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La Liberté guidant le peuple, d'Eugène Delacroix, 1830

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Arts, sociétés, cultures Art, espace, temps Arts, États et pouvoir<br />

Arts, mythes et religions Arts techniques,<br />

expressions<br />

Arts, ruptures,<br />

continuités<br />

<strong>La</strong> <strong>Liberté</strong> <strong>guidant</strong> <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>, d’Eugène <strong>Delacroix</strong>, <strong>1830</strong><br />

[1]Les insurgés sont menés par une femme, allégorie de la <strong>Liberté</strong>, drapeau et fusil à baïonnette en mains, C’est une fil<strong>le</strong> du peup<strong>le</strong>, vivante, fougueuse,<br />

qui incarne la révolte et la victoire. Coiffée du bonnet phrygien, <strong>le</strong>s mèches flottant sur la nuque, el<strong>le</strong> évoque la Révolution de 1789. Le drapeau, symbo<strong>le</strong><br />

de lutte, faisant un avec son bras droit, se déploie en ondulant vers l’arrière, b<strong>le</strong>u, blanc, rouge. Du sombre au lumineux, comme une flamme.<br />

El<strong>le</strong> a été jugée vulgaire (sa<strong>le</strong>, dénudée, rouge de sueur, musclée, pas très gracieuse, pilosité sous l’aissel<strong>le</strong>…), jusque là il était d’usage de peindre des<br />

allégories idéalisées, bel<strong>le</strong>s.<br />

Son habit jaune, dont la doub<strong>le</strong> ceinture flotte au vent, glisse au-dessous des seins et n’est pas sans rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s drapés antiques. Le profil est grec, <strong>le</strong><br />

nez droit, la bouche généreuse, <strong>le</strong> menton délicat, <strong>le</strong> regard de braise. Femme exceptionnel<strong>le</strong> parmi <strong>le</strong>s hommes, déterminée et nob<strong>le</strong>, la tête tournée vers<br />

eux, el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s entraîne vers la victoire fina<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s appel<strong>le</strong> à la suivre. Le corps est éclairé à droite. Appuyée sur son pied gauche nu qui dépasse de sa<br />

robe, <strong>le</strong> feu de l’action la transfigure.<br />

[2]Deux gamins de Paris, engagés spontanément dans la batail<strong>le</strong> sont, l’un à gauche, agrippé aux pavés, <strong>le</strong>s yeux dilatés sous <strong>le</strong> bonnet de police des<br />

voltigeurs de la garde; l’autre, <strong>le</strong> plus célèbre, à droite devant <strong>La</strong> <strong>Liberté</strong>, est <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> de la jeunesse révoltée par l’injustice et du sacrifice pour <strong>le</strong>s<br />

causes nob<strong>le</strong>s. On lui associe Gavroche « des Misérab<strong>le</strong>s » de V. Hugo. Avançant de face, la giberne, trop grande, en bandoulière, <strong>le</strong>s pisto<strong>le</strong>ts de<br />

cava<strong>le</strong>rie aux mains, <strong>le</strong> pied droit en avant, <strong>le</strong> bras <strong>le</strong>vé, <strong>le</strong> cri de guerre à la bouche, il exhorte au combat <strong>le</strong>s insurgés.<br />

[3]Le combattant portant un béret avec cocarde blanche des monarchistes et noeud de ruban rouge des libéraux ainsi qu’une banderol<strong>le</strong> porte-sabre et<br />

sabre des compagnies d’élite d’infanterie modè<strong>le</strong> 1816 est un ouvrier manufacturier reconnaissab<strong>le</strong> à ses tablier et pantalons à pont.<br />

[4]L’homme à genoux au chapeau haut de forme de bourgeois ou de citadin à la mode, peut-être <strong>Delacroix</strong> ou un de ses amis, porte des pantalons larges<br />

et une ceinture de flanel<strong>le</strong> rouge d’artisan; l’arme, un tromblon à deux canons parallè<strong>le</strong>s, est un fusil de chasse.<br />

