de l a confrontation du texte joué avec les spectateurs. Nous<br />

nou s a percevons alors d 'une chose é t o n n a n t e : il semble que<br />

le s e ns de l 'oeuvre s e dépla ce , un décalage se révèle entre<br />

le s e ns littéral et la valeur théâtrale -peut-être même ce<br />

décalage s 'est-il situé a u dépa r t entre le projet initial<br />

de l'auteur et sa réalis a t i on . A coup sûr Jaune-Bec , Verdier<br />

et Rouge-Gorge se fon t berner ; leur fatuité et leur s o t t ise<br />

les désignent à l a punition qu'ils rencontrent ; pourtant<br />

la s p ont a n é i t é un peu niai se de Jaune-Bec ou la prétention<br />

stylée de Verdier ou de Rouge-Gorge ne sont pas dépeinte s<br />

sans une tendresse souriante . Nous pouvons rir e - nous<br />

s our i ons sans doute plutôt- , j amais ce rire ou ce souri re<br />

ne s' a c c omp a g n e n t de méchanceté ou d ' a me rtume . Mais l a<br />

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fo ction ême de Plaisante Folie est ambig ë . Ce 'est pas<br />

ici la s ouv e r a i ne q i cond it le branle o e; e e e s<br />

l'a xiliaire de Br it d'our. To s les e ro t sa s<br />

doute lui rendre hommage , mais ,à travers elle, c'est à<br />

l'our qu'ils feront serrne t d'allégea ce. Etra ge rappro-<br />

chement qui allie l'Amo r, hôte de "l'ai paradis" et<br />

a î t r e des couples chantés par Ovide, à C ider et Plaisante<br />

Folie . Cette alliance est originale, et pl tôt q , pes si-<br />

i s e a er sur le destin des ho es, il serait pl s j s t e<br />

d'y voir un réalisme sans aigreur: les ho es sont ai si,<br />

et même bernés, serviteurs, comme Rouge-Gorge, de C ider<br />

et Plaisante Folie, leur sort n'est peut-être pas à plai dre.<br />

Après tout Plaisante Folie a des charmes auxq els le spec-<br />

tacle même rend hommage . A la représentation Bruit d'Amour<br />

qui, nous l'avons vu, intervient peu dans l'action, s e tro e<br />

investi d'un rôle remarquable. Au départ ses tirades em-<br />

preintes d'un authentique lyrisme énoncent en quelque s o r t e<br />

un idéal de référence , exaltation et nostalgie de l 'amour<br />

véritable . Par la suite sa position de spectateur dans l a<br />

pipée en fait un personnage qui devient , s ur l a s c ène, l e<br />

c ompl ice du p ubl i c. Il pose l e s que s t i ons , i l s'exclame<br />

sur l a b e auté d e Plais ante Foli e , et i l achemine peu à peu<br />

l' a s s i stanc e à c onsentir à l 'uni on qu'il i nstitue de Cuider<br />

e t Plais ante Folie . La mo r a l e est ambiguë, ma i s telle a ussi<br />

l a v i e , e t c'est peut-être l a signification pr<strong>of</strong>onde d'une<br />

oeuvre qui se réclame à l a fois de l'Art d'Aimer et du<br />

Roman de la Ro s e (77) .<br />

5<br />

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POU R L A LEe T URE<br />

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123<br />

du type pleust ou des diphtongues du type rien. (Se reporter<br />

à l'article Diérèse de l'index).<br />

Une étude rigoureuse est difficile à partir de la<br />

copie qui nousest parvenue. Il n'est pas toujours aisé de<br />

décider si nous avons affaire à une négligence du copiste<br />

ou à une particularité de versification.<br />

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NOT E S D E L 1 l N T R 0 DUC T ION<br />

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125<br />

1 - Voir Henri Omont , Le catalogue gén é r a l des manuscrits<br />

fra nçais , Anciens petit s f o nd s français, par C. Couderc<br />

et Ch . de la Roncière , Pari s , 1902 ; II, nO 25467.<br />

2 - Nous donnons ici, entre gui lleme t s , le titre que porte<br />

chaque pièce dans ce recueil . La Pioée commence sans<br />

aucun titre.<br />

3 - I nd i q u o n s cependant le t r a v a i l de Louis Bonkain : Mora­<br />

lité à cinq personnages, le Petit, le Grant, Justice,<br />

Conseil et Paris, édition crit i q ue , Mémoire de l'Univer­<br />

sité catholique de Louvain, 1969 , p olytypé , 7 3 p .. J e<br />

n 'ai pas eu cette édition entre les mai ns. Ha l i n a<br />

Lewicka la signale dans sa Bibliographie du théâtre<br />

pr<strong>of</strong>ane des XVe et XVIe siècles (Paris , 1980).<br />

4 - La bergerie de l'Agneau de France, éd . par H. Lewicka,<br />

Textes littéraires français , Genève - Paris , 1967 ;<br />

Introduction, p. 10.<br />

5 - Peut-être Ille souleil qui cousche " f ait- il allusion a u<br />

grand duc du Ponant , autrement dit l e duc de Bour gog ne,<br />

comme me le suggéra avec pertinence Jacques Monfrin .<br />

Sur "le cas breton" , on trouver a un aperçu des d émê­<br />

lés de François II et Louis XI dans l'ouvrage de Pierre<br />

Roger Gaussin , Louis XI , roi méconnu, (Paris, 1976)<br />

"Les traités de Caen (déce mbr e 1465), d'Ancenis (septem­<br />

bre 1 4 68) , de Se nlis (o c t ob r e 1475), jalonnaient une<br />

longue s uite d 'in t r i g ue s , de négociations, de ruptures,<br />

d'agressions réciproques, entre le vassal et son suzerain.<br />

Ces appointements ne rétablissaient nullement la confiance<br />

entre e ux et, ap r ès celui de Senlis, le roi ne tarda pas à<br />

posséder la p r e uv e des tractations poursuivies, en dépit<br />

de la foi jurée, entre le duc de Bretagne et le roi<br />

d'Angleterre" (p. 241).<br />

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128<br />

14 - Nous reproduisons le texte d ' après l 'édition d 'Eugénie<br />

Droz déjà citée, et le fac- s imilé du Re cueil Tr eppe r el<br />

publié par Slatkine Reprints , Genève , e n 1966. Nous<br />

avons rétabli les noms des personnages en ve d e t t e comme<br />

dans l 'original, en supp l é a n t l'indication Teste Creuse<br />

avant le v. 185, et nous n ' avo n s pas s uivi l'éditrice<br />

lorsqu'elle propos e de r établi r l a me s u r e dans les ve r s<br />

qui paraissent trop longs : dans chacun des trois cas<br />

où cela s e produit, l a s yllabe en trop n'est pas s uper­<br />

flue, car il est possible d 'y é lider un e final, bien<br />

qu'il soit devant consonne .<br />

15 - Recueil Treoperel, Sotties , p . 185 .<br />

16 - Répertoire, p. 347.<br />

17 - C'est la date que donne Philippe de Vigne ulle s . Voir<br />

notre Répertoire de documents datés .<br />

18 - Guy Alexis Lobineau, Histoire de Br e t agn e , Preuves,<br />

Paris, M. Guignard, 1707 ; t . I I, p . 1195, le colonne.<br />

19 - Il n 'est pas opportun de développer ici c e tte d émons ­<br />

tration ; les "hauts atours " les " r obes de nuit f e ndu e s " ,<br />

les "faux-culs" , les seins découverts, les "gorgias" ,<br />

r envoient à cette p é r i ode comme on peut le voir par<br />

exemple dans l e livre de Fra n ç o i s e Piponnier, Costume<br />

et v i e s ociale, ou dans l'Histoire du costume d'A.<br />

Qu i che r a t .<br />

20 - Quicherat, Hi s t o i r e du costume, p. 300.<br />

21 - La date de 1464, ordinairement avancée pour Pathelin<br />

repose sur des bases extrêmement fragiles, mais elle<br />

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129<br />

n 'est pas invraisemblable ... disons à c i nq a ns p rès<br />

en avant et en arrière .<br />

22 - Pour ne citer qu 'un exemple , car l e p r ob l ème méritera<br />

une étude spéci ale , je ment i onne r a i le passage où<br />

Path e l i n annonce qu ' il s'en v a à la foire. Texte de<br />

l 'édition de R.T . Holb r ook :<br />

Gui l l eme t t e<br />

A l a foire ?<br />

Pathelin<br />

Par Saint J eha n , voire<br />

Il fredonne<br />

"A la foire , ge ntil mar cha n de<br />

parlé<br />

Vous déplaist il se j e marchande<br />

du drap , ou quelque a utre suffraige<br />

(v . 64-67)<br />

Les indications scen1ques rajoutées par l'éditeur<br />

ne manquent pas d'ingéniosité pou r rendre plausible<br />

cette "marchande" qui intervi ent soudain ; car rien<br />

n 'indique qu'il s 'agisse d' une chanson. La leçon de<br />

notre copiste est plus simple :<br />

A la fayre , gentil marchant.<br />

Vous despl aist se je marchant<br />

Du drap ou quelque suffraige ?<br />

(fol. 49 va)<br />

I l est p r oba b l e que nous avons là le texte primi­<br />

tif ; la forme marchant pour la 1ère personne du verbe<br />

marchander a paru dialectale ou archaique aux éditeurs<br />

parisiens, qui ont corrigé cette "faute". Mais du même<br />

coup, la rime les a amenés à convertir marchant en mar­<br />

chande au v. 65, au mépris du sens; car marchant<br />

("client") est clair : . Path. - Je m'en veux aller à la<br />

foire. GUlll. - A la foire ? P'at.h . - oui, par Saint<br />

Jean, à la foire, en brave acheteur!<br />

"<br />

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130<br />

23 - Je dois sur ce sujet f a i r e acte spécial de gratitude<br />

envers Jean Frappier qui m' a , en p l u s d'un cas, suggéré<br />

l a lecture probable de vers difficiles, et qui f ut un<br />

lecteur attentif de mes transcription s .<br />

24 - H.M . Brown , Music in t he· F r e nc h secular theater,<br />

1400-1550, Cambridge Mass . 1963 ; p. 257.<br />

25 - La langue, p . 193.<br />

26 - Nous laisserons de côté l e s ve r s où Jaune-Bec s'adresse<br />

à Plaisante Folie . Leur caractèr e dialectal appuyé y<br />

est une marque propre au pers o nn age .<br />

27 - Ch . de Beaurepaire, Nouveaux mél·ange s h i sto r i q ue s con­<br />

cernant le département de la Seine-Infér i e u r e et p l us<br />

spécialement la ville de Rouen, Rouen , 1 9 04 . Vo i r<br />

p . 212 la "Note sur le calvaire de Brique d a l l e " qui<br />

fait état de plusieurs pièces d 'archives .<br />

28 - J . Bunel et A. Tougard, Géographie du département de l a<br />

Seine-Inférieure, Arrondissement d ' Yvetot , Rouen, 187 6,<br />

p . 282 .<br />

29 - Auguste Longnon , Les noms de lieu de la France, leur<br />

origine, leur signific a t i on , . leurs transformations,<br />

résumé des conférenc e s de t op on oma s t i q u e générale ... ,<br />

publié p a r Paul Ma r i c h a l et Léon Mirot, Paris, 1920­<br />

1929 ; p. 193, § 799.<br />

30 - Jean Favier, Paris au XVe ·s i è c l e· 1380-1500, Paris, 1974<br />

(Nouvelle his t o i r e de Paris) P. 291.<br />

31 - Id., p. 341.<br />

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131<br />

32 - Ceci n 'aurait rien d 'éton n a n t vu le succès du Roman de<br />

la Rose au XVe siècle . Vo i r à ce sujet les indications<br />

fournies par F . Lecoy , p . XXX - XXXI de l'Introduction<br />

au <strong>tome</strong> l de son édition.<br />

33 - Nous citons le Roma n de l a Rose d'après l'édition de<br />

Félix Lecoy .<br />

34 - Fe r e sa darreniere : joue r son dernier argent. (g l o s ­<br />

saire de l'éd . de F. Le c oy) .<br />

35 - Par "fable ll nous entendons ce gui constitue l'élément<br />

narratif de l'oeuvre.<br />

36 - Nous empruntons cette expression t out à f a i t adéquate<br />

à Philippe Hamon, Il . Use a u p o i n t sur les problèmes de<br />

l'analyse du récit", Le français moderne , 4 0 ( 1 97 2) ,<br />

p . 214 .<br />

37 - L 'éditeur n'explique pas le s ens du titre, et du même<br />

coup ne met pas en relief l e jeu de sous-entendus q ue<br />

la farce contient . La dernière s trophe d'un poème gri­<br />

vois qui a pour refrain lice s ont l es botines Gaultier",<br />

explique cette métaphore ob s c è n e . Un galant rencontre<br />

une bourgeoise qui port e dans son panier "les botines<br />

Gaultie r ll<br />

:<br />

IITout du premier coup y entray<br />

tant estoit l'entrée cavée<br />

A pou que je n'y demouray<br />

Tant y fis longue demourée<br />

Je n' y trouvay fons ne ryvée,<br />

Moins qu'en ung houzeau tout entier<br />

Ce fut donc verité prouvée :<br />

Ce sont les botines Gaultier. Il<br />

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texte, défend la thèse s ivante :<br />

"Je vois dans la Pipée e oe<br />

qui prend acte de la décadence<br />

poète restaure, au terme de l '<br />

tain visage de la fin lamors ;<br />

quI avec un s ou r i r e désab s é , q<br />

re ostalgiq e,<br />

co rtoise . Le<br />

i stoire, cer-<br />

ais i co se t<br />

i s o ligne a ec<br />

indulgence la dérai son dlune érotiq e r o ane sq e<br />

à laquelle il ne f aut s ouscrire q le dé s e spoir<br />

de c ause, p arce que tout vaut i eux que l e pro­<br />

saï sme imbécile de la réalité q otidienne" (p . 220).<br />

78 - Notre but n'est pas de dres ser un tableau co plet de<br />

la graphie de la Pipée, mais de souligner les points<br />

où cette graphie diffère de la nôtre . Il ne nous a<br />

pas paru non plus nécessaire de faire un relevé de<br />

tous les exemples .<br />

3<br />

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ILL U S T RAT ION S<br />

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Planche II<br />

140<br />

- ---- - -<br />

La chasse à la pipée d'après une miniature du Livre du ROYs<br />

Mod u s et de la Royne Ra t i o , manuscrit français 12 399 d e l a<br />

Bibliothèque nationale (folo 95)<br />

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L API PEE<br />

TEX T E<br />

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5<br />

1 mais bien<br />

6 cest<br />

Est i l b ien fouI !<br />

VERDIER commance<br />

ROUGE GORGE<br />

VERD IER<br />

Qu i ?<br />

Ma i s O plus beste,<br />

Le ga l l e n t qui sè ront la testeO<br />

Cuyde tO estre le mieulx aymé :<br />

I l Y perte !<br />

ROUGE GORGE<br />

Qui ?<br />

VERDIER<br />

On l 'a blasmé ,<br />

Se croys, cent foyz de sa follie<br />

Mais y virest ceste pol lieo<br />

De s i long temps que ne luy chault.<br />

145<br />

169 rO<br />

JEU 1 Verdier parle comme s' il é t a i t seul et s'adresse<br />

au public . Il n'accorde aucune attention à Rou ge<br />

Gorge don t i l feint d' i gnorer la présence et de ne<br />

pas ente ndr e les questions. A la tension abstraite<br />

du r écit qu 'il fait des efforts infructueux d 'un<br />

galant r idicule, s'ajoute la tension concrète qui<br />

s' instaure s u r la scène entre Rouge Gorge qui fait<br />

de vains efforts pour savoir de qui il est question<br />

et Ve r di e r qui fait exprès de ne pas lui répondre .<br />

Ce manège dure jusqu'au v .30 ; mais le public se<br />

doute déjà un peu de ce qui sera révélé au v. 73<br />

le ga l ant é c on du i t c'est Rouge Gorge lui-même .<br />

1 Disons plutôt<br />

2 Fig . Perdre sa peine<br />

3 Il s ' imaginait<br />

4 Il Y a apparence<br />

6 Fig . Il en é t a i t coutumier<br />

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la<br />

15<br />

20<br />

ROUGE GORGE<br />

Mais qui ? qui ?<br />

VERDIER<br />

Fa s s e f r oit ou f a sse c hault,<br />

Il s'en i ra la t este au vent,<br />

Tremblant l e s fi e v r e s bien souvant<br />

Tant qu' en l itz ne dort ne repouse.<br />

Qui ?<br />

ROUGE GORGE<br />

VERD IER<br />

C'est la plus sote c hose o<br />

Qu'oncques teste d 'omme s ongea<br />

Il va, y vient, ha y h a ha !<br />

Tant que sa teste fut debriséeo .<br />

ROUGE GORGE<br />

M' a i s t Dieux, vez cy bonne r i z ée o<br />

Ma i s dy moy de quoy si t u veul x.<br />

VERDIER<br />

Ouy dea, il en a t royz tout n e u f z o<br />

Il cuida tranchera de l' Og i er,<br />

Mais on le fist bien de legierO<br />

Trompeter deho r s le porpyso.<br />

14 I l vay vient hay ha ha<br />

19 trancher du logis<br />

20 fait bien deslogier<br />

21 tropetes deho r s le port pys<br />

1 ;:> r.T'P::\.t:; l.l rI='<br />

15 Br i s é e<br />

16 IJJo qu e r i e<br />

18 Il a complètement échoué<br />

19 Se donner des a irs de<br />

20 Rapidement<br />

21 L'enclos<br />

146<br />

159 V O<br />

160 r O<br />

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25<br />

30<br />

Encore ?<br />

ROUGE GORGE<br />

VE RD I ER<br />

Fusse pas bien pis<br />

De l uy fai re pe r dr e ses p oyn e s ?<br />

ROUGE GORGE<br />

Et va, va, t es f iebvres quartaines<br />

Qu e va tu i cy baibillant ?<br />

VERD IER<br />

Tout e s f oy s , truff ant e t br-uLl.ant v ,<br />

Le sot en eut s ur s on croupier<br />

Te l co p à 1 1uys d ' ung drappier<br />

Que tout le corps luy e n trembla .<br />

ROUGE GORGE<br />

L'on ne dem ande poin t cela,<br />

Que malle f est e en aist Sain t Grys<br />

VERDI ER<br />

Et quoy doncque s ?<br />

ROUGE GORGE<br />

De quoy esse que tu rys,<br />

Af f in que j'en rye ma pa r t ?<br />

VERD IER<br />

Je me r ys d ' ung ma i s t r e coquartO<br />

35 Le p l u s follas que je viz oncques .<br />

25 cy baibillant le papier<br />

27 son arimpier<br />

26 Soit dit sans vous fâcher<br />

34 Sot prétentieux<br />

147<br />

160 VO<br />

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60<br />

65<br />

VERDIER<br />

Et , que va tu yci bavera ?<br />

Tu ne vouldroys dire aultre chose?<br />

RO UGE GORGE<br />

Sy f a y z mono , dea , mais je n ' ose :<br />

Sages ge n s sont tousjours doubteux?<br />

VERDIER<br />

Ha le pouv r e ! qu'il est honteulx .<br />

Et plain de simple r e gnardie o<br />

ROUGE GORGE<br />

Puis qu 'il fault que je le te dye<br />

Tu es fin f o l naturel .<br />

VERDI ER<br />

A, Rouge Gorge<br />

ROUGE GO RGE<br />

A, Ver de r e t<br />

Comme son t ses rouses de may !<br />

Vous vous donnez beaucop d'esmoy<br />

Po u r cell a qui point n 'y panse .<br />

VERDIER<br />

Mais toyO, qui portes la despence<br />

De c incq ou seix veillez matronnes<br />

70 A qui robbes et chausses donnes ,<br />

56 Et va va lQue<br />

62 Le dye . Le vers 74 justifie la correction.<br />

70 Acqui<br />

56 Bav a rder<br />

58 Bien sûr que si<br />

59 r-1é f i ant s<br />

61 Tr omperie<br />

68 Mais plutôt t oi<br />

150<br />

162 VO<br />

163 r O<br />

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Cuident O que toy simple escollier<br />

