L'industrie lithique taillée de Wadi El-Arab (Soudan) - Université de ...

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L’industrie qadienne de la 2 ème Cataracte est celle qui présente le plus d’affinité avec la phase I de Wadi El-Arab. Les débuts de la tradition qadienne remontent aux 13 ème ou 12 ème millénaires BP (USAI 2004). Elle se caractérise par une production d’outils sur éclat ; des grattoirs, des segments, des burins, des pièces à bord abattu et des pointes obtenues par méthode Levallois. La série du site 619 - à l’image de celles du Qadien récent - est la seule, pour cette phase, à cheval entre le 9 ème et le 8 ème millénaire BC cal à avoir également dans son corpus des burins (Fig. 59 et fig. 60). Il s’agit essentiellement de burins sur troncature, mais aussi sur cassure ou dièdres comme à Wadi El-Arab. Pour les deux séries, les segments occupent une place importante, alors que dans les trois autres séries, ils sont secondaires, voire totalement absents. La série arkinienne du site de Dibeira Ouest se caractérise par une production élevée d’outils sur lamelle et en particulier de lamelles à bord abattu. Elle présente plutôt des affinités avec la série néolithique ancien d’El-Adam, dans la région de Nabta Playa, qui compte également une large majorité de lamelles à bord abattu. D’ailleurs, D. Usai (2005) relève ces similarités et suppose que les premières occupations du désert occidental à la phase El-Adam prennent leur source dans la vallée du Nil, dans le substrat Arkinien. Au sud, la série du premier site Early Khartoum, Abu Darbein, se caractérise par une palette typologique relativement diversifiée : grattoirs, perçoirs, encoches, denticulés, des pièces à bord abattu, des segments et quelques pointes. Sur le plan technologique, les séries arkinienne et El-Adam se distinguent par une utilisation principale de produits lamellaires. Notons que la série de Wadi El-Arab est la seule à compter un pourcentage important de nucléus centripètes (majoritairement les nucléus sont à un plan de frappe ou deux plans opposés). Les matériaux utilisés sont toujours de proximités - très souvent des galets charriés par le Nil ou les Wadi (chert, agate, quartz) - mais aussi, en petites proportions, du bois silicifié, du grès ou des roches métamorphiques. Les sites de la 2 ème Cataracte utilisent aussi un peu de silex égyptien. Selon nos observations, le paysage de cette première phase se caractérise par des productions de traditions locales, peu influencées par les relations extrarégionales. Seuls l’Arkinien et le Néolithique ancien d’El-Adam semblent vraiment posséder des liens de parenté. La série qadienne et celle de Wadi El-Arab pourraient aussi avoir une source d’influence commune, mais les comparaisons possibles tiennent à peu de choses. Quant au site d’Abu Darbein, il est difficile de faire des rapprochements. 84

Phase II (7300-6500 BC cal) Nous retenons sept séries de comparaison contemporaines à la deuxième phase : au nord, les séries de l’El-Nabta, de l’Al-Jerar et du Khartoum Variant ; dans le bassin de Kerma, la série d’El-Barga, et au sud, les séries de Karmakol, d’Abu Darbein et d’Aneibis. L’absence de dates entre 7600 et 7300 BC cal à Wadi El-Arab traduit peut-être une phase d’abandon du site avant la mise en place de la phase II. Quoi qu’il en soit, la palette typologique change. Les burins disparaissent, alors que les perçoirs - en particulier les mèches de foret (78.3% des perçoirs) - les triangles et les troncatures font leur apparition. Le segment devient l’objet le plus répandu et se décline dans de nouvelles formes (segment à pointe aménagée et segment épais). La typologie se diversifie. Le site voisin d’El-Barga présente des traits communs avec la phase II, à commencer par les techniques de débitage : les nucléus sont principalement à un plan de frappe et centripètes, mais aussi à plans opposés et à plans multiples. Par ailleurs, la production de lamelles n’est pas majoritaire, comme observé à Wadi El-Arab. Sur le plan typologique (fig. 61), les segments sont aussi en proportions importantes et les burins absents. Cependant, il n’y a ni troncature, ni triangle, ni mèche de foret et 8.4% des segments sont des grands segments de plus de 30 mm. Ces différences peuvent s’expliquer de deux manières : soit les deux séries de comparaison ne sont pas représentatives d’ensembles en réalité proches, soit l’occupation d’El-Barga se différencie véritablement de manière fonctionnelle, chronologique ou même culturelle. Finalement, nous pensons qu’il peut y avoir un décalage chronologique : El-Barga pourrait précéder de peu le début de la phase II. Ce décalage chronologique semble se confirmer lorsque nous abordons les séries du sud, en particulier celle de Karmakol qui, typologiquement, est bien plus proche de celle de Wadi El-Arab. El-Barga se situerait donc en marge de la phase représentée à Wadi El-Arab et Karmakol. La Karmakol industry se caractérise par une production de segments, de mèches de foret (50% des perçoirs), de troncatures et de triangles dans des proportions semblables à celles observées à Wadi El-Arab (fig. 61). Technologiquement, deux éléments diffèrent réellement : la présence de microburins - qui restent toutefois des éléments marginaux - et l’aménagement d’un enlèvement burinant le long du bord abattu de certains segments (fig. 62). Il s’agit là d’une spécificité locale, reconnue dans l’ensemble de la région (USAI 2004, p. 425). 85