[5]Celui qui saigne sur <strong>le</strong> pavé et se redresse à la vue de la <strong>Liberté</strong>, avec sa blouse et sa ceinture de flanel<strong>le</strong> rouge de paysan, il rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s employés<br />

temporaires à Paris. Le gi<strong>le</strong>t b<strong>le</strong>u, l’écharpe rouge et sa chemise répondent aux cou<strong>le</strong>urs du drapeau.<br />

[6] Les soldats, allongés au sol, occupent <strong>le</strong> premier plan. A gauche, <strong>le</strong> cadavre dépouillé de son pantalon, <strong>le</strong>s bras étendus et la tunique retroussée, est,<br />

avec la <strong>Liberté</strong>, la deuxième figure mythique dérivée d’une académie d’atelier faite d’après l’antique et appelée Hector, héros d’Homère devenu réel. A<br />

droite, <strong>le</strong> suisse couché sur <strong>le</strong> dos est en tenue de campagne contemporaine consistant en une capote gris-b<strong>le</strong>u, une décoration rouge au col<strong>le</strong>t, des<br />

guêtres blanches, des chaussures basses et un shako. A côté de lui gît à mi-corps et face contre terre un cuirassier à l’épau<strong>le</strong>tte blanche.<br />

A gauche, au fond du triang<strong>le</strong>, se trouvent <strong>le</strong>s étudiants dont <strong>le</strong> polytechnicien au bicorne bonapartiste et un détachement de grenadiers en capote grise et<br />

tenue de campagne.<br />

[7]Malgré la barricade intercalée entre <strong>le</strong> premier plan et l’arrière plan droit du tab<strong>le</strong>au où se trouvent <strong>le</strong>s éléments de paysage urbains, celui-ci semb<strong>le</strong><br />

vide et lointain par rapport à la batail<strong>le</strong> rangée qui sature la moitié latéra<strong>le</strong>. Comme chez Victor Hugo, <strong>le</strong>s tours de Notre Dame font référence à la liberté et<br />

au Romantisme et situent l’action à Paris, mais paraissent lointaines, représentées de petite tail<strong>le</strong>.<br />

<strong>La</strong> lumière du so<strong>le</strong>il couchant, provenant de l’arrière de la scène, qui se mê<strong>le</strong> à la fumée des canons et qui révè<strong>le</strong> <strong>le</strong> mouvement des corps, éclate au fond<br />

à droite et sert d’auréo<strong>le</strong> à la liberté, au gamin et au drapeau.<br />

<strong>La</strong> construction est pyramida<strong>le</strong>, s’é<strong>le</strong>vant des corps du premier plan (sorte de piédestal au peup<strong>le</strong> triomphant) jusqu’au drapeau dont <strong>le</strong> rouge éclate au<br />

milieu d’une tonalité généra<strong>le</strong> chaude. <strong>La</strong> ligne d’horizon que <strong>le</strong> spectateur devine à l’arrière plan est relativement haute, située sur <strong>le</strong> tiers supérieur du<br />

tab<strong>le</strong>au. Les personnages sont vus de face. Le second plan est au centre, celui du peup<strong>le</strong> vivant, en marche. C'est l'assaut final, la fou<strong>le</strong> converge vers<br />

<strong>le</strong>s spectateurs. Dans ce mouvement on perçoit <strong>le</strong> souff<strong>le</strong> de la peinture romantique.<br />

Une grande diagona<strong>le</strong> descendante de gauche à droite délimite la frontière entre la zone sombre et la zone claire de l’œuvre. On observe que l'unité du<br />

tab<strong>le</strong>au passe par l'harmonie de cou<strong>le</strong>ur et de ton entre gris et brun sur l'ensemb<strong>le</strong> de la toi<strong>le</strong>. Le rouge, <strong>le</strong> b<strong>le</strong>u et <strong>le</strong> blanc sont rappelés en touche<br />

discrète et font <strong>le</strong> lien (drapeau, paysan au sol, uniforme du soldat).<br />