Estois le chien au g r os colliero .<br />

Est il bien f ou I et estourdy<br />

ROUGE GORGE<br />

Tay s toi, quar pour vray je le te dy<br />

75 Je s çay l e t our de mon bastonO,<br />

80 Et moy ?<br />

72 Estre le<br />

76 men fays<br />

Et me f ays fors qu'ançoyzO dit on<br />

Que j e suys aussi b ien venuo<br />

Entr e l e s dam e s et chier tenuo .<br />

Je c roy qu ' on ne m' e n fait tort en rien .<br />

VERDIER<br />

151<br />

JEU 73 En reprenant une e xpr e s sion e mployée au<br />

v . 1 , et en coupant l e dialogue avec Rouge Gorge<br />

pour dire ce vers au public , Verdier souligne<br />

que c'est bien de Rouge Go rge qu' il pa r l e depuis<br />

le début . Il se joue ostensiblement de son interlocuteur<br />

en prenant le public à témoin .<br />

71 Part . présent<br />

72 Un maî t re s é du c t e ur<br />

7 5 Fig . Je sais m'y p r endr e<br />

76 Bien plut ô t<br />

77 Accueilli<br />

78 Cheri<br />

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85<br />

90<br />

ROUGE GORGE<br />

A, pour ung homme moyen<br />

Tu es bien tailléO , a vra y dire ,<br />

Et croy que a le fai re de s ire o<br />

On y fauldroit a mon a dvi s !<br />

( Ar riv e Jaune Be c)<br />

JAUNE BEC<br />

Di e u gard ! Hay , et qui s ont les devis?<br />

Dieu gart cha cun , e t moy avec .<br />

VERDI ER<br />

Et dont nous vient se jaune bec<br />

Ou b e c j aun e , ce m' e s t tout ung ,<br />

Qui veult le secret d'ung chacun<br />

Sçavoi r ? Be au s ire, dictez 1uy .<br />

ROUGE GORGE<br />

Mais v rayment , don tO i l est sailly ?<br />

J e r e garde moul t sa faiczono :<br />

Esse ung merle ?<br />

8 4 Et Dieu gard Dieu<br />

8 7 jaune t oust me s t ung<br />

8 8 dung comun<br />

152<br />

163 V O<br />

JEU 82- 83 Rouge Gorge à son t our r omp t l e dialogue<br />

et prend le public à témoin .<br />

81 Sculpté<br />

82 Cire<br />

90 D'où<br />

91 So n ai r<br />

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105<br />

110<br />

115<br />

J AUHE BEC<br />

C'est du moin s o .<br />

ROUGE GO RGE<br />

Pleust a Dieu qu 'il fut es mains<br />

De l a brun e t e que tu scez !<br />

Il auroit du plumage assezO<br />

CeO il en rapportoit ja plume .<br />

J AUNE BEC<br />

Sça v e z v ous comment elle plume ,<br />

Vous qui e n pa r l é s en Ma s s éo ?<br />

Je croyz que vous avez passé '<br />

1a i n t e s f oy z par s on est arnyne .<br />

VERDIER<br />

Pe s , J a un e Be c<br />

ROUGE GORGE<br />

Pe s , lourde mi ne<br />

Fa u l t i l parler des gentil z hommes .<br />

JA Urm BEC<br />

Pou r Di e u , tenons nou s ou nous sommes<br />

N' e n roug i ssez ja pour l e pris .<br />

Rou g e Gorge s' en trouve p r is<br />

Et Verdie r a te l c oul i bec O<br />

105 bonnette<br />

10 9 en est suppléé devant Ma s s é .<br />

103 Cela va de soi<br />

106 Be a u c oup<br />

107 Si<br />

109 So t prétentieux<br />

117 Qu o l i b e t<br />

154<br />

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VERD IER<br />

130 Allons nous en<br />

135<br />

140<br />

JAUNE BEC<br />

Adie u , adieu !<br />

Sont il bien pe l l e z o les bailleurs<br />

156<br />

166 rO<br />

( Ve r d i e r e t Rouge Gorge s'écartent mais restent<br />

en scène , a insi que Jaune Be c . Sur une a u t r e<br />

partie de la scène a pparaît Br uy t d'Amours )<br />

BRUYT D'AMOURS<br />

Se suys je qui s uys dit Br uyt O d' Amours,<br />

Triste, pansifz en me s faiz.<br />

Advis m' e s t que point ne me s f aiz o<br />

A faire plaintes et clamours,<br />

Ca r ceulx qui pour les plaisans tours o<br />

En deussent estre p l us parfaiz,<br />

Vont empi r ant tous les jou r s .<br />

o le bon temps de jadis<br />

Qu ' e s tu devenu?<br />

o le bon temps de j a dy s<br />

133 e n est r a j ou t é au dessus du vers.<br />

134 Ne est suppléé<br />

13 5 Affaire<br />

13 6 Pour est suppl éé<br />

137 Ne deus s et<br />

138 en pir ant<br />

139-140 jadis venu . Qu ' e s tu devenu est suppléé<br />

131 Fi g . Quin a u ds<br />

132 Renommée<br />

134 Je n'ai point tort<br />

136 A cause de ses a gréables services<br />

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145<br />

150<br />

15 5<br />

160<br />

144 Du doubx champ<br />

156<br />

1 5 9<br />

1 60<br />

Que tant t riste je le dys<br />

Quant m'est s oubv e nu<br />

De s doulx chants e t joyeulx dyz<br />

Et de l 'umain par a dis<br />

OntO tu m'as tenu.<br />

Or est sour v e nu<br />

Que les gens sont enradiso<br />

Se temps est venu.<br />

Bon temps qui oncque s ne me s diz<br />

Qu l e s tu devenu?<br />

Ou est la beauté de Jason<br />

D' As s alon et de Démophon ?<br />

OrO ne servent il qu 'à Bac u s<br />

..... ... . ................sus .<br />

Toute f l e u r de beaulté on depr i s e ,<br />

Ou e s t l'outrageuseO entrepri s e<br />

De Dyme des et de Perseux<br />

De Piret eul x et de Teseux ?<br />

Alés moy leurs semblables p r andre o<br />

1 5 7<br />

166 VO<br />

145-146 ne forment qu ' un vers dans le manuscri t ,ainsi que<br />

l e s vers 147-148<br />

1 53 Dassalon et dem e schms<br />

154-1 55 Ver s i nc ompl ets qui n 'en f ont qu 'un dans le mru1u s c r it :<br />

o r ne servet i l q abacus sus<br />

beaulte e pa s s e e<br />

/ Pi r eteulx e t esteux<br />

leur s e mblance<br />

146 Où<br />

148 Endu r cis<br />

154 Aujourd'hui<br />

157 Ex t r a o r dinai r e<br />

160 Trouvez - moi des gen s comme eux<br />

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Qui v o i s ent O aux enffers dessendre<br />

Pour a vo i r dame Pr o s e r p i n e .<br />

158<br />

CUI DER (ar riv e en portant un panier<br />

de mer cie r)<br />

J' a y bacgu e s , j ' ay danrrée f ine.<br />

Ar gent m'y fau1t ! Arge n t m' y fault<br />

JEU 163 Cuide r entre p e n dant la t irade de Br uy t .<br />

I l porte devant lui un panie r de mercier<br />

rempli de menu s objets ( bagu e s ) , de marchandis<br />

e s bon ma r c hé ( l a den rée est étymologiquement<br />

la mar chand i s e que l' on achète un denier).<br />

Les mercier s p r opos a i e n t des c outeaux, des<br />

épices , de s anneau x , des peign e s d' ivoire, des<br />

c ha u s s e s , d e s bonne t s de laine (Pi e r r e Champion,<br />

François Villon , Paris , 1 913 , 2 vol. ; t. II,<br />

p . 89-90) . Pe l l i on , l 'un des berge r s du My s t è r e<br />

de la Passion d ' Ar n ou l Greban annonce qu'il<br />

<strong>of</strong>frira à Jés u s son " f l a g e o l l e t" ache t é "à ung<br />

