L'industrie lithique taillée de Wadi El-Arab (Soudan) - Université de ...

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d’objets circulent, en empruntant la vallée du Nil comme axe d’échange. Selon D. Usai (2006), l’origine de ce courant se situerait dans la région d’Atbara56 et se diffuserait au sud (Saggai) et au nord (Karmakol, El-Barga, Wadi El-Arab phase II), pour aboutir dans la région de la 2 ème Cataracte et des sites Khartoum Variant. Des liens de filiation sont également décelables entre le substrat nilotique et certaines occupations externes à la vallée (Arkinien et sites de la phase El-Adam ou Khartoum Variant et sites des phases El-Nabta/Al- Jerar). C’est également au cours de cette phase, vers 7000 BC cal, que le bœuf domestique apparaît à Wadi El-Arab. Cette apparition est un changement majeur qui implique de nouveaux besoins et transforme le mode de vie. Nous pourrions donc envisager qu’elle s’accompagne également de variations dans d’autres domaines, tel que la taille du silex. Cependant, notre étude n’a pas permis de mettre en relief d’autres transformations au fil des décapages que cette tendance à une diversification de l’outillage. Dans un troisième temps, les premières traces d’influences plus lointaines - certes timides - sont perceptibles. Dans le mobilier lithique, elles se traduisent par la présence de pointes bifaciales. Il y en a sur le site E-91-1 de la phase Al-Jerar, mais également trois à Wadi El- Arab. Découvertes récemment à la surface de nouveaux secteurs de fouille, elles sont produites dans un silex d’origine égyptienne (HONEGGER et JAKOB 2009). En effet, à la fin du 7 ème millénaire BC cal, un nouveau flux arrive depuis le nord, transportant en particulier depuis le Proche-Orient les premiers moutons et chèvres domestiqués (USAI 2006). Si des grandes tendances se dessinent, il est cependant difficile d’entrer dans les détails, particulièrement sur le plan technologique. En effet, les comparaisons d’ordres techniques sont peu signifiantes et manquent singulièrement de précisions. Cette déficience s’explique peut-être par un manque de finesse chronologique dans la subdivision des séries qui recoupent parfois plusieurs niveaux d’occupation et qui ne transposent qu’une vision très globale d’ensembles en réalité variés. D’une manière plus pratique, elle peut aussi s’expliquer par les matières premières débitées, qui sont le plus souvent des galets de petites dimensions et qui réduisent, voire dictent, les modes possibles de débitage. Pourtant, au cours de deux millénaires, nous avons le sentiment que d’autres changements doivent être observables. En affinant de manière générale la chronologie et l’étude des techniques, de nouveaux particularismes régionaux doivent apparaître et permettre de mieux appréhender les subtilités évolutives des flux d’idées, d’individus ou d’objets. 56 Sites d’Abu Darbein, El-Damer et Aneibis (HAALAND et MAGID 1995). 90

VI. Conclusion et perspective Par la construction d’une grille d’analyse cohérente, notre travail a donc tout d’abord permis de caractériser la série lithique du site de Wadi El-Arab et d’en dégager ses particularités. Puis, des comparaisons avec d’autres séries nubiennes ont pu être réalisées. Cette méthodologie a exigé de nombreuses réflexions (notamment au niveau de l’élaboration de la grille) et prises de décisions. Effectivement, nous aurions pu approfondir certains points typologiques ou technologiques, en spécifiant plus finement les caractères morphologiques ou traits techniques. Cependant, nos choix étaient limités par la dimension du corpus à disposition. Au final, les données qui caractérisent la série du secteur 165-175 sont tout de même nombreuses et détaillées. Elles ont permis de dégager des tendances et constituent une solide base de réflexion. Cependant, soulignons qu’elles n’ont pas toutes été exploitées lors de la comparaison. En effet, dans le chapitre de comparaison, il a été difficile d’entrer dans les détails ; de fortes disparités existent entre les diverses sources à disposition. Certaines sont très précises alors que d’autres sont très succinctes. De manière générale, la plus grande difficulté réside dans la qualité de datation des séries anciennes, qui sont très souvent mal cernées. Certaines séquences recoupent parfois plusieurs millénaires, sans aucune subdivision (c’est le cas par exemple des sites de la région d’Atbara). Cela induit à une vision beaucoup trop globale, qui manque de reliefs caractéristiques permettant de véritables comparaisons détaillées. Seules de grandes tendances sont alors observables. D’ailleurs, la distance géographique qui sépare la plupart des sites sélectionnés, impose quelques retenues quant à la formulation de raccourcis théoriques trop hâtifs. Pour terminer, rappelons que seul un secteur de 24 m 2 a été fouillé, alors que le site compte plusieurs hectares. Deux saisons de fouille supplémentaires (2008-2009 et 2009-2010) ont déjà révélé de nouveaux éléments lithiques57 (HONEGGER et JAKOB 2009). Le corpus d’étude devrait être complété pour confirmer les tendances de la phase I et III encore trop légères quantitativement. Les différentes phases d’occupation mériteraient également d’être mieux cernées ou subdivisées, en particulier la seconde phase qui couvre près d’un millénaire. 57 Nous faisons ici référence en particulier aux pointes bifaciales de silex égyptien. 91

d’objets circulent, en empruntant la vallée du Nil comme axe d’échange. Selon<br />