Ceux qui sont déjà tombés donnent une dimension dramatique supplémentaire à la toi<strong>le</strong> (vio<strong>le</strong>nce, détails macabres). Le même tab<strong>le</strong>au avec un avant<br />

plan représentant des pavés nus ou une rue dégagée n’aurait pas la même intensité. De plus <strong>le</strong>s corps sans vies évoquent un monticu<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s<br />

protagonistes doivent enjamber pour poursuivre, allusion du prix à payer pour que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> gagne sa liberté. L’axe de représentation en contre-plongée<br />

(prise de vue de bas vers <strong>le</strong> haut) apporte éga<strong>le</strong>ment un caractére dynamique et héroïque aux personnages.<br />

Dans une fusion du réel et de l’idéal, caractéristique du romantisme, l’objectif est de faire ressentir au spectateur des émotions fortes et contrastées,<br />

proches de la vraie vie. <strong>La</strong> <strong>Liberté</strong> <strong>guidant</strong> <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> est ainsi un drame romantique en peinture : <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au combine <strong>le</strong>s éléments traditionnels de la<br />

tragédie : sang, épée, nudité des figures antiques, avec des éléments plus communs : poils, fusils de chasse, chaussettes. Les personnages, héros et<br />

brigands à la fois donne une impression contradictoire.<br />

L’œuvre est exposée au Salon de 1831. Le tab<strong>le</strong>au est à la fois peinture de la réalité et allégorie, peinture d’histoire et image d’actualité. <strong>Delacroix</strong>,<br />

considéré comme <strong>le</strong> chef de fi<strong>le</strong> du mouvement romantique, était passionné de liberté : il a voulu, dans ce tab<strong>le</strong>au, glorifier la fraternité autour du drapeau,<br />

montrer la vio<strong>le</strong>nce des événements et la bravoure du peup<strong>le</strong> français.<br />

Avec « <strong>La</strong> liberté <strong>guidant</strong> <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> », <strong>Delacroix</strong> sert la propagande de Louis Philippe qui vient de rétablir <strong>le</strong> drapeau tricolore.<br />

Arts de l’espace<br />

Arts du son<br />

ais<br />

Arts du langage<br />

Titre : <strong>La</strong> <strong>Liberté</strong> <strong>guidant</strong> <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>.<br />

Auteur : Eugène DELACROIX (1798-1863)<br />

Date de création : <strong>1830</strong><br />

Date représentée :28 juil<strong>le</strong>t <strong>1830</strong><br />

Dimensions : Hauteur 260 cm - <strong>La</strong>rgeur 325 cm, a<br />

nécessité la couture de 3 lés d’une grosse toi<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s<br />

coutures sont restées visib<strong>le</strong>s<br />

Technique et autres indications : Hui<strong>le</strong> sur toi<strong>le</strong><br />

Lieu de Conservation : Musée du Louvre (Paris<br />

la signature du peintre est située à droite sur une<br />

barricade<br />

<strong>La</strong> scène se dérou<strong>le</strong> <strong>le</strong> 28 juil<strong>le</strong>t <strong>1830</strong>, 2ème journée<br />

des 3 Glorieuses, durant laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> drapeau tricolore est<br />

hissé sur Notre-Dame de Paris et sur l’Hôtel de Vil<strong>le</strong><br />

conquis par <strong>le</strong>s insurgés. Le tab<strong>le</strong>au représente une des<br />

barricades caractéristiques de ces journées<br />

révolutionnaires (on pouvait en compter plus de 4000),<br />

prise d’assaut au milieu des cadavres et des b<strong>le</strong>ssés par<br />

un groupe d’hommes<br />

d’origines socia<strong>le</strong>s diverses reconnaissab<strong>le</strong>s à l’allure et<br />