de ces petits me r cie r s " ( v . 5505 ) ; Ysamb e r t ,<br />

lui , donnera "une a ultr e bague bie n doulcete",<br />

une "hochete l ' ( v . 5513- 5514 ) ; les présents<br />

des autres , calendrie r de boi s, sonnette, pir ou e t<br />

(toupie) , son t sans doute auss i de ces bri mbor<br />

i on s que pouvai t vendre , par mi d 'au t res coli f ichets<br />

, un pe ti t mer c i e r .<br />

Charles d 'Or léans a c he t ai t à ceux qui pa ssa i e n t<br />

dans son châte a u de Blois " t ablett es à é crir e ,<br />

écritoire de corne , im age s de s a int Jacques,<br />

cordes pour sa harpe , pa t e n ô t r e s de verre, petits<br />

couteaux , s i gn e t s d 'amb r e " (P . Champion, Vie de<br />

Charles d ' Orléans , Pari s , 19 11 ; p . 439 ). L'un<br />

de ces pe t its me r c i e r s qui amusaie n t le duc,<br />

por tait même c omme sobriquet le cri qui sert à<br />

appeler l e s clients : Argent m'y fau1t .<br />

16 1 Sub j . d 'al l e r<br />

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180<br />

Phedre, Cassandre... Au surplus ,<br />

Savlous quoy ? Je nlen diray plus<br />

Si ne faictes taire se ma r paul t o .<br />

CUI DER<br />

Argent m'y fault ! Argent m' y fault<br />

Sa, me s enffans, sa, me s mi n oso ,<br />

Ve n e z achapter dorellos o,<br />

Sa, venez ! a ins qu' i l soit plus tarto .<br />

BRUYT<br />

Et qui est se mais t r e cornart O<br />

Qui reve i l le l e guet a · nsi ?<br />

CUIDER<br />

18 5 Dea , monse gneur , pour D'e<br />

176<br />

82<br />

Je ne vous regardès pas .<br />

BR Y<br />

Et que portes u ?<br />

CU DER<br />

Se son'" esba ZO<br />

Pour appel er les je es ge s .<br />

. a i s quoy ?<br />

B y<br />

Aldre<br />

Sa , vene z éé<br />

78 a r ien<br />

180 ':ignons<br />

18 Fanf r el c es<br />

8 2 Sans a t ten re<br />

83 So t<br />

187 Bab·ole s<br />

e r cy .<br />

160<br />

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ans e .e....:.s ?<br />

r os e'" s ?<br />

J e l e s ':'s<br />

Po r e<br />

205 ?<br />

202<br />

205<br />

206<br />

201<br />

203<br />

205<br />

206<br />

grans e t<br />

To u t<br />

Lecture<br />

decha't<br />

Laïcs<br />

a e s<br />

e e<br />

0 e anrée 0 e<br />

an a e C CJIili,H"':;e .<br />

a s la e e ec a.:.t 0 s s .<br />

E<br />

Beau eu e l'a ve e e 0 s<br />

Comment c a · ... e e a s ':' 0 es ?<br />

enus<br />

Fig . Je me suis donné b "e<br />

fa r chandis e<br />

Baisse<br />

a<br />

e . ' e e<br />

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o o 0':'<br />

22 8-229 Le s l aide s enprendrot bien / En ge n e r a l<br />

23 0 q soti estes<br />

231 sote teste est s u ppléé<br />

232 mon nom de c <strong>of</strong>fi i us e<br />

233 Cuider buse<br />

225 Vraiement<br />

227 Ouy certes<br />

230 Rassoté<br />

232 Sotte présomption<br />

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265<br />

270<br />

27 5<br />

Que les jeunes ge n s me suyvoient<br />

Et qu 'en mon liv r e s' escrivoientO<br />

Tous et toutes a dire voiro ;<br />

Car chacun me vouloit avoir ,<br />

Chacun tendoit d'avoir le bruyto .<br />

·.a i s main t e nant chac un me fuyt,<br />

y n 'est plus d 'amou r s naturelleso<br />

S'avons une amou r telle quelleO<br />

Faicte de me s me s c onte nanc e s o<br />

A g r ans sequel l e s d e cointanceso<br />

Fourbus sur ung baston p l oyé o .<br />

CUIDER<br />

De t ant tenu, de tant poyé O,<br />

Je vous e n t e n s .<br />

BRUYT<br />

C'est tout autant<br />

Ainsi es t mon bruyt estantO<br />

Par n e s é quel Verdier t ant fi n o<br />

Et Rouge Gorge , mes voysins<br />

Qui vont esbroullantO l a chaussee<br />

270 Faictes<br />

272 Lecture difficile f ou r b u s ou fondons ?<br />

273 tenu tant<br />

276 quelx verdiers tant f ins<br />

263 S 'in s c rivai e n t<br />

264 Vrai<br />

266 Re nommée<br />

268 Loyales<br />

269 De pe u d e valeur<br />

270 Attitudes<br />

271 Avec des ky r i e l l e s de ge n t i l l e s s e s<br />

272 Vers obscur<br />

273 C'est payer à la juste valeur<br />

27 5 S t agn ant<br />

27:6 Ru s é<br />

278 Salissant<br />

1 6 7<br />

172 vO<br />

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280<br />

285<br />

290<br />

I l n'y a f ille s i hau l t chaus s e e<br />

Qui n' ét s on bordon a tout pryso .<br />

CU IDER<br />

Vous voulissiez o que feussent pris<br />

A quelque amo r s e friande o ?<br />

Fissiezo ?<br />

BRUYT<br />

C'est ce que je demande<br />

... .................. ........<br />

Il ne fault j a que tu l'apreignes .<br />

Si en as l'art et le stille.<br />

CUIDER<br />

J'en ay atrappé plus de mi l l e ,<br />

Voyre cent mille en mon temps,<br />

De rougesgorges , de vers mon t ans ,<br />

De jaunes bes et estour ne a u l x ,<br />

De maulvyz et de char donn e r e a u l x ,<br />

Et mains pinssons e t main t e s choutes .<br />

Je sçay tous les poin t s e t les notes<br />

Qu'il y fault , se n' e s t d 'uy ne d 'yer<br />

Je prans tout .<br />

BRUIT<br />

Et vive Cuider<br />

168<br />

173 rO<br />

280 le 0 e t l e r se ressemblent souvent dans la g r aphie de<br />

ce texte , mais i l semble ici qu 'on l i se p l u t ô t .: a tout<br />

poys .<br />

282 friande farce<br />

288 matant<br />

291 Demains p inssons et dechoutes<br />

280 Qui n 'ait sa raillerie quoi qu' il en coûte<br />

281 Subj . imp ., 2e pl .<br />

282 Appétissante<br />

283 Subj . de faire : N'est- ce-pas ?<br />

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310<br />

315<br />

BRUIT<br />

Il te fault faire une logea<br />

Pour te bouter en tapinageo .<br />

CUIDER<br />

La veez cy faicte d ' aventageO<br />

Pour l 'abrege r droi t a poinctée o .<br />

BRUYT<br />

A, Cuider , que tu es s ou t il O !<br />

J'aperçoys bien a t e s houtysO<br />

Que tu nié pas de s aprantis ;<br />

Tu as ma i n s jaunes becs t rompés<br />

Puis vingt ans .<br />

CUI DER<br />

Et des plus huppéso ,<br />

a istre, que vous ne comptés p a s .<br />

BRUYT<br />

Te fau1t i l po i n t de chahuaso<br />

Ou quelque oyseau derny cornuo ?<br />

170<br />

174 rO<br />

312 es f in<br />

314 nepas<br />

316 Despuis vingt ans . C. - IVoy r el Et de s plus huppe s<br />

318 dechaaus<br />

308 Abri<br />

309 Pour te c ache r<br />

310 D' a v anc e<br />

311 Ex a c t ement prépar é e<br />

3 1 2 Astucieux<br />

313 Outi l s<br />

316 Di s tingués<br />

318 Chat-huant<br />

319 Hibou<br />

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33 0<br />

335<br />

340<br />

Bi e n buvantO et bien saveureuse<br />

Sa vez vous qui dit a la farce o ?<br />

Pr e nnez moy une belle garce O<br />

Envi r on de quinze a seize ans<br />

Qui ait beaulx yeulx plaisans,<br />

Qui soit refecteO et bien charnue<br />

............................ .....<br />

Fe rme comme ung boys de quartiero.<br />

Ve e z l a le cas.<br />

BRUYT<br />

Quel psaultier<br />

Pour moyn e a O dire ses ma t i n e s<br />

CUIDER<br />

Voyre , et que elle aist belles tetines<br />

Petites et bien b l anc he t e s ,<br />

Rondes comme bell e s pomme tes<br />

Pour dire : "Gens , j oue z des vostreso !"<br />

En ung destou ro .<br />

BRUYT<br />

Que l x pa t e n os t r e s o<br />

A four e ro l es po i ngs d'un hermite<br />

CU IDER<br />

345 La belle jambete petite,<br />

331 Sauous<br />

339 belle<br />

330 Fruitée<br />

331 Plaisanterie<br />

332 Fille<br />

335 Dodue<br />

336 Tronc fendu en quatre<br />

339 Pour<br />

342 A vous de jouer<br />

343 Coin - Chapelet<br />

344 Garnir<br />

1 72<br />

175 VO<br />

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Pour v e s r<br />

!<br />

e _ 5 e e<br />

g ::_e r e :ra. : az ""-<br />

o sca o':' r e<br />

o s e .<br />

3 5 5 J e l ay ':' s e ""-o e r o . _ e r<br />

r ne +'a e o s ""- r e 0 5 ':' e<br />

P a - san<br />

349 dun f in come 1 -<br />

350<br />

352<br />

354<br />

357<br />

alemoire<br />

Pour ves ir<br />

s fin<br />

Plaisan""- Fo - e<br />

348 Bouton d' o r<br />

3 50 Ar oire<br />

352 o "ne débauc: é<br />

355 Capable<br />

357 Rus é e<br />

7 3<br />

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360<br />

365<br />

CUIDER<br />

C'est la plus f ine du païs<br />

El l e vous atretO a mon advis<br />

Se p t ou huyt ga l l ans d'une tyre O<br />

Et n'y a celluy qui ne tyr e<br />

..... .............. .. .... ..<br />

Cuydent estre les mieulx a ymés<br />

....................... .. ..<br />

Voy r e , et tout moufles !<br />

BRUI T<br />

CUIDER<br />

Or v a mal .<br />

Tout y de spe n de n tO , quant quO'il ont ,<br />

Et ne savent ou i l en sont :<br />

Tant souti lmentO sont agrappiso<br />

Qu'i n 'y voient gouc t e .<br />

BRUYT<br />

CUIDER<br />

Or va pis .<br />

Tout li vient O de l 'un et de l' a u tre :<br />

Et ne l e u r demeure argent ny pe autr eO<br />

364 Tout y desprend de tres grant qu'il on t .<br />

366 I t ant seullemet<br />

367 voist<br />

368 Tout vient lun delautre<br />

369 a rgx lny plautre<br />

359 Attirer<br />

360 D'un seul coup<br />

364 Déo e nser - Tout ce que<br />

366 Subtilement - Accroché s<br />

368 L'argent lui v i e n t<br />

369 Etain<br />

174<br />

176 VO<br />

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370<br />

3 7 5<br />

380<br />

Que t ou t n'y voyse a demoulu o,<br />

Et n 'y a si ge n t i l gou l l u O<br />

Qui peu s t dire : "Je e n ay tas t é" .<br />

Son t i l bien ?<br />

BRUYT<br />

Or e s t tout ga s t é o .<br />

Es t elle ainsi f a icte aO la lanceo ?<br />

CUYDER<br />

I l ne fault que voir la semblanceo<br />

Elle vous a uns o yeulx petis,<br />

Ung nefz migno t a s s ez tratisO<br />

Un g manton f ou r c hu tan t fuyant<br />

Qu ' oncqu e s fin r asouer de Guingant<br />

Ne fut plus affi l Ié qu 'el l e est.<br />

BRUYT<br />

Voyre , mais . ..<br />

CUIDER<br />

A, vous voi r r é so que c'est<br />

Il ne vous en f a u l t p l us o e n quer i r .<br />

Tout f in pres vous la voy z querir,<br />

Et puis vous e n a rez l e regarda.<br />

376 ung<br />

378 fugant<br />

3 79 oncques fut<br />

383 pres est suppléé<br />

370 Parte e n pous s ièr e<br />

3 71 Goinfr e<br />

3 73 Saccag é<br />

3 74 Ha b i tuée à - Mé t a ph . obscène<br />

3 75 App a r enc e<br />

3 76 Un e paire de<br />

3 7 7 Bien f ai t<br />

381 Fu t . de voir<br />

382 Dav ant aGe<br />

384 Action de regarder<br />

1 75<br />

177 rO<br />

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385<br />

390<br />

(Il s 'en v a à l ' autre bout du plateau où<br />

se trouve déjà Plaisant Fo l lie)<br />

Plaisant Follie , Dieu vous gar d<br />

PLAISANT FOLLI E<br />

Di e u vous gard, Cuider , mon amy<br />

Et comment vous va ?<br />

CUIDER<br />

Na i na que de rny° ,<br />

Si vous ne me pourtez secours.<br />

Comment ?<br />

PLAISANT FOLLIE<br />

CUID ER<br />

Vray est que Br uy t d 'Amours<br />

Et moy aussi , a l'eschappée<br />

Voulissonso fai r e une pippee<br />

Pour happer celx que vous savez<br />

Et se pitié de nous n 'avez<br />

395 Esse tout ?<br />

Nou s en demour ron s tout au baso .<br />

3 92 que po<br />

3 9 3 Et pitie de nous aller<br />

394 demourons<br />

387<br />

391<br />

394<br />

Très mal<br />

Subj . de vouloir<br />

NOUS échouerons<br />

PLAISANT FOLLIE<br />

nous voudrions<br />

176<br />

177 VO<br />

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40 0<br />

405<br />

CUIDER<br />

Et p l u s n'y a p a s .<br />

No u s gic t e r e z O vous de ce dangier ?<br />

PLAISANT FOLLIE<br />

Je ne m' e n vouldrayz point vanter<br />

De ce pou r vous donner c orif'or-t v ,<br />

Et s i m' o s e bie n porter forte<br />

Qu 'il n ' y a d e Paris juqu'a Tours<br />

Ce l le qui sai c he mi e u l x les tours<br />

Qu e j e saye , ne en toutes places .<br />

CUIDER<br />

Apo rtés engins e t fallaceso<br />

Et decepvon s sans qu 'il y p e r ec ,<br />

Il en est heur eo .<br />

395 pas est suppléé<br />

397 poin t vanger<br />

401 Is i l qui<br />

404 sans p e r<br />

396 Jetterez<br />

3 98 Cons o l a tion<br />

399 Po r t e r ga r ant<br />

PLAI SAJ."1T FOLLIE<br />

Laissez moy f ayre.<br />

A quant copso je les oblias se !<br />

( Pl a i s ant Fo l lie e t Cu ider t rav e r s e n t le<br />

177<br />

178 rO<br />

plateau pour aller r e trouver Br u y t d 'Amo u r s )<br />

403 Ru s e s et tromperies<br />

404 Tr o mpons sans qu e cela se voie<br />

40 5 C'est le mome n t<br />

40 6 Pas d e dange r que<br />

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ROUGE GORGE<br />

Verd i er, qui e s t ce que la passe ?<br />

Agardéso , que l ge n t i l brunete !<br />

VE RDIER<br />

A dire voir, la bague est necte o .<br />

410 Quel logysO a prandre d 'assault !<br />

415<br />

420<br />

Pour moy<br />

JA UNE BEC<br />

VERD I ER<br />

178<br />

Troys ! troys ! souffle, Mi c h a u l t O<br />

Et , une t rompe a la main destre<br />

Se coquart la t r anc he du maistre<br />

Et contreffaictO de l'amoureux!<br />

JAU ·rE BEC<br />

Pes ropieuxo , pes p a r a s e u x<br />

Frangé de r ouge, mo r f on du z o ,<br />

Que tantostO aurez f r oi t au cul<br />

Da v a n t que soit ung pié de glasse .<br />

ROUGE GORGE<br />

Villain , s i ne vuy dez la place,<br />

Vous aurez tantos t bel effroyO<br />

Sus le logis .<br />

411 Souffle, Michaul t<br />

415-416 Pes ropieux 1<br />

paraseux<br />

417 tant aurez<br />

40 8 Rega r d e z<br />

409 La f ille est jolie<br />

410 Camp<br />

411 Cours toujours<br />

414 Se donne des airs de<br />

415 ·lo r v e u x<br />

416 En r humé<br />

417 Bie n t ô t<br />

420 Assau t<br />

est suppléé<br />

178 V O<br />

To r f ondu z frangares 1 De r ous ge<br />

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445<br />

450<br />

455<br />

BRUYT<br />

Et c'est vray , bon gré en ait on !<br />

C'est ma g a r s e , c'est ma mi gnonne .<br />

Or cza, ma toute belle et bonne ,<br />

Vou s sçavez assez qu' il nous fault ?<br />

CUID ER<br />

Je luy ay ja dit, autant vault O<br />

Cho s e est de legierO a sçavoir.<br />

BRUYT<br />

I l nous fault de l'agl ux O avo:r,<br />

Et nous serons p r e so ma:nt e nant .<br />

Di s u?<br />

PLAIS<br />

450 La chose<br />

454 Si Y<br />

455 a ultres oyseaul x ec a s s e<br />

449 Peu s'en fau<br />

4 50 Facile<br />

45 Glu<br />

.152 Prêts<br />

456 er a i nemen<br />

Fa L_<br />

1 81<br />

180 V O<br />

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475<br />

480<br />

En les tendant de f rans gluons O<br />

Br oyez e mse mble<br />

BRUYT<br />

Que l lardonso<br />

Pour larde r ung jeune follet<br />

PLAI SANT FOLLIE<br />

Il Y a du r itzO nouvellet<br />

Soubz ung dou l x trait d'euil a l' e s quartO,<br />

De belle s mans on ge s le quart<br />

ConfictesO en b e l l e s parolles,<br />

En signiffiant p r ome s s e s folles<br />

Qui font ses f olz plus blans que platr eO<br />

Au sault du guischeto .<br />

CUIDER<br />

Que l emplastre<br />

Encontre une for cell eo ydropicque<br />

PLAISAJT FOLLIE<br />

Tant plus est viei ll et plus fort picque<br />

Et tant mieulx e s c o r c he chacun :<br />

183<br />

485 Ce n'est pas comme agl uz commun 182 rO<br />

4 76 doubx t rait a lasquart<br />

4 79 p r omesse<br />

480 p e a t re<br />

4 81 dung peti t guischet<br />

483 est veueill plus<br />

484 escache<br />

485 ung g l u z co m<br />

472 Véritables g l u a ux<br />

473 Ra i l l e r i e s<br />

475 Rire<br />

476 Coup d'oeil en coin<br />

478 Re mp l i<br />

480 Fig . , Ruinés<br />

481 Petite porte<br />

482 Ventre<br />

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490<br />

495<br />

Qui s 'esven t e et ga s t e pour o temps<br />

Car il v a u t mieu l x vieill de XX ans<br />

Que n e fai t a estre nouveau<br />

Lors a r rache p l ume et peau<br />

Juscquez aux otzo et tout dec ippeo .<br />

BRUYT<br />

Quel pantie r e ° !<br />

CUIDER<br />

Ma i s quel recippeo<br />

Pour cur e r un e gib e s s i e r e o .<br />

BRUYT<br />

Je te requiers , mamy e chere,<br />

Que sus piéso e n f a s s ono l 'esprouve .<br />

Le voulIez vous ?<br />

PLAISANT FOLLI E<br />

CUIDER<br />

Si j e vous trouve ,<br />

Roge Gorge ni maist r e Verdier ,<br />

Je vous aray !<br />

486 qui est esvente e t gas t e potant<br />

487 v i e i l l est suppléé<br />

48 8 a est suppléé<br />

491 p anetiere<br />

184<br />

JEU 496 Cuider s 'écarte et p répa r e des g l u a ux .<br />

486 A cause du<br />

490 Os - Détruit<br />

491 Filet pour chasser - Or donn anc e<br />

492 Pour soi gner une bourse<br />

4 94 Immédiatement - Subj . de fai r e<br />

182 V O<br />

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510<br />

515<br />

520<br />

CU ID ER<br />

Certes , si aO Pl aisan t Follie<br />

Enc o r e plus , ce que me· semb1<br />

. e .<br />

BRUYT<br />

Vous ferez r oge ragea ensemble<br />

Rien ne vous seroit estoppero .<br />

CUIDER<br />

Sus , sus ! il est temps de pippe r<br />

Toute nostr e pippe e est faicte .<br />

Plaisant Follie , ma pucellete ,<br />

Vous vous sarr ezo , soubz se abre sse au .<br />

r ais quant il v i endra quelque oyseau<br />

Privé o ou saulvage ou boucaigeO,<br />

Regar dés de quel plumage<br />

Il est ne quel semblant il faitO ,<br />

Se il e s t g r a s , se i l est refaitO ,<br />

e s 'il a cler argent clinqu a n t<br />

I l pour roi t estre si mar cha n t O<br />

Qu 'i nous vaudroit bien l es arnoyso .<br />

508 encor<br />

509 ferez roge tressangle<br />

510 estoppes<br />

512 Pi p pe_<br />

516 soit pue<br />

5 20 arget i nc l ant _<br />

52 2 les arnoys 1 po lapippee - Bien e st suppléé<br />

507 En a trompé<br />

509 r·1e r vei l l e s<br />

510 Saurait vous arrêter<br />

514 Fu t . de seoir<br />

516 APprivoisé - Qui v i t dans l e bocage<br />

518 Qu e l l e apparence i l a<br />

519 Dodu<br />

521 Si bon client<br />

522 Qu'il nous r e mbourserait bien nos préparatifs<br />

186<br />

183 V O<br />

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540<br />

545<br />

Plumés les moy sans eaue chaude,<br />

Tant qu' i n'y demeure plumete :<br />

En ce point veulx je qu 'on les mecte .<br />

Et sri pleurent de la pippee ,<br />

Faictes leurs ung ris de pompeeo,<br />

Vous les voirrés jouer a l'eureo.<br />

Ma i s g a r d é s que rien n ' y demeure<br />

Le demeurent en est perdu.<br />

PLAISANT FOLLIE<br />

Laissez moy faire du residuo .<br />

Je n' y serois o faire aultre chose .<br />

CUIDER<br />

Que dit le Romam de la Rouse ?<br />

550 " Fou l e est qui s on amy ne plume<br />

Juscques a la de r rie r e o p l ume " .<br />

Noctés bien ses vers, belle seur.<br />

PLAISANT FOLLIE<br />

Je sçay ma l i c z ono tout pa r cuer,<br />

Il ne la me faul t ja aprendre<br />

555 Al lez a vostre loge actendre.<br />

539 eau<br />

541 q on le me c t e<br />

542 pleuret<br />

548 serois est suppléé<br />

550 FouI - ny plume<br />

543 Poupée<br />

544 Sur le champ<br />

547 Reste<br />

548 Saurais<br />

551 Dernière<br />

553 Leçon<br />

188<br />

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-la - 5 a - e a':' -és " andre o<br />

Po -<br />

l e chanczon<br />

5 0 e 0 e s e de 50 ,<br />

co an e ostr e . pee .<br />

e<br />

s r _a se<br />

189<br />

e Bec se rap r oche<br />

e<br />

d'A-<br />

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Et s ie n'ay en homme fiance o<br />