L’industrie qadienne <strong>de</strong> la 2 ème Cataracte est celle qui présente le plus d’affinité avec la<br />

phase I <strong>de</strong> <strong>Wadi</strong> <strong>El</strong>-<strong>Arab</strong>. Les débuts <strong>de</strong> la tradition qadienne remontent aux 13 ème ou 12 ème<br />

millénaires BP (USAI 2004). <strong>El</strong>le se caractérise par une production d’outils sur éclat ; <strong>de</strong>s<br />

grattoirs, <strong>de</strong>s segments, <strong>de</strong>s burins, <strong>de</strong>s pièces à bord abattu et <strong>de</strong>s pointes obtenues par<br />

métho<strong>de</strong> Levallois. La série du site 619 - à l’image <strong>de</strong> celles du Qadien récent - est la seule,<br />

pour cette phase, à cheval entre le 9 ème et le 8 ème millénaire BC cal à avoir également dans son<br />

corpus <strong>de</strong>s burins (Fig. 59 et fig. 60). Il s’agit essentiellement <strong>de</strong> burins sur troncature, mais<br />

aussi sur cassure ou dièdres comme à <strong>Wadi</strong> <strong>El</strong>-<strong>Arab</strong>. Pour les <strong>de</strong>ux séries, les segments<br />

occupent une place importante, alors que dans les trois autres séries, ils sont secondaires,<br />

voire totalement absents.<br />

La série arkinienne du site <strong>de</strong> Dibeira Ouest se caractérise par une production élevée<br />

d’outils sur lamelle et en particulier <strong>de</strong> lamelles à bord abattu. <strong>El</strong>le présente plutôt <strong>de</strong>s<br />

affinités avec la série néo<strong>lithique</strong> ancien d’<strong>El</strong>-Adam, dans la région <strong>de</strong> Nabta Playa, qui<br />

compte également une large majorité <strong>de</strong> lamelles à bord abattu. D’ailleurs, D. Usai (2005)<br />

relève ces similarités et suppose que les premières occupations du désert occi<strong>de</strong>ntal à la phase<br />

<strong>El</strong>-Adam prennent leur source dans la vallée du Nil, dans le substrat Arkinien.<br />

Au sud, la série du premier site Early Khartoum, Abu Darbein, se caractérise par une<br />

palette typologique relativement diversifiée : grattoirs, perçoirs, encoches, <strong>de</strong>nticulés, <strong>de</strong>s<br />

pièces à bord abattu, <strong>de</strong>s segments et quelques pointes.<br />

Sur le plan technologique, les séries arkinienne et <strong>El</strong>-Adam se distinguent par une<br />

utilisation principale <strong>de</strong> produits lamellaires. Notons que la série <strong>de</strong> <strong>Wadi</strong> <strong>El</strong>-<strong>Arab</strong> est la seule<br />

à compter un pourcentage important <strong>de</strong> nucléus centripètes (majoritairement les nucléus sont<br />

à un plan <strong>de</strong> frappe ou <strong>de</strong>ux plans opposés). Les matériaux utilisés sont toujours <strong>de</strong> proximités<br />

- très souvent <strong>de</strong>s galets charriés par le Nil ou les <strong>Wadi</strong> (chert, agate, quartz) - mais aussi, en<br />

petites proportions, du bois silicifié, du grès ou <strong>de</strong>s roches métamorphiques. Les sites <strong>de</strong> la<br />

2 ème Cataracte utilisent aussi un peu <strong>de</strong> silex égyptien.<br />

Selon nos observations, le paysage <strong>de</strong> cette première phase se caractérise par <strong>de</strong>s<br />

productions <strong>de</strong> traditions locales, peu influencées par les relations extrarégionales. Seuls<br />

l’Arkinien et le Néo<strong>lithique</strong> ancien d’<strong>El</strong>-Adam semblent vraiment possé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s liens <strong>de</strong><br />

parenté. La série qadienne et celle <strong>de</strong> <strong>Wadi</strong> <strong>El</strong>-<strong>Arab</strong> pourraient aussi avoir une source<br />

d’influence commune, mais les comparaisons possibles tiennent à peu <strong>de</strong> choses. Quant au<br />

site d’Abu Darbein, il est difficile <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s rapprochements.<br />

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