aux vêtements.<br />

De l’Antiquité au<br />

IXème sièc<strong>le</strong><br />

Du IXème sièc<strong>le</strong><br />

À la fin du XVIIème s.<br />

XVIIIème et XIXème sièc<strong>le</strong>s<br />

Le XXème sièc<strong>le</strong> et<br />

notre époque<br />

Arts du quotidien<br />

Arts du spectac<strong>le</strong> vivant Arts du visuel


Brève biographie de l’auteur ou de l’artiste<br />

Ferdinand-Victor-Eugène <strong>Delacroix</strong> naît à Saint-Maurice, près de Paris, en 1798, mais passe une partie de son enfance à Marseil<strong>le</strong> où son père est Préfet d'Empire. A sa<br />

mort, la fami<strong>le</strong> <strong>Delacroix</strong> se fixe à Paris, et <strong>le</strong> jeune Eugène entre en 1816 dans l'atelier de Guérin. Il copie <strong>le</strong>s maîtres classiques au Louvre, fait la connaissance de Géricault<br />

qu'il admire profondément et qui <strong>le</strong> prend comme modè<strong>le</strong> pour un naufragé de son Radeau de la Méduse.<br />

En outre, l'influence de son ami se fait sentir dans Dante et Virgi<strong>le</strong> aux enfers (1822); <strong>le</strong> premier envoi de <strong>Delacroix</strong> au salon. Il continue d'y exposer jusqu'en 1859, aux côtés<br />

d'Ingres, avec qui il entre en opposition ouverte. <strong>Delacroix</strong> s'est en effet coupé des règ<strong>le</strong>s classiques pour devenir <strong>le</strong> représentant <strong>le</strong> plus prestigieux de la tendance<br />

romantique.<br />

Il meurt en 1863 de la tuberculose à Paris.<br />

Issu de la haute bourgeoisie, nostalgique de l’Empire, é<strong>le</strong>vé au lycée impérial avec un père ambassadeur et des frères sur <strong>le</strong>s champs de batail<strong>le</strong>, il voit son monde s’écrou<strong>le</strong>r<br />

en 1815 : après la chute de l’empire, ses parents meurent, sa famil<strong>le</strong> est ruinée. Antiroyaliste, il devient partisan de Louis-Philippe, duc d’Orléans, contre <strong>le</strong>s Bourbons (Louis<br />

XVIII et Char<strong>le</strong>s X) , frères de Louis XVI.<br />

Le retour du drapeau tricolore, interdit depuis l’exil de Napoléon, déchaine son enthousiasme :"J'ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n'ai pas vaincu<br />

pour la patrie, au moins peindrai-je pour el<strong>le</strong>." Cet extrait d'une <strong>le</strong>ttre de <strong>Delacroix</strong> à son frère en Octobre <strong>1830</strong> montre l'engagement de l'artiste par cette apologie du<br />

combat du peup<strong>le</strong> pour la liberté. C'est une des premières oeuvres possédant une tel<strong>le</strong> va<strong>le</strong>ur politique.<br />

Témoin de l’évènement, <strong>Delacroix</strong>, y trouve un sujet moderne qu’il traduit méthodiquement en peinture.<br />

C’est un artiste reconnu, soutenu par l’administration roya<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s mécènes princiers. Il aimait attirer l’attention de l’autorité et frapper l’opinion mais considéré alors comme<br />

chef de fi<strong>le</strong> du mouvement romantique, il était passionné de liberté.<br />

Contexte (historique, social, artistique …)<br />

Le Romantisme: un mouvement artistique<br />

• Le mouvement dit "romantique" apparaît en France au XIX° sièc<strong>le</strong>, il se diffuse dans de nombreux arts comme la peinture (<strong>Delacroix</strong>, Géricault…), la poésie (<strong>La</strong>martine,<br />