Qu ' e n vous : n'est qui me plaise mi e u l x .<br />

A, que vou s a vez ungsO fins yeulx !<br />

Beau s ire, regardez de lac .<br />

CUIDER ( da n s sa loge )<br />

630 Ha r o , qu e l l e estacheo veez la<br />

635<br />

Pou r lyer ung veauo de village<br />

J AUNE BEC<br />

Puis je entrer en vous gardrinageO<br />

Sans dange r , be l l e pusselete ?<br />

194<br />

(Il s 'approche de Pl ai s ant Follie . Derrière son<br />

dos Cuide r lui colle de s g l ua u x ) .<br />

Qu 'esse qui tient a ma cotete ?<br />

Je suys ma l l e me n t de tenu o !<br />

CUIDER ( s o r t ant )<br />

Sa , cza , y estes vo us venu<br />

Qu e ma l l e feste e n ait Sa int Gris<br />

JA U TE BEC<br />

Qu 'esse a dire?<br />

627 v ou s que mi e u l x me plais e<br />

6 28 a que vous a vez ung 1 f ins yeulx<br />

632 en vous e n grdrinage<br />

638 Qu e cest adire va g estes p r i s<br />

6 26 Et de plus - Confiance<br />

628 Une paire de<br />

6 29 Là-bas<br />

630 P i e u<br />

631 Sot<br />

632 Votre jardinet<br />

63 5 Re t e nu<br />

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660<br />

665<br />

Si luy baillons une l ippée o<br />

Du brevage que vous sçavez .<br />

BRUYT<br />

Est il desplumé ?<br />

Est il net ?<br />

657 Ise luy vaille<br />

662 coquelardes<br />

6 57 Go rgée<br />

660 Perle<br />

661 Pe l l e<br />

6 6 2 Fai r e le sot<br />

664 ?<br />

666 Décampe z<br />

CUIDER<br />

BRUYT<br />

CUIDER<br />

Vou s le voyez .<br />

Net comme une poilleo .<br />

BRUIT<br />

Or luy baillez troys c op s de poi l l e o<br />

Et l 'envoyez coquelarder o .<br />

CUIDER<br />

Ne le voulIez vous point ga r de r ?<br />

Il est gentil balveneauo<br />

PLAISANT FOLLIE<br />

La plume vault mieulx que l 'oyseau .<br />

Sus, maistre, trousséso aultre par t<br />

1 9 7<br />

190 V O<br />

191 rO<br />

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670<br />

675<br />

( I l s c hassent Jaune Be c)<br />

JAUNE BEC<br />

Or c za, que le deable y ait part<br />

Comment j'ay esté repoussé!<br />

Ha r ou , que je suys pres housséo<br />

Quant j e reguarde ma jacqueteO,<br />

Il n' y a plume n i plumete ;<br />

J e s uys plus ne t qu 'un parisio<br />

VERD IER<br />

DontO nous vient se sotart y c i ?<br />

JAUf,E BEC<br />

198<br />

Il Y pe rtO ! j e suys dousséo de b e aux tours . 191 VO<br />

Il s e mocque .<br />

668 rapousse<br />

674 Il Y pe rt 1 J e<br />

677 de s ma i n s<br />

VERDIER<br />

JAU E BEC<br />

Alle z y entour<br />

Sa voir mon s 'en aurés mo i n s .<br />

ROUGE GORGE<br />

A, J aune Be c , pa r ces deux ma i n s o ,<br />

S ' e s t maufai tO de t'avoir trompé .<br />

669 Battu<br />

670 Tuniqu e<br />

672 De nie r de Paris<br />

673 D' o ù<br />

674 On le voit b ien - frappé sur l e dos<br />

677 Fo rmul e de jurement<br />

678 C'est ma l a gi<br />

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860<br />

865<br />

8 70<br />

ROUGE GORGE<br />

Commen t se p e u l t il fli re ?<br />

PLAI SANT FOLLIE<br />

Il mu ent ;<br />

N'est il p a s maintenant saison?<br />

ROUGE GORGE<br />

Par mo n serment , vous ave z r a i son.<br />

Je ne l'entendoys pas a derny .<br />

PLAISANT FOLLIE<br />

Rouge G9 rge , mon bel amy,<br />

Cil qui bien veult a mer a droite<br />

Ne doit p a s croyre quant qu 'ilO voit ,<br />

Ma i s doit estr e comme une sousche ,<br />

Aucunesfois fai r eo le lousche :<br />

Onque vray ame n t ne me s c r oito .<br />

Le coquart le c r oi t<br />

CUIDER ( d a n s sa loge )<br />

213<br />

20 1 r O<br />

Par le grant sens qu 'il a, il est bien si saige<br />

PLAISANT FOLLI E<br />

Et puis quant v iendra au plumageO<br />

..... ................... ........<br />

En effaict a u c un s negligens<br />

Ce sont laissé plumer:les costes<br />

875 lIa i s s i n'estoient pas si fins h o ustesO<br />

869 ou que auray amet mentiroi t<br />

874 laisser<br />

8 6 5 Comme il conv ient<br />

8 66 Tout ce qu'i l<br />

868 Faire comme s i<br />

869 Soupçonne<br />

8 7 2 Action de plume r<br />

8 75 Hô t e s<br />

201 V O<br />

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885<br />

890<br />

895<br />

885<br />

888<br />

890<br />

891<br />

8 94<br />

BRUI T<br />

Tout despl umé ?<br />

PLAISANT FOLLIE<br />

Je l 'ai fait sortir ,<br />

Commant O da v a n t i r aign e o .<br />

BRUI T<br />

A, Roge Gorge, or vous souviengne ,<br />

Quant O vous fustes en ce pointa pris ,<br />

Qu e les plus roges y sont pris .<br />

ne l'avez vous oncques mais sceu ?<br />

ROUGE GORGE<br />

Ç'a fait Cuide r qui m'a deceuo .<br />

A, Cuider , que tant tu es caultO<br />

BRUYT<br />

Tout se pourterao bie n , ne te chaultO<br />

Regarde ceste croquenelle<br />

La cognoisséso vous ?<br />

Je les vous<br />

que quant<br />

l avon s<br />

Sa - dcepu<br />

c est<br />

886 Comme - Filet<br />

faitz sor ti r sortir<br />

888 puisque - De cette façon<br />

891 Trompé<br />

89 2 Ru sé<br />

893 Ira - Ife t'inquiète p a s<br />

895 Reconnaissez<br />

215<br />

202 VO<br />

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900<br />

905<br />

8 9 7 Qu e l est<br />

903 ma faitz<br />

897 Rega rde z<br />

ROUGE GORGE<br />

l ' ai s t D"eu , nonny, " Je ne puys panc e r<br />

Qui el est .<br />

BRUYT<br />

AgardésO que c 'est<br />

Nu l ne recognoist sa follie<br />

Et comment elle est tant jolye ,<br />

le s c hant O, ne la cognoissés vous?<br />

Or , vien cza , Cuider, amy doulx<br />

Pour les services et bienfaictz<br />

Qu'orez et aultres foizom'as faitz ,<br />

Je te donne Plaisant Follie<br />

A fe mme p ou r toute ta vie<br />

Et v eul x que soiez ma rie z<br />

Et qu e jama i s ne vous deliez<br />

Par quelque rancuneo ni discorde<br />

Je l e ve i ll .<br />

PLAISAr'T FOLLIE<br />

CUI DER<br />

Et je m' y accorde .<br />

900 Ha lheur eux<br />

903 r"la i n t e n a T"l t e t en d lautres occasions<br />

908 Qu e r e l l e<br />

216<br />

203 r O<br />

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NOT E S E T c 0 MM E N TAI RES<br />

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220<br />

1 la i s sert fréquemment à r e prendre en la corri-<br />

geant un e assertion qui vient d 'être avancée<br />

( lldi s o n s p l u t ô t ll ) . Le copiste avai t é c ri t mai s<br />

b ien, qui en ce sens lui était peut- être p lus<br />

naturel que mais seul . Voi r l e v. 42 o ù le même<br />

phén omène se reproduit .<br />

2 Verdier taxe l e galant p ré t e n tie u x dont i l parle ,<br />

de bêtise à cause d e la vanité de ses efforts . Se<br />

r ompre la teste i nsis t e e n effet non seulement sur<br />

l 'effort prodigué , mai s sur la vanité de c e t effort .<br />

Cette valeur n' a pas é té reconnue jusqu ' ici . Elle<br />

est à d istinguer d e rompre la tête à quelqu 'un ;<br />

Herodias , dans l a Pas sion de Jean llL c he L , après de v i ves<br />

r e montra nce s de s a int Jean , s 'écrie : "Ha , dea , ce<br />

meschant papelar t 1 nous rompra c y me s h u y la teste ! II<br />

( v . 3490-3491 ) que l 'on pourrait rendre a u jourd 'hui<br />

par: li Ce r.1a u d i t sournois va-t-il continue r lO:1gtemps<br />

de nous casser les oreilles ! II<br />

De l 'expression se r ompre la teste , ave c l e verb e<br />

r éfl é c hi, on r e n c ontre plusieurs exer.1p les dans l es<br />

farces .<br />

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224<br />

" Si m' a ï t Di e us " "A cette condition (que ce que<br />

j' avance est vrai ) pu i s s e Dieu me venir e n a i de" .<br />

Le verbe a ider f init pa r n 'être plus reconnaissable<br />

dans c e qui de vien t une s i mple i n t e r j e c t i on :<br />

midieu , me s d i e ux , etc... ( v o i r J . Or r , Es s a i s d ' éty­<br />

mo l ogie , p . 1 9 ) .<br />

Ve z impé r a t i f de voir , 2e p e r s onn e du plurie l<br />

vez cy : voici<br />

1 7 Si tu veulx , formule de la langue c ourante qui équi­<br />

vaut à notr e "s' il te p l a î t " . Voi r Calbain , p . 15 5<br />

( AT F , II ) . Le Coustur i e r et Es ope t , v. 211 ( Six<br />

Farces , p . 112 ) e t c .<br />

1 3 dea : i n t e r j e c tion utilisée dans la conversation .<br />

El le s e p r on on çai t da ou dya et ne comptait qu 'une<br />

syllabe .<br />

I l e n a t royz t out neufz : cette l oc u t i on n 'est pa s<br />

r e l evé e dans l es di c tionn a i r e s . On la r etrouv e dans<br />

le Chaudronni e r , le Sa ve t i e r et le Ta v e r n i e r (ATF ,<br />

II , p . 120 ; mais le passa ge a été omi s par l' é diteur<br />

à la s uite d'un bourdon ) :<br />

Le Chaude r onner - Par l es pat ins bieu , j e n 'ay c r oix!<br />

Le Sa v e tie r - Pa r mon dieu , je n' a y pi l le!<br />

Taste s y se tu ne m' e n croys.<br />

Le Chauderonnier - Par l es patin s bieu , je n' a y croi x !<br />

Et t oy ?<br />

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243<br />

Le Ro u x d on n e un e xempl e d 'expression ana l ogu e :<br />

Il est char g é d 'ar gent comme un cra Daud de p l ume s<br />

( Dic t ionnaire Comique , s v d )<br />

. . c rapau .<br />

102 Voler sans aile : cette locution s e rencontre f ré-<br />

quemment dans l 'ancien théâtre frw1çais . El l e s i gni ­<br />

fie "entreprendre une chose dont on est incapable " .<br />

Voir Les Vig i l es Triboulet , Re c uei l Treppere l , l ,<br />

p . 224 , v . 24 ; Le clerc qu' fut refus â , Re c uei l<br />

Cohen , XI , v . 95 Scie nc e et Anerie, Re c u e i l Four -<br />

nier, p . 9 5 ; La bou t e i l l e , v . 6 2-63 , etc .<br />

103 Les valeurs de la locution fi gée c'est du moin s ,<br />

ont été soigneusement analysées p a r J . Or r , Es s ai s<br />

d ' étymologie , p . 137- 157 .<br />

104 Il semble qu 'il manqu e un e syllabe à ce vers, ma i s<br />

il faut p e u t - ê t r e l ire p leü s t en deux .syllabes .<br />

105 Br u n e t e dési gne volontiers l a f emme p o u r laquelle<br />

soupire l 'amoureux : "Allege z moy , douce , plaisant<br />

b runette" chante I-1a r o t . nais c'est aussi le nom<br />

d 'un oiseau : i l a pparaît dans une é n umé r a tion de<br />

petit s o i s e aux dans la Nouv e l l e fab r i que de Phil i ppe<br />

d'Alcrip pe , ( p . 116 ) . Il pour rai t s 'ag i r qe la fe -<br />

me l l e du me r le , parfois nom mé brunet , ou d 'une es-<br />

p è c e de béc a s s e a u (Littré) . Quoi qu 'il en soit ,<br />

comme e n d 'au t r e s passages , c 'est l 'occasion pou r<br />

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269<br />

Le v . 362 rep rend l e v. 4 . Il est p o s s i b l e que<br />

c uy è.ent note un parti c l'pe or'é sent . La . ' .p'<br />

_ s i gn i r l c a t i o n<br />

d e t ire r , v . 361 , serai t " s e d i r i ger" ( l e v e r s<br />

suivant de vai t compléter p a r "ve rs e l le " ) .<br />

Le sens géné r a l est clai r : person ne ne lui r ésiste ,<br />

pensant être le mieu x aimé : oui bie n , tout ça<br />

c ' e s t d e la f rime !<br />

368 L 'expr e s sion i l v i e n t, non relevée p a r les dic-<br />

t i onnaires, s'emploie couramment à p r opo s d e l'ar-<br />

g e n t . Voi r la Fa r c e du pauv r e Jouhan ( p u blié e par<br />

E . Dr o z et IL Ro qu e s , Ge nèv e - Paris , 1 959 . ) "Il va<br />

bien mais i l ne v i ent rien , 1 Di e u do i n t que un e<br />

fo i s y en v i e n ene " . ( v . 20 7-20 8 , p . 28 ) . Le p r e mi e r<br />

de c es deux v e r s se retrouv e a u v . 24 de Celui qui<br />

F,arde l es patin s (R e c uei l Cohen , p . 164 ) .<br />

369 Le manus c r i t donne plautr e , forme d e p l â t r e . Ira i s<br />

le sens p a r a î t p l u s s atisfaisant a u prix d 'une l é -<br />

gèr e correction de p l a u t r e en peau t r e : é tai n .<br />

3 70 Demoul u e s t le p a r t . p a s sé d e d é moudre "ré d u ire en<br />

p o u s s i è re " . -îa i s l a l ocution a dcmo u l u n i e s t pas<br />

attestée ; e l l e e s t s a ns doute p a r a l 1 2 1e à a des -<br />

con f i t qui s e l i t a ux vers suivants du Sernon d e l a<br />

Chopinerie ( B . :L , ms fr . 1 6 61) : "Je rne c t r é b Leri a<br />

desconfit 1 Son haul t o r guei l e t s on o obant" . Le<br />

s e n s n e fai t pas de d ou t e : sans que tout n e p a r te<br />

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280<br />

420 Effroy: a t taque··, assaut. Sens que ne relèvent<br />

pas les dictionnair e s et dont je peux citer plu­<br />

s ieurs e xemp l es. Un chevalier barbare pa r ticipant<br />

à l ' a s s aut d'une ville s'exclame:<br />

"Pa r Jupite r qu i me nourrit<br />

Vou s r e n gnyerez Jhe su Crist,<br />

Ou j e vous donray un effroy.<br />

Re n de z vous ! Il<br />

( Vi e e t Passion de s aint Didier, p . 240 ). Un sol dat<br />

éveillé en s ursaut . 11 I a i l e f f ray ?" ( '1 i s t è r e du<br />

Vie l Te s tame n t , t . V, p . 348 ) . On r e trouve l ' e xpr es­<br />

s ion de notr e texte dans la Cond amna t i on de Banquet<br />

" I l z auron t , sans plus séj ourner, 1 Un g bel effroy<br />

s ur l eur logis" ( é d . J acob , p . 3 13 ) .<br />

421 Beffray : tour d'où l e guetteur donna· t l'alarme .<br />

Ce s pa roles sont év·demment i r onique s .<br />

423 Prou : p r <strong>of</strong> i t . ous avons i c i une pa rodie de la<br />

formule de souhait "bon prou vous f ace" quO servai<br />

à sal uer l e s gens que l'on a borda· t . es d·ctionna· ­<br />

res ne donnen a c exe p e de ' e p o i de " a<br />

prou " dans ce e fo e.<br />

424 Prous yvre<br />

po r - es ré<br />

a é a èse e r ans e réf·xe<br />

e à ' é. 0 e.<br />

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281<br />

425 Courroye: bourse . Ce sens est attesté dans Colin<br />

qui loue et despite Die u où la femme se plaint à<br />

Colin et "luy t ire la bource" ( i n d i c a t i o n du texte )<br />

en disant : "Laschez doncques ceste courroye"<br />

( A T F, t. l, p. 229 ). Il manque une syllabe à ce<br />

vers.<br />

427 Dans de nombreux exemples prendre moustarde quel-<br />

que part s ignifie prendre le plaisir amoureux au­<br />

près de quelqu 'un ( Hu gue t en relève deux , ma i s n'en<br />

a pas vu l e sens ) . Il est possible que la métapho-<br />

re joue dans notre v e r s s ur deux sens ; on pourrai t<br />

gloser : vous retourne r e z à v o s plats ordinaires,<br />

c' e st-à-dire à votre v i e o rdinair e ( e t l a mout arde<br />

est s b o l e d e c hoses de p eu d e valeur) et a ux amo rs<br />

à votr e p o r ée .<br />

429 Dans i e r ,<br />

( Re c u e e n, o X) , ous n e rép o nd d e ê e à<br />

galan r o p e . pressé : "Ce n 'es o i vian e pour<br />

vo s " ( v . 298 ) .<br />

3 i1 J aco s e à cô é<br />

Les<br />

. .<br />

a c o s<br />

e a c o<br />

5 0 ... _es 0':' es s 0 ... e<br />

é c':' t ar e ai ... a_ -a<br />

p .<br />

c es - - à • aI -<br />

- s.<br />

4 5 s . s é "'aie ... co-re g e<br />

se a ':' ,<br />

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282<br />

pauvres et, soutenant que rien de naturel n'est<br />

honteux, f ais aien t l'amour en public; au dire<br />

du moin s de c eux qui en parlent. Ils devinrent<br />

célèbres, peut - ê t r e en partie grâce à l'univer­<br />

sité qui se préoccupe beaucoup de leur cas (Voir<br />

B. Ge r emek , Le s ma r g i n a ux parisiens aux XIVe et<br />

XVe s iècles, Pa r i s , 1976 ; p. 345).<br />

Villon (Te stame n t , v. 1161 ) appelle de leur nom<br />

les rel i gieux de vie dissolue et Rabelais donne<br />

à l ' un de s sommel iers de Grangousier le nom de<br />

Tir elupin (Quart Liv r e , ch. 65 ). Le nom Turlupin,<br />

c réé à l'imitation du s on de la flûte, serait à<br />

l 'origine un euphémisme popu l air e pour l'acte se­<br />

xu e l. Par la suite il devien t synonyme de "mauvais<br />

bougre, hypocrite ou pailla r d " . Voir sur ce mot<br />

Leo Spitzer, "Turlupin" , Mode rn l angu a ge notes,<br />

61 ( 1946) , p . 104-108 .<br />

Dans notre passage , Turlupin semble avoir le même<br />

emploi que dans le Testament de Villon , et repren­<br />

dre le terme Jacoppins du v. 434 , en y ajoutant une<br />

nuance de paillardise .<br />

Le A exc l ama t i f est ho r s mèt r e .<br />

436 Pour que l e vers soit juste, deux e finaux doivent<br />

être é l idés.<br />

437 Il représente Pl ais ant Follie. "Elle y conviendrait<br />

très b ien". Voir La cornette où la femme dit à son<br />

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ma ri , a u s u jet de s a c o r n e tte : "El vous<br />

faict t rès bien , mon amy " ( v . 254) c1 e s t­<br />

à-dire : elle vous v a t rès bie n .<br />

439 Elider lie de le ou lir e s av10us .<br />

442 Vers trop court d'une syll abe<br />

rien ne compte deux syllabes .<br />

283<br />

à moins que<br />

445 Bon g r é en ait on. D' a p r è s E . Philipot ( Si x<br />

Farces, p . 148} on est dans des locutions de<br />

ce genre "le s ubstitut euphémique d'un être<br />

s urnat urel ".<br />

449 crase de l e luy .<br />

451 L'aglux : le manuscrit ne sépare pas l'article<br />

du nom et l'on pour r ai t faire un e coupe diffé­<br />

rente . ais le verbe aglue r a u v . 50 1, nous<br />

amène à l ire aglux , qui s e r a" t un s ubstant "f<br />

corr espondant à c e v e rbe ; aglux fournit de plus<br />

un e cor r e c tion plausib l e pour le v . 485 . Ces<br />

mots ne s on t pa s attestés dans les dict"onnaires,<br />

ma" s agl er est p r oba b l e ent a for e nor ande<br />

d'eng er d e s faits pa r a l l è l e s concernan<br />

d'autres ots f or és du préf"xe en- sont é ab i s<br />

( Si x Farces, p . 146 ) . Le vers 883 présen e la<br />

forme englué .<br />

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455 Oyseau de trappe oiseau que l'on prend à<br />

la tra ppe, sorte de piège.<br />

284<br />

4 57 Di s tu ou Di c t e s vous (v. 535), sert à demander<br />

conf irmat i on de ce que l'interlocuteur vient<br />

d'avancer: vrai ment? Est-ce bien sûr ? Dans<br />

l a VI e des Ce n t Nouv e l l e s Nouv e l l e s , un prêtre<br />

a c onfessé un i v r ogn e qui l'en pressait: "Vat<br />

en, tu es bien confessé ! - Dictes vous, sire?<br />

r espond-i l - Oy, vrayment, dist le curé, ta con­<br />

f e ssion est t r e sbonn e" ( Con t e u r s français,p.<br />

44 ) .<br />

Demande r s 'il ple u t c'est poser une<br />

questi on absurde : il s uffi t d'étendre la main<br />

pour le savoir. Cette e xpr e s sion est parallèle<br />

à Es c out e r s' il pleut pe rdr e son temps ( Ou d i n ,<br />

Di c tionnai r e i t alie n e t f r ançais , Paris, 1642 ).<br />

4 58-459 La r i me go rge bouge n' a r ien d' étonnant à<br />

l'époque: le r était f réqu e mme n t négligé à la<br />

rime . Prononcer Di c t ' .<br />

461 Et v i t ( s ubj . imp .) : même s'il voyait . L'appel<br />

à la comparaison avec Argus est fréquente dans<br />

cette situation: "Si femme veut, un homme aveu­<br />

glera 1 Eu s t i l en soy d'Argus tous les cent yeux"<br />

(Plaisant Bou t e h o r s d'Oysiveté , A P F, t . VII,<br />

p. 175). Voir, dans un contexte analogue, les<br />

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Et , p o u r Dieu, soyez mon moyen,<br />

