Rapport Charles Perrens - Mission Nationale d'Appui en Santé ...

Elle manifeste probablement, en dépit de la communauté d’établissement unissant les
deux hôpitaux, que le principe de coopération hospitalière demeure difficile à mettre en
œuvre, les établissements privilégiant une approche institutionnelle, voire patrimoniale des
soins, de préférence à une démarche de santé publique, qui sous le nom générique de réseau,
propose une coordination des soins.
Elle révèle, sans doute, l’intérêt modeste de la problématique des urgences pour la
communauté médicale du CHU et représente pour Charles Perrens, un symptôme gênant de
dysfonctionnement. L’analyse des courriers des acteurs médicaux et administratifs témoigne
de la difficulté commune de la Direction et de la communauté médicale de traiter cette
difficulté majeure alors même qu’un projet de réorganisation des urgences psychiatriques sur
la CUB existe sans que l’institution ne s’en soit encore saisie.
Pour certains, cette situation s’expliquerait par la nomination d’un chef de service à
la tête du SAAU qui a fait perdre à la structure son caractère intersectoriel et corrélativement
à un désinvestissement des autres secteurs, trop contents de se décharger sur une structure
particulière de problèmes concernant la collectivité du CHCP dans son ensemble.
3.1.1.3) le projet de réorganisation des urgences psychiatriques
Le manque d’unité de lieu, en dépit de l’intrication de pathologies lourdes
somatiques pour les patients psychiatriques et vice et versa, se traduit par des va et vient entre
les différents sites d’urgence qui mettent en cause la sécurité des patients.
Afin de répondre, à nouveau, à sa mission initiale qui est, rappelons-le :
- d'accueillir et d'accompagner les suicidants dans des conditions de surveillance
médicale cohérente,
- de traiter, dans un environnement psychiatrique adapté, des patients qui peuvent
présenter, par ailleurs, des pathologies somatiques lourdes, à proximité d’un lieu
fortement médicalisé,
- d'éviter une admission directe trop rapide sur une structure d’hospitalisation
traditionnelle,
- de préparer une orientation adaptée et notamment faciliter la prise en charge par
les équipes de secteur, le contact avec les CMP ou la psychiatrie libérale,
Le chef de service propose la séparation de l’accueil des urgences du centre de crise
et d’observation par la création de deux unités fonctionnelles :
- l’accueil des urgences et la prise en charge initiale (AU) qui s’effectuerait sur
chacun des sites du CHU, lieu d’accueil naturel de toutes les urgences. Il permettra « de
traiter la demande là où elle s’exprime spontanément et concourt à rapprocher les
compétences en matière somatique et psychiatrique pour une meilleure réponse ».
Le projet prévoit, conformément à la réglementation, la création d’une équipe
infirmière spécialisée, 7jours sur 7, pour établir le premier contact avec le patient et évaluer le
degré d’urgence de la composante psychiatrique, réaliser les dépistages, notamment des
conduites addictives, assurer les relations avec l’entourage, prendre contact avec les équipes
de liaison, désamorcer la violence, soutenir psychologiquement les accompagnants.
19