Hugo...), la musique (Berlioz...), ...<br />

• Le but de l'art romantique est de créer des émotions chez <strong>le</strong> spectateur, de par<strong>le</strong>r ainsi à <strong>le</strong>urs sentiments. A l'opposé du sty<strong>le</strong> figé néoclassique très apprécié au XVIII°<br />

sièc<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s romantiques marquent <strong>le</strong>urs oeuvres de vastes mouvements visib<strong>le</strong>s dans la scène el<strong>le</strong> même mais perceptib<strong>le</strong> aussi sur chaque personnage, de transmettre une<br />

certaine conception du destin de l'homme.<br />

• Cette jeune génération livre ses chefs d'oeuvre entre20 et 30 ans, el<strong>le</strong> rêve d'un grand destin et s'engage.<br />

Le contexte historique :<br />

En 1815,à la fin du 1 er Empire, après l’exil de Napoléon 1 er , la monarchie est restaurée en France, Monarchie limitée par une Constitution<br />

dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> pouvoir législatif est accordé à deux assemblées élues. A la mort de Louis XVIII, son frère Char<strong>le</strong>s X tente de restaurer<br />

une Monarchie Absolue avec l’aide de son ministre, <strong>le</strong> prince de Polignac. L’opposition libéra<strong>le</strong> prépare son remplacement par <strong>le</strong> duc<br />

Louis-Philippe d’Orléans. Char<strong>le</strong>s X menace de sévir, il signe quatre ordonnances tendant à supprimer la liberté de la presse et à<br />

modifier la loi é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>. C’est une violation de la Constitution, c’est la révolution à Paris, en 3 jours dits ‘Trois Glorieuses »- <strong>le</strong>s 27, 28<br />

et 29juil<strong>le</strong>t <strong>1830</strong>-, Char<strong>le</strong>s X est renversé, il abdique <strong>le</strong> 2 août <strong>1830</strong>. Louis Philippe d’Orléans est proclamé « roi des français par la grâce<br />

de Dieu et la volonté nationa<strong>le</strong> », <strong>le</strong> drapeau tricolore est rétabli, la censure supprimée, <strong>le</strong> nombre d’é<strong>le</strong>cteurs passent de 90000 à<br />

165000, …. C’est <strong>le</strong> début de la Monarchie dite de Juil<strong>le</strong>t, une monarchie bourgeoise et plutôt libéra<strong>le</strong>.<br />

Mais c’est une révolution ratée car la monarchie ne cède pas à la République.<br />

<strong>Delacroix</strong> peint <strong>La</strong> liberté <strong>guidant</strong> <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> en trois mois seu<strong>le</strong>ment (octobre-décembre <strong>1830</strong>).<br />

Il présente son oeuvre au salon officiel en mai 1831. Le tab<strong>le</strong>au reçoit un accueil très mitigé et pas uniquement parce qu'el<strong>le</strong> bouscu<strong>le</strong> <strong>le</strong>s<br />

codes de représentation de l'époque. On lui reproche en premier lieu la vulgarité de son personnage central, cette femme du peup<strong>le</strong>,<br />

disgracieuse . Mais on critique aussi une certaine glorification de la vio<strong>le</strong>nce populaire (ce qui n'était sans<br />

doute pas <strong>le</strong> but direct de <strong>Delacroix</strong>). Cette peinture est considérée symboliquement comme <strong>le</strong> testament de l'ancien régime et<br />

l'avènement du nouveau.<br />

Le tab<strong>le</strong>au est acheté par Louis-Philippe qui, redoutant son impact sur <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>, car il met en scène <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> qui se libère lui-même, guidé par<br />

une idée et non un chef , il représente une menace, alors Louis-Philippe <strong>le</strong> fait mettre dans <strong>le</strong>s réserves de l'Etat. L'oeuvre en<br />

sortira définitivement en 1874 pour entrer dans la col<strong>le</strong>ction permanente du musée du Louvre dont el<strong>le</strong> est aujourd'hui un des trésors<br />