286<br />

Je vous don ray ung chapperon ( v . 233­<br />

234) .<br />

476 Nous restituons d 'euil dans trait d'euil d'après<br />

le p a s s age suivant d ' un e pièce du Jardin .de Plai­<br />

sance :<br />

"Le Capitaine y est Dangier<br />

Qu e je tiens caulteleux archier<br />

Ca r quant tu tir e s un traict d'oeil<br />

Il congnois t bien a u descochier<br />

Si tu as poin t d'amoureux veu i l ".<br />

(fol . CC VIIII , va ) .<br />

479 Signifier : faire con naî t r e , déclarer . Synt a x e<br />

assez lâche; l'ensemble est donné c omme l a compo­<br />

sition d'une drogue : un quart de b e aux mensonges<br />

remplis de belles par o l e s , en fai s ant publiquemen t<br />

des promesses folles . ..<br />

480 Blanc: saigné à b lanc , ruiné .<br />

La comparaison a v e c le sac d e plâ t r e est courante<br />

dans la littér a tur e de l 'épo q u e .<br />

481 Au sault du guische t : Lorsqu'ils franchissent<br />

la petite porte ( a u retour de leurs rendez-vous<br />

amoureux ) .<br />

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de sa i ancée est en ra e s ' e n ass rer e<br />