D. Usai (2006), l’origine <strong>de</strong> ce courant se situerait dans la région d’Atbara56 et se diffuserait<br />

au sud (Saggai) et au nord (Karmakol, <strong>El</strong>-Barga, <strong>Wadi</strong> <strong>El</strong>-<strong>Arab</strong> phase II), pour aboutir dans la<br />

région <strong>de</strong> la 2 ème Cataracte et <strong>de</strong>s sites Khartoum Variant. Des liens <strong>de</strong> filiation sont<br />

également décelables entre le substrat nilotique et certaines occupations externes à la vallée<br />

(Arkinien et sites <strong>de</strong> la phase <strong>El</strong>-Adam ou Khartoum Variant et sites <strong>de</strong>s phases <strong>El</strong>-Nabta/Al-<br />

Jerar). C’est également au cours <strong>de</strong> cette phase, vers 7000 BC cal, que le bœuf domestique<br />

apparaît à <strong>Wadi</strong> <strong>El</strong>-<strong>Arab</strong>. Cette apparition est un changement majeur qui implique <strong>de</strong><br />

nouveaux besoins et transforme le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie. Nous pourrions donc envisager qu’elle<br />

s’accompagne également <strong>de</strong> variations dans d’autres domaines, tel que la taille du silex.<br />

Cependant, notre étu<strong>de</strong> n’a pas permis <strong>de</strong> mettre en relief d’autres transformations au fil <strong>de</strong>s<br />

décapages que cette tendance à une diversification <strong>de</strong> l’outillage.<br />

Dans un troisième temps, les premières traces d’influences plus lointaines - certes<br />

timi<strong>de</strong>s - sont perceptibles. Dans le mobilier <strong>lithique</strong>, elles se traduisent par la présence <strong>de</strong><br />

pointes bifaciales. Il y en a sur le site E-91-1 <strong>de</strong> la phase Al-Jerar, mais également trois à<br />

<strong>Wadi</strong> <strong>El</strong>- <strong>Arab</strong>. Découvertes récemment à la surface <strong>de</strong> nouveaux secteurs <strong>de</strong> fouille, elles<br />

sont produites dans un silex d’origine égyptienne (HONEGGER et JAKOB 2009). En effet, à la<br />

fin du 7 ème millénaire BC cal, un nouveau flux arrive <strong>de</strong>puis le nord, transportant en<br />

particulier <strong>de</strong>puis le Proche-Orient les premiers moutons et chèvres domestiqués (USAI 2006).<br />

Si <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s tendances se <strong>de</strong>ssinent, il est cependant difficile d’entrer dans les détails,<br />

particulièrement sur le plan technologique. En effet, les comparaisons d’ordres techniques<br />

sont peu signifiantes et manquent singulièrement <strong>de</strong> précisions. Cette déficience s’explique<br />

peut-être par un manque <strong>de</strong> finesse chronologique dans la subdivision <strong>de</strong>s séries qui recoupent<br />

parfois plusieurs niveaux d’occupation et qui ne transposent qu’une vision très globale<br />

d’ensembles en réalité variés. D’une manière plus pratique, elle peut aussi s’expliquer par les<br />

matières premières débitées, qui sont le plus souvent <strong>de</strong>s galets <strong>de</strong> petites dimensions et qui<br />

réduisent, voire dictent, les mo<strong>de</strong>s possibles <strong>de</strong> débitage.<br />

Pourtant, au cours <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux millénaires, nous avons le sentiment que d’autres<br />

changements doivent être observables. En affinant <strong>de</strong> manière générale la chronologie et<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s techniques, <strong>de</strong> nouveaux particularismes régionaux doivent apparaître et permettre<br />

<strong>de</strong> mieux appréhen<strong>de</strong>r les subtilités évolutives <strong>de</strong>s flux d’idées, d’individus ou d’objets.<br />

56 Sites d’Abu Darbein, <strong>El</strong>-Damer et Aneibis (HAALAND et MAGID 1995).<br />

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