<strong>le</strong>s plus recherchés par <strong>le</strong>s fou<strong>le</strong>s de touristes.<br />

Puis l'oeuvre échappe à son créateur. En effet cette peinture est aujourd'hui devenu un symbo<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s français se sont appropriés cette œuvre<br />

pour en faire une icône nationa<strong>le</strong> exaltant <strong>le</strong> passé révolutionnaire, la liberté de <strong>Delacroix</strong> servira de modè<strong>le</strong> à Marianne, allégorie de la République.<br />

On ne compte en tous <strong>le</strong>s cas plus <strong>le</strong>s reprises, hommages (anciens timbres et bil<strong>le</strong>t de 100 francs) de ce tab<strong>le</strong>au célèbre dans <strong>le</strong> monde entier.<br />

Pourtant d’autres tab<strong>le</strong>aux ont peint <strong>le</strong>s mêmes évènements sans aucune postérité ; <strong>le</strong>s journées de <strong>1830</strong> el<strong>le</strong>s-mêmes sont moins célèbres que ce tab<strong>le</strong>au.<br />

Au salon de 1831, d’autres tab<strong>le</strong>aux ont pour thème <strong>le</strong>s journées de <strong>1830</strong>. Mais ils pointent surtout <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s affrontements ont eu lieu en p<strong>le</strong>in Paris. Les artistes utilisent <strong>le</strong>s<br />

procédés habituels de la peinture de batail<strong>le</strong> : une vue panoramique avec des personnages très petits, une logique de combat claire. <strong>Delacroix</strong> fait l’inverse :<br />

Le spectateur est placé très bas, assailli par des figures plus grandes que lui. Et <strong>La</strong> logique du combat est surprenante : c’est vers lui que se tournent <strong>le</strong>s insurgés alors<br />

qu’on distingue <strong>le</strong>s troupes roya<strong>le</strong>s à l’arrière plan à droite.<br />

Mais si <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au de <strong>Delacroix</strong> a connu une tel<strong>le</strong> postérité, c’est parce que cette peinture est novatrice. D’abord parce que <strong>le</strong> peintre utilise un cadrage serré qui coupe<br />

<strong>le</strong>s figures sur <strong>le</strong>s côtés et place <strong>le</strong> drapeau en hauteur : il invente l’effet de hors champ avant l’invention de la photographie et donne l’impression que <strong>le</strong>s personnages<br />

sont immenses. Ensuite parce que l’utilisation de la cou<strong>le</strong>ur détonne : aucune trace de vert, vio<strong>le</strong>t, partout du gris-brun. Les seu<strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs pures sont <strong>le</strong> b<strong>le</strong>u, <strong>le</strong> blanc,<br />

<strong>le</strong> rouge, cou<strong>le</strong>urs nationa<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s éclatent sur <strong>le</strong> drapeau, <strong>le</strong>s uniformes, sur <strong>le</strong> journalier, véritab<strong>le</strong> drapeau vivant et même sur <strong>le</strong> cadavre. Mais el<strong>le</strong>s sont aussi présentes<br />

par petites touches dans l’infiniment grand du ciel et dans l’infiniment petit du grain de la peau. En fait, el<strong>le</strong>s sont présentes dans tout <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au.<br />

Œuvres liées, références, etc.<br />

En littérature : Les misérab<strong>le</strong>s de Victor Hugo<br />

En peinture : Le radeau de la Méduse de Géricault<br />

Guernica<br />

www.educationnumeriquepourtous.com/.../4_hist_eur19_delacroix_a...<br />

www.peintre-analyse.com/liberte.htm<br />

cites-unies-histoire-des-arts.over-blog.com/.../<strong>La</strong>_Liberte_<strong>guidant</strong>_<strong>le</strong>...<br />

1- Autoportrait, 1837<br />

2- L’orpheline au cimetière, 1824<br />

3- Le bon samaritain,1848

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