la â ant. e ag'ster le ré_renne ' " 0 toux<br />

elle a l e ventre frag-le " . La trad ction par<br />

"poitr'ne" ( E . Phil'po t ) ma s q e le j e e scène .<br />

Forcel e ési gne le plus s ouvent le ventre .<br />

Une forcelle ydr opic u e<br />

image pour une bourse bien gonflée .<br />

est une<br />

486 S 'esvente e t gaste : l o r s qu e deux verbes se sui­<br />

vent immédiateme n t , on ne répète pas devant le<br />

sec ond l e p ronom réfléchi déjà exprimé devant<br />

l e p r emie r .<br />

488 Fait reprend vaut . Cette glu a plus de fo r c e<br />

lorsqu'elle a vingt ans que l o r squ'elle est r é­<br />

cente .<br />

489 Ne p a s é lide r Ile de plume.<br />

4 90 Otz , gr aphie pour os deciper est une forme de<br />

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291<br />

Di t z moy : " Mon mais t r e , que vous p l.aist ? "<br />

Faisant hon n e u r , Di e u le commande.<br />

( E . Pic o t , Les mo r alités polémiques,<br />

p . 5 4) .<br />

Dans la Sotie du Roi des sots, le mê me jeu se<br />

r e trouv e au v . 22 ( So t tie s , t. III, p. 212 ). Il<br />

figur ait déjà dans la scène entre l'Aveugle et son<br />

valet qui est ins é rée dans le ly s t è r e de la Résur­<br />

rec t i on d 'Ange r s , fol. 74 VOt<br />

Ce s indications convergentes mon t r e n t que Cuider,<br />

qui va devenir l 'allié de Br ui t d' Amour, garde le<br />

langage du petit mercer ot qu' il est, proche par<br />

son pa r l e r des sots de village et des valets.<br />

499 Et ( hé ) et A sont p robableme n t hors mètre.<br />

501 Herbreteaux , "petites branches" est une forme<br />

dialectale pour arbreteaux . Le p a s s a ge de a à e<br />

à l' initiale devant E semb l e p a r tic u l i è r e me n t<br />

fréquent en No r mand i e . Voir pa r exemple dans le<br />

Glossaire de la use No rmand e de David Ferron<br />

(éd . par A. Hér on , Slatkine,reprints, Genève,<br />

1969 ) erc pour arc, ergarrade pour algarade, er­<br />

gent pou r argent, erme pour arme, etc . . .<br />

- - - -<br />

503 Elider ne.<br />

507 "L'auxiliaire avoir, accompagné de si ( a i n s i )<br />

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292<br />

s'emploie avec ellipse du participe passé au­<br />

quel i l devrait être joint et des déterminants"<br />

(Hugu e t ) .<br />

50 9 Le t exte du manuscrit: Vous ferez roge tres­<br />

sangle est à la mesure de la négligence du scribe.<br />

Ce t e x t e r ésulte du télescopage de plusieurs<br />

é l éments : 1) l'expression Vous ferez roge rage<br />

2) l' e xpr e s sion Vous ferez rage tressanglante,<br />

t rès l argeme n t attestée aussi (voir p. ex Le pau­<br />

v r e Jouhan , v . 364-365 ) ; 3 ) une désinvolture<br />

complète à l'éga rd de ce qu'il écrit, il ne garde<br />

de tressanglante que t r e s s ang l e qui <strong>of</strong>fre le sem­<br />

blant de r ime dont il s'aperçoit soudain qu'il a<br />

besoin. On peut aus si songer que nous avons affaire<br />

à un acteur qui t r a n s cri t de mémoire un texte su<br />

par coeur, déformé et estropié : les mots ne sont<br />

plus que des sons do n t le sens s'estompe... De<br />

toute façon nous sommes en plein charabia.<br />

511 Sus! exclamation d'encouragement, d'incitation<br />

à a gir.<br />

514 Sarrez, f utur populaire de seoir, "s'asseoir".<br />

517 Vers trop court d'une syllabe.<br />

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293<br />

521 Ma r c hant signifie aussi "client". Hais le mot<br />

se t e i n t e a ussi de connotations plus lestes :<br />

" j oy e ux l ur on , S?ia i l l a r d , paillard", et le texte<br />

joue probableme n t i c i avec toutes ces valeurs.<br />

Voir Vi llon , Lais , v. 179.<br />

526 En plumant quand vous les plumez. Ne se dese­<br />

v e n t est obscur ; on pourrait corriger en ils se<br />

desevent "il s se t r ompe n t , i l s se laissent trom­<br />

per ", mais c e t t e . correction n'est pas très satis­<br />

f ais ante .<br />

527 Le pronom élidé !I r envoie à l ' a c tion de plumer<br />

529<br />

énoncée dans l e s vers précédents.<br />

Acoustumer quelque chose à quelqu'un<br />

r e n d r e habituel .<br />

le lui<br />

530 Ouquel évolution dialectale de auquel ; "à celui<br />

qui" , complémen t de acostument , ou de prennez.<br />

531 Ri fflée : poi gnée de plumes qu'on arrache; subs­<br />

tanti f cor respondant au verbe r iffler "arracher,<br />

é c o r cher" ; i l n'a pas été relevé en ce sens.<br />

539 L ' e a u cha u de permet d'arracher plus facilement<br />

les plumes des volailles.<br />

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294<br />

543 Pompée , fo rme normande de poupée. On la rencontre<br />

a ussi dans le Mo r a l de Tout le Monde (Sotties,<br />

III , p . 42) quand le Norid e ne sai t .que l habi t<br />

prendre, un compagn on déclare: "Y luy fault bail-<br />

ler un aful d e pompée Abillé sera au plaisir"<br />

(v. 264-265). Emile Picot a mis à tort une majus­<br />

cule à pompée, e t n'a pas défini aful, qui est un<br />

mot normand signifiant "vêtement". Poupée se dit<br />

d'une jeune fille habillée et maquillée avec co­<br />

quetterie . Cet e mploi non relevé par les diction­<br />

naires est attesté dans plusie u r s textes de l'épo­<br />

que :<br />

"Qui gist es b r a z d'une telle pouppee<br />

Il ne luy faut s ans plus r ien que la mort"<br />

(Le Parnasse satyrique du XVe s iècle, publié par<br />

M. Schwob, Paris, 1905 j p . 6 2 )<br />

" Quand le r oy veist en f e n e s t r e parées<br />

Tant de dames et de musequins sades,<br />

Tant de peupées f res c h e s et coulourées,<br />

Tant de filles f ris qu e s , délibérées,<br />

Tant de corps ge n s et gorrieres bragardes,<br />

Il print p l a i sir aux petites oeillades"<br />

(A P F , t . XII , p. 45)<br />

Castés (Cha s t e t é) renvoie Pamphile à Vénus<br />

"Fuy de chi, va a te poupée !"<br />

(Pamphil e et Ga l a t é e par Jehan Bras de Fer, éd.<br />

par J. de Mo r a ws k i , Paris, 1917 j p. 12, v. 261).<br />

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545-546<br />

550-551<br />

Petit Bon , à la f ille qu'il prend pour une<br />

295<br />

p r o s tituée "Venez avant, nostre po upée ... "<br />

(Mi stère d ' un e jeune f ille laquelle se voulut<br />

h a b andonner a péc h é , é d . par L. et M. Locey,<br />

Genèv e , 1976 , p . 40, v. 8 91) .<br />

"Na i s f aites attention à ce que rien ne leur<br />

reste, car ce qui reste c'est autant de perdu".<br />

Ce s deux vers sont une c itation du Roman de la<br />

Ros e . Ils se lis e n t a insi dans l'édition de Félix<br />

Lecoy : "Fole est qui son ami ne plume Jusqu'à<br />

la dar renier e p l ume" ( v . 13667-68 ; t. II, p. 166).<br />

La forme derrier e pour dernière est largement at­<br />

t estée ( FEW, t . III , p. 48 ).<br />

553 Liczon : forme no rmande de leçon. On trouve li­<br />

chon dans le Glossaire de l a Mu s e No r mande . Un e<br />

pièce des a r chiv e s de Rouen datant de 1461 pré­<br />

cise , dans les obligation s des Carmes en l'é­<br />

glise Sain t - Vivie n , qu' ils doivent "chanter en<br />

haut vigile à trois lichons" (Ch. Robillard de<br />

Beaurepaire, Inv. sommaire des arch. de Seine<br />

Inf., série G, t. V, p. 247 b ).<br />

559 Ce vers reste isolé; il rimait peut-être avec<br />

le premier vers de la chanson; on faisait de<br />

même rimer le dernier vers de la chanson avec<br />

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296<br />

le premier vers de la pièce, lorsque celle-ci<br />

s' ouvrai t sur une chanson ( voir notre édition<br />

d u Cuvie r , App e ndic e) .<br />

560 Femenine: nous avons peut-être eu t9rt de ne<br />

pas ga r de r femerine où se présenterait une dis­<br />

s i milation, dialectale dans ce mot, de la sé­<br />

quence n-n. La lecture attentive du manuscrit<br />

permet d'éliminer Lune des bois efemerine des<br />

p r é c é de n t e s éditions, où l'on voyait une chan-<br />

son...<br />

561 Il a le cuer a la cuysine est fréquemment employé<br />

pour parler d 'un h omme plein d'ardeur et de dé­<br />

s irs auprès de s femmes. On la trouve par ex. au<br />

v. 232 de Maîtr e Mimin étudiant, où le contexte<br />

ne laisse aucun d ou t e sur le sens à lui attri­<br />

buer : Lubine la p r o n on c e à propos de Mimi n ,<br />

lorsque le Magis t e r , après quelques mots en latin<br />

de son élève , tradui t "Qù 1 il vouldroi t bien 'c o u ­<br />

c her Avecque la fille en un lit" (voir la note<br />

d'E. Phil i p o t , Trois farces , p . 92) . L'expres ­<br />

s ion appartenait déjà au théâtre latin: " animus<br />

est in patinis" (Terence , Eunuque , IV , 8) .<br />

562 Sotois: s u r l a f o rm a tion e t le sens de ce mot<br />

voir Lewicka , La Langu e , t . I , p . 16 .<br />

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297<br />

563 Le même vers se retrouve dans la Vie et Passion<br />

de St Didier , p . 240 ; ce doit être une formule<br />

courante, qui dénonc e peu t - ê t r e la sottise de<br />

celui qui l 'emploie .<br />

564 Jardrin est une f o r me très fréquente en moyen<br />

f rançais . Pierre Fouché pense que cette forme<br />

ne dérive pas de j ardin mais de v. nord. ga r d r<br />

(Phonétique historique du français, t. III,<br />

p . 757) . Cependant le développement d'un r s'ob­<br />

serve parfois en pareil cas dans la langue popu­<br />

laire . Ainsi peut-on entendr e dire, dans cer­<br />

taines régions de l'ouest , l a s ardrine pou r l a<br />

sardine .<br />

565 Gorjecte est le diminutif de gorge poitrine.<br />

566 Truffant et broullant Voir v. 26.<br />

568 Cotelle: sorte de c otte . " La cotte simple, qui<br />

recouvrait une c hemise décolletée et à manches<br />

longues jusqu 'aux poign e t s , s'ajustait sur le<br />

buste jusqu 'au dessous des hanches. Cette partie<br />

ajustée s'ouvrait et se laçait dans toute sa<br />

longueur, généralement par devant, quelquefois<br />

sur le côté ou par derrière. A partir du dessous<br />

des hanches, la cotte s'évasait de manière à<br />

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298<br />

tomber en plis j usqu ' a ux pieds" (A. Harmand,<br />

Jeanne d 'Ar c , s e s c ost umes , s on armure, Paris,<br />

1929) . Le s manc he s de la cotte p e uv e n t être<br />

c ourtes , voir la planche XXI de Costume et vie<br />

social e pa r Françoise Piponnie r .<br />

569 De l a bourgeoise du v . 564 à la damoyselle, il y<br />

a p rogr e s sion dans la hiér a r chi e sociale : la<br />

demoisel le est née de pa r e n t s nobles. Par mon ser­<br />

ment est un juron populair e particulièrement fré­<br />

quent.<br />

573-574 Advenir : convenir , seoir. Plais ant Fo l lie se<br />

moque de Jaune -Bec . Son langage comporte en effet<br />

deux dialectalismes frappants : l ' emp l oi de nous<br />

pour notre, (d'aille u r s relevé par Plaisant Foll i e ,<br />

sans que Jaune-Bec ne pe r ç oiv e l 'ir onie), e t<br />

l'emploi de nient ( né ant) pour r ien.<br />

575 Ponthoise, capitale du Vexin , située non l oin de<br />

Paris . La référen c e est de tradition et l'on sait<br />

que Villon y eut recou r s dans ses Lais.<br />

576 Estimation de la distance par le temps nécessaire<br />

pour l a p a r c ourir .<br />

578 Boucledalle s probablement Br i que d a l l e dans la<br />

commune de Sa s s e t o t -le- Ma u c on du i t . Ce hameau est<br />

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299<br />

situé entre deux vallées appelées les Grandes<br />

Dalles et les Peti t e s Dalles j c'est un lieu<br />

habité par des pê c h e u r s et le merlan de cet en­<br />

droit était t rès estimé (voir A. GUilmeth, No­<br />

tices historique s sur quelques localités de<br />

l'arrondissement d ' Yv e t o t , s.d. , p. 162). C'est<br />

peut-être la godal l e dont parle Jaune-Bec. Au­<br />

jourd'hui encor e , on emploie sur les côtes de<br />

l'Ouest le terme collectif de godaille pour dési­<br />

gner un ensemble de poissons de peu de valeur.<br />

Or la gode est , s elon Li t t r é , le nom en No r mand i e<br />

d'un poisson au goût de me r l an . H. Gadeau de Ker­<br />

ville ( Fa un e de la Normandie , t. IV, p. 383)<br />

l' identifie au tacaud :" très souvent on le trouve<br />

durant la saison chaude , dans les eaux saumâtres<br />

des e mbouchures des fleuves e t des g r and e s r i-<br />

v i ères."<br />

Ces vallées, cette godaille , ce nom (on trouve<br />

plusieurs fois dans des documents anciens ce ha­<br />

meau nommé alors Br u quedal l e j voir Robillard,<br />

Archives de la Seine I nférie u r e , série G, t . l,<br />

p . 71 ) , la faç on de pêcher ces poissons semblent<br />

concorde r avec les indications du texte et même<br />

l 'éclai r e r . Le peu d'intérêt de la godaille exal­<br />

t é e pa r Jaune Bec rentre très bien dans l a pein­<br />

t u r e de la sottise niaise de ce p r ovincial .<br />

584 La comparaison avec le mouvement des pois e n<br />

train de bouillir dans un e marmite est t rès cou-<br />

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589-590<br />

30 0<br />

rante. Le sot, quand Vénus sonne sa trompette<br />

Il ••• va et vient , danse et tri pete 1 p l u s dru cent<br />

fois que pois en pot ll (A P F, t. XII, p. 310).<br />

La réponse d e Jaune-Bec reproduit en toute naï­<br />

veté une plais ant erie répandue : Il.L t ung disoi t :<br />

Il n ' e s t gentilhomme<br />

Que de sa mere seullement,<br />

Ca r on congnoist bien clerement<br />

Que son ma r y fut ung mercier Il<br />

( G. Alexis , Oeuv r e s poétiques, t. II, p. 336,<br />

v . 332-336 ) . George l e Veau, dans la farce de ce<br />

nom, se découvre aus si IIge n t i l homme de par sa<br />

me r e ll<br />

( A T F, t . l , p . 3 94 , v. 264-265).<br />

Il manque une syllabe au v. 589.<br />

Le ma ç on est le symbole de l'ouvrier le moins<br />

adroit "On dit par i n j u r e à toutes sortes d'ou­<br />

vriers qui travaillen t g r os s i è r e me n t et à quel­<br />

que besogne que ce soit, que ce sont de vrais ma­<br />

çons" ( Le Roux , Diction nai r e com ique ).<br />

594 Soudr e : " f on d r e , dissoudre" (sens que n e signale<br />

p a s Go de f r oy . Voir J. Haust, "Etymologies fran­<br />

çaises et wallonnes", Romania , XLV, 1918-1919).<br />

Un e formulation parallèle se r etrouve dans la<br />

farce Le Brigand ,le Vilain , le Sergent... où<br />

le Brigand, en différend a v e c le Vilain , lui dé-<br />

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clare<br />

En fourme de vilain sanz faille<br />

Es b ien taillié<br />

( v . 6 1- 6 2) .<br />

301<br />

595 Plain : génér e ux , r iche. Il s'agit probablement<br />

d e plein que Godefroy relève en ce sens. Cet<br />

emploi e s t attesté dans les farce ( Dé b a t de la<br />

nour rice et de la c h amb r i è r e , A T F, t. II,<br />

p . 432, v . 3 15 ; Farce du Pauvre Jouhan, publiée<br />

par E . Droz et M. Ro qu e s , Genève-Paris, 1959,<br />

v. 279) .<br />

599 Dans la Moralité à l'hon n e u r de l'Assomption de<br />

la Vierge, la même expression se retrouve: le<br />

Bien Gracieux demande à la Bie n Parfaite si elle<br />

n'a point "quelque amy loyal" et celle-ci lui<br />

répond : "Monsieur , vous penseriez bien mal 1<br />

Que telle gerbe fust s ans lie n " ( J e an Parmentier,<br />

Oeuvres poétiques , é dition critique par Françoise<br />

Ferrand, Genève , lib r e Droz ; Paris, libre Mi n a r d ,<br />

1971 ; p . 73 , v. 127-128).<br />

602 Ame u r s forme dialectale pour amours .<br />

605 Le manu s c r i t porte coletue au début du vers. Ce<br />

mot m'est inconnu . Le mètre et le sen s paraissent<br />

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302<br />

l'exclure. Faut-il y voir "colue teste" qui est<br />

attesté au v. 1314 du Roman de Fauvel (éd. A.<br />

Langfors , Pa ris 1919, p. 52 et note p. 129) ?<br />

Le s ens "tête allongée" proposé par Langfors<br />

s erait ici pris comme apostrophe de dérision.<br />

607 Se do rmir : ne pas se soucier, sens que les dic­<br />

tionnai r e s ne relèvent pas ; il est bien attesté.<br />

Le Poulie r à six personnages : "Dormés vous et<br />

me l aisés faire" dit la meunière à son mari, v.<br />

122 . Le Martyr ologu e des Faulces langues: "S'ils<br />

sont loyaulx , je n'en scay rien 1 De cela<br />

m'en tais et en do r s" (Oe uv r e s de Guillaume<br />

Alexis, t. II , p . 347 , v. 442-443).<br />

L'expression dormi r comme po r c est usuelle à<br />

l'époque : Le Mystèr e de la Pa s sion d'Arnoul<br />

Greban, v. 29 221 ; Les Ce n t Nouv e l l e s Nouv e l l e s ,<br />

XXVI, p . 112 des Con t e u r s français; Les Femmes<br />

qui font refondre l eurs ma r i s , A T F, t. l, p. 74,<br />

v . 273-275 ; etc...<br />

616 Ce v e rs t rop court pourrait peut-être se lire<br />

A, a, c omment vous y allez !<br />

618 Poié: part. passé dialectal de payer ; tout sec<br />

"comptant", sens que confirment les v. 17518­<br />

17519 du My s t è r e de la Passion d'Arnoul Greban,<br />

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303<br />

(éd . o. Jodogne) où Judas déclare: " Mad a ilz<br />

seront paiez t ou t sec 1 Avant que j'en face<br />

ja course".<br />

621 Ce , en fin de vers, est fréquent chez les poètes<br />

du XVe e t du XVI e siècle. En cette position, il<br />

s 'élide rarement. On trouvera une liste d'exemples<br />

p robants dans les Oeuvres de Guillaume Alexis,<br />

t . l , p . 1 2 , en note. Est-ce que cette prononcia­<br />

tion entr aîne un phén omè n e analogue pour eusse<br />

à la rime au vers s u ivant, qui paraît compter deux<br />

syllabes? On peut aus si songer à lire eüsse,<br />

prononciation que l 'on rencontre dans la farce<br />

normande des Cris de Paris , v. 255 ( So t t i e s , t.<br />

III, p. 139), et ailleu r s ....<br />

622 Ce principe qu 'une dame doit "être priée" est<br />

rappelé par Coquillar t dans la Complainte d'Eco<br />

qui ne peult jouyr de ses amours :<br />

liTant y ficha son cueur et son courage,<br />

Et tellemen t a l'aymer s'employa,<br />

Que sans g a r d e r d' aul, tir-es darnes l'usage<br />

D' estr e priées, elle mesme prya".<br />

(Oeuv r e s , é d . M. Freeman, p. 113, v. 8-11).<br />

629 Pl ais ant Follie détourne le regard de Jaune-Bec<br />

pour agir à son aise. Il faut être sot pour se<br />

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304<br />

laisser prendre à une ruse aussi grossière comme<br />

le souligne Cuider aux vers suivants.<br />

630 Ha r o : cri d'appel à l'aide, de désolation (feinte<br />

ici) .<br />

631 Ve a u : sot; le village s'oppose à la ville et<br />

l ' e xpr e s sion de village sert à qualifier un homme<br />

de la campagn e , niais par principe. Cette réfle­<br />

xion de Cuide r joue sur les liaisons possibles<br />

du mot veau .<br />

Beroalde de Vervill e e mploie l'expression veau<br />

d'attache ( =p i e u ) pour désigne r des sots parti­<br />

culièrement niais ( Le Moy e n de Parvenir, Paris,<br />

librairie Garnier , s. d. , XXXI I , p. 98).<br />

• 632 Gardrinage : dérivé dialectal de jardrin (voir<br />

v . 564 ) : jardine t .<br />

634 Cotete: diminutif de cote non relevé par Godefroy,<br />

mais bien atte s t é ici puisqu'on le retrouve au<br />

v. 70 4. Voir v. 568.<br />

637 En avoir signifie "recevoir des coups". Ce<br />

sens n'est relevé ni par Godefroy ni par Huguet.<br />

Il est cependant bien attesté dans les farces.<br />

Dans la farce de 'Me s s i r e Jehan, la Mère, furieuse<br />

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308<br />

ce que l'on avance une partie du corps parti­<br />

culi èrement précieuse? Ce n'est pas impossible,<br />

et elle ser ait à rapprocher de "Je le jure sur<br />

ma propr e tête" ou d'autres locutions qui en ap­<br />

pellent aux yeux, ou à la prunelle des yeux. Ce­<br />

pendant la portée de cette expression me semble<br />

s p é c i f i que de la société féodale. Par ces deux<br />

mains r e nvoie au r ite de l'hommage féodal où le<br />

vassal devient l' homme de son seigneur en mettant<br />

s es mains dans les siennes. Les mains ainsi placées<br />

garantissent l ' engage me n t pris. Je trouve dans le<br />

fabliau du Mire de Br ai un emploi qui fait claire­<br />

ment référence à l'hommage<br />

Me r c i , sire , d i st l i vilains,<br />

Je sui vostre hon de me s .II. ma i n s ,<br />

Tot a vostr e c ommand e mant .<br />

w. 367-369) .<br />

(Fa blia ux français du Moy e n Age, édition critique<br />

pa r Philippe Mé n a r d , t. l , Genève, 1979, p. 93 ).<br />

Par ces deux mains garder ai t donc l'empreinte de<br />

l 'acte d'hommage et ce serait une façon particu­<br />

lièr ement s ole nn e l l e d'attester la véracité de ce<br />

que l 'on énon c e . Ce geste de garantie d'un engage­<br />

me n t p r i s est présent dans la promesse que la<br />

femme de la farce du Retrait fait à son valet<br />

Je te promais,<br />

Par la main qu'en la tienne mais,<br />

Ne t'appelleray jamais lourdault.<br />

w. 72-74)<br />

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309<br />

Il Y est éga l e me n t fait explicitement référence<br />

dans l'Enquête d'entre la Simple et la Ru s é e<br />

de Coqui l lar t :<br />

.... ledit Mi gnon par tel sy<br />

A cette simple s'obligoit,<br />

Et en ses mains luy premettoit<br />

Pa r ses mains, corporellement,<br />

Pou r se donner la serviroit.<br />

( v . 911-915 )<br />

( Oe uv r e s de Co qui l l a r t , éd. fil . Freeman, p. 109).<br />

Ces exemples sont précieux : ils nous permettent<br />

de tracer le chemin e me n t de l'expression et la<br />

valeur qu'elle pouv ai t revêtir. On la rencontre<br />

fréquemment dans l e t héâ t r e , dès le Jeu de la<br />

Feuillée ( v . 6 99) e t jusqu'aux my s tèr e s et aux<br />

farces . Il n 'est pas s û r qu' en chaque occurence<br />

le r ite auquel i l est fai t allusion soit présent<br />

à l'esprit de celui qui prononce la formule, mais<br />

i l est i n dén i a b l e que l'expression en g a r de un<br />

caractère solennel : c elui qui l a p r on on c e ne<br />

s'engage pas à la l é gère.<br />

Relevons quelques exemples : II Bien savoye par ces<br />

deux main s 1 Qu ' e n la fin n'en auroit ja mains ll<br />

(Le savetier et le Mo i n e , Recueil Cohen, p. 263,<br />

• Il<br />

v. 246-247 ) , car par ces deux mains, 1 En-<br />

cour pren je g r ant aventure" (rvli s tèr e de saint<br />

Adrien, v. 8 40 6- 840 7 ) ; "Je vous jure par ces deux<br />

mains ll (Wa t e l e t de tous mestiers, A P F, t. XIII,<br />

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689 Fairés sert à reprendre aprouver.<br />

311<br />

691 La f o rme de s ub j on c ti f doint a survécu jus­<br />

qu' au XVIIe siêc l e (P . Fouc hé , Le verbe français,<br />

p . 145) .<br />

696 Enflemme: est-ce une s imple graphie pour en­<br />

flamme ? la g r aph i e en - pour le a nasalisé est<br />

constante dans ce texte.<br />

700 Pa r plume r en le p lumant .<br />

703 So rveignete , mot i n c onnu j à r attacher pe u t - ê t r e<br />

à sorvenir, le sens en ser ai t " accue il". H.<br />

Lewicka avait proposé "souvenir ", mais sa g l o s e<br />

était fondée sur la lectu r e souvei gnette de Four­<br />

n i er (Langue , p . 116 ).<br />

704 Texte difficile . Si queulx r eprés ente queu e s<br />

(la traîne des robes) l 'absence d ie fi n a l n'est<br />

pas gênante sous la p l ume de notre copiste j en<br />

revanche la forme neufz pour le féminin est d'in­<br />

terprétation délic a t e est-elle due à l'élision<br />

d'un e f inal ?<br />

En ôtant les plumes de Verdier, Cuider<br />

commente : voici des queues neuves pour mettre à<br />

sa robe ( de Plaisant Folie ).<br />

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711<br />

713-715<br />

312<br />

Il manque deux syllabes à ce vers , ( n 'y a se<br />

prononce en une seule syllabe) . On pourrait l ire<br />

il n'y a i c y que nous , d 'après le v . 256 du<br />

Gent ilhomme e t Na u d e t : "Il n'y a icy que noz<br />

deux" (A T F, t . I, p. 263 ) .<br />

Ce passage parait très bouleversé . Nous a v on s<br />

rejeté en note le v . 713 bis qui semble bien une<br />

addition du copiste : la rime tromp'rie : pris<br />

témoi gne de l' amu issement complet du e dont il<br />

est coutumier. De p l u s ce vers n'est que la reprise<br />

du v. 705 . Cette addition l'a entra!né à trouver<br />

une r i me à foli e , et c'est sans doute ce qui<br />

exp l i q u e que la p remièr e strophe de Pl ais ant<br />

Folie compte 4 vers a u lie u de trois . Le s vers<br />

7 15-7 16 n ' e n faisaient p r ob a b l e me n t qu'un : "Une<br />

berg i e r e et un p a s t o u r " .<br />

Le caractère des strophes de Plaisant Folie<br />

l e u r schéma régulier , i nciten t à p e n s e r qu'il<br />

s 'agit d'une chanson .<br />

718 Me n o i n t : Cette forme sans e (due à l 'anal ogie<br />

de la 3è pers . du singulier) est attestée (voi r<br />

G. Lote, Histoire du vers françai s , Paris , 1955<br />

t. III, p . 102). Ma i s il manque une s yll abe à ce<br />

vers, et il est probable que nous d e v ons cett e<br />

f o rme au c opiste , et que le t exte p o r t ai t me noien t .<br />

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725 Entretenir<br />

313<br />

avoi r des relations amoureuses<br />

a vec j le, forme d u pronom f éminin complément<br />

dans les parlers picards . Ce vers n 'a que sept<br />

syllabes.<br />

728 Vers trop court d 'une syllabe .<br />

732 La proposition du v . 733 développe le c ont e n u<br />

d e ces vers .<br />

733 Tomber à l'envers, expression euphémique pour<br />

"faire le jeu d'amour" . Frere Fillebert conseille<br />

ce remè de à une "jeune g a r c e " qui est malade :<br />

"Car l a mort e n peult encourir 1 Sy el ne tumbe<br />

a l a r everse". (Fr e r e Philib e r t , v . 75-76 j Le<br />

Re cueil LRM qui a p ublié ce texte dans son <strong>tome</strong><br />

IV, n O 62 , a o mi s le v. 75 ). La même idée est<br />

repri s e dans une chanson du recueil de Jean Bon­<br />

fon d s (Paris , 1548)<br />

"On dit que l e ma l de dents<br />

C ' est une ma l a d i e diverse :<br />

La douleur que mo n cueu r sent<br />

Encore elle est plus pe r verse<br />

Se je ne tumbe a l a r enverse<br />

Je scay bien que je mou r r oy" .<br />

( f 0 Fvj , v 0 ) •<br />

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736-740<br />

314<br />

Ces v e r s forment une strophe qui échappe au<br />

schéma des précéde n t e s ; au l ieu de troi s vers ,<br />

nous en trouvons c inq . Il semble que deux vers<br />

a ient été ajoutés à la s uite d 'une erreur de<br />

compréhension du texte . Pais a été lu païs<br />

(=p a ys) et ne r imait donc pas avec la réplique<br />

de Verdier, ce qui a entraîné la réfection d 'un<br />

vers ( v . 738 ) pour rimer avec païs et d 'un v e r s<br />

( v . 740 ) pour rimer avec la réplique de Verdier .<br />

En réalité pais est à l ire en une seule syllabe ,<br />

et l'article le , à supposer qu'il ne soit pas dû<br />

a u correcteur, serait f é minin, comme i l arrive<br />

en p i c ard. Pais aurait le sens de "paix, accord".<br />

La s trophe ori ginelle serait donc :<br />

Dea , d i s oit elle, Robin e t ,<br />

Pour ung p e ti t enffantinet,<br />

Ne n faul t i l laisser le pais?<br />

Pour a sa valeur cau s a l e , et, de la sorte, la<br />

t rame commencée dans l e s strophes précéde n t e s con­<br />

tinue de se mettre e n p l a c e .<br />

Mais le v. 73 9 n'a plus que sept syllabes , et le<br />

v. 741 n'en a que s ix. Tout ce passage paraît fort<br />

corrompu .<br />

739 Ne n : en ; voi r le v . 773 ; les e xe mples d e nen<br />

pour en sont très nombreux : Frere Philibert<br />

" Ouvre z nen ainsy qu e de cyre" (Rec uei l LRI·l, IV ,<br />

nO 62 , v . 96) . Débat du jeune moine e t du v i e i l<br />

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315<br />

gendarme : "Nen tiendra l 'en compte? nenny"<br />

(Recueil Trepperel , t . II , p . 45 , v. 26) ; Le<br />

Vendeur de livres , v. 120 (Six farces p . 28) .<br />

Ces farces sont normandes ou picardes .<br />

742 Il n'est poin t de si doubce vie , est p r oc h e du p r e -<br />

mier vers d'une chanson conser vée dans le recu e i l<br />

de Cambrai ( Bi b l . municipale , manus crit 124) au<br />

fol. 130<br />

Il n ' est sy doulc e vye<br />

Qu e de joyeuseté passant melancolye .<br />

En la chambre de m'amye<br />

Nou s i r o n s , vous et moy ...<br />

Ma i s comme l e mo n t r e la différence de schéma<br />

de ce qui suit ce premier v e r s, ce t te r encontre<br />

est p robableme n t fortuite . H. M. Brown qui a r e l e v é<br />

ce vers reste p r u d e n t sur sa relation à la chan­<br />

son (Mu s i c in the French secular theater , 1400­<br />

1 550, Cambridge , r.la s s . , 1963 , p . 229) .<br />

La chanson " y n'est si doulce v i e" figure dans<br />

les De ux Gallans ( So t t i e s , t . I , p . 18 2 ) .<br />

7 4 5 Me s huy : bientô t . Sur l e s emplois de ce mo t ,<br />

voir une longu e note d' Emmanuel Philipo t dans<br />

Six Farces, p . 36-37.<br />

746 Jouhen rime avec f in. Ce prénom symbolise la<br />

sottise :<br />

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316<br />

"Il est des fos qui s on t joyeulx,<br />

Comme Jouen, Pernet ou Josse,<br />

Qui n'ont pas la teste p l u s g r o s s e<br />

C ' u n e p ome de Capendu".<br />

(Les Sobr e s Sots , v. 226- 229 ; So t tie s , t. III,<br />

p. 65) . C ' e s t sans doute ce même prénom, avec<br />

une p r on o n c i a t i o n identique à celle de notre<br />

texte que nous trouvons sous la graphie joinct<br />

au v. 78 de l' Aveugle, son valet et une tripière<br />

(Recueil LRr.1 , l , n " 1 2 ) : "De a , m'en i r a y ge ainsi<br />

droi c t j oinct ?"<br />

74 7 Vent est une graphie du p a rticipe présent veant<br />

de veoir eul est une g r aphie p o u r oeil ; au<br />

vent d'eul : sous ses yeux . L 'expr e s sion "au<br />

v oy ant d'oeil" se trouve aussi dans l e Jardin de<br />

Plaisance , f O cxcv , r O.<br />

7 4 8 Le e de crie ne s'élide peu t -être pas .<br />

749 I l manque un vers p o u r r i mer avec celui-ci.<br />

751 Bou ha ha : ce cri est destiné à provoque r la<br />

peur. Tou s les exemples relevés le prouvent<br />

voir Audin, Audette et le Curé, ( A T F , t . l,<br />

p . 137), La Sottie des Sots qui corrigent le Ma ­<br />

gnificat, v . 196, (Recuei l Trepperel, t . l , p.<br />

201) , Les Trois amoureux de la Croix , v . 424<br />

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(Recueil Cohen , p . 63) .<br />

Elider l ie de e ncore .<br />

751-761 Schéma des r i mes a a a a b b a b b .<br />

317<br />

755 Couster pour bons , seul e x emp l e de c e t te e xpr e s ­<br />

s i on. Le sens doi t ê tre p r oc h e de coûter bon:<br />

" c 'est paye r fort c her" (Le Roux , Dictionnai r e<br />

comique ) .<br />

762 Vers trop long d 'une syllabe à moin s d 'élide r<br />

l 'article .<br />

763 Bouc a i l l e : bois ; ce collectif désigne peut - être<br />

les branchagffienduits de glu destinés à a t t r ape r<br />

les oiseaux .<br />

764 A est hors mè t r e .<br />

76 5 La comparaison avec la gr ue r este obscure. La<br />

grue est le symbole du sot . Voir H. Est i e nn e ,<br />

Apologie pour Herodo t e ( La Ha y e , 1735), p. 28<br />

" Aussi n ou s usons de ce mo t de g r u e en ceste<br />

me sme s i gni f ication de sot".<br />

770 Vers trop court d'une syllabe.<br />

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774 On tondait les fous; cette expression est<br />

maintes fois att e s tée . Le v. 505 des Tr ois<br />

Coquins précise : "tondre en gui s e de fol"<br />

(Re c ueil Cohen, p. 441).<br />

Nen : en ; voir v. 739.<br />

318<br />

776 Se poll ie : Le sens du verbe poulier ( é l e v e r)<br />

ne conv ient guè r e ici.<br />

779 I l n e fault poin t parler du pris i n u t i l e d'en<br />

di r e davantage . C ' e s t une locution toute faite<br />

qui s e rencontre au v. 71 du Savetie r et l e Moin e<br />

(Recueil Cohen , p . 260) , au v. 103 de l a Ma uvais ­<br />

tié des Femmes (Ibide m, p . 387) , a u v. 3 5 163 du<br />

Histere du Viel Testament .<br />

780 Expression dont je n e c onnai s pas d'autre exemple<br />

et qui paraît signifier : vous en fai t e s ce que<br />

vous voulez .<br />

781 Gouver ner s e mble a v o i r , à partir d'un même sens<br />

de b a se , de s vale u r s différentes selon le milieu<br />

qui l'emploie. Hugu e t définit gouverner une femme<br />

"Lui faire la cour". Cette valeur convient en<br />

effet à un certain nombre d'emplois. Ma i s appliqué<br />

à un milieu populaire, le mot prend des résonances<br />

plus crues, qu'Huguet n'a pas relevées. Dans une<br />

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319<br />

de nos plus anciennes farces, Le Brigand, le<br />

Vila in, le Se rge n t , la femme souhaite la mort<br />

de son mari :<br />

Qu ' i l me maine trop dure v ie<br />

Pour une garse qui n'est mie<br />

Sy belle comme moy d'assez.<br />

Il a plus de trois ans passez<br />

Qu ' i la gouverne...<br />

v. 156-160 ( é d i t i on i n é d i t e de Mi c h e l Rousse).<br />

Le doute n'est guère permis. Mais dans la 98e<br />

d e s Cent Nou v e l l e s Nouv e l l e s , le sens est on ne<br />

peut plus clair : " Quatre gros charruyers ou<br />

bouviers 1 ••• 1 entrerent baudement en ces t host el<br />

demandans rigoreusemen t ou estoi t la ribauldelle<br />

que ung r u f f iens nagueres avoit amenee derriere<br />

luy sur ung cheval, e t qu ' i l failloit qu' ilz bus­<br />

sent avec elle et a l e u r tour la g ouv e r n e r " .<br />

(Conteurs du XVIe sièc l e , é d . de La Pléiade, p.<br />

336) . Odet de Turnèbe dans Le s Contens, emploie<br />

gouver ner au sens de " faire l'amour à " : "Nous<br />

sommes perdus , car c'est e n la salle que mon<br />

mais t r e gouver n e sa Geneviefve Il ( I I I , 7). C'est<br />

bien ce sen s qu' il faut donner à gouv e r n e r dans le<br />

vers de La pipé e .<br />

785 Vers trop court de deux syllabes.<br />

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S03<br />

S06<br />

S07-S10<br />

S07<br />

80S<br />

Vers incomplet.<br />

Cadure est un mot inconnu. Ce vers est<br />

pa r a l lèle au v. 609, et a probablement un<br />

sens analogue.<br />

Rimes croisées.<br />

On retrouve la même phrase pour signifier<br />

321<br />

l a v o lonté d ' a l l e r jusqu'au bout au v. 3071S<br />

du t·li s t e r e du Vie l Testament, (t. IV, p. 160).<br />

L 'expression Venir a son dessus n'est pas<br />

r e l e v é e dans les dictionn a i r e s . C'est une<br />

s pé c i f i c a t i on de venir au dessus de. Le sens<br />

est clair ( " t riomp he r , r éussir" ) et les at­<br />

testations sont nombreuses dans les textes<br />

de théâtre . Il s 'agi t p r oba b l eme n t d'une locu­<br />

tion appartenant à la langue parlée. Voici<br />

quelques exemples :<br />

Il ••• façon trouvera 1 De parvenir a son dessus",<br />

(Se rmon des fous, A T F; t. II, p . 211 ) ;<br />

IICar jamais n'airont bon repas 1 Sy n 'en vien­<br />

nent a leur dessus", (Langues esmoulues , LR- t·l ,<br />

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t . IV , p . 14 , v . 1 23-124 ) ; " Et se voz<br />

gens sont les p l us f o r s I lz en v endron t<br />

a leur dessus" ( Pa s s i on de Gréban , éd . 0<br />

J odogne , v . 17538- 1 7539) .<br />

322<br />

La locution se fige de p l u s en plus e t l' on<br />

aboutit à une phr a s e comme celle-c i , t r o uv é e<br />

dans le Ny s t è r e de saint Sébastien (éd . p a r<br />

L.R . lvU l l s , Ge nève - Paris , 1965) " J ' e n r a ­<br />

g e ray ou v r ayment 1 J ' e n v iendray a mo n au<br />

dessus" ( v . 3556-3557 , p . 160 ) .<br />

809 la r r e lle désigne p rimitiv e ment un j e t on . Par<br />

l' intermédiaire du jeu et de ses péripéties<br />

le mo t est entré dans des locution s figurée s<br />

de sens divers . Les coups du hasard sont sou­<br />

vent durs à supporter , et marrelle a pris<br />

parfois, comme i c i , le sen s d e " mauvais coup,<br />

mé cha n t tour" . Tr a i r e merelle avait déj à ce<br />

sens dans le Roman de Fauvel ( v . 2140) ; on<br />

rapprochera le vers de La pipée des par oles<br />

qu 'Humebrouet adres se au c hrétien dont i l coupe<br />

l a tête dans le Geu saint De nis : " Tien , a pos­<br />

t a t , c este merele" ( v . 485 , p . 9 5) .<br />

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811 Vers incomplet, ainsi que le suivant.<br />

814 Vers trop court d'une syllabe.<br />

8 1 5 Jeu de mo t s sur les sens d'affiner<br />

( un mét al) , 2 1tromper par ruse.<br />

323<br />

11purifier<br />

816-819 Ce s vers sont dans le ton de maints rondeaux<br />

galants :<br />

IILes biens qui sont en vous, ma dame,<br />

On t mo n cueur si tres fort espris<br />

Qu'il z ont ravy tous mes esprits<br />

A vous a i mer plus qu'autre femme ll<br />

( A P F , t . XI, p. 29 ).<br />

Le style est celui d e la ph r a s é o l ogie amoureuse<br />

du temps ·<br />

823 Le vers 8 2 2 bis , rejeté en note, avait probable­<br />

ment été rajouté p o u r donner une r ime a setilles<br />

compris comme setil : s ubti l . Setillés : habile,<br />

expert ; l 's fin a l non prononcé est une incohé­<br />

rence du copis t e ; la forme setillé pour stylé<br />

est un dialectalisme attesté dans des oeuvres<br />

normandes : on trouve setille, au v. 16 de La<br />

Fille basteliere ( Recueil LRM, t. l, nO 1), et<br />

au v. 123 du Vendeur de Livres (Six farces, p.<br />

28 ).<br />

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7<br />

a e<br />

j s es a "<br />

..<br />

:n..<br />

:: JL<br />

.. JI2l ""<br />

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870-871<br />

8 75- 8 76<br />

326<br />

Bibl . Na t .) . Je m'en suis autorisé pour corri-<br />

ger le texte .<br />

860 Un vers a é té omis qui rimait avec celui-ci, à<br />

moins que l'auteur ne se soit satisfait d'une<br />

r i me a pproxi mative, renvoyant aux deux vers pré-<br />

c é dents ; mu e n t comprend les mêmes phonèmes,<br />

mai s inter v e r t i s .<br />

862 Ver s trop long d'une syllabe<br />

primer par .<br />

on pourrait sup-<br />

867 La souche symbolise l'immobilité, l'inertie, mais<br />

on dési gne aussi de c e terme une personne stupide.<br />

868 Faire le lousche : fein d r e d'avoir une mauvaise<br />

vue peut-être y a-t-il i ci encore amb i guïté,<br />

car lourche "qui échoue" se confondait avec lous-<br />

che dans la p rononciation et la g r a phie .<br />

Il manque troi s syll a b e s au premier vers et le<br />

second e n a trois de trop, ma i s ceci paraît un<br />

hasard, et je ne vois pas comment proposer une<br />

correction.<br />

" NaI s i l s n'étaient pas aussi malins que vous<br />

ceux à qui ... . , "<br />

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329<br />

886 Ira i gne, f orme dial e c tale d 'aragne , c 'est la<br />

toile d'araignée ; c 'est aussi , par analogie , un<br />

f ilet de structure extrêmement légère avec l e­<br />

quel on prend les oiseaux . Gilles Picot , s ieur<br />

de Gouberville , note le 8 n ov e mbre 1555 : "Au<br />

soye r , Symonnet et Damour s c ommencere n t une y ra­<br />

gne a p r endre les me rle s " (Jour nal du sir e de<br />

Goube rville , publié p a r E . d e Robillard de Beau­<br />

rep a i r e , Caen, 1892) .<br />

889 Les plus r og e s y sont pris est un dicton<br />

relevé par Cotgrave et cité dans beaucoup d 'oeu­<br />

vres des XVe et XVIe siècles . Il est intéressant<br />

de noter que J . Grevin dans La trésori ere r e m­<br />

plaça rouge par rusé : "Les plus rusez y sont<br />

pri s " ( é d . L. Pinvert, Paris , 1922 , p . 66) .<br />

893 Elider l'e de pourtera .<br />

894 Croquenelle est sans doute un dérivé de coquin .<br />

On trouve un e xempl e d e coquenel : "Et toy,<br />

Galart , le coqueneau l " v. 3709 , (p . 772 , du<br />

Mi s t e r e de sain t Adrie n , p ub lié par E . Pic o t ,<br />

Mâ c on , 1860 ). Dans notre texte ce mot a sans doute<br />

été i n f l ue ncé par croquenelle "coup" attesté en<br />

ce sens au v. 74 des Coquins, (Rec u e i l Cohe n ,<br />

p. 434 ) qui appartient à une famille prolifique<br />

croquenolle (v. 22721 du Ny s t e r e de la Pa s sion<br />

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330<br />

de Jean Mic he l ) , croquignolle relevé par le<br />

Di c tionnai r e de l'Académie en 1694 " e s pèce<br />

de c h i quenaude. Ce mot est bas".<br />

895 Le pa ssage du tu au vous est attesté dans l'an­<br />

cienne langue et appartenait à la langue popu­<br />

laire ; voir Luc i e n Foulet Il Le tutoiement en<br />

ancien français", Romania, 45, 1918-1919, p. 501­<br />

503.<br />

896 Ve r s t rop l ong d'une syllabe. Elider Ile de je ?<br />

ou lire non au l ieu de nonny ?<br />

915 Ma i s renforce t o u j o u r s en insistant sur la conti­<br />

nuité du temps : " à p e r pét ui té " .<br />

920 Pipper 1 1chasser à l a pippée , 2 ltromper.<br />

922 Les représente " c e ux que vous prendrez".<br />

925 Bruion est un nom dialectal du bruant.<br />

927 Sarrer: p r on onciation de serrer. Serré signi­<br />

fie fermé, clos; par analogie avec une maison,<br />

il a sans doute ici le sens de " s u r vos gardes".<br />

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932-935<br />

Ces vers sont une formule d'adieu que l'on<br />

331<br />

retrouve dans beaucoup de farces; ils s'a­<br />

dre s sent évidemme n t au public .<br />

Ha u l x et b a s renvoie à la condition sociale<br />

des s pectateurs, comme le confirme, entre<br />

autres preuves, le My s t è r e de l'Incarnation<br />

et Na tivi t é : " De ceci n'est personne aucune<br />

Exc eptée soit basse ou hau1taine" ( De u x i ème<br />

journée, p. 21 ) ou les Repues franches de Fran­<br />

çois Vil l o n "De tout estat , soit bas ou hault, 1<br />

Venez-y qu'i l n'y ait deffault" (Oeuvres de Fran­<br />

ç ois Vi l l on publié e s par Paul Lacroix , Paris,<br />

s .d . ; p . 215 ) . Ce s témoi gnages seraient super­<br />

f l us si Barbara C. Bowe n n'avait déduit d'une<br />

telle formule que "la salle était en forme<br />

d' amph i t héâtre avec des g r a d i n s " (Les Caracté­<br />

r i s t i ques esse ntie l l e s de la farce française ... ,<br />

Urbana , 1964 ; p . 63) .<br />

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o U V R AGE S C l TES E N A B REG E<br />

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TABLE DES OUVRAGES CITES EN ABREGE<br />

333<br />

Nous donnons ici les t i t r e s des oeuvres que nous<br />

avons été amenés à mentionner olusieurs fois dans l'intro­<br />

ductio n ou d a n s l e commentaire du texte. No u s les avons<br />

cit é s sous une f o r me abrégée qui permet cependant de les<br />

r etro uv e r aisément. Pour q ue l q ue s livres, nous avons uti­<br />

lis é des abréviations p l u s concises que nous mettrons en<br />

vede t t e .<br />

APF Ancienne s poesles fra nç a i s e s , Recueil de poésies<br />

françaises des XVe et XVI e siècl es réun i e s e t<br />

présentées par Anatole de Montaiglon et J ame s de<br />

Rothschild, Paris, Jannet , 185 5 - 1878 , 13 vol.<br />

(Bibliothèque elzévirienne ) .<br />

ATF Ancien théâtre français o u collectio n des ouvra ­<br />

ges dramatiques les plus remarquab les deouis l es<br />

mystères jusqu'à Corneil l e , p ubl ié avec des notes<br />

et éclaircissements par Emma n ue l Viollet-Leduc,<br />

Paris , Jannet , 1854- 185 7 , 10 vol. (Bibliothèque<br />

elzévirienne) .<br />

Aubailly (Jean-Claude) , Le monologu e , l e dialogue et la<br />

sottie . Es s ai sur q uel g u e s g e n r e s dramatiaues<br />

d e la fin du Moye n Age et du début du XVIe siècle,<br />

Paris, 1976, (Bibliothèque du XVe siècle) .<br />

Coquillart, Oeuvres, nouvelle édition revue et annotée par<br />

Charles d'Héricault, Paris, Jannet, 1857, 2 vol.<br />

(Bibliothèque elzévirienne) .<br />

Conteurs français du XVIe siècle, textes présentés par<br />

Pierre Jourda, Paris, 1965 , (Bibliothèque de la<br />

Pléiade) .<br />

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334<br />

Cotgrave (Randle), A Dictionarie <strong>of</strong> the French and English<br />

Tongues, London, 1611 . Une édition en fac-similé<br />

a été donnée par University <strong>of</strong> South Carolina<br />

press, Columbia, 1950.<br />

Deux moralités inédites, composées et représenté e s en 1427<br />

et 1428 au Collège de Navar re , publ . par And ré et<br />

Robert Bossuat, Paris d 'Argences , 1955 , (Biblio­<br />

thèque elzévirienne, nouvelle série).<br />

Glossaire de la Muse Normande de David Ferrand par A . Héron,<br />

Rouen, 1895. Réimprimé par Slatkine Reprints , Ge­<br />

nève, 1969.<br />

Gréban (Arnoul), Le Mystère de la Passion, édit . par<br />

O. Jodogne, t. l, Bruxelles, 1965, (Académie<br />

royale de Belgique, Classe des lettres, Mémoires).<br />

Guillaume Alexis, Oeuvres poétiques publiées par A . Piaget<br />

et E. Picot, Paris, 1896-1908 , 3 vol . (So c i é t é<br />

des anciens textes français) .<br />

Huguet (Edmond), Le langage figuré au XVIe siècle, Paris,<br />

Hachette, 1933<br />

Le Jardin de Plaisance et f leu r de rhétorique, l, Reproduc­<br />

tion en fac-similé de l 'éd i t i o n publiée par<br />

Antoine Vérard ver s 1510 ; I I , Introduction et<br />

notes par A. Piage t et E . Droz ; Paris, 19 10-19 24,<br />

2 vol . (So c i été des anciens textes français).<br />

Le Roux (Philibert-Joseph), Dictionnaire comique, satyrique,<br />

critigue, burlesgue , libre et proverbial, Amster­<br />

dam, Zacharie Chastelain, 1750.<br />

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337<br />

Thuasne (Louis), François Vil l on , Oeuvres, édition critique<br />

avec notices et glos s aire, Paris, 1 923 , 3 vol .<br />

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I NDEX DES MOTS ET EXPRESSIONS<br />

Le numéro du vers où sont employés<br />

les mots ou expressions qui font l 'objet<br />

d'une no t e est marqué d 'un astérisque .<br />

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A, e xcL , , 193°, 435, 499, 764.<br />

ABUSER, 233° Cuider abuse.<br />

ACOUSTUMER, 529°.<br />

ACROPI, 221.<br />

ADVENIR, 573°.<br />

AFFAIRE, 237 avoir affaire.<br />

,<br />

AFFINER, 815°.<br />

AGARDES, 408, 789, "897.<br />

AGLUER, 451, 501.<br />

AGLUX, 451°.<br />

AGRAPIR, 366.<br />

AGRIPPER, 299.<br />

AIDIER, 16° si m'aist Dieux, 841.<br />

AILE, 102 voler sans aile.<br />

AINS, 182 ains qu'il soit plus tart 637.<br />

AMEURS, 602°.<br />

AMOIRE, 350 ° .<br />

AMOUR, 122° par fine amour 173 par folle amour<br />

795° et tout par amour.<br />

ANÇOIZ, 76.<br />

APOINCTER , 311°.<br />

APPROUVER, 689.<br />

ARBRESSEAU, 514.<br />

ARGENT , 164 Argent m'y fault .<br />

ARNOYS , 522 .<br />

ART , 28 5 ° .<br />

ASSEZ, 106.<br />

ASSEOIR, 578 ° sarre z.<br />

ATRAIRE, 359.<br />

AUCUNES FOIS, 868.<br />

AUTRE, 430 l'autre semaine.<br />

AVENTAGE (d') 310°.<br />

339<br />

AVOIR, 40 av'ous ; 497 aray ; 384, 615, 809 are z ; 40 avoir<br />

bon temps ; 41 avoir beau 237 avoir affaire ; 507 si et<br />

l'auxiliaire avoir; 637° en avoir.<br />

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BAGUES , ,<br />

, ,<br />

,<br />

,<br />

, 330 .<br />

81 t o es e .<br />

IR,<br />

B C, 8 0° .<br />

BOIS, 336 bois de q ar e .<br />

..<br />

BO GRE E AIT 0 , 5 .<br />

BORDO , 28 0 ° .<br />

BO S, 755 iIz 0 s e e<br />

BOUCAIGE, 516 .<br />

BOUCAILLE , 763° .<br />

BOU HA HA , 751 ° .<br />

BOURDE , 789.<br />

BOURGEO I SE , 569 .<br />

BOUTER , 305 53 8 s e bouter .<br />

BRAIRE , 654 .<br />

BRIGADE , 9 10.<br />

BROCARD , 97.<br />

BROUILLER, 26° t r uffant e t brull n t<br />

b roulla nt .<br />

BRUlON, 925 ° .<br />

BRUIT, 836.<br />

BRUNETE, 105°, 408°.<br />

BUSART, 296.<br />

5 truff n<br />

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•<br />

eBACUN .<br />

•<br />

,<br />

\-D. .L .1:..1", 7 _<br />

,<br />

OSE, ,<br />

C 0 E, 29 ï .<br />

CIRE, 82 0 •<br />

CLICG E, O .<br />

CLI QU T, 520 .<br />

COG OISTRE, 895 .<br />

COI TANCES , 271 .<br />

COLLIER, 72 0<br />

le chie<br />

COMB lE QUE, 426 .<br />

COMME T , 643 , 886 .<br />

COMMUN, 22 0.<br />

COMPAI N, 595.<br />

CONFICT EN, 47 8 .<br />

CONFORT, 398.<br />

CONTENANCE, 270.<br />

CONTREFAIRE DE, 41 4.<br />

CONTRAIRE, 698.<br />

COPS, 406 0 a quant c e ps .<br />

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DEFAULT , 168.<br />

DEFRIPER (SE) , 120° .<br />

DE LA, 575, 629.<br />

DEMANDER S'IL PLEUT , 57° .<br />

DEMEURANT (a) , 200.<br />

3 3<br />

DEMEURER, 394° nous en demourrons tout au bas ; 6 9 demour r a<br />

DEMOULU (a) , 370°.<br />

DEMY, 387 mains que derny, 863 a derny.<br />

DEPETE, 257°.<br />

DERRIERE, 551.<br />

DESEVOIR, 526°.<br />

DESPENDRE, 364.<br />

DESSUS, 808 venir a s on dessus.<br />

DESTOR, 343.<br />

DETENIR, 635.<br />

DEUL, 748 mener deul.<br />

DEVIS, 84, 821.<br />

DEVISER, 327.<br />

/ "<br />

DIERESE, 104, 191, 442 , 62 1 .<br />

DIRE, 457 Dis t u ; 535 Dictes vous.<br />

DOINT (donner), 69 1.<br />

DONT, 90, 567, 67 3.<br />

DORELLOS , 181.<br />

DORMIR (se), 607° Je me dours comme ung beau porc .<br />

DOUBTEUX , 59 .<br />

DOULLANT, 769 .<br />

DOULX, 20 3 ° r omp r e le dos .<br />

DOUSSER, 674 .<br />

DOY, 780 Desus vostre doy l a v i r e z .<br />

DRESSER, 49.<br />

DROIT, 121, 31 1°, 865 a d r o it; 593 .<br />

DRU, 584 saute n t plus dru q ue p o i s en pot .<br />

DUIRE, 192.<br />

DUPETTE, 195°.<br />

<strong>Université</strong> <strong>Rennes</strong> 2 - SCD - 2009


ESMOUVOIR (SE), 120 se esmeut.<br />

ESPOUSER, 880 ° .<br />

ESPICE, 354° fine espice.<br />

ESSE, voir ETRE.<br />

ESTACHE, 630.<br />

ESTAMYNE, 111° passer par l'estamyne.<br />

ESTANT, 275.<br />

ESTAS, 250.<br />

ESTOPPER, 510.<br />

ESTORMIE, 750.<br />

ESTOUPHES, 466.<br />

ESTRE, 92 esse ; 242 estre mestier.<br />

ET, 41 2 0, 4 61 0, 4 99, 50 2 et si.<br />

EUL, 747 au vent d'eul.<br />

EURE, voir HEURE.<br />

EXCLAMATIONS hors mètre 84 Ay ; 193 A ; 499 Et, a ;<br />

646 Hay, Hay ; 764 A.<br />

FAICZON, 91 ; voir FASSON.<br />

FAILLIR, 306 fauldras.<br />

FAIRE, 245 foyz, 494 fasson, 283 fissiez, 689 fairés .<br />

345<br />

76, 126 se faire fort; 172 fit maint sault par folle amour<br />

374° faicte a la lance<br />

437 il y fist bien ;<br />

494 faire l'esprouve ;<br />

509 faire rage.<br />

FAIT , 499 c 'est grand fait que de.<br />

FALLACES , 40 3.<br />

FALLOI R, 126 ; 164 Argent m'y f a ult.<br />

FALLOT, 774.<br />

FARCE , 45 ; 331 a l a farc e.<br />

FARSER, 40.<br />

FASSON, 444, 591 ; 91 faiczon .<br />

FATRAS, 189.<br />

FEMENINE, 560°.<br />

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FERRER, 852 .<br />

FESTE , i! que malle feste en aist sai nt grys, 637 .<br />

FIANCE , 626 .<br />

FIEVRE, 879° épouser de double forte fièvre.<br />

FIEVRES QUARTAINES, 24° .<br />

FILLE , 8 24.<br />

FIN (adj .) 54, 276, 357 i 702 8 37 38 3 tout f in .<br />

FINER, 612 .<br />

FINESSE, 719 .<br />

FLEUCTER, 721 .<br />

FOIS , 868 aucunes fois 903 aultres fois .<br />

FOLLAS, 35°.<br />

FOLLASTRE, 832 .<br />

FORCELLE, 482 ° .<br />

FORGER, 214°.<br />

FORT, 76°, 126 se faire fort 399 se porter fort .<br />

FOURBUS , 272.<br />

FOURCHU, 378 ° .<br />

FOYS (voir FAIRE), 245.<br />

FRANC , 472 .<br />

FRERE FRAPPART, 352.<br />

FRIAND , 282 .<br />

FRICQUE , 850.<br />

FUGANT , 378 .<br />

GAILLARD, 596.<br />

GALANT, 567.<br />

GARÇON, 842°.<br />

GARDER, 84 Dieu g a r d 545.<br />

GARDRINAGE, 632°.<br />

GARS E , 44, 3 3 2 .<br />

GASTER, 373°, 644.<br />

GASTEURS DE PAVES, 278.<br />

GENERAL, 228° en général.<br />

GENT, 189.<br />

346<br />

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JOUER, 342° jouez des vostres<br />

751 jouer des tallons .<br />

.-<br />

LAIRRES, 425.<br />

LAIS, 201.<br />

LANCE, 374 faicte à la lance.<br />

LARDER, 601.<br />

LARDON, 45.<br />

544<br />

LAVER, 55 la mer ne t'an seroit laver.<br />

LE (pron. fem.) 725.<br />

LEGIER (de) 20, 682.<br />

348<br />

617 se jouer à, 681<br />

LETTRES, 48° c'est vous a qui ses lettres s'adressèt.<br />

LICZON, 553°.<br />

LIEN, 599 Tiel gerbe n ' e s t pas sans lyen.<br />

LIN, 349°.<br />

LIPEE, 657°.<br />

LOGE, 308°.<br />

LOGIS, 410.<br />

LONG, 680° tout au long de la joue.<br />

LOQUEBAULT, 880°.<br />

LOURT, 197.<br />

LOUSCHE, 868°.<br />

MAÇON, 590°.<br />

MAILLE, 849.<br />

MAINS, 677° par ces deux mains.<br />

MAINS, voir MOINS.<br />

MAIS , l, 68, 832 i 915°.<br />

MAIS QUE, 305.<br />

MALLEMENT , 635 .<br />

MANIERE, 302°.<br />

MANTON FOURCHU, 378°.<br />

MARCHANT, 521°.<br />

MARMITEUX, 756.<br />

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..


RPAULT, 178, 881.<br />

MARRELLE, 809° .<br />

MASSO , 590 .<br />

MAU FAIT, 678.<br />

MAUVY, 94°.<br />

MEDICI E, 701.<br />

MENER, 718 menoint grant chiere, 748 mener deul .<br />

MER, 55° la mer ne t'an seroit laver.<br />

MERANCOLLIE, 506.<br />

MERCY, 185.<br />

MERVEILLE, 856 .<br />

MESCHANT, 256, 900.<br />

MESCROIRE, 869.<br />

MESHUY, 745°.<br />

MESNAGE, 919.<br />

MESTIER, 242 estre mestier.<br />

METS, 50° servir à tous metz.<br />

MIGNOT, 596 ; 196° minas.<br />

MINOS, 180 ; voir MIGNOT.<br />

MISTERE, 465.<br />

MOESSON, 92°.<br />

MOINS, 103° c'est du moins 211° et tant moins<br />

mains ; 387° mains que derny.<br />

MOLLE , 593 .<br />

MON adv . 58° , 676°.<br />

MORFONDU , 416 .<br />

MOUFLE , 363° .<br />

MOURIR, 807 mar ré .<br />

MOUSTARDE, 427 ° .<br />

MUSARS, 295.<br />

MUSER, 295.<br />

MY, 61 2 , 64 5 ° .<br />

349<br />

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• ( =<br />

NECTE,<br />

,<br />

- ,<br />

,<br />

,<br />

r<br />

6 .<br />

o ï<br />

o Z, 903 .<br />

Z, 90° .<br />

O RAGE , 8 6 .<br />

o Q EL, 530 ° .<br />

o TRAGE SE, 15 .<br />

"<br />

PACTES , 6 8 .<br />

PAIS , 739° .<br />

PAISTRE, 878 .<br />

PANTIERE , 491 0 .<br />

,<br />

PARFIN ( à l a ) 26, _5 .<br />

PARISI, 672° p l 5 net<br />

), "<br />

PAROIR, 4°, 67 il ert;<br />

PART, 884.<br />

PARTIR, 923.<br />

PATENOSTRE, 343 .<br />

PATINS, 279°, 347 .<br />

PEAUTRE, 369.<br />

PELER, 131 ° .<br />

"<br />

ri .<br />

; l ..<br />

<strong>Université</strong> <strong>Rennes</strong> 2 - SCD - 2009


.1<br />

PRIVEE , 609 .<br />

PROCEDER , 252.<br />

PROPICE , 355 .<br />

PROPRE , 466 .<br />

PROPOUS , 259 au propous.<br />

PROU , 423°.<br />

PROUSUYVRE , 424°.<br />

PSAULTIER, 337.<br />

PUIS , 316.<br />

QUANT, 406 a quant cops.<br />

QUANT QUE, 364, 866, 921.<br />

QUE , 302.<br />

QUARTIER, 336 bois de quartier .<br />

QUERELLE, 807.<br />

QUEUES, 704°.<br />

QUI , 84, 125.<br />

RAGE , 509° faire rage.<br />

RAINES , 583 .<br />

RANCUME , 653 ° .<br />

RANCUNE , 908 .<br />

RANTIER, 924.<br />

RASOUER , 379°, fin rasouer de Guingant .<br />

RAYE , 100° Il est emplumé comme une raye.<br />

RECLA!-1ER, 1 6 6 .<br />

REFAIRE (s e) , 2 44.<br />

REFAIT, 519.<br />

REGARD, 384.<br />

RECIPPE, 491.<br />

REGNARD lE , 61.<br />

RELES (a), 200°.<br />

RELOGE, 307°.<br />

REMANANT (a), 200.<br />

352<br />

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.


355<br />

TESTE , 2 s e romure la teste 9° la teste au vent i 15.<br />

TIELX, 1 91°, 599 .<br />

TIRER, 363 .<br />

TOMBER, 733° tumbé à l ' enve r s .<br />

TONDRE, 774° .<br />

TOUR, 75 savo i r le tour de son baston.<br />

TOUT (du) 810 .<br />

TRAIT D'EUIL, 476.<br />

TRANCHER DE, 19°, 413 .<br />

TRAPPE , 455° oyseau de trappe .<br />

TRATIS , 337° .<br />

TROIS , 18° ouy dea il en a troyz t ou t neufz 411° troys<br />

troys<br />

TROP, 795.<br />

TROUSSER, 129°, 666°.<br />

TRUFFER , 26°, truffant et brullant 566 truffant et<br />

broullant .<br />

TYRE , 360 d'une tyre.<br />

UNG , 88° ung chacun.<br />

UNS, 3 7 6 , 628 .<br />

UYS, 28 .<br />

VALO IR, 449 autant vault .<br />

VEAU , 631° veau de village .<br />

VELA , 798.<br />

VENIR, 77 bien ve n i r 368° il vient 808° venir à s on<br />

dessus .<br />

VENT , 7 47 au vent d'eul .<br />

VERDERET, 64 ° .<br />

VERGE , 799 ° .<br />

VERT MONTANT , 39° .<br />

VIRER, 6° Y vires t ceste p allie i 780° desus vostre doy<br />

l a virez .<br />

VOIR, 225 pour voir 747° au vent d'eul .<br />

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J<br />

VOIRRES, 381.<br />

VOISENT (voir aller) 161.<br />

VOLER, 247 ; 102°, voler dans aile.<br />

VOULOIR, 281 voulissiez ; 391 vouliss on s<br />

VOUS, adj. poss., 250°, 564, 632.<br />

VOYRE , 227, 680.<br />

y (=il) 6 ...<br />

YDOLE, 592.<br />

YDROPICQUE, 482.<br />

YMAGE, 433.<br />

356<br />

17° si tu veulx .<br />

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,


INDEX DES NOMS PROPRES<br />

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l e<br />

RE, 1 6 .<br />

, .<br />

, .<br />

61<br />

B C S , 15<br />

153<br />

BI S , 1 0 .<br />

BO E S, 15<br />

BO CLED LES, 5<br />

CAO S , 171 ° .<br />

CASS DRE , 1 7 6° .<br />

COULO S,175° .<br />

CUIDER, 233° C ider ab se .<br />

DE OPHO , 153° .<br />

DIEU, 84° Dieu g a r d , 1 6 si 'aist ie 1 .<br />

DYDO , 166° .<br />

DYMEDES , 158° .<br />

E EE , 167 ° .<br />

FRAPPART, (frere) , 352° .<br />

GUINGANT , 379 ° fin rasouer de Guingant .<br />

GRIS (s a i nt), 31 ° que malle feste en aist Saint Gr_s, 37 .<br />

JACOPIN , 434° .<br />

JASON , 152° .<br />

JAUNE-BEC, 8 6°.<br />

JOUHEN , 74 6° .<br />

MARTIN , 685°.<br />

MASSE , 109 .<br />

" 0<br />

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ï


MICHAULT, 411° souffle, Michault<br />

OGIER, 19°.<br />

PERS EUX , 158° .<br />

PHEDRE, 176°.<br />

PHILOMENE, 175°.<br />

PILLES, 174 ° .<br />

PIRETEULX, 159°.<br />

POLLUSAINE, 174°.<br />

PONTHOISE, 575°.<br />

PROSERPINE, 162°.<br />

ROMAN DE LA ROUSE, 549°.<br />

TESEUX, 159°.<br />

TILLES, 174°.<br />

TISBES, 174°.<br />

TURLUPPINS, 435°.<br />

359<br />

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T A BLE DE S M AT -I E RES<br />

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I NTRODUCTION .<br />

PREMIERE PARTIE Un recueil de théâtre ,<br />

le manuscrit f rançais 25467 de la Bibliothèque<br />

n a t i onal e<br />

Le Petit et le Grand<br />

Analys e<br />

Datation ..<br />

Aucun , Connaissance e t Ma l i c e<br />

Analyse<br />

Datation .<br />

. . . . . . . . . . . . .<br />

Aucun, Connaissance et Malic e et la Pipée<br />

Datation du manuscrit .<br />

DEUXIEME PARTIE<br />

Analyse . . . . . .<br />

Datation .<br />

Le manuscrit<br />

Les éditions .<br />

Etablissement du texte<br />

Localisation<br />

La farce de l a Pipée<br />

le texte<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

TROISIEME PARTIE Ge nès e du texte .<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

l La Pipée et le Roman de la Rose<br />

les intentions de l'oeuvre .<br />

Le germe de la fable . . .<br />

Le sys t è me des p e r s on n a g e s . . . . .<br />

Construction de la pièce : s truc t ure e t<br />

361<br />

p artition symétriqu e . . . . . . . . . . . . 7 6<br />

4<br />

6<br />

10<br />

10<br />

13<br />

16<br />

16<br />

1 7<br />

21<br />

23<br />

25<br />

26<br />

31<br />

38<br />

40<br />

42<br />

45<br />

53<br />

54<br />

5 7<br />

6 6<br />

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POUR LA LECTURE<br />

Les personnages . . .<br />

L'action<br />

V Conclusion<br />

QUATRIEME PARTIE<br />

La farce de l a Pipée<br />

1 Le s lieux . . . · · · · · · · · · · ·<br />

2 Le dé c o r de la Pipée · · · · · · · · ·<br />

3 Pr oposition s pour la r épartition des<br />

lieux s ur l'aire de jeu · · · · · · ·<br />

4 Les costume s · · · · · · · · · · ·<br />

II Rythme du spectacle · · ·<br />

1 Versification et rythme du dial ogue :<br />

le r y t hme de base · · · · · · · · · ·<br />

2 Vers i f ication et rythme de la pièce :<br />

effets spéciaux · · · · · · · · ·<br />

3 La tension dramatique<br />

CONCLUSION . '.' . . . . . . . .<br />

. . . . . . . . . . .<br />

L'allégorie , l e théâtre et le public.<br />

L'aire de jeu<br />

l La graphie . . . . . .<br />

Les consonne s .<br />

Les voyelle s . . .<br />

Le t e x t e et la représentation<br />

362<br />

7 6<br />

7 7<br />

8 1<br />

8 1<br />

82<br />

88<br />

89<br />

89<br />

91<br />

93<br />

96<br />

99<br />

99<br />

102<br />

107<br />

1 11<br />

116<br />

117<br />

117<br />

120<br />

II Ve r sification : l e mètre et la prononciation. 122<br />

NOTES DE L ' INTRODUCTI ON .<br />

I LLUSTRAT IONS . . . . .<br />

124<br />

138<br />

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FARCE DE LA PIPEE TEXTE 1 44<br />

NOTES ET COMMENTAIRES<br />

TABLE DES OUVRAGES CITES EN ABREGE<br />

INDEX DES MOTS ET DES EXPRESSIONS<br />

INDEX DES NOMS PROPRES . . . . . . .<br />

21 9<br />

332<br />

33 8<br />

357<br />

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